« Tout le monde a vu les soucoupes volantes, les journalistes exceptés : » Les premières observations d’objets volants non identifiés / phénomènes aériens non identifiés dans la province de Québec, 24 juin au 19 juillet 1947, partie 2
Bienvenue à nouveau, ami(e) lectrice ou lecteur ouvert(e) d’esprit. Voulez-vous poursuivre notre regard sur la manière dont les quotidiens et hebdomadaires de langue française du Québec traitent les observations de soucoupes volantes dans leur coin de pays au cours des 3 trois semaines environ qui suivent l’expérience faisant époque de Kenneth Albert Arnold du 24 juin 1947?
C’est bien.
Une observation a lieu à Montréal, Québec, en début de soirée du 8 juillet 1947. Une trentaine de personnes observent un objet très grand et sombre qui consiste en deux disques superposés qui semblent se rapprocher sinon se confondre toutes les quelques secondes. Cette apparition reste visible pendant près d’une demi-heure. La personne interrogée par un journaliste d’un important quotidien montréalais en déclin, La Patrie, est Philippe Laferrière, le directeur technique de la Bibliothèque Saint-Sulpice, la plus importante bibliothèque publique de Montréal.
Une opinion très personnelle si je puis me permettre. Ce que Laferrière et d’autres voient est probablement un nuage lenticulaire – un type de nuage d’apparence inhabituelle et quelque peu rare.
Une autre observation particulière a lieu à Québec, Québec, le 10 juillet. Un couple local et un couple montréalais voient un objet circulaire gris, comme la Lune, qui se déplace à la vitesse d’un avion, parallèlement à la Terre, à une hauteur d’environ 15 000 mètres (50 000 pieds). Il reste visible pendant environ 4 minutes avant de disparaître derrière un nuage. Les Montréalais(e)s, M. et Mme Edouard Lasnier, fournissent la description ci-dessus. J.L Théodore Tremblay, possiblement capitaine de vaisseau, et son épouse, de Limoilou, près de Québec, refusent de commenter.
Les soucoupes volantes sont alors si connues que la rédaction du quotidien Le Soleil de Québec se sent à l’aise à l’idée de publier, le 12 juillet, un dessin éditorial américain montrant une formation de disques lumineux portant les mots inflation et dollar volant au-dessus d’un certain nombre de personnes concernées, un dessin dont le but est de souligner la hausse inquiétante de l’indice des prix à la consommation aux États-Unis, et au Canada, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Curieusement, un quotidien anglophone montréalais respecté, The Gazette, publie un dessin similaire le même jour. Cette œuvre, réalisée par le caricaturiste américano-canadien bien connu et respecté John Alton Collins, montre un homme assez âgé de la classe des cols blancs poursuivant un disque volant portant les mots cost of living, en français coût de la vie. Collins détient la distinction d’être le premier caricaturiste du quotidien The Gazette, poste qu’il occupe en 1939. Un poste dont il prend sa retraite en octobre 1982.
Le 13 juillet 1947, La Patrie publie ce qui semble être le premier éditorial sur les soucoupes volantes offert aux lecteurs des journaux québécois de langue française. L’auteur de « Projectiles mystérieux » commence ses remarques en soulignant qu’en 1946, les peuples de Norvège et Suède sont très alarmés par de gros objets inconnus se déplaçant à grande vitesse dans leur espace aérien. Les observations sont trop nombreuses pour être considérées comme de simples hallucinations, dit-on. Les fusées fantômes, comme on appelle les mystérieux projectiles, semblent provenir de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), dont le gouvernement ne confirme ni infirme avoir quoi que ce soit à voir avec ces observations.
L’éditorialiste de La Patrie affirme alors que de mystérieux projectiles sont maintenant aperçus en Amérique du Nord. L’observation de Arnold conduit en effet rapidement à un grand nombre d’autres observations, tant aux États-Unis qu’au Canada. Alors que certains scientifiques affirment que les témoins voient des choses, l’éditorialiste se demande si les mystérieux projectiles ne sont pas lancés par les militaires américains, qui ne vont pas admettre leur implication dans cette affaire. Après tout, le gouvernement des États-Unis n’a pas dit un mot pour apaiser les gens qui voient et signalent la lumière causée par l’essai de juillet 1945 d’une bombe nucléaire, le tout premier essai d’une arme de destruction massive sur la planète Terre, dans un désert, dans ce qui alors est le Alamogordo Bombing and Gunnery Range des United States Army Air Forces, au Nouveau-Mexique.
