L’introduction du Canada à un jeu de drones mortel : Un trop bref aperçu de la carrière canadienne de l’aéronef sans pilote tactique SAGEM Sperwer, partie 3
Bienvenue à nouveau, ami(e) lectrice ou lecteur. Sommes-nous prêt(e)s à avancer sur le chemin de l’illumination? Vermouilleux! La voie vers une meilleure compréhension de la carrière canadienne de l’aéronef sans pilote tactique SAGEM CU-161 Sperwer nous invite.
Alors que des discussions concernant l’utilisation à long terme d’aéronefs sans pilote (ASP) ont lieu au Canada, les Sperwer des Forces canadiennes retournent en Afghanistan, peut-être un tantinet plus tard que prévu initialement, en février 2006.
À la mi-mars, le Commandement aérien des Forces canadiennes, en d’autres mots l’armée de l’air, est très heureux d’annoncer que sa toute première unité d’ASP est sur le point d’être opérationnelle. Basée à Kandahar, Afghanistan, cette unité marquante / pionnière est rattachée à un escadron équipé d’hélicoptères Bell CH-146 Griffon de fabrication canadienne venu de la Base des Forces canadiennes Edmonton, Alberta.
Avant que j’oublie, bien que plus basse en altitude que Kaboul, Kandahar est à la fois nettement plus poussiéreuse et plus chaude en été que la capitale afghane. Une joie supplémentaire pour le personnel canadien est le grand bassin de rétention d’eau situé près de l’aérodrome militaire, la célèbre et malodorante Poo Pond, en français étang caca.
Et oui, bassin de rétention d’eau est un terme technique désignant ce qui pourrait être décrit comme un lac de déchets humains. Un lac à ciel ouvert où le contenu de centaines de toilettes portatives est rejeté. Bon appétit tout le monde. Désolé, désolé.
Cette fois-ci, invoquant des raisons de sécurité, le ministère de la Défense nationale et / ou les Forces canadiennes refusent poliment de dire combien d’ASP seraient utilisés. Un porte-parole indique toutefois que d’autres Sperwer arriveraient bientôt en Afghanistan. Si votre humble serviteur peut être un peu impertinent pendant un moment, il semble que les reportages détaillant les problèmes du Sperwer en 2003-04 ont touché un nerf. Les informations seraient maintenant beaucoup plus difficiles à obtenir.
Soit dit en passant, saviez-vous qu’au moins certains membres des Forces canadiennes présents en Afghanistan appellent le Sperwer le « flying ski-doo, » en français ski-doo volant? Je ne plaisante pas. Le ski-doo en question est évidemment la mondialement connue motoneige Bombardier Ski-Doo, mais je digresse.
Quel est le lien entre le Sperwer et une motoneige, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur perplexe? Eh bien, voyez-vous, ces deux véhicules sont propulsés par un moteur à piston fabriqué par la société autrichienne Bombardier-Rotax Gesellschaft mit beschränkter Haftung.
Fait intéressant, le ministère de la Défense nationale examine 2 sources distinctes pour les dits Sperwers supplémentaires. L’un d’elles concerne SAGEM. En fait, la source en question est Safran Société anonyme, un groupe formé en mai 2005 par la fusion de SAGEM et d’une entreprise publique française, SNECMA Moteurs. Quoi qu’il en soit, le ministère commande 5 Sperwer flambant neufs en décembre 2005, en vue d’un retour à l’action en Afghanistan en 2006.
L’autre option étudiée par le ministère de la Défense nationale, l’acquisition de Sperwer et de stations au sol d’occasion exploitées par la Hærens, ou armée danoise, s’avère tout aussi fructueuse. À dire vrai, les Forces canadiennes achètent toute la flotte de cette armée, soit environ 10 Sperwer et, je pense, 2 stations au sol.
Acquis en 2002, les Sperwer danois, connus localement sous le nom de Tårnfalk, semblent être en proie à des dysfonctionnements tout au long de leur service. Un écrasement en février 2005 fait déborder le vase. Tous les Tårnfalk sont été cloués au sol. Définitivement. Des furieux responsables de la défense danois, dont le ministre Søren Gade Jensen, déclarent que le manque de fiabilité du Sperwer a également tourmenté d’autres opérateurs. L’expérience du Canada en Afghanistan est mentionnée, ainsi que celle d’un pays européen, les Pays-Bas, je crois, qui a tenté d’opérer des Sperwer en Irak, un autre point chaud.
