Un jeune prodige américain de l’aube de l’ère spatiale devenu professeur au Propulsion Research Center de la University of Alabama in Huntsville : James Bertram Blackmon, voici votre vie, partie 1
Bienvenue encore une fois dans le monde merveilleux de l’espace, ami(e) lectrice ou lecteur. Comme nous le savons toutes / tous les deux, l’ère spatiale arrive à maturité pendant la Guerre froide, cette terrible période du 20ème siècle à laquelle notre espèce semble tout à fait déterminée à revenir. De fait, votre humble serviteur aimerait proposer un récit de vie puisé dans les pages de l’histoire datant de la seconde moitié des années 1950 – et d’au-delà. Commençons sans plus tarder.
James Bertram « Jim / Jimmy » Blackmon naît en décembre 1938 à Charlotte, Caroline du Nord. Croiriez-vous que ce gentilhomme naît exactement 10 ans après mon père? Je ne plaisante pas, mais je digresse. Désolé.
Blackmon devient accro à la science et à la technologie avant l’âge de 10 ans, en partie grâce aux kits scientifiques qui lui sont offerts. Remarquez, il fabrique et lance également des modèles réduits d’avions simples. Ayant lu que l’oxygène et l’hydrogène brûlent lorsqu’ils sont réunis, le garçon fait au moins une expérience, en utilisant des ballons. Woosh! En fait, on peut se demander s’il y en a eu une seconde.
Vers l’âge de 14 ans, en 1953, Blackmon, un brillant Homo sapiens s’il en est, commence à travailler sur ce qui, du moins au début, ressemble à un projet fou. Vous voyez, l’adolescent commence à concevoir une fusée. Au fil du temps, Blackmon lit tous les articles, livres, rapports, etc. sur lesquels il peut mettre la main. Et non, il n’y a pas grand-chose à lire. Les travaux de construction proprement dits sont effectués lorsque l’école est fermée pour l’été, si je peux paraphraser, en traduction, des mots chantés par le chanteur de rock américain Vincent Damon Furnier, en d’autres termes, Alice Cooper, dans la chanson School’s Out de 1972 (!). Blackmon gagne le foin dont il a besoin pour acheter les différents composants de sa fusée en tondant d’innombrables pelouses, entre autres. Croiriez-vous que quelques-uns de ces composants sont achetés dans une quincaillerie locale?
Un naturaliste passionné et éducateur enthousiaste, le directeur bien connu et respecté de l’enseignement des sciences pour les écoles de Charlotte, Herbert « Dr. Heck » Hechenbleikner, aide Blackmon du mieux qu’il peut.
Le plus fou est que, en juillet 1956, la fusée est pratiquement terminée. Et si vous osez douter de cette affirmation, jetez un coup d’œil à la photographie avec laquelle nous avons commencé le numéro d’aujourd’hui de notre blogue / bulletin / machin.
Croiriez-vous qu’un géant industriel américain mentionné dans un numéro de décembre 2019 de ce même blogue / bulletin / machin, Aluminium Company of America, fournit gracieusement au moins une partie de l’aluminium dont l’adolescent a besoin pour construire sa fusée à carburant liquide de 1.8 mètre (6 pieds) (2 mètres (6 pieds 6 pouces)?) de haut?
Blackmon prévoit de tester sa fusée en août 1956. Il a bien l’intention de prendre toutes les précautions nécessaires pour que personne ne soit blessé et que rien ne soit endommagé.
La fusée de Blackmon est une pièce d’ingénierie assez impressionnante. Sa chambre de combustion dispose par exemple d’un système de refroidissement par neige carbonique pour se protéger des températures astronomiques qu’elle devrait supporter. Ces températures seraient atteintes par la combustion des carburant (essence) et comburant (oxygène liquide) de la fusée, et…
Qu’y a-t-il, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous semblez perplexe. Ahh, je vois. Alors qu’une automobile, ou un aéronef, n’a besoin de transporter que du carburant car le comburant nécessaire pour brûler le dit carburant est l’oxygène présent dans l’atmosphère terrestre, les fusées, en particulier celles conçues pour fonctionner en dehors de la dite atmosphère, doivent transporter leur comburant. L’oxygène liquide n’étant pas si difficile à obtenir, Blackmon le choisit pour l’utiliser sur sa fusée.