L’éditorialiste conclut son texte en se demandant si le mystère entourant les observations nord-américaines d’objets inconnus serait un jour élucidé. Les pessimistes, dit-il, pourraient bien faire remarquer que, comme les peuples de Suède et Norvège, ils obtiendraient une réponse pendant une troisième guerre mondiale.
Si le caractère hebdomadaire de publications comme Le Petit Journal de Montréal les empêche de suivre le phénomène des soucoupes volantes d’aussi près que leurs homologues quotidiens, cela n’empêche certainement pas cette publication de se pencher là-dessus. Le 13 juillet, Le Petit Journal publie un article qui parle d’une « Explication qui en vaut bien une autre. »
Pour écrire ce texte volumineux et très ironique, un journaliste passe du temps avec le doyen intelligent, imperturbable, flegmatique et fictif de la faculté d’études tropicales de la tout aussi fictive université du Groenland, le Dr Hans Tass, dont le doctorat est en zoologie, astronomie et porcelaine.
Tass n’accorda aucun crédit à la théorie selon laquelle les soucoupes, dont la désignation technique est SV-214Q soit dit en passant, auraient été lancées par les épouses furieuses de gentilhommes martiens. Nenni. Le bon docteur met également de côté la suggestion selon laquelle un lanceur de disque soviétique bien connu basé en Sibérie, Garrosh Discobolski, est la source des observations. Cela étant dit (tapé?), il pense que, fidèle à lui-même, le représentant permanent de l’URSS auprès de l’Organisation des Nations Unies, Andreï Andreïevitch Gromyko, est sur le point d’opposer son veto aux soucoupes volantes. Ce serait regrettable car cela priverait les journaux d’un sujet vedette dont ils ne pourraient plus se passer.
Incidemment, le commentaire concernant le veto de Gromyko pourrait avoir son origine dans un article du 9 juillet de Associated Press Incorporated publié un certain nombre de journaux, dont The Montreal Daily Star. Cet article mentionne également un lanceur de disque soviétique qui ne connaît pas sa propre force, sans le nommer.
Poursuivant ses recherches, Tass conclut que les soucoupes volantes ne sont pas des anneaux de la planète Saturne, qui ne laissait pas ses anneaux s’envoler comme ça. Il est également certain qu’il ne s’agit pas des bombes volantes que Mandrake le Magicien vient de lancer contre le pays de Mechana.
Et oui, Mechana est un pays fictif situé dans le royaume tout aussi fictif de Marvel, une terre visitée par Mandrake et ses meilleur(e)s ami(e)s pour la vie dans une histoire de 1947 intitulée The Kingdom of Marvel / Le royaume des merveilles, Mandrake étant un personnage fictif créé en 1934.
Tass conclut finalement que l’explosion d’une bombe nucléaire dans l’atoll de Bikini aux Îles Marshall a eu un effet d’écrasement / laminage / aplatissement qui a transformé le poissons plats de l’océan Pacifique en capilotade, un ragoût de viande hachée. Cette même explosion a également aplati comme des crêpes les requins et baleines de cet océan, qui retombent maintenant sur Terre. À moins que l’explication ne soit autre chose, conclut Tass.
Le bon docteur groenlandais ne sait apparemment pas que 2 bombes nucléaires, et non pas une, explosent dans l’atoll de Bikini, en juillet 1946, après que sa population indigène / autochtone ait été pratiquement sortie de force par le gouvernement américain.
Un autre hebdomadaire montréalais, Photo-Journal, se montre beaucoup plus terre-à-terre en rapportant le commentaire d’un astronome (amateur?) local selon lequel les soucoupes volantes ne sont que de simples étoiles filantes. Certains journaux, semble-t-il, ajoute Photo-Journal, ont choisi de mettre de côté les histoires de monstres marins, au moins pour l’été.
Inspiré ou non par l’article humoristique de l’hebdomadaire Le Petit Journal, un quotidien montréalais en déclin, Le Canada publie le 16 juillet un article intitulé « Bonjour! » dans lequel un certain Georges Royer propose sa propre vision du phénomène des soucoupes volantes. Il commence par quelques questions sur les objets mystérieux dont tout le monde parle mais sur lesquels il n’arrive pas à s’entendre : « Sont-elles rondes ou carrées? Plates comme un disque de photo ou rondes comme une soupière familiale? Ont-elles enfin l’aspect terrifiant d’un buffet de cuisine, ou le contour débonnaire d’un ballon sphérique? »
Royer poursuit en soulignant que les observations ont principalement lieu la nuit. Ces nuits sont douces, sinon carrément chaudes, résultat d’une canicule d’une semaine en fait, et les gens ont soif. Alors que ces gens méditent sur les problèmes liés à la gravitation, température et désintégration atomique, tout en buvant de plus en plus, ils regardent avec une certaine mélancolie la soucoupe devant eux, et commencent à en voir davantage. « Ce phénomène de multiplication des soucoupes est bien connu de tous les spécialistes, contempteurs des débauches populaires, qui trouvent scandaleux qu’un ouvrier se saoule de bière dans une taverne quand il est tellement plus élégant de s’enivrer de whisky dans un bar. »
Là où les choses se compliquent, c’est lorsque les soucoupes commencent à voler. C’est un signe certain que l’individu qui voit les choses n’est plus dans son assiette. Son principal problème est maintenant de rentrer chez lui sans tomber à plat ventre dans un fossé.
