« Un bon port pour le porto; » ou, Comment des voûtes à St. John’s, Terre-Neuve, ont joué un rôle crucial dans l’histoire d’une série de firmes connues sous de nombreux noms en Angleterre, au Canada, au Portugal, au Royaume-Uni et à Terre-Neuve
Aimez-vous le porto, ami(e) lectrice ou lecteur? Votre humble serviteur ne peut pas dire que je bois fréquemment des verres de ce vin fortifié portugais, mais je mentirais si je n’ajoutais pas que je trouve une telle boisson très agréable, surtout lorsqu’un(e) ami(e) est présent(e). (Bonjour, EP!)
C’est une raison aussi bonne qu’une autre pour choisir des voûtes de Terre-Neuve et les firmes qui les remplissent comme sujet digne d’être inclus dans les pages de notre incomparable blogue / bulletin / machin. En outre, le 6 décembre est un jour quelque peu important dans ma famille. Mieux encore, le 6 décembre 1958 est un jour anniversaire quelque peu significatif.
Non, pas mon anniversaire. Je parie que vous pensez que ce texte parle de moi, n’est-ce pas, n’est-ce pas, si je peux paraphraser, en traduction, l’auteure-compositrice / chanteuse / musicienne américaine Carly Elisabeth Simon. Eh bien, ce n’est pas le cas. Votre humble serviteur est peut-être vaniteux à ce point-là, mais c’est vous qui digressez cette fois. Oui, c’est vous.
Commençons ce numéro de notre toujours aussi incomparable blogue / bulletin / machin par une histoire qui pourrait très bien être le fruit de l’imagination de quelqu’un, ou une interprétation grandement embellie de quelque chose qui s’est réellement produit.
Quoi qu’il en soit, tournez le cadran de votre machine à voyager dans le temps jusqu’à l’année 1679, ami(e) lectrice ou lecteur aventureuse / aventureux, et attachez votre ceinture. Des médicaments contre le mal de mer pourraient être nécessaires.
Au cours de l’été 1679, un navire de commerce non identifié appartenant à la famille Newman de Dartmouth, Angleterre, quitte Porto, Portugal, avec un chargement complet de porto. Le porto en question peut provenir d’un entrepôt appartenant aux Newman.
Alors qu’il navigue vers le nord en direction de l’Angleterre, ce navire de commerce est repéré par un navire corsaire français également non identifié, qui le poursuit. Désespéré d’échapper à la capture et à la perte de sa précieuse cargaison, le capitaine du navire de commerce anglais ordonne que chaque centimètre carré (pouce carré) de voile soit déployé. Comme prévu, son navire fonce dans le vent. Cet acte désespéré s’avère être un succès. Au moment où le capitaine anglais est sûr que son navire a échappé à son poursuivant, lui et son équipage se trouvent toutefois au milieu de l’océan Atlantique – et une violente tempête est sur le point de s’abattre sur eux.
Ne voulant pas risquer un périlleux voyage vers l’Angleterre dans un océan de plus en plus menaçant, le capitaine ordonne à son timonier de changer de cap, vers Terre-Neuve.
Le navire de commerce arrive à destination après un passage assez difficile. Les projets du capitaine de retourner en Angleterre le plus rapidement possible, après avoir ramassé des approvisionnements et réparé une partie des dégâts causés par la tempête, doivent cependant être mis de côté en raison de la détérioration des conditions météorologiques. De fait, l’hiver 1679-80 semble être plutôt mauvais à cet égard.
Et oui, les fûts (grandes futailles?) de porto sont débarqués du navire de commerce et entreposés à terre, peut-être dans des grottes situées non loin de St. John’s, où ils font sans aucun doute sensation parmi les résidents locaux.
Les grottes en question sont-elles situées près de l’île Pushthrough, où se trouve le poste de traite de la famille Newman, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur géographiquement sensible? Une bonne question. Si seulement je savais.