Ah oui, le cône de nez épuré de la fusée consiste en un abat-jour (Bonjour, EP!) moderniste en aluminium d’une valeur de 5 $, ce qui correspond à environ 75 $ en devise canadienne de 2023. Le dit abat-jour appartenait au camarade de chambre de Blackmon à la Phillips Academy, à Andover, Maine, une des plus anciennes (1778) écoles secondaires des États-Unis. Croiriez-vous que, après avoir trouvé le dit abat-jour, Blackmon construit pratiquement le reste de sa fusée autour de lui?
Aussi diligent qu’il soit, Blackmon sait que la fuséologie n’est pas chose facile. Il ne sait pas ce qui se passera au moment de l’allumage, par exemple. La fusée pourrait atteindre une altitude de 2 200 mètres (7 200 pieds) – ou exploser lorsque l’interrupteur sera actionné.
Informée de ce que fait Blackmon, la Civil Aeronautics Administration (CAA), une organisation ayant le pouvoir de réglementer tous les aspects de l’aviation civile aux États-Unis mentionnée à quelques reprises depuis juin 2018 dans notre impressionnant blogue / bulletin / machin, doit malheureusement l’informer que ses avocats sont d’avis que lancer sa fusée constituerait une violation de la réglementation aérienne. Elle pourrait après tout heurter un aéronef de passage.
La CAA informe également Blackmon qu’il devrait tester sa fusée dans une zone d’essai appropriée, vraisemblablement exploitée par les militaires.
Comment la CAA entend parler de la fusée n’est pas clair, du moins pour moi. Blackmon contacte peut-être cette organisation lui-même. Ceci étant dit (tapé?), le coupable pourrait bien être un journaliste travaillant pour le plus grand quotidien du soir de Caroline du Nord, The Charlotte News de… Charlotte. Si ce gentilhomme ne veut pas mettre des bâtons dans les roues dans les préparatifs de Blackmon, il est au courant que certaines personnes, dont le directeur du Douglas Municipal Airport, près de la ville, ont exprimé leur inquiétude.
Bien que déçu, Blackmon accepte le tout sans trop sourciller. Il n’a pas l’intention de provoquer un accident. Il est cependant devenu un peu célèbre grâce aux articles publiés dans un grand nombre d’états américains par plus de 150 quotidiens. Oh oui, avant que j’oublie, Blackmon et sa fusée sont également mentionnées par des stations de radio et télévision à travers les États-Unis. Croiriez-vous qu’au moins un quotidien australien publie un article sur lui et elle? Et voici la preuve…
La caricature qui accompagne un article sur James Bertram Blackmon publié par le journal australien généraliste de référence des années 1950, The Argus. Anon., « Rocketing to fame. » The Argus, 9 août 1956, 5.
Mais revenons à notre histoire et à la déception initiale de Blackmon.
Jack Walton Williams (à gauche) et le major Gladden F. Loring, deux représentants de la Charlotte Army Missile Plant de la United States Army de Charlotte, Caroline du Nord, examinant la fusée de James Bertram Blackmon dans le sous-sol de la résidence familiale, Charlotte. Anon., « –. » The Press Democrat, 9 août 1956, 2.
Les choses s’éclaircissent toutefois très rapidement grâce à la visite de deux représentants de la Charlotte Army Missile Plant de la United States Army à… Charlotte, un ingénieur du nom de Jack Walton Williams et pas moins que l’officier responsable de l’usine, le major Gladden F. Loring. Ces gentilshommes sont très impressionnés par la fusée de Blackmon. Leur conclusion est qu’elle devrait être testée sur une zone d’essai de la United States Army. Ceci étant dit (tapé?), ils sont bien sûr incapables de promettre qu’un tel test aurait bien lieu.
Williams et Loring peuvent, je répète peuvent, être les premiers membres de la United States Army à être intrigués par le ravissant cône de nez de la fusée de Blackmon. Leur réaction lorsqu’ils sont informés qu’il s’agit d’un abat-jour en aluminium n’est pas enregistrée.
Soit dit en passant, croiriez-vous que la Charlotte Army Missile Plant peut, je répète peut, avoir produit des composants des Douglas M31 et M50 / MGR-1 Honest John, des fusées à courte portée sol-sol non guidées à tête nucléaire, des armes de destruction massive mentionnées dans des numéros de juillet 2022 de notre formidable blogue / bulletin / machin?
