Espace, frontière de l’infini vers laquelle voyage notre planète, la Terre; voici l’histoire de vie de Paul Fjeld, passionné d’espace et artiste depuis plus d’un demi-siècle
God dag, bonjour, good day, ami(e) lectrice ou lecteur. Il est parmi nous des personnes qui, grâce à une combinaison de travail acharné, de talent et, peut-être, d’un peu de chance, parviennent à faire carrière dans un domaine qui les passionne depuis leur adolescence, voire même leur enfance. Paul Fjeld compte parmi ces âmes heureuses. Permettez-moi de m’expliquer.
Fjeld naît à Bærum, Norvège, en juin 1955. Quelques mois plus tard, sa famille déménage dans la région de Montréal, Québec. L’enfance et l’adolescence de Fjeld ressemblent sans doute à celles de nombreux québécois anglophones de son époque.
Fjeld se découvre une passion pour l’exploration spatiale, ou conquête de l’espace, je vous laisse le choix, vers 1967-68, dans le cadre d’un projet scolaire sur le programme Apollo. Il écrit à la National Aeronautics and Space Administration (NASA) et entreprend une correspondance avec des représentants de cet organisme mondialement connu mentionné à de nombreuses reprises dans notre blogue / bulletin / machin depuis mars 2018. Artiste en herbe talentueux, Fjeld commence à couvrir les murs de sa chambre d’aquarelles montrant divers types de capsules spatiales. Son intérêt pour l’art grandit au fil des ans.
Et oui, Fjeld est évidemment rivé à l’écran du téléviseur du domicile familial, en juillet 1969, lorsque Neil Alden Armstrong et Edwin Eugene « Buzz » Aldrin, Junior, foulent ce sol lunaire où la main de l’homme n’a jamais mis le pied.
Fjeld passe de nombreuses semaines du printemps et du début de l’été 1971 à travailler comme caddie dans un club de golf de la région montréalaise. De plus, il tond des pelouses, livre des journaux et travaille dans une bibliothèque et dans le bureau d’un courtier en bourse. Son objectif : accumuler des fonds lui permettant de se rendre au John F. Kennedy Space Center, en Floride, afin d’assister au lancement de la mission Apollo 15, constituée par les astronautes James Benson « Jim » Irwin, David Randolph « Dave » Scott et Alfred Merrill « Al » Worden – une première expérience du genre pour l’adolescent.
De fait, il reçoit une lettre de Scott, le commandant de la mission, qui lui parvient peu avant son départ vers la Floride. « Merci pour la peinture de l’équipage, dit Scott, en traduction. C’est une bonne ressemblance. Jim, Al, et moi l’apprécions beaucoup. »
Parallèlement à ses divers emplois de 1971, Fjeld fait du bénévolat au pavillon de l’Espace, à Terre des Hommes – le site de l’Exposition internationale et universelle de Montréal, ou Expo 67, qui se tient d’avril à octobre 1967. Ses superviseurs sont à ce point enchantés par sa performance que ce sont apparemment eux qui font en sorte que l’adolescent est en mesure d’assister au lancement de la mission Apollo15.
Cela étant dit (tapé?), Fjeld conclut un accord avec The Montréal Daily Star. Il rédige au moins un texte pour la page des enfants de cet important quotidien anglophone montréalais.
Le frère aîné de Fjeld lui ayant prêté 50 $ in extremis, l’adolescent quitte Montréal en autocar avec une grosse valise presque vide. Le voyage entre la métropole du Canada et la Floride dure environ 36 heures.
Vous avez une question, ami(e) lectrice ou lecteur? Pourquoi une grosse valise presque vide, dites-vous? Pour avoir amplement de place pour ramener toutes sortes de trucs, bien sûr.
Épuisé mais ravi, Fjeld atteint son objectif 5 jours avant le lancement, qui a lieu le 26 juillet. Il se pointe à la NASA avec son plus beau costume, histoire de faire bonne impression. Accueilli avec courtoisie et, peut-être, un certain amusement, par le personnel du Public Information Office de la NASA, le jeune pigiste passe quelques bonnes journées au NASA News Center à dessiner des astronautes, fusées et autres sujets spatiaux, à l’encre et / ou à l’aquarelle.