À la suite d’une négociation habile de la part de l’équipe de négociation canadienne, peut-être en partie composée de personnes de Contraves Oerlikon Incorporated, la firme québécoise chargée de gérer le contrat des Sperwer canadiens, l’équipe de négociation danoise accepte de vendre les Sperwer pour une fraction de leur prix. Remarquez, la dite équipe danoise veut peut-être se débarrasser de ses Sperwer le plus rapidement possible.
Quoi qu’il en soit, les Forces canadiennes récupèrent ces ASP au Danemark au début de septembre 2006, quelques jours après avoir finalisé l’entente. Une fois modifiés pour répondre aux exigences canadiennes, ces Sperwer presque neufs sont apparemment utilisés pour l’entraînement et / ou au combat, au Canada et en Afghanistan.
Avant que j’oublie, le ministère de la Défense nationale commande discrètement environ 10 Sperwer supplémentaires après, ou avant, décembre 2005. Il signe ce ou ces contrats avec SAGEM ou, plus probablement, avec Safran.
En fin de compte, les Forces canadiennes reçoivent non moins de 31 Sperwer. Compte tenu de cela, elles sont le troisième plus grand utilisateur de Sperwer au monde, juste après la Koninklijke Landmacht, ou armée néerlandaise qui, comme cela est mentionné dans la 1ère partie de cet article, exploite environ 35 Sperwer, et tout juste après l’Armée de Terre, ou armée française, qui en exploite plus de 35, comme nous le verrons bientôt.
Il convient de noter que plusieurs des / la plupart des / tous les Sperwer nouvellement acquis sont équipés d’ailes allégées qui leur permettent de transporter plus de carburant, prolongeant ainsi leur autonomie et endurance.
À partir de la mi-2006, le Sperwer disparaît à toutes fins utiles de l’écran radar des médias. Au plus tard en août 2007, cependant, des plaintes déposées par un certain nombre de soldats et officiers du Commandement de la force terrestre des Forces canadiennes, en d’autres mots l’armée, commencent à circuler. Les capacités limitées du Sperwer mettent leur sécurité en danger, déclarent-ils en privé – et de manière anonyme. Même si des responsables des Forces canadiennes continuent à refuser les entrevues pour discuter de problèmes potentiels pour des raisons de sécurité opérationnelle, des sources à Kandahar parlent des problèmes de fonctionnement de l’ASP, de son endurance limitée, sans parler des problèmes causés par les températures très élevées rencontrées en Afghanistan.
La firme québécoise chargée de gérer le contrat des Sperwer, Rheinmetall Canada Incorporated, anciennement connue sous le nom de Contraves Oerlikon, affirme qu’elle a des solutions à certains des problèmes de l’ASP, une rampe de lancement améliorée et un moteur plus puissant par exemple. Elle contacte le ministère de la Défense nationale avec cette information, ajoutant que les modifications ne coûteraient pas tant que ça. Les responsables canadiens sont polis mais évasifs. Le Sperwer disparaît de nouveau progressivement de l’écran radar des médias.
Cependant, cela ne signifie pas que les opérations se déroulent sans heurts et ce, même si quelqu’un du Commandement aérien est assis avec des collègues du Commandement de la force terrestre dans chacune des stations au sol de Sperwer. De fait, on pourrait dire que les choses empirent.
En 2006, 2 Sperwer sont détruits. En 2007, 8 Sperwer sont détruits. En 2008, 7 Sperwer sont détruits. Autrement dit, entre mai 2006 et novembre 2008, 17 des 29 Sperwer opérationnels des Forces canadiennes sont détruits et au moins 9 autres sont très gravement endommagés.
Aussi décevantes / inquiétantes que soient ces pertes, il faut garder à l’esprit l’environnement difficile dans lequel les Sperwer doivent opérer, et la nécessité de les utiliser aussi souvent que possible pour aider les troupes terrestres canadiennes.
