Une patate chaude, deux patates chaudes, trois patates chaudes, quatre : Énergie atomique du Canada Limitée de Chalk River, Ontario, et les premiers jours de l’irradiation des aliments au Canada
Vous souvenez-vous d’avoir vu l’exposition La magie de la pomme de terre lorsqu’elle a été présentée au Musée national des sciences de la technologie, à Ottawa, Ontario (1991-94), ou au Musée de l’agriculture, également à Ottawa (1994-2000), ami(e) lectrice ou lecteur? Non? Vous l’avez vu au Potato Museum, à O’Leary, Île-du-Prince-Édouard, après cette date, entre 2000 et 2012 peut-être? Vermouilleux! C’était une belle exposition, n’est-ce pas?
Ai-je besoin de mentionner que toutes ces institutions muséales sont désormais, en 2021, connues sous d’autres appellations? Oui, elles le sont. Les dites appellations sont Canadian Potato Museum, Musée de l’agriculture et de l’alimentation du Canada et Musée des sciences et de la technologie du Canada, ces derniers étant des institutions sœurs / frères du succulamment bon Musée de l’aviation et de l’espace du Canada d’Ottawa.
Étant donné que cette semaine notre péroraison pontificationnelle ne portera pas sur les musées, permettez-moi d’aller à la racine / tubercule du sujet de cette semaine en citant, en traduction, la légende de la photographie que vous avez vue il y a quelques instants, une photographie trouvée dans les pages du numéro du 21 octobre 1961 du Saskatoon Star-Phoenix, le principal quotidien de Saskatoon, Saskatchewan.
CONNU COMME UN « IRRADIATEUR MOBILE AU COBALT-60 », la machine ci-dessus devrait stimuler les exportations de pommes de terre canadiennes et éliminer le besoin d’importations importantes à la fin du printemps et au début de l’été. La machine, qui a été mise en service à Ottawa jeudi [18 octobre], a été mise au point par la division des produits commerciaux d’Énergie atomique du Canada Limitée en coopération avec l’industrie de la pomme de terre. Elle utilise des rayons gamma pour empêcher les pommes de terre de germer pendant le stockage. Monté sur une remorque de [15 mètres environ] 50 pieds, l’irradiateur utilise du cobalt 60, le même isotope utilisé dans le traitement par téléthérapie du cancer. Les pommes de terre ne sont frappées que par les rayons gamma, et ceux-ci ne laissent aucun dépôt susceptible de provoquer une contamination.
Maintenant, je vous demande, ami(e) lectrice ou lecteur, pensez-vous que l’idée de l’irradiation des aliments est évoquée pour la première fois à cette époque, c’est-à-dire au début des années 1960? Les années 1940 ou 1950, dites-vous? Une bonne supposition, mais la vérité est que ce concept est avancé peu de temps après la découverte indépendante et quasi simultanée de la radioactivité naturelle au début de 1896 par l’ingénieur et physicien français Antoine Henri Becquerel et le professeur de physique britannique Silvanus Phillips Thompson. Je ne plaisante pas. Le premier publie cependant les résultats de ses expériences en premier, et obtient le crédit.
L’idée d’utiliser des rayons dernier cri pour oblitérer les micro-organismes nocifs pour les humains ou pour l’approvisionnement alimentaire de l’humanité est avancée dans une revue médicale allemande dès 1896.
Même si des brevets sont délivrés au Royaume-Uni et aux États-Unis dès 1905, les expériences réelles ne commencent apparemment commencé que dans les années 1950. Il suffit de mentionner le National Food Irradiation Program des États-Unis, lancé en 1953 par la United States Army and la Atomic Energy Commission, et son irradiation expérimentale de produits végétaux (fruits et légumes) et animaux (produits laitiers, poisson et viande). La production de rations de campagne durables pour les soldats en guerre était, est et sera d’une importance cruciale. Et Homo sapiens semble avoir un vrai talent pour faire la guerre, mais je digresse.
Pourquoi seulement dans les années 1950, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Pour répondre à cette question, il faut se pencher sur l’histoire de la radiothérapie, c’est-à-dire de l’utilisation de diverses formes de rayonnement pour traiter le cancer. Avant le développement des armes nucléaires pendant la Seconde Guerre mondiale, la seule façon de traiter les tumeurs situées profondément à l’intérieur d’un corps humain était d’utiliser des machines à rayons X très puissantes, coûteuses et rares ou de placer une infime quantité de radium, une source de rayonnement très puissante, coûteuse et rare, à l’intérieur de ce corps humain.