Comme n’importe quel autre journaliste, Fjeld assiste aux conférences de presse, se rend dans les salles de travail et prend des tas de photographies.
Comme vous devez vous en douter, il est le plus jeune (16 ans…) journaliste pleinement accrédité présent au NASA News Center. Obtenir cette précieuse accréditation, avant de se pointer au John F. Kennedy Space Center bien sûr, n’a certes pas été chose facile.
Aussi enchanté qu’il soit, Fjeld regrette de ne pas avoir mis un peu plus d’argent de côté. « Seulement 50 $ de plus, affieme-t-il, en traduction, et je pourrais continuer jusqu’à Houston, » Texas, où se trouve le Manned Spacecraft Center, l’actuel Lyndon B. Johnson Space Center.
Croiriez-vous que l’odyssée de Fjeld est mentionnée vers le bas de la première page d’un numéro de juillet 1971 du quotidien Orlando Sentinel de Orlando, Floride – la ville où se déroule l’édition de 1968, si, si, 1968, de la Foire du Mal immortalisée dans un film d’animation américain de 2015, Les Minions?
De fait, en juillet 1969, Felonius Gru a les yeux rivés sur le téléviseur du domicile familial alors que les susmentionnés Armstrong et Aldrin foulent le sol lunaire. Sa mère, Marlena Gru, ne réalise pas à quel point cet événement va changer la vie du jeune garçon. Gru a alors moins de 8 ans. Votre humble serviteur, quant à lui, a un peu plus de 12 ans, mais je digresse.
Lors de son séjour en Floride, en 1971, Fjeld se lie d’amitié avec des employé(e)s de la NASA et des journalistes d’un petit journal floridien qui peut, je répète peut, s’appeler Space Capital News. De fait, ces derniers lui demandent s’il accepterait de rédiger quelques textes pour leur journal. Mieux encore, Space Capital News se dit prêt à payer un billet (d’autocar?) afin que Fjeld soit en mesure d’assister au lancement de Apollo 16, au printemps 1972. L’adolescent est enchanté.
Un peu avant la mi-avril 1972, quelques jours avant son départ pour la Floride, Fjeld téléphone à Space Capital News pour voir s’il peut toujours compter sur son aide financière. Une opératrice lui indique que le journal n’existe plus. L’adolescent est dévasté. Ses parents acceptent alors de lui prêter un peu d’argent. Ayant besoin d’un peu plus de pognon, Fjeld contacte un important quotidien anglophone montréalais. The Gazette accepte volontiers de le dépanner. La direction remet 50 $ à l’adolescent et lui souhaite un bon voyage.
Le voyage entre Montréal et la Floride, en autocar, dure encore une fois environ 36 heures.
Entouré de journalistes du monde entier, Fjeld assiste au lancement de Apollo 16 en avril 1972.
Fjeld effectue un troisième périple vers la Floride en décembre 1972 afin d’assister au lancement de la mission Apollo 17. Il est encore et toujours le plus jeune journaliste pleinement accrédité présent au NASA News Center pour rendre compte de la dernière mission du programme Apollo. Lors de ce séjour, Fjeld ne travaille pour aucun quotidien.
De fait, il compte parmi les rares journalistes (moins de 10 des 2 000 et quelque représentant(e)s de la presse internationale?) en mesure d’aller à peu près n’importe où. Aux dires de Fjeld, « seulement un millier d’entre eux font le moindre travail. Les autres sont là parce qu’ils sont amis de quelqu’un. Certaines de ces personnes essaient probablement de faire accréditer le chat de la famille. »
Un commentaire on ne peut plus personnel si je peux me le permettre. Il s’agit là d’un commentaire dont la perspicacité souligne à quel point les adolescentes et adolescents de cette époque, et de la nôtre d’ailleurs, ne sont pas dupes de leurs aîné(e)s. Il est pour le moins regrettable qu’elles et ils ne puissent pas voter à l’âge de 16 ans. Il y aurait peut-être moins de, oserais-le dire (taper), bipèdes bons à rien parmi nos élu(e)s. Fin du coup de gueule.
Curieusement, du moins pour votre humble serviteur, Fjeld doit son accès inégalé au conservateur des peintures à la National Gallery of Art de Washington, District de Columbia. Hereward Lester Cooke compte parmi les fondateurs du NASA Art Program, mis sur pied en 1962.