Quoi qu’il en soit, le navire de commerce ne part pour l’Angleterre qu’au printemps 1680. Il arrive peu avant le début de l’été.
Aussi agacés soient-ils par l’arrivée tardive de leur navire, les dirigeants de la famille Newman n’en sont pas moins heureux que sa précieuse cargaison n’a pas été perdue ou, pire, bue par d’ignobles Français.
À leur grande surprise, les testeurs qui sirotent le contenu d’au moins certains fûts, pour voir s’il est encore buvable, découvrent que le dit contenu est de loin supérieur en bouquet, douceur et saveur au porto livré précédemment. Pour une raison insondable, les nombreux mois passés dans un Terre-Neuve humide ont amélioré la qualité du contenu des fûts.
Aussi perplexes qu’ils soient face à cet état de choses, les dirigeants de la famille Newman reconnaissent une bonne chose lorsqu’ils la voient. Ils décrètent que, désormais, chaque fût de porto que les navires de commerce de la famille prendraient au Portugal passeraient quelques mois à Terre-Neuve, dans les caves de ses installations de pêche à la morue.
Fin.
Oui, la fin de l’interprétation grandement embellie de quelque chose qui s’est réellement produit, si ce n’est le fruit de l’imagination de quelqu’un, pas la fin de cet article. Vous ne vous en sortirez pas si facilement, vous savez.
Et vous avez une question… Le porto existait-il réellement en 1679, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur sceptique? Une bonne question.
Voyez-vous, l’invention du porto fait l’objet d’une certaine controverse. Une école de pensée, souvent anglaise, affirme que cette délicieuse boisson alcoolisée aurait fait son apparition au 17ème siècle, lorsque des marchands anglais ajoutent du brandy à du vin provenant de la région du Douro au Portugal, afin d’éviter qu’il ne s’aigrisse.
Une autre école de pensée, souvent portugaise, affirme que l’idée d’ajouter du brandy au vin afin de le conserver peut être datée de ce que l’on appelle l’âge des découvertes qui commence au 15ème siècle, et…
Humm, cette expression me rappelle quelques mots, traduits ici, du livre De vita et moribus Iulii Agricolae de l’historien / homme politique romain Publius Cornelius Tacitus, des mots mis dans la bouche d’un (vrai ?) chef de guerre calédonien, Calgacos, avant une bataille dans ce qui est aujourd’hui l’Écosse : « Au vol, au massacre, au pillage, ils donnent le nom mensonger d’empire; ils créent une solitude et appellent cela la paix. » Et oui, les voleurs, massacreurs et pilleurs sont les Romains, mais revenons à ce qu’on appelle l’âge des découvertes.
Vous devriez noter que ce qui suit est choquant.
Voyez-vous, de 55 à 60 millions de personnes environ vivent sur le continent américain en octobre 1492, lorsque Christophe Colomb / Christoforo Colombo et ses équipages touchent terre. En 1600, environ 6 millions de personnes vivent sur ce même continent. Les Européens, principalement les Espagnols en fait, sont responsables des vols, massacres et pillages, oserait-on dire des génocides, qui déciment les populations autochtones, soit directement, soit indirectement, par la maladie, la guerre et l’esclavage, mais revenons à notre histoire.
Incidemment, le capitaine d’un navire corsaire français poursuivant un navire de commerce britannique en 1679 aurait su que ce qu’il faisait n’était pas une bonne idée. Voyez-vous, encore, s’il est parfaitement légal pour un navire corsaire français de s’en prendre à un navire de commerce appartenant à un pays en guerre avec la France, la vérité est que la guerre de Hollande qui avait commencée en mai 1672 était arrivée à son terme en 1679. De fait, le premier d’une série de traités de paix est signé en août 1678. L’Angleterre elle-même n’est en guerre contre la France qu’entre mars et août 1678.