Le développement des réacteurs nucléaires permet aux chercheurs de produire des sources radioactives artificielles à usage médical. Une forme radioactive du cobalt, un métal, connue sous le nom de cobalt 60, s’avère particulièrement utile à cet égard. Harold Elford Johns, physicien médical à la University of Saskatchewan, à Saskatoon, joue un rôle essentiel dans le lancement du processus. En 1949, il convainc le Conseil national de recherches du Canada, un organisme renommé mentionné à quelques / plusieurs reprises dans notre blogue / bulletin / machin depuis mai 2018, de développer un appareil de radiothérapie au cobalt 60.
Deux exemplaires de cette première machine, communément / allégrement baptisée bombes au cobalt, sont construits à la University of Saskatchewan et au Victoria Hospital, une institution affiliée à la University of Western Ontario, à London, Ontario.
Une première personne est traitée en novembre 1951. Son cancer guéri, elle continue sa vie, quittant cette Terre vers 1998. Le reste, comme on dit, est l’histoire. Revenons maintenant à l’irradiation des produits alimentaires.
La première application commerciale d’irradiation au monde est lancée en Allemagne de l’Ouest en 1957, lorsque Gewürzmüller Gesellschaft mit beschränkter Haftung utilise un accélérateur d’électrons Van de Graaf pour améliorer la qualité hygiénique de certaines de ses épices. Et oui, la firme le fait en l’absence de règle ou réglementation gouvernementale. Heiliger Strohsack, Fledermausman!
En 1958, l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) devient le premier pays de la planète Terre à approuver l’irradiation d’un produit alimentaire, en l’occurrence des pommes de terre. Ce traitement devait empêcher les tubercules de germer. Une bénédiction athée similaire est donnée à une date ultérieure (1959?) à l’irradiation de céréales pour prévenir les infestations d’insectes.
Et oui, la germination était et est un problème. Toutes les pommes de terre consommées par les humains contiennent certains composés toxiques, mais seulement en petites quantités sans danger. Cependant, lorsque les pommes de terre germent, leur contenu toxique augmente progressivement. Les humains qui consomment de telles pommes de terre peuvent ingérer des quantités excessives de composés toxiques. Les chanceuses et chanceux peuvent souffrir de rien de plus grave que des maux d’estomac. Les plus malchanceuses et malchanceux peuvent ne pas survivre à l’expérience. Compte tenu de ce risque, les pommes de terre germées doivent être détruites, ce qui impacte gravement les profits des marchands de pommes de terre.
Il convient de noter que des pays comme la France, le Japon, la Norvège, la Pologne et le Royaume-Uni mènent des recherches sur l’irradiation des aliments dans les années 1950.
La présence du Japon dans cette liste est un peu surprenante, étant donné qu’une paire d’infernales armes nucléaires sont larguées en août 1945 sur les villes de Hiroshima et Nagasaki. Votre humble serviteur est encore plus surpris d’apprendre que de telles recherches commencent dès 1954. Que la population en général soit au courant ou non de ces recherches est une autre affaire.
Et maintenant, un mot ou deux, ou bien plus que cela, sur les premiers jours de l’irradiation des aliments au Canada.
Les recherches dans ce domaine commencent vers 1956, à Chalk River, Ontario, au centre de recherche d’une société de la couronne, Énergie atomique du Canada Limitée (EACL). Les chercheurs y irradient d’abord des pommes de terre pour voir si l’irradiation empêche cet aliment de base de se gâter. Les chercheurs utilisent des barres de combustible extraites du réacteur Nuclear Research Experimental, ou NRX, comme source de rayonnement. Plus tard, ils irradient des oignons et des pommes. Dans le premier cas, les expériences commencent en 1957, en utilisant des barres de combustible extraites du NRX comme source de rayonnement. Ces recherches sont menées en coopération avec le ministère de l’Agriculture et le ministère de la Santé nationale et du Bien-être social.
Parallèlement à ces travaux, le personnel de EACL conçoit et construit les premiers exemples d’une famille d’irradiateurs de recherche commerciaux, les Gammacell, vers 1956-58. Ces appareils polyvalents deviennent le principal outil des chercheurs sur l’irradiation des aliments au Canada à l’époque.
De fait, du début au milieu des années 1960, des Gammacell sont installés dans plusieurs laboratoires canadiens de recherche alimentaire, notamment
- le Conseil de recherches sur les pêcheries du Canada, à St. Andrews, Nouveau-Brunswick, et / ou Nanaimo, Colombie-Britannique.