Fjeld paye l’ensemble de ses dépenses. Il fait un peu d’argent en faisant de la pige pour des quotidiens anglophones montréalais et québécois (et canadiens?).
Avant que ne l’oublie, un employé de la NASA offre à Fjeld la chance de prendre place dans le simulateur du Command Module du programme Apollo utilisé par tous les équipages, ce qui n’est pas rien, vous l’admettrez avec moi. Mieux encore, le personnel d’une équipe d’entretien fait alors appel à ses services pour remplacer des boutons ou commandes défectueuses.
Début mai 1973, Fjeld est de nouveau au NASA News Center du John F. Kennedy Space Center. Il est sur place pour rendre compte du lancement de la première station spatiale américaine, Skylab. Celle-ci étant fortement endommagée lors de son lancement, de nombreux journalistes rentrent chez eux. Fjeld choisit de rester en Floride pour couvrir les réparations à venir. Il est encore au NASA News Center plus de 2 semaines après son arrivée, lorsque la mission Skylab 2, le premier vol piloté vers Skylab, s’envole dans l’espace.
Une aquarelle de Fjeld imaginant les travaux de réparation que les 3 astronautes doivent accomplir impressionne des représentants de la NASA. Croiriez-vous qu’elle les impressionne à un point tel qu’ils lui demandent la permission de la photographier afin de pouvoir l’utiliser par la suite?
Cette œuvre peut être, ou pas, celle que Fjeld réalise à la demande du el supremo du NASA Art Program, James Dean. L’adolescent est sans doute le plus jeune artiste ayant vendu une œuvre d’art à la NASA.
Lors de son séjour de 1973, ou d’un séjour précédent, l’adolescent a la chance de rencontrer des gens fort connus, tel le journaliste ouest-allemand Wolfgang Will, le seul et unique journaliste de son pays ayant couvert le programme Apollo.
Au plus tard en 1973, Fjeld donne des conférences au Planétarium Dow, à Montréal – une institution mentionnée dans un numéro de novembre 2019 de notre blogue / bulletin / machin. Il peut également avoir rédigé le manuel des guides du susmentionné pavillon de l’Espace, à Terre des Hommes. Fjeld forme apparemment plusieurs de ces guides.
Les gens de la NASA sont à ce point impressionnés par les talents de Fjeld que, en 1975, ils lui demandent de se rendre à Houston, au Lyndon B. Johnson Space Center, afin de peindre des aquarelles imaginant la mission Apollo-Soyuz Test Project qui se déroule en juillet. Comme vous le savez certainement, c’est là la première mission spatiale pilotée internationale, au cours de laquelle la capsule spatiale Soyouz de 2 cosmonautes soviétiques et la capsule spatiale Apollo de 3 astronautes américains s’amarrent l’une à l’autre dans l’espace.
Fjeld passe ainsi quelques / plusieurs jours au Mission Operations Control Room du Lyndon B. Johnson Space Center, en compagnie d’un des grands peintres de l’espace du 20ème siècle, Robert Theodore « Bob » McCall.
Le directeur du Lyndon B. Johnson Space Center, Christopher Columbus « Chris » Kraft, ayant vu l’adolescent assis loin en arrière, plus ou moins confortablement, il l’invite à se trouver une place un peu confortable. Fjeld finit apparemment par se retrouver entre le communicateur capsule, Karol Joseph « Bo » Bobko, et le directeur de vol, Donald Ray « Don » Puddy. Il a tout juste 20 ans.
Fjeld produit par la suite des œuvres pour la NASA dans le cadre du projet Space Transportation System, qui donne lieu à la fabrication des Orbiter Vehicles / Space Shuttles, ou navettes spatiales.
En octobre 1984, Fjeld est au susmentionné John F. Kennedy Space Center afin d’assister au lancement de la navette spatiale Challenger à bord de laquelle se trouve le premier astronaute canadien, Joseph Jean-Pierre Marc Garneau. Le Conseil national de recherches du Canada lui a en effet de demandé d’immortaliser cette occasion en réalisant des esquisses et peintures. De fait, Fjeld suit Garneau au cours de son entraînement. Et oui, Garneau est mentionné dans un numéro de juin 2019 de notre vous savez quoi.