Et oui, au moins une source suggère que l’hivernage historique de 1679-80 a en fait lieu en 1677-78, ce qui ne fonctionne pas non plus. La seule plage temporelle qui a du sens est 1678-79, mais revenons à notre histoire.
Mais avant d’en arriver là, il convient de préciser que les Newman sont eux-mêmes impliqués dans la guerre de course, et ce depuis le 16ème siècle. Oserons-nous méditer sur l’ironie de cette situation? On récolte ce qu’on sème? Désolé.
Bien que votre humble serviteur n’ait aucunement l’intention d’essayer de démêler l’histoire alambiquée des différentes firmes dans lesquelles la famille Newman est impliquée, une très brève pontification pourrait s’imposer à ce stade.
La famille Newman compte parmi les quelques familles de Dartmouth impliquées dans la pêche au large de Terre-Neuve à partir de la fin du 16ème siècle. John Newman, par exemple, importe de la morue et de l’huile de foie de morue au plus tard en 1589.
Les Newman commencent à acquérir leurs propres navires au début du 17ème siècle. Ils supervisent la construction de leur première station de pêche à Terre-Neuve, sur l’île Pushthrough, en 1672. Initialement occupée seulement pendant la saison de pêche, cet établissement, communément appelé plantation, et ce même s’il s’y fait probablement peu de plantations de plantes, accommode des équipages 12 mois par an à partir de 1679 environ. D’autres plantations ne tardent pas à apparaître, mais ce n’est pas tout.
Avant que je ne l’oublie et contrairement à ce qui a longtemps été dit (tapé?) à Terre-Neuve, les gouvernements anglais et, par la suite, britannique n’ont jamais eu de politique à long terme consciente visant à décourager la colonisation de cette île, mais revenons à nos morues, euh, moutons.
En 1666 au plus tard, Thomas Newman est un des individus impliqués dans le commerce de la morue et du porto entre l’Angleterre, le Portugal et Terre-Neuve.
Croiriez-vous qu’un cinquième des 250 à 450 navires anglais qu’on trouve au large de Terre-Neuve à la fin du 16ème siècle sont originaires de Dartmouth, une ville bien petite comparée à des béhémoths urbains anglais tels que Newcastle, Bristol et, surtout, Londres?
Ces 50 à 90 navires mettent généralement le cap sur Terre-Neuve en mars. Leurs équipages passent les mois suivants à pêcher la morue. Remarquez, ils salent également le poisson et extraient l’huile de leurs foies. Avec leurs cales pleines, les navires naviguent vers l’Europe méridionale et, oui, vers certains pays dont les côtes sont situées en mer Méditerranée, où leurs équipages déchargent la morue et l’huile de foie de morue et chargent de grandes quantités de vin et de fruits qui seront vendus en Angleterre.
Incidemment, entrer dans la mer Méditerranée n’est pas pour les timides. Thomas Newman, peut-être celui-là même dont vous avez trouvé le nom il y a environ 60 secondes, se trouve à bord d’un des navires de commerce appartenant à sa famille, en 1615, lorsqu’il est repéré par un ou quelques bateaux pirates barbaresques, qui le poursuivent. Cette fois-là, le navire anglais ne réussit pas à s’enfuir.
Pis encore, les Anglais qui survivent à l’attaque sont réduits en esclavage. La famille de Newman doit payer une rançon équivalant à environ 20 fois le revenu annuel d’un boutiquier londonien pour garantir sa libération. Il faut environ un an pour rassembler l’argent et l’expédier en Afrique du Nord, très probablement à Alger, régence d’Alger / ‘Iialat Aljazayir, dans l’actuelle Algérie.
Les autres esclaves anglais n’ont pas autant de chance, à moins que quelqu’un ne paie la somme nécessaire pour acheter leur liberté.