- le Macdonald College de McGill University, à Sainte-Anne-de-Bellevue, Québec;
- le Ontario Agricultural College, à Guelph, Ontario;
- l’Université Laval, à Québec, Québec;
- la University of Alberta, à Edmonton, Alberta;
- la University of British Columbia, à Vancouver, Colombie-Britannique; et
- la University of Manitoba, à Winnipeg, Manitoba.
Ces institutions mènent des essais expérimentaux d’irradiation de produits végétaux (fruits et légumes) et animaux (produits laitiers, poisson et viande).
Croiriez-vous que plus de 600 exemplaires du Gammacell, toutes versions et dérivés incluses, sont utilisés dans des centres de recherche sur la planète Terre? Cependant, tous ne sont peut-être pas été utilisés pour des travaux d’irradiation des aliments.
En 1960, EACL supervise la construction d’une installation d’irradiation blindée où de gros aliments comme des côtés de porc et régimes de bananes peuvent être traités à des fins expérimentales.
La même année, à l’automne, la Direction des aliments et des drogues du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social donne sa bénédiction à l’irradiation des pommes de terre. Il s’agit d’une première en Amérique du Nord et en Europe occidentale, car la Food and Drugs Administration des États-Unis ne donne sa bénédiction à l’irradiation de produits alimentaires, dans ce cas, du blé et des produits à base de blé, pour prévenir les infestations de sectes, qu’en 1963.
Le Mobile Demonstration Irradiator, ou irradiateur mobile de démonstration, au cœur de ce numéro de notre blogue / bulletin / machin, est construit par EACL en 1961, comme un projet d’urgence. De fait, certains membres du personnel acceptent de travailler pendant leurs vacances afin qu’il soit prêt à temps pour traiter des pommes de terre fraîchement déterrées.
De fait, encore, l’irradiateur mobile de démonstration est développé pour prouver à l’industrie canadienne de la pomme de terre que l’irradiation est un outil fiable, sûr et simple capable d’empêcher la germination des pommes de terre, sans changer leur goût, ce qui permettrait aux marchands de pommes de terre canadiens d’atténuer la nature cyclique de leurs firmes et de vendre des patates de bonne qualité 12 mois par an.
Composé d’une remorque entièrement équipée et protégée de 41 tonnes métriques (40 tonnes impériales / 45 tonnes américaines) pouvant voyager par camion, train ou bateau, l’irradiateur mobile de démonstration entre en action en octobre 1961, sur une ferme exploitée par Ottawa River Farms Limited, près de Alfred, Ontario.
L’énorme appareil peut traiter environ 1 150 kilogrammes (2 500 livres) de patates à l’heure. Une structure en forme de grande roue à l’intérieur de l’irradiateur déplace les dites patates autour de sa source radioactive de la taille d’un crayon (!). Chaque tubercule est exposé au rayonnement pendant environ 4 minutes.
Le fait que les pommes de terre ne soient pas en contact avec la source radioactive signifie qu’elles ne deviennent pas elles-mêmes radioactives. On ne sait pas à quel point les bonnes gens du Canada sont réceptifs étant donné que EACL présente son bébé au monde à un bien mauvais moment.
Vous voyez, l’irradiateur mobile de démonstration entre en action environ 2 semaines avant le plus grand essai d’arme nucléaire jamais réalisé sur la planète Terre. Oui, fin octobre 1961, l’URSS fait exploser une arme thermonucléaire larguée par air de 50 mégatonnes. Surnommée la Tsar Bomba, ou empereur des bombes, cette unique arme de destruction massive est 1 250 à 1 500 fois (!) plus puissante que la paire d’armes nucléaires larguées sur Hiroshima et Nagasaki.
Compte tenu du choc et de la frayeur qui résultent de l’essai nucléaire soviétique, beaucoup de gens se méfient naturellement de tout machin truc qui produit du rayonnement.
Ne l’oublions pas, le début des années 1960 n’est en aucun sens une période rigolote. En janvier 1961, une arme thermonucléaire de 3.8 mégatonnes passe à un cheveu d’un instant kaboum après avoir effectué un atterrissage en douceur près de Goldsboro, Caroline du Nord, lorsqu’un bombardier Boeing B-52 Stratofortress de la United States Air Force se brise dans les airs. Le gouvernement est-allemand commence à ériger le tristement célèbre mur de Berlin en août 1961 et la crise des missiles cubains d’octobre et novembre 1962 place le monde plus près de l’abîme nucléaire qu’à aucun autre moment de l’histoire récente.