Les méthodes utilisées par les gens pour faire face à la chaleur étant les mêmes partout dans le monde, il n’est pas surprenant que des soucoupes volantes aient commencé à apparaître au-dessus de Paris, France.
Quelles que soient les explications avancées pour comprendre ce qu’on voit dans le ciel du Québec, le fait est que certaines personnes vont de l’avant avec des rapports. Tôt le matin du 16 juillet, par exemple, 2 électriciens de Southern Canada Power Company Limited, une entreprise de production et distribution d’électricité active dans le sud du Québec, travaillent sur un poteau dans le rang Saint-Thomas de Saint-Hyacinthe, Québec, tandis qu’un assistant électricien reste au sol.
Ce dernier, Gilles Demers, aperçoit un objet étrange, une boule de feu, de la taille d’un poing d’homme, venant de l’est. Il en informe immédiatement Ovila Riendeau et son frère, Marcel Demers. Les deux hommes descendent pour mieux observer l’apparition, qui grossit jusqu’à devenir vaguement circulaire avec un diamètre d’environ 45 centimètres (environ 18 pouces). L’objet est rouge vif, avec des taches qui ressemblent à des trous. Il rétrécit ensuite rapidement, prenant la forme d’un croissant de lune d’environ 5 centimètres de long (environ 2 pouces) et disparait. L’observation dure de 5 à 6 minutes.
Une observation un peu plus intéressante a lieu en début de soirée du 16 juillet. Un résident de Cap-de-la-Madeleine, une ville située de l’autre côté de la rivière Saint-Maurice à partir de Trois-Rivières, se trouve sur le fleuve Saint-Laurent à proximité, dans un bateau, lorsqu’il voit un hydravion exploité par Cap Airways Limited sur le point d’amerrir. Peu après, Roméo Carle repère un disque rouge de la taille d’un pneu d’automobile à environ 450 mètres (1 500 pieds) derrière le dit hydravion. Cette roue ardente commence à pourchasser l’aéronef, se rapprochant à 150 ou 180 mètres (500 ou 600 pieds). Cet aéronef se trouve alors au-dessus de la dalle servant au déchargement des billots au quai de Wayagamack Pulp and Paper Company, à Trois-Rivières.
Possiblement attirée par l’acier de la dalle, la roue ardente change de direction, vers le fleuve Saint-Laurent. Elle vole à environ 6 mètres (environ 20 pieds) au-dessus de la tête de Carle, dégageant une énorme quantité de chaleur, et tombe dans le fleuve Saint-Laurent. En disparaissant, la roue ardente produit de nombreuses bulles, comme si un morceau de métal incandescent touchait l’eau. L’observation entière dure environ 5 minutes. À première vue, personne n’est allé chercher l’objet.
Pour le journaliste d’une agence de presse par ailleurs inconnue (Dominion News Limited?), c’est « La plus fantastique histoire depuis le début de l’apparition des ‘soucoupes volantes’ et autres phénomènes du même genre qui ont été rapportées au cours des dernières semaines. »
Le Soleil semble d’accord. Il met son article en première page et a utilisé un titre qui attire l’attention : « Une soucoupe volante poursuit un avion et tombe dans le fleuve. » De manière un peu décevante peut-être, le journaliste suggère que la roue ardente est probablement une étoile filante.
À première vue, 3 quotidiens québécois publient des articles sur l’expérience ébouriffante de Carle, Le Devoir, Le Nouvelliste et Le Soleil.