Ils ne sont en aucun cas les seuls Anglais à être réduits en esclavage, remarquez. Croiriez-vous que plus de 450 navires de commerce anglais sont capturés par des bateaux pirates barbaresques entre 1610 et 1615? Ou qu’un pourcentage important des individus qui commandent ces bateaux pirates sont des renégats chrétiens, dont de nombreux renégats anglais, venus sur la côte des barbaresques pour s’enrichir? On croit rêver.
Avant que j’oublie, il est suggéré qu’un de ces renégats anglais, le tristement célèbre Jack Ward / John Ward, plus tard Yusuf Reis, a inspiré… le capitaine Jack Sparrow, un gentilhomme (?) mentionné dans plusieurs numéros de notre blogue / bulletin / machin depuis septembre 2018, mais revenons à nos Newman.
Alors que les années deviennent des décennies, les Newman et d’autres familles de Dartmouth forment diverses firmes impliquées dans le commerce triangulaire de la morue et du vin / porto entre l’Angleterre, le Portugal et Terre-Neuve. Un nombre tout à fait ahurissant de firmes incluant des membres de la famille Newman est impliqué dans ce commerce de plus en plus lucratif.
Au moins une firme anglaise, impliquant ou non la famille Newman, je ne peux pas le dire, possède des entrepôts de porto au Portugal dès 1654.
À la suite du Traité de Methuen, un traité commercial signé par l’Angleterre et le Portugal fin décembre 1703, également connu sous le nom de Wine Treaty, en français traité du vin, les droits imposés sur les vins portugais deviennent bien inférieurs à ceux imposés aux vins français. Cette décision marque un tournant dans l’histoire des importations de vin anglaises. Laissez-moi vous expliquer.
Compte tenu de l’état de guerre qui existe entre la France et l’Angleterre depuis le début de la guerre de Succession d’Espagne, en mars 1701, et de la deuxième guerre intercoloniale, en mars 1702, l’importation de vins français devient naturellement de plus en plus difficile. Désormais incapables d’imbiber des produits français, les buveurs de vin anglais se tournent de plus en plus vers les vins portugais, notamment le porto.
En 1678, 670 000 litres (environ 147 000 gallons impériaux / environ 177 000 gallons américains) de vin portugais sont débarqués en Angleterre. À la fin du 18ème siècle, les buveurs de vin anglais lampent environ 26 250 000 litres (environ 5 775 000 gallons impériaux / 6 935 000 gallons américains environ) de porto.
Oh, soit dit en passant, une firme du nom de Robert Newman & Company est fondée dès 1700.
Soit dit en passant, à l’exception de The Governor and Company of Adventurers of England Trading into Hudson’s Bay, Robert Newman & Company peut bien être une des plus anciennes firmes ayant un historique d’activité sur le territoire de ce qui est aujourd’hui le Canada.
Au fur et à mesure que les mois se transforment en années et les années en décennies, Robert Newman & Company en vient à jouer un rôle crucial, voire dominant dans le commerce d’exportation du porto.
Et oui, du porto fait son chemin vers les ports de diverses colonies britanniques sur le continent nord-américain. Les livraisons se poursuivent après la naissance des États-Unis et celle du Canada.
Le navire hypothétique lié à la susmentionnée histoire de 1679 est un des innombrables navires qui participent au commerce triangulaire qui enrichit de nombreuses familles de marchands de Dartmouth entre la fin de la guerre civile anglaise, en septembre 1651, et le début de la guerre d’indépendance américaine, en avril 1775.
Assez horriblement, au moins certaines de ces mêmes familles de marchands de Dartmouth peuvent acquérir une partie de leur richesse grâce à un autre commerce, tout à fait infâme, qui voit quelques, sinon plusieurs de leurs navires, décharger des fûts de rhum dans des ports anglais, puis partir pour Terre-Neuve, où leurs équipages capturent de la morue et la salent afin de la livrer aux enfers de culture sucrière anglais de la mer des Caraïbes, des endroits comme la Jamaïque, la Barbade, etc., où des générations d’esclaves africains travaillent et meurent dans des conditions épouvantables pour satisfaire la dent sucrée et remplir les poches d’une élite blanche puissante et cruelle.