Le public canadien n’entend pas beaucoup parler de ces pertes compte tenu d’une décision du ministère de la Défense nationale à l’effet que les informations statistiques concernant la plupart des hélicoptères et ASP des Forces canadiennes volant en Afghanistan doivent rester secrètes.
Maintenant, qui ce secret protège-t-il, les soldats en Afghanistan ou les bureaucrates, officiers supérieurs et politiciens à Ottawa, est une question que votre humble serviteur n’oserait jamais poser.
Comme vous pouvez bien l’imaginer, les Forces canadiennes travaillent tranquillement à une solution au problème qu’est le Sperwer. Au printemps 2007, réalisant l’utilité d’avoir des ASP armés pour soutenir les troupes stationnées en Afghanistan, le Commandement aérien fait apparemment pression pour l’acquisition de quelques General Atomics MQ-9 Reaper, un type d’ASP capable de transporter de petits missiles air-sol – une conséquence du projet Système interarmées de surveillance et d’acquisition d’objectifs au moyen de véhicules aériens sans pilote connue sous le nom de programme Capacité RSR interarmée aéroportée.
Et oui, l’acronyme RSR signifiait renseignement, surveillance et reconnaissance. L’absence de toute référence à la capacité d’attaque du robot tueur volant américain dans cet acronyme vaut la peine d’être notée.
Opérationnel depuis 2007 avec la United States Air Force, le Reaper est un ASP à turbopropulseur gros, lourd et coûteux contrôlé par satellite. Il ressemble quelque peu à un planeur, ou à une mante religieuse en vol, avec son corps et ses ailes longs et minces. Contrairement au Sperwer, le Reaper a un train d’atterrissage rétractable et doit être utilisé à partir d’une sorte de piste préparée.
Et oui, je sais. Reaper, predator, soit faucheur et prédateur. Quelqu’un, quelque part, a le don de choisir des noms d’ASP qui évoquent le Jour du Jugement, le jour fatidique où Skynet, l’intelligence artificielle super intelligente américaine de la franchise de films Terminator qui contrôle l’arsenal nucléaire des États-Unis, prend conscience d’elle-même, une situation qui conduit à une tentative par des grosses légumes américaines terrifiées pour arrêter leur création frankensteinienne. Une tentative ratée qui conduit Skynet à déclencher une troisième guerre mondiale pour se débarrasser des emmerdantes formes de vie à base de carbone communément appelées Homo sapiens – un descripteur scientifique qui signifie… homme sage, mais je digresse.
Et oui, il y un ASP militaire nommé d’après le personnage d’Arnold Alois Schwarzenegger. Je ne plaisante pas. À ce qu’il semble, bien que dévoilé en 2014, le Lockheed Martin Terminator n’est pas mis en production.
Quoi qu’il en soit, comme les choses s’avèrent, le Cabinet du Canada n’approuve pas la demande du Commandement aérien d’obtenir des Reaper. Très conscients des réactions négatives à la signature relativement récente de gros contrats de défense avec des firmes américaines, avec peu ou pas de concurrence, celui de l’hénaurme avion-cargo Boeing CC-177 Globemaster III me vient à l’esprit par exemple, des membres du cabinet laissent entendre que commander des Reaper à ce moment-là, encore une fois sans concurrence, ne ferait qu’ajouter de l’huile sur le feu et agacer davantage la vérificatrice générale du Canada, la redoutable Sheila Fraser. Le Commandement aérien reçoit l’ordre de retourner à la case départ.
Le rapport du Groupe d’experts indépendant sur le rôle futur du Canada en Afghanistan, également connu sous le nom de rapport Manley du nom de son président, l’avocat / homme d’affaires / politicien canadien John Paul Manley, rendu public en janvier 2008, remet la question sur le devant de la scène. Voyez-vous, le dit groupe recommande que la mission des Forces canadiennes en Afghanistan soit poursuivie, tant que certaines conditions pourraient être remplies bien sûr. Une d’entre elles concerne l’acquisition, avant février 2009, d’ASP performants qui seraient utilisés pour la collecte de renseignements, la surveillance et la reconnaissance.
Les Forces canadiennes ne sont pas prises par surprise. Au moment où le rapport Manley sort, les responsables du Commandement aérien ont conçu un nouveau plan qui le verrait louer des ASP pour une utilisation en Afghanistan sur une période de 3 ans. La réaction de l’industrie aérospatiale tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du Canada est mitigée, c’est le moins qu’on puisse dire.