La production de tels composants n’est peut-être pas été si surprenante étant donné que l’usine de missiles en question est exploitée par une avionnerie américaine bien connue et respectée mentionnée à plusieurs reprises dans notre vous savez quoi depuis juillet 2018, à savoir Douglas Aircraft Company Incorporated, mais je digresse.
Dans les deux jours, un représentant de Redstone Arsenal, un centre de recherche et développement de fusées située près de Huntsville, Alabama, et contrôlée par la Army Ballistic Missile Agency (ABMA), une agence de la United States Army, contacte Blackmon et…
Et oui, mon ami(e) lectrice ou lecteur un peu trop enthousiaste, le Redstone Arsenal est bien mentionné dans un numéro de juillet 2022 de notre prodigieux blogue / bulletin / machin. La ABMA, d’autre part, est ainsi honorée à quelques reprises depuis février 2019. Puis-je revenir à mon train de pensée déraillé? Merci.
Un représentant de Redstone Arsenal, affirmais-je, contacte Blackmon et propose gracieusement d’y faire tester la fusée. Il y aurait d’abord un test statique, sur un stand extérieur spécial. Si la fusée est jugée sûre, elle pourrait être lancée quelque temps plus tard. Des demandes sont en cours pour voir si Blackmon peut être présent à l’un ou l’autre moment, ou aux deux occasions. L’adolescent est naturellement aux anges. Sans jeu de mots. Eh bien, peut-être un peu. Quoiqu’il en soit, la fusée est soigneusement transportée (gratuitement?) à Huntsville, à la mi-août, dans un avion de ligne.
Ces photographies montrent comment la fusée de James Bertram Blackmon passe de la résidence familiale au Douglas Municipal Airport, Charlotte, Caroline du Nord. Emery Wister, « May Be Fired Tuesday – Army ‘Inducts’ Jimmy’s Rocket. » The Charlotte News, 14 août 1956, 1.
James Bertram Blackmon et quelques personnes de Eastern Airlines Incorporated sont vues ici alors qu’ils mettent la fusée du jeune homme dans une caisse avant le décollage. Anon., « –. » The Troy Messenger, 29 novembre 1956, 1.
Cette photographie mise en scène montre la fusée assemblée par James Bertram Blackmon peu après qu’elle soit retirée de l’avion de Eastern Airlines Incorporated qui l’a transportée, Huntsville-Madison County Airport, près de Huntsville, Alabama. Les gentilshommes sont, de gauche à droite, Stillman A. Bell, pilote de l’aéronef, John W. Womble, chef adjoint du Rocket Development Laboratory de Redstone Arsenal, Charles Northrop, chef des essais en vol au Test and Evaluation Laboratory de Redstone Arsenal, et David H. Newby, chef du Test and Evaluation Laboratory. Anon., "Rocket Experts Peer, Poke At Jimmy’s Product Today." The Charlotte News, 15 août 1956, 21-A.
La United States Army est si satisfaite de la couverture de l’histoire qu’elle envoie au Redstone Arsenal un soldat spécialiste de troisième classe dans la United States Army Reserve en service actif pendant 2 semaines en Caroline du Sud, avec une division d’infanterie, le journaliste de The Charlotte News qui révèle l’histoire pour vous dire la vérité, pour couvrir les essais au sol et, espérons-le, le lancement de la fusée de Blackmon.
Le soldat spécialiste de troisième classe Charles Bishop Kuralt, à gauche, recevant son ordre de marche de son commandant, le commandant de la 108ème Division d’infanterie, le major-général Thomas M. Mayfield, Fort Jackson, Caroline du Sud. Anon., « Rocket Experts Peer, Poke At Jimmy’s Product Today. » The Charlotte News, 15 août 1956, 21-A.
Le journaliste en question est Charles Bishop Kuralt. Il n’a pas encore 22 ans. Kuralt deviendra un journaliste primé (journal, radio, télévision) et auteur surtout connu pour sa longue carrière (1957-1994) chez Columbia Broadcasting System Incorporated. Votre humble serviteur se souvient de l’avoir vu et entendu pendant la période (1979-94) où il anime CBS News Sunday Morning, mais je digresse.