Traversant comme ils le font, tôt dans la saison, de jour comme de nuit, avec autant de voiles que leurs mâts le permettent, afin d’atteindre les meilleurs lieux de pêche et les meilleurs endroits à terre pour transformer le poisson, les navires appartenant aux familles de marchands de Dartmouth courent le risque de rencontrer de la glace. De fait, en 1672, pas moins de trois navires coulent, emportant avec eux 180 hommes. Il n’y a aucun survivant.
La même année, des navires corsaires venus de la Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden / république des Sept Provinces-Unies des Pays-Bas capturent non moins de 27 navires de Dartmouth impliqués dans le commerce de la morue et du porto. À l’époque, l’Angleterre est alliée à la France dans le conflit qui oppose celle-ci à ces républiques. Et oui, ce conflit est la susmentionnée guerre de Hollande. Voyez-vous, la perfide Albion, c’est-à-dire l’Angleterre, combat côte à côte avec la France entre mai 1672 et février 1674 et contre la France entre mars et août 1678. Elle ne combat pas du tout entre ces deux périodes.
Ceci étant dit (tapé?), il va sans dire que la grande majorité des navires de commerce liés à la famille Newman qui naviguent à travers l’océan Atlantique entre la fin de la guerre civile anglaise et le début de la guerre d’indépendance américaine atteignent leur destination sains et saufs. De fait, ils le font après la fin des guerres napoléoniennes, soit après novembre 1815.
Même ainsi, les bénéfices comptabilisés à la fin d’une année ne sont pas toujours hénaurmes.
De fait, il convient de noter que, au plus tard au début du 19ème siècle, la pêche à la morue pratiquée par un nombre toujours croissant de résidents permanents à Terre-Neuve entraîne une diminution de la quantité de pêche pratiquée par les équipages anglais.
Cela étant dit (tapé?), encore et encore, désolé, c’est apparemment à partir de ce même début du 19ème siècle que le commerce du porto prend vraiment son essor, et oui, votre humble serviteur se rend compte qu’il n’y avait pas de machines volantes plus lourdes que l’air capables de prendre leur essor à ce moment-là.
Au plus tard dans les années 1880, toutefois, la famille Newman avait tellement diversifié ses activités, principalement vers l’Afrique et l’Asie, vers Zanzibar, Madagascar, l’Inde et la Chine par exemple, qu’elle ne dépend plus du commerce de la morue et du porto.
La ou les firmes liées à la famille encore actives en 1907 se retirent de la pêche à la morue en raison de la concurrence croissante des équipages basés à Terre-Neuve et, peut-être, par crainte de la diminution des stocks de poisson en nombre et / ou en qualité. Elle ou elles se débarrassent de leur(s) flotte(s) de pêche vers 1911.
Mais revenons à Terre-Neuve et au porto.
Robert Newman & Company entrepose initialement le dit porto dans les caves d’une ou de certaines de ses installations de pêche à la morue à Terre-Neuve.
À la fin du 18ème siècle, peut-être dans les années 1780, Robert Newman & Company finance la construction, à St. John’s, de deux caves à vin voûtées en pierre et en brique rouge. Le mortier, soit dit en passant, est fabriqué à partir de coquillages. Le seul accès aux voûtes se fait par des portes massives dont les fenêtres sont protégées par des barreaux de fer.
Pour protéger ses nouvelles voûtes des éléments qui frappent fréquemment St. John’s, la firme finance la construction d’un bâtiment en bois qui les renferme. Lorsque ce bâtiment brûle en 1887, après qu’il ait brûlé en fait, des ouvriers construisent un autre bâtiment, peut-être en bois. Pour une raison ou une autre, le second bâtiment de protection est remplacé entre 1905 et 1907 par celui, composé de briques, moellons, etc., qui existe encore en 2023.