Une observation beaucoup moins ébouriffante a lieu le 17 juillet, près de Lac-Mégantic, dans les Cantons de l’Est. Tard dans la soirée, 2 jeunes hommes, Julien Letellier, un étudiant local, et René Favreau, un employé d’une compagnie d’aviation de Montréal, voient un objet qu’ils décrivent comme une soucoupe volante. Venant du sud-est, il traverse le lac Mégantic et disparaît au-dessus de la baie Victoria, sur la rive ouest du plan d’eau, en se déplaçant vers l’ouest. L’observation dure environ 2 minutes. Le titre du bref article dans La Tribune de Sherbrooke est à la fois / également vantard et inexact : « Enfin, nos Cantons ont leur soucoupes [sic]! »
Il faut se demander si les nombreuses observations d’objets étranges dans le ciel influencent la direction de La Brasserie Champlain Limitée. En effet, le 19 juillet, celle-ci publie un bref texte avec une gravure sur bois, faisant partie d’une série de vignettes intitulées « Curiosités historiques au pays du Québec, » sur les « Phénomènes étranges en 1664-65 ». Cette hypothèse peut être confirmée, du moins en partie, par le fait que cette brasserie de Québec, publie, en avril 1948, une vignette sur « Les loteries sous le régime français », et ce alors qu’un journaliste de l’hebdomadaire montréalais Le Petit Journal est occupé à publier une série d’articles sur, vous l’aurez deviné, les loteries.
Quoiqu’il en soit, le texte du 19 juillet parle des phénomènes étranges qui, selon certains auteurs, se produisent au cours de l’hiver 1664-65, des phénomènes qui effrayent grandement, sinon terrorisent complètement, la population de la Nouvelle-France, comme l’immense territoire nord-américain revendiqué par la France s’appelle à l’époque.
Le 18 décembre 1664, vers minuit, une comète apparaît au-dessus de Québec, Nouvelle-France, maintenant au Québec. Au cours de l’après-midi du 20 décembre, 3 objets ressemblant au soleil apparaissent dans le ciel. Chacun d’eux semble être séparé par une distance d’environ 800 mètres (un demi mille). Les 3 objets rejoignent rapidement notre Soleil. Ce spectacle peu commun reste visible pendant environ 30 minutes. Une semaine plus tard, la Lune prend une apparence étrange. La moitié de notre satellite brille vivement tandis que l’autre moitié est de couleur rouge sang. En janvier 1665, la Terre tremble à quelques reprises. Ce même mois, une comète similaire à celle visible en décembre apparaît à l’horizon.
Si vous me le permettez, les objets ressemblant au soleil vus en 1664 sont très probablement un parhélie, en d’autres mots un phénomène atmosphérique dû à la réflexion de la lumière du Soleil sur des petits cristaux de glace présents dans certains nuages. Un parhélie consiste en deux taches lumineuses apparaissant à la même hauteur et de chaque côté de l’astre du jour.
Si vous me le permettez, l’apparence étrange de la Lune peut tenir au fait qu’une éclipse de Lune se produit le 7 décembre 1664. Celle-ci n’est que partielle en Nouvelle-France. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur, je reconnais volontiers que la date de l’éclipse ne correspond pas avec celle de l’observation de 1664, qui a apparemment lieu le… 27 décembre.
Pour paraphraser la voix typique entendue dans une émission télévisée de pseudoscience typique, la présence d’une paire de 7 peut-elle être une coïncidence? Est-il possible que des vaches laitières roses et vertes faisant des claquettes sur un étang voisin ont incliné l’orbite de la Terre, modifiant ainsi l’orbite de la Lune? Désolé, désolé. Je suis tout simplement dégoûté par la quantité de c*nn*r**s qu’on peut voir et entendre ces jours-ci à la télévision américaine et canadienne, sur ********* Channel et ******* Channel.
Si vous me le permettez, encore une fois, les tremblements de la Terre peuvent être des répliques sismiques retardées du grand tremblement de terre de février 1663 qui se produit dans ce qui est aujourd’hui la région de Charlevoix au Québec. Les tremblements de terre qui se sont produits, et qui pourraient bien continuer à se produire, dans cette partie du monde, la région la plus sismiquement active de l’est du Canada si vous voulez le savoir, résultent d’un événement qui se produit il y a environ 340 millions d’années, à savoir l’impact d’un grand corps céleste qui laisse un cratère d’environ 54 kilomètres (environ 33.5 miles) à la surface de notre planète.
Et si vous pensez qu’il s’agit d’un grand cratère, veuillez noter que le cratère Vredefort, vieux de 2 milliards d’années, en Afrique du Sud, a à l’origine un diamètre d’environ 300 kilomètres (environ 185 miles). Le numéro 2 sur la liste est le cratère de Sudbury, en Ontario, vieux de 1.85 milliard d’années, avec un diamètre d’origine allant jusqu’à 260 kilomètres (environ 160 milles).
