Essayer de lever les voiles sous lesquels Vénus se cachait de notre regard : La saga de la sonde planétaire soviétique Venera 1
Il m’est venu à l’esprit que notre blogue / bulletin / machin n’a pas atteint les étoiles depuis quelques / plusieurs semaines. Le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada étant ce qu’il est, ce défaut de ma part doit être rectifié. L’honneur n’en exige pas moins. L’humour n’en exige pas moins non plus.
Et oui, ce sera la seconde fois ce mois-ci que votre humble serviteur utilise des dessins éditoriaux comme points d’ancrage pour des articles de notre blogue / bulletin / machin. Que puis-je dire (taper?), j’aime les dessins éditoriaux.
Celui-ci, intitulé « To Venus With Love, » ou « À Vénus avec amour, » du dessinateur bien connu et respecté Edmund Alexander « Ed » Sebestyen, est publié dans le numéro du 14 février 1961 du quotidien Saskatoon Star-Phoenix de Saskatoon, Saskatchewan.
Il représente une fusée soviétique se déplaçant vers un objet lointain, vraisemblablement notre planète sœur / frère Vénus. Un message mignon et quelque peu sinistre (Un cœur transpercé par une faucille?) peut être vu sur la dite fusée : « Be my Valentine! Niki, » ou « Sois ma Valentine! Niki. »
Le « Niki » en question est bien sûr Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev. Le peu ragoutant premier secrétaire du comité central du Kommunisticheskaya Partiya Sovetskogo Soyuza, c’est-à-dire le Parti communiste de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS), est mentionné dans quelques numéros de notre blogue / bulletin / machin depuis février 2019, il y a 2 ans.
On dirait que les citoyens soviétiques ne célèbrent pas la Saint-Valentin, une fête laïque célébrée le 14 février, contrairement à beaucoup de Nord-Américain(e)s. Remarquez, Valentin est un saint de l’église catholique, apostolique et romaine, pas un de la Rússkaya Pravoslávnaya Tsérkov, mais je digresse.
Quelques lignes sur Sebestyen seraient les plus appropriés à cet instant du continuum spatio-temporel. Il naît à Saskatoon, Saskatchewan, en mars 1930. Dans sa jeunesse, Sebestyen est champion de slalom (3 fois) et de ski alpin (4 fois) de la Saskatchewan. Engagé par le Saskatoon Star-Phoenix en 1949, il occupe diverses fonctions, de la photogravure à la vice-présidence exécutive. Sebestyen commence à dessiner des dessins éditoriaux pour le journal dans les années 1950. De fait, il est le premier, et seul, caricaturiste éditorial à plein temps du Saskatoon Star-Phoenix, entre 1957 et 1964. Sebestyen prend sa retraite en 1991. Il quitte cette Terre en décembre 2001, à l’âge de 81 ans. Fin d’une digression des plus intéressantes.
La fusée dessinée par Sebestyen ne ressemble pas du tout à la sonde au cœur de cet article. Nenni. Venera 1 est son nom, même si elle est également connue sous le nom de Ob’yekt B et Produkt 1VA Nomer 2, et la planète Vénus est le but de son jeu. Et oui, des journalistes occidentaux appellent parfois Venera 1 Vénus / Venus et Venusik.
L’histoire du programme d’exploration vénusienne soviétique commence à la fin des années 1950, ou au début des années 1960, lorsque le vice-premier ministre de l’URSS et président de la Voyenno-promyshlennaya Komissiya, ou commission militaro-industrielle, Dimitri Fyodorovitch Ustinov, indique apparemment au père de le programme spatial soviétique qu’il devrait développer des sondes qui exploreraient les planètes proches du système solaire. Et oui, le concepteur en chef Sergeï Pavlovitch Korolev est mentionné à plusieurs reprises dans notre vous savez quoi depuis février 2019.
Profitant des positions favorables de la Terre et de Vénus, Korolev et son équipe lancent la première sonde vénusienne au monde début février 1961. Et non, ce n’est pas Venera 1. La sonde en question lui est identique, remarquez, mais est détruite peu de temps après le lancement en raison d’un problème avec la fusée. Le gouvernement soviétique dissimule la défaillance de la fusée en déclarant qu’il a mis en orbite avec succès un satellite, le non-existant Spoutnik 7.