Croiriez-vous que, à un moment donné de notre histoire, au moins une des portes donnant accès au contenu des voûtes est équipée de trois serrures? Les trois clés distinctes sont conservées par trois individus dont la présence est indispensable pour accéder au contenu des voûtes.
Il va de soi que les fûts de porto sont pesés à leur arrivée dans les voûtes, et à leur sortie.
Les droits d’importation et exportation payés par la famille Newman constituent une source de revenus non négligeable pour le gouvernement de Terre-Neuve, mais je digresse.
La tradition locale veut que les officiers d’un vieux vaisseau de ligne de troisième rang de la Royal Navy, le HMS Bellerophon, boivent du porto vieilli à St. John’s, en juillet 1815, près de La Rochelle, France, lorsqu’ils portent un toast à la reddition de l’empereur Napoléon Ier, né Napoleone di Buonaparte, après la tentative ratée de ce dernier de fuir vers les États-Unis après la bataille de Waterlô / Waterloo, Empire français.
Voyez-vous, le Corsican Fiend / Corsican Ogre, en français le démon corse / l’ogre corse comme on appelait parfois / souvent Napoléon Ier, s’est rendu rend au commandant du HMS Bellerophon, le capitaine Jean-Luc Picard. Désolé, désolé. Le commandant du navire est en réalité le capitaine Frederick Lewis Maitland.
Qu’est-ce que vous dites (tapez?), ami(e) lectrice ou lecteur? J’ai Star Trek dans le cerveau? Eh bien, je vous ferai savoir que le USS Bellerophon est (sera?) un croiseur et vaisseau stellaire scientifique de classe Intrepid pratiquement identique au USS Voyager. Voilà, et…
Vous vous demandez sans doute encore une fois si, comme le célèbre et susmentionné capitaine Jack Sparrow, votre humble serviteur écrit un plan à l’avance, ou improvise au fur et à mesure. Un gentilhomme ne dit jamais rien, dit-on, et le non gentilhomme qu’est votre humble serviteur fera de même aujourd’hui.
Qu’y a-t-il, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous avez un problème avec les expression Corsican Fiend / Corsican Ogre? Beaucoup de gens pensaient et pensent encore que Napoléon Ier est un grand homme, vous dites (tapez?)? Eh bien, on pourrait dire qu’il est un tyran mégalomane. Les guerres napoléoniennes sont après tout responsables de 3 à 6 millions de morts civiles et militaires entre mai 1803 et novembre 1815, et ce, à une époque où l’Europe compte environ 175 millions d’habitants, mais revenons à notre histoire.
Êtes-vous d’humeur pour davantage d’histoires, ami(e) lectrice ou lecteur? Si tel est le cas, sachez que, en 1937, un fût de porto tombe d’une charrette tirée par des chevaux et s’ouvre. Alors que le luxueux liquide coule dans une rue de St. John’s, de plus en plus de personnes apparaissent. Elles deviennent de plus en plus bruyantes. Quelques, voire plusieurs personnes auraient crié à un charretier présent sur les lieux de remplir une tasse avant que le porto ne soit épuisé. Il n’est pas clair si Richard Bambrick fait ou non ce qui lui est demandé. Quoi qu’il en soit, la fête prend fin lorsque le maire de St. John’s, Andrew Greene Carnell, ordonne à des pompiers du St. John’s Fire Department d’arroser la rue.
Encore une anecdote si je peux me le permettre. Un beau jour, au cours d’une année que je n’ai pas encore identifiée, un riche couple américain séjournant à St. John’s rend visite aux voûtes Newman. Il voit des fûts dont la croissance fongique dénote un âge fort impressionnant. Désireuse de s’assurer que le porto qui lui serait livré est bien affiné, la dame aurait dit au commerçant, en traduction : « Assurez-vous de m’envoyer un fût qui a de la fourrure dessus. » Bon appétit tout le monde!