Certaines firmes indiquent que l’exploitation d’ASP loués dans une zone de combat n’est pas une solution pratique pour une firme privée. Les militaires canadiens n’ont pas à s’attendre à des offres de leur part. General Atomics Aeronautical Systems Incorporated, la firme américaine privilégiée par un certain nombre d’officiers du Commandement aérien, déclare en revanche qu’elle essaie de ne pas s’impliquer dans des accords de location mais qu’elle examinerait néanmoins la proposition. Une firme canadienne ayant une expérience limitée dans les opérations d’ASP, MacDonald, Dettwiler and Associates Limited (MDA) de Richmond, Colombie-Britannique, indique qu’elle examinerait la proposition avant de prendre une décision.
Certains initiés de l’industrie aérospatiale sont cependant perplexes. Leurs estimations personnelles du coût du plan de location se rapprochent du prix que les Forces canadiennes auraient à payer si elles avaient simplement acheté les ASP.
Il est suggéré que la décision d’aller de l’avant avec le plan de location est prise pour des raisons politiques, en d’autres termes pour des raisons de relations publiques. Bien conscient que le soutien à la mission afghane est en effet très fragile, le gouvernement fédéral ne veut pas qu’on le voit acheter des systèmes d’armes supplémentaires.
À quel point ce soutien est-il fragile, demandez-vous, ami lecteur oublieuse / oublieux ? Eh bien, selon des sondages d’opinion, environ 55 % des Canadiennes et Canadiens désapprouvent plus ou moins fortement la mission du pays en Afghanistan.
Quoi qu’il en soit, il semble clair que le ministère de la Défense nationale a l’intention d’accélérer le plan du Commandement aérien, maintenant connu sous le nom de projet Noctua, afin d’avoir en main les nouveaux ASP loués d’ici la fin de 2008 ou le début de 2009, s’assurant ainsi que le Sperwer serait finalement mis à la retraite. Le plan de location est une mesure provisoire qui permettrait aux Forces canadiennes de développer davantage le programme Système interarmées de surveillance et d’acquisition d’objectifs au moyen de véhicules aériens sans pilote, peu importe l’orientation que celui-ci pourrait prendre.
Tout ne va pas bien cependant. La date d’annonce prévue d’une commande, début juillet 2008, arrive et repart sans décision. Les deux offres sont en effet jugées insatisfaisantes. Enfin, en août, le ministère de la Défense nationale annonce avoir attribué le contrat de location à une équipe composée de MDA et Ha-ta’asiya ha-avirit le-Yisra’el, autrement dit Israel Aerospace Industries (IAI), un leader mondial de la conception d’ASP et un situé dans un des points chauds de la planète Terre.
Le contrat couvrirait une période de deux ans, jusqu’à fin 2010 plus précisément, mais pourrait être prolongé d’une troisième année.
IAI fournirait l’ASP en question, le IAI Mahatz, qui reçoit la désignation militaire canadienne IAI CU-170 Heron. Le nombre total d’ASP loués aux Forces canadiennes n’est pas rendu public, ce qui est logique étant donné qu’on demande au maître d’œuvre de fournir suffisamment d’ASP pour faire certaines choses sur une certaine période de temps. Remarquez, on pourrait soutenir que le fait de garder ce nombre secret permet également au ministère de la Défense nationale de garder le coût du programme secret pendant un certain temps.
Bien qu’assez petit par rapport à un chasseur à réaction supersonique tel que le McDonnell Douglas CF-188, le Mahatz / Heron est beaucoup plus gros et plus lourd que le Sperwer. Son autonomie de vol est également beaucoup plus longue à 50 environ heures ou plus contre 5 environ pour le Sperwer. Comme son prédécesseur, cependant, le Mahatz / Heron est propulsé par un moteur à pistons fabriqué par Bombardier-Rotax.
MDA serait responsable des aspects de gestion, formation et maintenance de l’accord. De fait, le personnel de la firme serait aux commandes des Heron lors de chaque décollage et atterrissage en Afghanistan. Cela, bien sûr, signifie que MDA – pas le Commandement aérien, pas les Forces canadiennes et pas le ministère de la Défense nationale – serait responsable si quelque chose de fâcheux se produit pendant ces phases critiques de chaque vol.