L’Agence spatiale canadienne fait par la suite appel aux services de Fjeld pour réaliser des œuvres montrant le satellite de télédétection RADARSAT et la contribution du Canada à la International Space Station.
Au fil des ans, des organisations mondialement connues telles que CBS Incorporated et des publications tous aussi mondialement connues telles National Geographic et Aviation Week and Space Technology font appel à des œuvres de Fjeld.
De même, des firmes canadiennes bien connues telles que Canadair Limited, de Havilland Aircraft of Canada Limited et Pacific Western Airlines Limited, sans parler de firmes américaines bien connues telles que American Airlines Incorporated et Rockwell International Corporation, font appel aux services de Fjeld.
La magnifique murale qui orne le Challenger Learning Centre du Ontario Science Centre de Toronto, Ontario, est également une œuvre réalisée par notre personnalité de cette semaine.
Et oui, Canadair et de Havilland Aircraft of Canada sont mentionnées à plusieurs reprises dans notre vous savez quoi, et ce depuis février 2018. Pacific Western Airlines, quant à elle, y est mentionnée dans des numéros de novembre 2019 et octobre 2020. Je ne vous apprendrai rien en ajoutant que American Airlines y est mentionnée dans des numéros de novembre 2017 et mars 2020, ou que Rockwell International y est mentionnée dans des numéros d’août 2018 et novembre 2020. Toutes mes excuses pour ce paragraphe passablement assommant.
Entre 1987 et 1989, Fjeld est producteur associé de la fort intéressante série télévisée Astronomy Toronto, diffusée entre 1981 et 1994 grâce à la contribution de plusieurs membres du Toronto Centre de la Société royale d’astronomie du Canada, un organisme prestigieux qui ne semble pas avoir un site Web bilingue, mais je digresse.
Croiriez-vous que Fjeld compte parmi les conseillers techniques pour la minisérie américaine De la Terre à la Lune / Destination: Lune? Les 12 épisodes de la dite minisérie sont diffusés pour la première fois, en anglais bien sûr, en avril et mai 1998. Et oui, avant le tournage Fjeld s’offre parfois le luxe de corriger la mémoire défaillante du susmentionné Scott, ce que l’astronaute à la retraite ne semble guère apprécier.
Fjeld se joint vers 2001 au projet de restauration d’un Lunar Module du programme Apollo qui se trouve au Cradle of Aviation Museum, à Garden City, New York. Le dit module, propriété du National Air and Space Museum de Washington, est légèrement modifié de manière à être identique au Lunar Module de la mission Apollo 11. Le diorama grandeur nature dont il fait partie compte parmi les points forts de ce musée, dont l’édifice actuel est inauguré en 2002.
Fjeld produit et réalise An Eagle on the Moon, le film documentaire qui complémente le diorama lunaire du Cradle of Aviation Museum.
Fjeld contribue par ailleurs à la création de la séquence qui montre l’alunissage du Lunar Module de la mission Apollo 15 du film documentaire IMAX 3D Magnificent Desolation : Walking on the Moon 3D de 2005.
L’année suivante, le Royal Canadian Institute for Science de Toronto, un autre organisme prestigieux qui ne semble pas avoir un site Web bilingue, ou un nom français, mais je digresse, encore, décerne à Fjeld le tout aussi prestigieux Sandford Fleming Award, remis annuellement à une Canadienne ou Canadien pour sa contribution exceptionnelle à la compréhension publique de la science.
Un commentaire potentiellement perturbateur si je peux me le permettre. Sur une période de près de 40 ans (1982-2021), un seul Canadien francophone remporte le Sandford Fleming Award, en 1988 : Fernand Seguin, des pionniers de la communication / vulgarisation scientifique au Canada et un gentilhomme mentionné dans un numéro de novembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin, mais revenons à notre histoire.
En 2009, Fjeld participe à la restauration partielle d’un Lunar Module capable de fonctionner dans l’atmosphère terrestre en montre au National Air and Space Museum. Il supervise la restauration complète de ce même module lunaire en 2015-16.
Vers 2014-15, Fjeld rédige le plan de restauration du Lunar Module en montre au John F. Kennedy Space Center.
Fjeld réside aux États-Unis depuis plusieurs années.
God natt, bonne nuit, good night, ami(e) lectrice ou lecteur.