Incidemment, le porto vieilli dans les voûtes de St. John’s peut y rester jusqu’à 4 ans. De fait, au plus tard 1900, certains fûts passent une décennie complète dans ces voûtes. Votre humble serviteur ne peut malheureusement pas dire quand ces durées de vieillissement sont adoptées.
Encore vers 1900, il semble que certains riches amateurs de porto britanniques, sans parler de certains régiments d’élite de la British Army basés en Asie, en Afrique et ailleurs, dont au moins un basé à Gibraltar, ont l’habitude d’envoyer à St. John’s les fûts qu’ils ont achetés au Portugal pour leur propre jouissance privée. Ces fûts passent quelques années dans cette ville nord-américaine avant de retourner chez leurs propriétaires. Ça doit être sympa d’avoir du pognon.
Parlant (tapant?) de pognon, saviez-vous que le Rideau Club d’Ottawa, Ontario, est alors un des nombreux chics clubs privés réservés aux hommes (et aux chrétiens?), au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis, où on peut alors siroter un peu de porto Newman?
À cette époque, le Celebrated Newfoundland Port Wine de Newman est considéré comme un des meilleurs vins de la planète Terre.
Comme vous pouvez l’imaginer, le début de la Seconde Guerre mondiale réduit les mouvements de fûts de porto à travers l’océan Atlantique. Cela étant dit (tapé ?), entre 1 et 2 million de litres (entre 200 et 400 000 gallons impériaux / entre 250 et 500 000 gallons américains) de porto peuvent arriver chaque année au Royaume-Uni pendant une bonne partie du conflit, pour contribuer à pallier une pénurie de sucre dans le pays.
En autant que votre humble serviteur le sache, les voûtes ne sont pas utilisées pour faire vieillir le porto après 1966. Une partie de l’espace à l’intérieur des voûtes est cependant utilisée à d’autres fins bien avant cela.
Un marchand de tabac loue un espace dans les voûtes dès 1919, par exemple. Plus tard, les voûtes servent à entreposer… des pommes de terre et de l’eau de Javel. Dans les années 1930 et 1940, le Board of Liquor Control of Newfoundland entrepose dans les voûtes au moins une partie des fûts de rhum qu’il importe. Bien après la Seconde Guerre mondiale, le personnel du Newfoundland Museum de St. John’s utilise les voûtes comme espace d’entreposage de débordement pour des objets aussi variés qu’une paillasse et une hutte de castor.
Quoi qu’il en soit, une équipe d’archéologues dirigée par un professeur adjoint du Department of Anthropology de Memorial University, à St. John’s, avait examiné les voûtes Newman vers 1973. Robert A. Barakat avait conclu qu’elles étaient des bâtiments importants qui devaient être préservés.
Si les caves de la famille Newman ne sont plus utilisées pour faire vieillir le porto, où à St. John’s ce nectar est-il vieilli, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur œnophile? Une bonne question. Ce vieillissement est effectué dans une installation détenue et exploitée par le Board of Liquor Control, une entité connue sous le nom de Newfoundland Liquor Corporation depuis 1973.
Le vieillissement du porto à St. John’s prend fin vers le milieu des années 1980, ou était-ce vers le milieu des années 1990? La mise en bouteille de ce produit, par Newfoundland Liquor, quant à lui, prend fin vers janvier ou février 1997, à moins que ce ne soit en 1998. Voyez-vous, le Newfoundland Historic Trust organise une dégustation de porto « Farewell to Newman’s » à l’intérieur des voûtes en 1998, pour commémorer la dernière mise en bouteille de ce produit dans la province.
Pourquoi Newfoundland Liquor arrête-t-elle de mettre en bouteille du porto à St. John’s, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur perplexe? Une bonne question. Voyez-vous, encore, le gouvernement portugais avait imposé des restrictions sur l’exportation en vrac de porto qui entrent en vigueur en juillet 1997.