Les ingénieurs de Redstone Arsenal, le chef adjoint du Rocket Development Laboratory, John W. Womble, parmi eux, sont impressionnés par la fusée faite-maison. Le moteur-fusée conçu par Blackmon est étonnamment similaire à des moteurs récemment développés à l’arsenal. Pour citer, en traduction, le commandant de Redstone Arsenal, le brigadier général Holger Nelson Toftoy, Blackmon a « une compréhension vraiment remarquable des principes de base de la fuséologie pour un garçon de seulement 17 ans sans formation formelle ni expérience sur le terrain. Je souhaite seulement que plus de jeunes Américains aient l’enthousiasme de Jimmy pour la science. »
À ce stade, le tatillon que votre humble serviteur est se sent obligé de souligner que l’assemblage d’une fusée ressemble plus à une réalisation technique / technologique qu’à une réalisation scientifique. Je vous dis ça comme ça, moi.
Plusieurs ingénieurs de Redstone Arsenal sont apparemment intrigués par le ravissant cône de nez de la fusée de Blackmon. Informés qu’il s’agit d’un simple abat-jour, ils sont convenablement impressionnés par l’ingéniosité de l’adolescent. L’un d’eux note, en traduction, avec un sourire peut-être, que l’arsenal aurait dépensé « des milliers de dollars et [utilisé] toutes sortes de formules compliquées pour déterminer la courbe exacte » du nez de la fusée.
Et oui, vous avez bien raison, ami(e) lectrice ou lecteur, Toftoy est bien mentionné dans un numéro de juillet 2022 de notre stellaire blogue / bulletin / machin.
Il s’avère que les ingénieurs de Redstone Arsenal concluent que, même si le moteur de la fusée est bien conçu, les petites bouteilles d’oxygène d’aéronef des surplus de guerre utilisées pour contenir l’essence et l’oxygène liquide pourraient ne pas être assez solides pour résister à la pression à laquelle ils seraient soumis lorsque mis sous pression avant le lancement. Il est donc hors de question de tester la fusée, même au sol. Blackmon est naturellement déçu.
Cependant, les choses s’éclaircissent immédiatement. Voyez-vous, une personne de Redstone Arsenal parlant au nom de Toftoy invite Blackmon et son père à venir pour une visite, afin que l’adolescent puisse discuter avec quelques ingénieurs et voir certaines de leurs créations mortelles. Blackmon est naturellement aux anges.
Croiriez-vous que Blackmon se voit offrir un poste au Redstone Arsenal dès sa sortie de l’université?
James Bertram Blackmon et son père, James Bertram Blackmon, à droite, accueillis au Redstone Arsenal par deux ingénieurs aéronautiques et spécialistes des missiles, William Ames « Bill » Davis, Junior, et Billy Spencer « Spence » Isbell, Redstone Arsenal, Alabama. Anon., « Rocket Maker, 17, Tours Arsenal. » Democrat and Chronicle, 21 août 1956, 15.
Blackmon et son père se rendent dûment à Huntsville, en août, à bord d’un petit aéronef militaire. Ils sont accueillis à l’aéroport par un petit groupe de personnes qui comprend des représentants de la American Rocket Society (ARS) et de la Rocket City Astronomical Association, un groupe de Huntsville dirigé par le directeur de la Guided Missile Development Division de Redstone Arsenal, Wernher Magnus Maximilian von Braun.
Blackmon finit par devenir membre honoraire de l’ARS
James Bertram Blackmon et son père, James Bertram Blackmon, à bord du petit aéronef militaire qui les transporte de Charlotte, Caroline du Nord, à Huntsville, Alabama. Charles Kuralt, « Alabama Meeting of Minds – Jimmy Lives Rocket-type Dream. » The Charlotte News, 20 août 1956, 13.
Une petite digression si je peux me permettre. Votre humble serviteur imagine-t-il des choses ou est-ce que la porte du petit aéronef militaire qui transporte Blackmon et son père de Charlotte à Huntsville ressemble étrangement à celle d’un aéronef utilitaire de Havilland Canada L-20 Beaver de la United States Army? Je vous dis ça comme ça, moi.
Et oui, cette digression me permet de souligner que la prodigieuse collection du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario, comprend un Beaver. Avez-vous un problème avec ça? Si c’est le cas, dommage, c’est triste. Mieux encore, le Beaver est au cœur de 2 numéros d’août 2022 de notre merveilleux blogue / bulletin / machin.