D’accord, d’accord, le début des années 1960 peut aussi être une période rigolote. En octobre 1961, le Museum of Modern Art de New York, New York, lance une nouvelle exposition, The Last Works of Matisse: Large Cut Gouaches. Tragiquement, le papier découpé de 1953 Le Bateau de Henri Émile Benoît Matisse est suspendu à l’envers, un petit oupsi qui passe inaperçu pendant près de 7 semaines. Je ne plaisante pas.
Croiriez-vous que, dans sa forme pleinement opérationnelle, le pétard atomique soviétique doit avoir une puissance de 100 mégatonnes? Une telle arme aurait incendié des matériaux inflammables et causé des brûlures au troisième degré à 140 kilomètres (plus de 85 miles) de son point d’impact. On croit rêver.
Et pourtant, le nom binomial / scientifique de notre espèce est Homo sapiens, ou homme sage. Homo moronic semble plutôt davantage approprié. Et oui, moronic est apparemment un mot latin. Il veut dire, et bien, moronique.
Serait-il extrême de suggérer à n’importes quels êtres (Asgardiens, Kryptoniens, Valédictoriens, voire même le peuple de Gonzo le Grand) menants des activités spatiales là-haut qu’en aucun cas Homo sapiens ne devrait être autorisé à établir des colonies au-delà de la Terre? Désolé. Revenons à notre histoire.
Avant que votre humble serviteur ne l’oublie, il convient de noter que la mégabombe soviétique n’est pas mise en service. Elle est tout simplement trop lourde et encombrante. On peut soutenir que cette monstruosité est conçue pour choquer et effrayer tous les ennemis potentiels de l’URSS, mais je digresse.
Au total, lors de sa première incursion dans notre grand monde chaotique, une incursion tout à fait expérimentale, l’irradiateur mobile de démonstration traite environ 355 tonnes métriques (environ 350 tonnes impériales / environ 395 tonnes américaines) de pommes de terre dans 4 provinces (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Ontario et Île-du-Prince-Édouard) entre octobre 1961 et février 1962. Un séjour dans l’Estrie / Cantons de l’Est du Québec peut, je le répète peut, être prévu mais n’a pas lieu. Des contraintes de temps empêchent l’irradiateur mobile de démonstration de visiter l’Ouest canadien.
Au total, encore une fois, l’irradiateur mobile de démonstration traite les pommes de terre de 26 particuliers et firmes. Six variétés de pommes de terre sont traitées.
Des échantillons de pommes de terre traitées sont examinés tout au long de l’automne 1961, de l’hiver 1961-62 et du printemps 1962 pour voir si tout va bien. À première vue, rien de fâcheux ne se produit – et aucune germination inattendue n’a lieu. Des échantillons de pommes de terre non traitées germent avant trop longtemps.
En fin de compte, certaines des pommes de terre traitées sont vendues à des consommateurs domestiques, hôpitaux, hôtels et restaurants au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse, en Ontario et au Québec. Vendre ou ne pas vendre, telle est la question. EACL laisse cette décision entre les mains des firmes d’entreposage ou d’expédition de pommes de terre. Je vous laisse deviner la décision des dites firmes.
Et oui, les patates irradiées entrent dans la chaîne alimentaire humaine de diverses directions, sous forme de croustilles, flocons de purée de pommes de terre instantanée, frites surgelées, pommes de terre à bouillir fraîches pré-épluchées et pommes de terre crues. Étant donné l’absence de législation concernant l’irradiation des aliments, les firmes qui commercialisent ces produits n’ont aucune obligation de signaler qu’ils sont irradiés. Wow.
Cela étant dit (tapé?), certains acheteurs (et acheteuses?) sont sollicité(e)s pour connaître leur opinion sur la qualité et l’acceptabilité de certains produits. Il n’est pas clair si certains de ces personnes sont des consommateurs domestiques. Les personnes consultées semblent toutefois faire remarquer que les pommes de terre à bouillir fraîches pré-épluchées et pommes de terre crues sont en meilleur état que leurs homologues non traitées – chaque cellule et micro-organisme étant, euh, morte bien sûr.