L’accord impose également des sanctions financières à IAI ou à MDA (ou aux deux?) s’ils ne fournissent pas suffisamment d’ASP pendant la durée de location.
À dire vrai, les conditions imposées par le ministère de la Défense nationale ont entraîné le retrait de 2 firmes du concours, dont General Atomics Aeronautical Systems.
Une petite digression si je peux me permettre. Votre humble serviteur se demande si cet accord entre IAI et les Forces canadiennes n’est pas similaire, du moins dans son concept, à une approche utilisée en Europe occidentale (et ailleurs?). Certains pays là-bas, euh, ont déguisé / déguisent la source des ASP israéliens qu’ils ont utilisés et / ou continuent d’utiliser en changeant leurs noms et / ou désignations et / ou en les commandant, au moins nominalement, à une firme européenne.
Vu combien de fois les Tsva ha-hagana le-Yisra’el, autrement dit les forces de défense israéliennes, ont utilisé des ASP contre les populations civiles palestiniennes de Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, et combien les populations de ces territoires occupés ont souffert au cours des 50 dernières années d’occupation israélienne, certains gouvernements en Europe et ailleurs sont un peu nerveux à l’idée d’être associés à des marchands d’ASP israéliens.
Un aéronef sans pilote IAI CU-170 Heron des Forces canadiennes, peut-être le premier en fait, Kandahar Airfield, Afghanistan, mars 2009. Presse canadienne, Murray Brewster.
Quoi qu’il en soit, IAI livre le premier Heron en septembre ou octobre 2008. À la mi-janvier 2009, certains d’entre eux sont déjà en Afghanistan. D’autres restent au Canada pour fins d’entraînement. Le premier vol opérationnel en Afghanistan a lieu en février 2009. Il est suggéré qu’un Heron est perdu au début de 2009, mais le secret qui enveloppe l’accord de location canadien fait en sorte que peu ou pas d’informations font surface.
Une exception à cette règle survient en juillet 2010 lorsqu’un Heron s’écrase sur des lignes électriques à la Base des Forces canadiennes Suffield, Alberta, lors d’un vol d’entraînement. Aucun voile en dentelle de secret ne peut dissimuler cet accident.
Incidemment, un dernier Sperwer est détruit en mars 2009.
Le dernier vol officiel d’un Sperwer des Forces canadiennes a lieu en avril 2009. Bien que ses performances aient été limitées, cet ASP finit par fonctionner. Pourtant, peu de larmes sont versées lorsqu’un Sperwer se pose en Afghanistan pour la dernière fois.
Sur une période d’environ 45 mois, en 2003-04 et 2006-09, les Sperwer ont effectué plus de 1 300 missions en Afghanistan. Au total, 20 des 31 ASP acquis par les Forces canadiennes ont été détruits.
Il convient de noter que les Forces canadiennes peuvent, je répète peuvent, avoir utilisé quelques Sperwer aussi tard qu’en août ou septembre 2009, peut-être pour une sorte de travail d’essai.
Quoi qu’il en soit, une question demeure : que faire des 6 Sperwer encore en état de vol? Vendre une partie ou la totalité d’entre eux aux forces armées d’autres pays est une option, tout comme les mettre au rebut ou en retirer un ou quelques-uns dans des musées au Canada – ou ailleurs.
La poursuite de l’exploitation de cet ASP en Afghanistan n’est tout simplement pas envisagée, quoi qu’en pensent des représentants de Safran ou des critiques de l’Opposition Loyale de Sa Majesté en matière de défense. De fait, Safran indique sa volonté de reprendre l’opération des Sperwer en Afghanistan si les Forces canadiennes le désirent. Comme vous pouvez bien l’imaginer, il n’y a pas un tel désir.
De fait, selon des initiés du ministère de la Défense nationale, le Sperwer est en fait devenu une sorte d’orphelin, une arme sans champion. Le Commandement de la force terrestre a des Skylark. Il a également des Boeing Insitu CU-169 ScanEagle, un petit ASP américain à pistons à long rayon d’action, loués vers 2009. Le Commandement aérien, quant à lui, a des Heron.