Le problème avec la fusée est rapidement identifié et celle destinée à la sonde suivante, et oui, celle-là est Venera 1, est modifiée à la hâte. Les modifications s’avèrent efficaces.
En effet, la fusée transportant Venera 1 fonctionne parfaitement lorsqu’elle est lancée, le 12 février, depuis le 5-y Nauchno-Issledovatel’skiy Ispytatel’nyy Poligon, ou 5ème site d’essai de recherche et développement, près de Töretam, Qazaq Keñestik Socïalïstik Respwblïkasi, ou République socialiste soviétique kazakhe, URSS, l’actuel Kazakhstan.
Une fois en orbite, le second étage de la fusée est allumé avec succès, une première mondiale, envoyant Venera 1 vers Vénus. Conçue pour étudier notre voisin de près, c’est la première sonde planétaire à franchir réellement l’orbite de la Terre sans faire badaboum.
Incidemment, ce second étage peut, je le répète peut, être appelé Tyazhelyy Sputnik 02, ou Satellite lourd 02, en URSS, et Spoutnik 8 dans quelques pays occidentaux.
Incidemment au carré, la fusée qui lance Venera 1 vers Vénus est bien proche parente du missile balistique intercontinental Korolev R-7 « Semyorka » mentionné à plusieurs reprises dans notre blogue / bulletin / machin depuis juillet 2018.
Une maquette grandeur nature de Venera 1, Momorial’nyy Muzey Kosmonáutiki, Moscou, Russie, décembre 2011. Wikipédia.
Étant le paresseux que je suis, je vais maintenant paraphraser et citer un numéro de septembre 2019 de ce même blogue / bulletin / machin de renommée mondiale.
Venera 1 est un véhicule spatial plutôt novateur. C’est le premier conçu pour effectuer des corrections de cap dans l’espace lointain, à l’aide d’un système de stabilisation à 3 axes pouvant se fixer sur le Soleil et une étoile ou la Terre. Mieux encore, il s’agit du premier véhicule spatial à utiliser une antenne parabolique pour transmettre les données qu’il collecterait. Autant que je sache, Venera 1 est censé entrer dans l’atmosphère de Vénus. À cet égard, la partie supérieure de la sonde est conçue pour flotter à la surface d’un des océans que quelques / plusieurs scientifiques soviétiques pensent / espèrent apparemment voir exister sur Vénus.
Si, si, des océans. L’épaisse couverture nuageuse qui cache Vénus à notre regard permet aux scientifiques, et aux écrivains de science-fiction, de méditer sur les mystères de notre céleste voisine. Après tout, la taille de Vénus est assez similaire à la Terre, avec un diamètre d’environ 12 100 kilomètres (environ 7 520 miles) contre environ 12 740 kilomètres (7 920 miles). Elle est cependant plus proche du Soleil (108 millions de kilomètres (67 millions de miles) contre 147 millions de kilomètres (91 millions de miles)) et son année est plus courte (environ 225 jours terrestres contre environ 365 jours terrestres).
Compte tenu de cela, de nombreux scientifiques et écrivains de science-fiction pensent que Vénus peut être une planète océanique, ou une planète marécageuse, ou une planète désertique. Personne ne le sait vraiment, à cause de ses nuages exaspérément épais.
Les auteurs de science-fiction qui avancent l’hypothèse océanique comprennent l’auteur (fantastique, fiction, science-fiction, théologie) et théologien britannique Clive Staples Lewis, dans Perelandra, un roman de science-fiction de 1943, en anglais, et un auteur (science-fiction et science populaire) et professeur de biochimie russo-américain, Isaac Asimov, dans Les océans de Vénus, un roman de science-fiction juvénile de 1954, en anglais, publié sous le nom de Paul French, mais revenons à notre sonde. Et non, cela ne fera pas mal du tout.