Les voûtes deviennent une Provincial Registered Heritage Structure en mai 1997. La même année, le Newfoundland Historic Trust et ses alliés, la Heritage Foundation of Newfoundland and Labrador et Jeunesse Canada au travail dans les établissements du patrimoine, par exemple, entreprennent leur restauration afin de transformer ces structures uniques bien que tristement délabrées, certaines des plus anciennes de St. John’s en fait, en un lieu historique provincial.
Le Newman Wine Vaults Provincial Historic Site, St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador, 2004. Heritage Foundation of Newfoundland and Labrador.
Le Newman Wine Vaults Provincial Historic Site, la seule cave à vin historique accessible au public à Terre-Neuve-et-Labrador, est officiellement ouvert au public à la fin de juin 2002.
Il convient de noter que le Newman Wine Vaults Provincial Historic Site a été utilisé comme site de tournage de vidéos par des groupes celtiques bien connus de St. John’s, Rawlins Cross et les Punters, et le groupe pop / rock contemporain Fairgale.
Il convient également de noter que le Newfoundland Historic Trust organise en 2003 une production théâtrale pour récolte de fonds de The Cask of Amontillado, une nouvelle concernant une vengeance terrible et mortelle publiée dans le numéro de novembre 1846 d’un magazine mensuel féminin à succès, Godey’s Magazine and Lady’s Book, par le poète / éditeur / écrivain / critique littéraire / auteur américain Edgar Allan Poe, né Edgar Poe.
Et oui, les actrices / acteurs et les spectatrices / spectateurs étaient à l’intérieur des voûtes. Ça a dû être toute une expérience.
Une compagnie de théâtre basée à St. John’s, Shakespeare by the Sea Festival Incorporated, se produit apparemment à quelques reprises dans les murs du Newman Wine Vaults Provincial Historic Site. The Cask of Amontillado est un des textes qu’elle adapte pour la scène, par exemple. Un autre est The Rats in the Walls, une nouvelle superbement écrite et complètement horrible par un célèbre auteur américain, Howard Phillips Lovecraft. The Rats in the Walls est publié pour la première fois dans le numéro de mars 1924 du mensuel américain de fiction fantastique et d’horreur de type pulp Weird Tales.
Est-ce une main fantomatique que je vois percer l’éther, ami(e) lectrice ou lecteur? Ce serait la manière la plus appropriée d’attirer mon attention, ami(e) lectrice ou lecteur lettré(e), étant donné la fascination de Poe pour le mystère et le macabre. Voyez-vous, le Newman Wine Vaults Provincial Historic Site est un des sites paranormaux examinés lors d’un épisode de novembre 2003 de la série télévisée hebdomadaire canadienne Creepy Canada, diffusé sur le Outdoor Life Network entre octobre 2002 et juillet 2006.
Voyez-vous, encore, certaines des personnes qui ont travaillé dans les voûtes jurent avoir entendu quelqu’un ou quelque chose d’invisible prononcer leur nom. Ils ou elles entendent également des bruits s’apparentant à ceux de pas sur des pierres concassées, ce qui est étrange étant donné que les voûtes ont un sol en béton.
À un moment donné au cours des années 2000, quelqu’un identifie sous réserve de confirmation la présence fantomatique comme étant John Nolan, un homme disparu des décennies auparavant avec une somme d’argent importante.
Personnellement, je ne crois pas aux fantômes, petits hommes verts, pouvoirs psychiques ou serpents de mer. Remarquez, je ne crois pas non plus que Homo sapiens entre dans la catégorie des espèces intelligentes. Beaucoup trop de yahous dangereux.
L’auteur de ces lignes souhaite remercier toutes les personnes qui ont fourni des informations. Toute erreur contenue dans cet article est de ma faute, pas de la leur.