Il convient de noter que von Braun, figure clé du programme de fusées allemand pendant la Seconde Guerre mondiale et du programme spatial américain pendant la Guerre froide, a été membre à la fois du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (1937) et de la Allgemeine SS (1940), une branche de la monstrueuse Schutzstaffel. Tout comme de nombreux Allemands, il rejoint apparemment les deux organisations pour améliorer ses perspectives professionnelles.
Parlant (tapant?) de perspectives professionnelles, von Braun mets les voiles vers l’ouest à travers l’Allemagne fin avril, début mai 1945 afin de se rendre à une unité de la United States Army, convaincu que ses capacités pourraient être mieux appréciées aux États-Unis qu’en Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), un pays où les Allemands sont haïs à outrance, pour de très bonnes raisons liées à la guerre. Le gouvernement américain est par ailleurs un tantinet moins brutal que celui de l’URSS. Remarquez, le climat en Alabama s’avère un tantinet moins brutal que celui de la Sibérie.
Le passé national-socialiste de Von Braun est soigneusement enterré pendant de nombreuses années. Incidemment, il devient citoyen américain naturalisé en avril 1955. Et oui, von Braun est mentionné quelques fois dans notre blogue / bulletin / machin depuis janvier 2019, mais je digresse.
Après avoir quitté l’aéroport, Blackmon et son père, James Bertram Blackmon, un publicitaire du susmentionné The Charlotte News incidemment, visitent l’observatoire de la Rocket City Astronomical Association, alors en construction. Plus tard dans la journée, ils regardent des films documentaires sur des missiles allemands et américains, ainsi que sur les voyages dans l’espace. Blackmon et son père passent la nuit dans la piaule chic utilisée par le secrétaire à la Défense américain Charles Erwin Wilson lors des visites de ce dernier à Huntsville. Ouah…
James Bertram Blackmon discutant avec le directeur de la Guided Missile Development Division de Redstone Arsenal, Wernher Magnus Maximilian von Braun, Redstone Arsenal, Alabama, août 1956. Jim Show, « Youngsters finding a new fad: Rockets. » The Birmingham News (Magazine), 9 mars 1958, 5.
Le lendemain, Blackmon et son père visitent quelques laboratoires et ateliers de Redstone Arsenal, où ils voient apparemment des missiles anti-aériens Bell / Douglas SAM-A-7 / M1 Nike Ajax et des missiles balistique à courte portée sol-sol à tête nucléaire Jet Propulsion Laboratory / Firestone SSM-A-17 / M2 Corporal, avec de nombreux (12? 20?) journalistes et photographes en remorque. Ils ne voient pas moins de 4 lancements de missiles. Blackmon a même l’occasion de discuter avec von Braun. Il est naturellement ravi, et…
Pourquoi ce regard choqué, ami(e) lectrice ou lecteur? Ne saviez-vous pas que le géant américain Firestone Tire and Rubber Company, une firme mentionnée dans des numéros de septembre 2019 et février 2022 de notre blogue / bulletin / machin, et Bell Telephone Laboratories Incorporated, une firme détenue conjointement par American Telephone & Telegraph Company et Western Electric Company, fabriquent des armes de destruction massive dans les années 1950 et / ou 1960 – un cas de transformation de socs de charrue en épées, si votre humble serviteur peut le dire (taper?). Eh bien, maintenant vous savez, mais revenons à notre histoire.
Croiriez-vous que Blackmon est invité à parler de sa fusée devant un public composé d’ingénieurs et autres personnes de Redstone Arsenal, dont deux généraux de la United States Army?
Incidemment, certaines des questions posées par Blackmon lors de sa visite des laboratoires et ateliers de Redstone Arsenal sont si incisives / pertinentes que les ingénieurs doivent refuser d’y répondre. « C’est du matériel secret, » ajoutent-ils, en traduction, fort possiblement avec un sourire.
Il va sans dire que la visite de Blackmon à Redstone Arsenal, une installation très sensible et secrète, est mentionnée dans des douzaines et des douzaines de quotidiens américains, sans compter au moins une dizaine de quotidiens canadiens publiés dans 4 provinces. Curieusement, les journaux de langue française du Canada n’ont rien à dire sur Blackmon ou sa fusée.
Compte tenu de la quantité d’informations dont votre humble serviteur peut vous régaler, ami(e) lectrice ou lecteur, je me retrouve dans la situation embarrassante de devoir reporter à la semaine prochaine la présentation du reste de ces informations. Désolé.