Et oui, un des ScanEagle appartient maintenant au prodigieux et formidable Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. Remarquez, cette collection comprend également un CF-188.
En fin de compte, les 6 Sperwer en état de vol sont vendus à la France, ce qui explique comment ce pays devient apparemment le plus important utilisateur de Sperwer au monde.
Sept autres exemplaires de cet ASP vont dans 7 musées canadiens. Et oui, certains de ces Sperwer avaient apparemment été détruits dans des accidents avant d’être réparés ou retapés pour une présentation statique.
Et oui, encore, un des Sperwer réparé ou retapé, le tout premier Sperwer canadien en fait, vient s’ajouter à la formidable et incroyable collection du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. Après tout, comme cela est mentionné dans la 1ère partie de cet article, une des raisons pour lesquelles votre humble serviteur a peiné sur un clavier pendant d’innombrables secondes, une peine qui comprend la quantité habituelle de frappe en colère (Bonjour, EP et EG!), est de porter à votre attention le fait que le Musée de l’aviation du Canada, comme s’appelle le splendide Musée de l’aviation et de l’espace du Canada jusqu’en avril 2010, ajoute un Sperwer à sa collection en janvier de la même année.
Et maintenant quelques mots sur le Sperwer du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada.
Apparemment utilisé pour l’entraînement au Canada à partir de septembre 2003, cet ASP arrive en Afghanistan fin octobre. Il vole pour la première fois dans ce pays début novembre. Le Sperwer du musée est endommagé fin 2003 ou début 2004 mais est remis en service au plus tard en avril 2004.
Le Sperwer du musée est cloué au sol en juillet, comme le sont tous les ASP de ce type alors exploités en Afghanistan par les Forces canadiennes. Il est rapatrié au Canada en août, mais est utilisé pour l’entraînement et / ou des tests à la Base des Forces canadiennes Suffield, en septembre et octobre 2005.
Remarquez, il peut, je répète peut, être impliqué dans la formation offerte par des personnes de SAGEM, à la Base des Forces canadiennes Valcartier, Québec.
Ramené en Afghanistan en 2006, le Sperwer du musée est endommagé près de Kandahar, en novembre de la même année, lorsque les coussins gonflables déployés pour l’atterrissage se déploient de manière inattendue peu après le lancement. Ne pouvant plus rester en l’air, il effectue un atterrissage brutal à environ 250 mètres (environ 825 pieds) du site de lancement. Un second accident se produit en novembre 2008, également à Kandahar, lorsqu’un membre de l’équipe de lancement aurait appuyé sur le bouton destiné à arrêter le moteur, et ce pendant le lancement de l’ASP. Le Sperwer n’est pas remis en service par la suite.
Le Sperwer arrive au Musée de l’aviation du Canada, l’actuel musée de l’aviation et de l’espace du Canada, vers janvier 2010. Il est exposé à la fin février.
Les Forces armées canadiennes mettent fin à leurs opérations de combat en Afghanistan en juillet 2011. La formation des membres des forces armées et de la police afghanes se poursuit, toutefois. Le dernier membre des Forces armées canadiennes, un nouveau descripteur adopté en mars 2013, stationné en Afghanistan quitte cette terre meurtrie en mars 2014.
Les combats se poursuivent cependant plus ou moins sans relâche jusqu’en août 2021, lorsque les forces du Afġānistān Islāmī Amārāt, en d’autres termes les talibans, capturent Kaboul et mettent en place un nouveau gouvernement. Le conflit qui avait commencé près de 20 ans plus tôt se termine. La proverbiale roue a fait un tour complet, avec le retour au pouvoir des talibans.
Tragiquement, un grand nombre d’Afghanes et Afghans (175 000? 210 000? 245 000? 360 000?) ont perdu la vie en cours de route.
Plus de 1 600 000 Afghanes et Afghans ont fui leur pays depuis la prise du pouvoir par les talibans, rejoignant ainsi les 6 600 000 de personnes qui avaient fui à un moment donné du conflit. Au total, 1 Afghane ou Afghan sur 5 est une ou un réfugié(e). De plus, les deux tiers des personnes restées dans le pays ont besoin d’aide et / ou de protection humanitaires.