Vers 1962, l’irradiateur mobile de démonstration traite du poisson en Nouvelle-Écosse ainsi que des céréales, oignons, ovoproduits, pommes et volaille en Ontario et au Québec. Tout ce travail est expérimental, bien sûr, car l’irradiation de ces produits alimentaires n’est pas approuvée par la Direction des aliments et drogues du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social.
EACL améliore son irradiateur mobile de démonstration en 1963, en augmentant la puissance de sa source radioactive et en installant à la fois un système de refroidissement du produit et un système de climatisation de l’irradiateur. À ce moment-là, l’appareil est peut-être connu sous le nom de Mobile Cobalt 60 Irradiator, ou irradiateur mobile au cobalt 60.
Ainsi modifié, l’appareil est envoyé à une station du United States Department of Agriculture en Californie cette même année. Il est utilisé expérimentalement pour irradier une grande variété de fruits.
La première application commerciale d’irradiation en Amérique du Nord et dans le monde occidental est lancée vers septembre 1965 par Newfield Products Limited de Mont-Saint-Hilaire, Québec, en utilisant le premier irradiateur commercial sur la planète Terre, conçu et construit par EACL. Le vice-président technique de la firme et ancien ingénieur de EACL qui a travaillé sur l’irradiateur mobile de démonstration, John Masefield, compte parmi les plus grands pionniers du Canada dans ce domaine.
L’objectif principal de Newfield Products est de contribuer à réduire le nombre de pommes de terre importées au Canada en juillet et août en provenance des États-Unis, principalement de Virginie et des Carolines à première vue, jusqu’à 90 000 tonnes métriques (environ 90 000 tonnes impériales / 100 000 tonnes américaines) à première vue, dans la période entre les récoltes.
Et oui, les pommes de terre américaines importées sont apparemment 2 à 4 fois plus chères que les pommes de terre locales. En comparaison, les pommes de terre canadiennes irradiées coûtent environ 10 % de plus que leurs congénères non irradiées. Au total, les consommatrices et consommateurs seraient sans doute ravi(e)s d’entendre cela – à condition que le fait même d’irradier les aliments ne les effraie pas trop.
Quoiqu’il en soit, le mauvais temps a un impact négatif sur la qualité des pommes de terre canadiennes irradiées par Newfield Products pour les empêcher de germer. En effet, selon la firme, la récolte de pommes de terre de 1965 avec laquelle elle doit travailler est la pire depuis le milieu des années 1930. Fondée en 1964, Newfield Products est mise sous séquestre en novembre 1966.
Tout intérêt exprimé par d’autres individus et groupes au Canada pour lancer des efforts similaires s’arrête séance tenante.
En parallèle, les gouvernements du Canada et des États-Unis lancent leur premier programme conjoint de recherche sur l’irradiation des aliments en 1965. Ce programme de 2 ans examine la possibilité de prolonger la durée de conservation de la volaille. D’autres expériences ont eu lieu au cours des années suivantes.
Même si la communauté scientifique mondiale approuve largement l’irradiation des produits alimentaires, le grand public n’était / n’est pas toujours aussi enthousiaste. Pour certaines personnes, c’est un peu une patate chaude. Sans jeu de mots. Bon, d’accord, le jeu de mots est voulu.
Des préoccupations sont exprimées concernant une diminution de la valeur nutritionnelle et une augmentation de la toxicité, par exemple. La sécurité à long terme des personnes qui irradient les produits alimentaires est également une source de préoccupation. La production, le transport et l’élimination des isotopes radioactifs utilisés dans les irradiateurs constituent un autre problème. Les porte-paroles du gouvernement et de l’industrie nucléaire s’expriment sur des tons rassurants, ce qui n’a rien de bien surprenant. Tout le monde n’est pas convaincu. Cela était vrai dans les années 1960 et le reste en 2021.
En 2021, l’irradiation des aliments est une réalité de la vie au Canada et aux États-Unis, mais pas tellement dans l’Union européenne. EACL n’est toutefois plus impliquée. De fait, elle semble mettre un terme à ses travaux de recherche et développement sur l’irradiation à la fin des années 1960 ou au début des années 1970.
Au fait, savez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur, lesquels des aliments que vous consommez sont exposés au rayonnement? Pour citer le site Web de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, les produits suivants sont approuvés pour irradiation par Santé Canada en 2021 : préparations d’assaisonnements déshydratés, blé, épices entières et moulues, farine et farine de blé entier, oignons et pommes de terre. L’irradiation de ces produits n’est pas obligatoire. Une étiquette spécifique figure cependant sur les emballages des produits irradiés.
Bon appétit, tout le monde.
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