Comme par hasard, l’équipe de contrôle au sol soviétique perd le contact avec Venera-1 à la fin du mois de février, après 3 contacts réussis. Les ingénieurs passent des journées à chercher leur sonde capricieuse et très importante. À un moment donné, quelqu’un suggère que le radiotélescope du Jodrell Bank Observatory, au Royaume-Uni, pourrait être en mesure de prendre contact avec Venera-1. On peut supposer que quelques / plusieurs membres du gouvernement de l’URSS ne sont pas ravis à l’idée d’admettre un échec et, en plus de cela, de demander à un ennemi idéologique s’il peut apporter son aide. À la fin, cependant, quelqu’un, vraisemblablement quelqu’un d’important, donne sa bénédiction à l’idée. Au moment où la dite bénédiction arrive, le mois de juin est commencé.
À ce moment-là, Venera 1 s’est approchée à moins de 100 000 kilomètres (62 000 miles) de Vénus, vers la mi-mai, avant de se mettre en orbite autour du Soleil – une orbite de 311 jours qu’elle suit toujours encore en 2021.
Et oui, le Jodrell Bank Observatory est mentionné dans des numéros de septembre 2019, août 2020 et octobre 2920 de notre vous savez quoi, mais revenons au début de juin 1961 en URSS.
Alla Genrikhovna Masevitch, astrophysicienne bien connu et respectée et vice-présidente du conseil astronomique de la Akademiya Nauk Sovestskogo Soyuza, l’académie des sciences de l’URSS, téléphone, depuis Moscou, à un bon et légèrement plus vieil ami, le Isaac Newton de la radioastronomie et premier directeur du Jodrell Bank Observatory, sir Alfred Charles Bernard Lovell. Et oui, Masevich et Lovell sont mentionné(e)s dans des numéros de septembre 2019 et octobre 2020 de notre vous savez quoi.
Lovell accepte immédiatement d’aider. Son influence dans les milieux gouvernementaux britanniques est telle que Masevitch peut s’envoler pour l’Angleterre le lendemain, avec un collègue, Jouli Khodarev. En quelques jours, et avec l’aide de Lovell, ils sont en mesure de capter des signaux effroyablement faibles qui peuvent, je répète peuvent, provenir de Venera-1. C’est apparemment le mieux qu’elle et il peuvent faire. Masevitch et Khodarev passent quelque temps à l’observatoire, dans l’espoir de capter des signaux dont ils peuvent vraiment déterminer la nature. Leurs espoirs restent vains et…
Quel est le problème avec Venera 1, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Et bien, une hypothèse probable est qu’un capteur impliqué dans l’orientation de la sonde surchauffe et tombe en panne.
L’URSS lance 2 sondes conçues pour atterrir sur Vénus en août et septembre 1962. Leurs fusées font défaut en orbite terrestre basse. Une sonde conçue pour passer près de notre voisine échoue pour la même raison en septembre. Six sondes supplémentaires conçues pour passer près de Vénus ou atterrir à sa surface sont lancées en 1964-1965. Toutes ces missions échouent pour une raison ou une autre. Venera 4 entre toutefois avec succès dans l’atmosphère de Vénus en juin 1967 – une première mondiale. Venera 7 atterrit avec succès sur Vénus en décembre 1970 – une autre première mondiale.
Ceci étant dit (tapé?), la sonde américaine Mariner 2 passe près de Vénus avec succès en décembre 1962, recueillant des données qui montrent que notre voisine cachée est la planète la plus proche de l’enfer que les humains ont vue jusqu’alors, avec des températures d’environ 500 degrés Celsius (environ 930 degrés Fahrenheit) – ce qui est un peu plus élevé que les 465 degrés Celsius environ (environ 870 degrés Fahrenheit) enregistrés par des sondes ultérieures.
Vénus souffre apparemment d’un mauvais cas d’effet de serre incontrôlable dans sa jeunesse, non pas que le changement climatique soit un fait, bien sûr. Ce sont toutes des fausses nouvelles qui nous sont imposées par le peuple lézard.
Et non, la température ces jours-ci à Ottawa, Ontario, n’est pas exactement infernale.
Amusez-vous bien, ami(e) lectrice ou lecteur, avec modération bien sûr – et restez chez vous.