En comparaison, le cratère de Chicxulub, au Mexique, vieux de 65 millions d’années, a un diamètre de seulement 180 kilomètres environ (environ 110 miles). Malgré tout, la météorite qui s’y écrase anéantit 75 % des espèces végétales et animales de la planète Terre. Vous sentez-vous en sécurité, ami(e) lectrice ou lecteur?
Si vous me le permettez, encore une fois, les comètes vues en décembre 1664 et janvier 1665 sont presque certainement une seule et même comète, à savoir l’extrêmement brillante comète C/1664 W1, repérée pour la première fois en novembre 1664 et observée dans toute l’Europe occidentale à partir de ce moment. Curieusement, mais peut-être pas si curieusement que ça vue la stupidité par trop fréquente de notre espèce, ce magnifique corps céleste est blâmé à la fois pour la Grande Peste de Londres (1665-66) et le Grand incendie de Londres (septembre 1666). Compte tenu de son orbite probable, ce corps céleste tant décrié pourrait ne plus revenir vers nous.
De manière quelque peu inattendue, le nombre de fois que l’expression « soucoupe volante » se retrouve dans les quotidiens et hebdomadaires québécois de langue française diminue considérablement après le 19 juillet 1947. De fait, alors que cette expression se retrouve dans un peu plus de 50 numéros de journaux entre le 2 juillet et le 19 juillet, il faut parcourir ces mêmes journaux pendant près de deux ans, soit du 20 juillet 1947 au 30 juin 1949, pour trouver un autre groupe d’une cinquantaine de numéros qui mentionnent ce sujet.
Pour trouver un autre groupe d’une cinquantaine de numéros après cette date, il faut parcourir des journaux couvrant une période d’environ 9 mois, soit du 1er juillet 1949 au 31 mars 1950.
Par une étrange coïncidence, des groupes de numéros qui mentionnent l’expression soucoupe volante, des groupes d’environ 12 et 20 plutôt que 50 dans ce cas, peuvent être retrouvés dans les quotidiens anglophones montréalais The Gazette et The Montreal Daily Star pour la période du 2 juillet au 19 juillet 1947, d’une part, et du 20 juillet 1947 au le 30 juin 1949, d’autre part.
Il convient de noter que l’hypothèse dite extraterrestre, une hypothèse totalement non prouvée et extraordinaire étant donné le manque de preuves tout aussi extraordinaires, preuves qui n’ont pas encore fait surface malgré 75 ans d’études, une hypothèse, dis-je (tape-je?), qui propose qu’un certain nombre d’observations d’objets volants non-identifiés s’expliquent mieux en les considérant comme étant faites par des engins spatiaux conçus et, dans un certain nombre de cas, pilotés par des formes de vie extraterrestres, ne figure nulle part dans les articles publiés en juillet 1947 par les quotidiens et hebdomadaires francophones du Québec.
Ceci étant dit (tapé?), un éditorial sur « La recherche des savants » publié le 11 juillet par La Patrie ouvre une porte à cette possibilité. Il met en évidence une entrevue avec le Dr Lyman Spitzer, Junior, peut-être faite à la radio, dans laquelle ce physicien théoricien, astronome, alpiniste et professeur agrégé d’astrophysique à Yale University souligne que des vaisseaux spatiaux à propulsion nucléaire pourraient bientôt être lancés depuis la planète Terre. Cet Américain pense cependant que le premier atterrissage se ferait sur Mars plutôt que sur la Lune. Cette dernière est, après tout, sans vie tandis que la première peut avoir hébergé la vie avant la Terre, ce qui signifie qu’une civilisation là-bas peut être plus avancée que n’importe quelle civilisation humaine.
Spitzer déclare, apparemment très sérieusement, que des scientifiques martiens ont peut-être visité la Terre ou peuvent encore être présents sur notre monde. Cependant, toute personne rencontrant de tels êtres ne serait probablement pas crue si elle ou il en parlait.
Fort de ces déclarations, l’éditorialiste de La Patrie se demande si des observations de soucoupes volantes ne seraient pas la preuve de telles visites.
Bien que notre examen des journaux quotidiens et hebdomadaires de langue française publiés dans la province de Québec entre le 24 juin et le 19 juillet 1947 ne changera certainement pas la façon dont les objets volants non identifiés / phénomènes aérien non identifiés étaient, sont et seront abordés, il met en lumière le caractère insaisissable de telles observations.
De fait, les témoins voient apparemment principalement des étoiles, planètes ou étoiles filantes – ou des nuages lenticulaires. De tels phénomènes sont observés d’innombrables fois auparavant, mais la désormais célèbre observation de Kenneth Albert Arnold le 24 juin 1947 change à jamais la façon dont les Québécoises et Québécois regardent le ciel.