Creuse, creuse, creuse ton champ; Ou, Comment deux frères, Harry Thomas Raser et George Bernard Raser, Junior, ont utilisé une automobile sur la ferme familiale, près d’East Ashtabula, Ohio, en 1903
Ami(e) lectrice ou lecteur, avez-vous déjà eu le malheur d’être tiré(e) d’un sommeil paisible par un coq tapageur? […] Moi non plus. Ceci étant dit (tapé?), le sujet que nous examinerons toutes et tous les deux aujourd’hui touchera à l’agriculture. Mieux encore, ce sujet combinera les domaines d’études de deux musées nationaux du Canada situés à Ottawa, Ontario : le Musée de l’agriculture et de l’alimentation du Canada et le Musée des sciences et de la technologie du Canada.
Commençons notre regard sur le sujet en question avec un peu de contexte, d’accord? Votre humble serviteur sera bref et… Qui ose rire? Qui? Qui??
Quoi qu’il en soit, commençons.
Un jour, au début de mai 1903, le surintendant des quais de minerai de fer d’Erie, Pennsylvanie, apparemment loués à M.A. Hanna & Company, une importante firme ayant des intérêts dans le minerai de fer, des mines de charbon et des hauts fourneaux, visite quelques proches près d’East Ashtabula, Ohio, dont bien sûr sa mère veuve, Harriet Vance Raser, née Maus. De fait, Harry Thomas Raser passe la nuit à la ferme familiale.
Raser a fait tout le chemin depuis Erie, son lieu de résidence, parcourant ainsi une distance d’environ 65 kilomètres (environ 40 milles) le long de la rive sud du lac Érié, ce qui est toute une odyssée compte tenu de l’état probable de la route et de la fiabilité incertaine d’une automobile du début du 20ème siècle.
Pour répondre à votre question, Raser est né en juillet 1870. Cette personne douée en mécanique a donc 32 ans en mai 1903.
Et non, ami(e) lectrice ou lecteur toujours curieuse / curieux, votre humble serviteur ne sait pas quel type d’automobile conduit Raser. S’il avait volé jusqu’à East Ashtabula, je crois que j’aurais pu identifier le type d’aéroplane utilisé. Les automobiles, cependant, sont un mystère pour moi.
Et oui, votre humble serviteur sait fort bien qu’aucun aéroplane motorisé sur la planète Terre n’avait effectué un vol contrôlé et soutenu en date de mai 1903 ou avant.
Tout ce que je peux dire (taper?), c’est que la « puissante » automobile à essence à 4 places en question fait pencher la balance entre 725 et 815 kilogrammes environ (environ 1 600 à 1 800 livres). Le puissant moteur de cette automobile produit une étonnante puissance de 4.5 chevaux impériaux (environ 4.6 chevaux métriques / environ 3.6 kilowatts). (Bonjour, EP!)
Le véhicule en question n’est pas la première automobile que Raser a conduite ou possédée. Nenni. On dit qu’il est familier avec les automobiles à vapeur et électriques, ainsi qu’avec les automobiles à essence, et…
D’accord, d’accord, gardez vos enjoliveurs. L’automobile de Raser pourrait, je répète pourrait, être un tonneau à essence Mark VIII Columbia fabriqué par une firme américaine, Electric Vehicle Company. Votre humble serviteur base cette possibilité sur le fait que Raser essaie de vendre deux automobiles de ce type ainsi qu’une automobile autrement non identifiée fabriquée par une autre firme américaine, Locomobile Company of America, au plus tard en juillet 1903.
Pour répondre à la question que laisse entendre l’air perplexe de votre joli minois, un tonneau est, je pense, une automobile dont le compartiment passager est ouvert aux éléments.
Quoi qu’il en soit, le matin après son arrivée à East Ashtabula, Raser, son frère de 20 ans, George Bernard Raser, Junior, et leur mère voient que l’herbe sèche près d’une voie ferrée à proximité, une voie ferrée exploitée par New York, Chicago and St. Louis Railroad Company, brûle. Des étincelles d’un ou quelques trains qui passent sont à blâmer.
Craignant que le feu ne se propage sur une prairie au nord de la ferme familiale, les frères Raser décident de créer une sorte de pare-feu. Le hic, c’est qu’il faudrait du temps pour préparer un attelage de chevaux. Trop de temps, peut-être. Vient alors l’instant lumière. À l’aide d’une chaîne, les frères attellent une charrue à l’essieu arrière de l’automobile appartenant au frère aîné Raser. Le dit frère conduit ce véhicule tandis que son frère cadet se tient derrière la charrue, tenant ses poignées. Le labour de la section choisie de la prairie se déroule sans encombre. De fait, l’automobile fait le travail beaucoup plus rapidement qu’un attelage de chevaux typique n’aurait pu le faire.
Croiriez-vous que le jeune Raser a du mal à se déplacer assez vite pour suivre la charrue? La vitesse même de l’automobile, environ 8 kilomètres/heure (environ 5 milles/heure), je pense, se révèle cependant problématique. Voyez-vous, elle ne peut pas être conduite assez lentement pour labourer correctement la prairie, comme l’aurait été un champ. Même ainsi, l’automobile et sa charrue réussissent assez bien à empêcher le feu de se propager.
Aussi vite que les frères Raser aient labouré cette prairie, il y a encore assez de temps pour que des personnes qui vont et viennent sur une route voisine ralentissent et s’arrêtent pour les regarder travailler. Il y a des fermiers qui se rendent à Ashtabula pour livrer leurs produits. Il y a des cyclistes. Il y a même des gens d’Ashtabula qui ont entendu parler de ce qui se passe et qui veulent voir ce qui se passe. Aucun de ces gens n’a jamais vu une automobile tirer une charrue.
Et oui, au moins un journal déclare que l’expérience menée par les frères Raser pourrait être reproduite par des agriculteurs qui ont des champs à labourer. Eh bien, des agriculteurs aisés qui peuvent se permettre d’acheter et conduire une automobile, bien sûr. Selon au moins un article de journal, et je cite, en traduction, « L’automobile pourrait révolutionner l’agriculture. »
Harry Thomas Raser retourne apparemment à Erie le jour même de l’expérience de labour. Il le fait avec son jeune frère. De fait, ils font tous les deux le trajet jusqu’à Erie et retournent à East Ashtabula avant la fin de la journée, parcourant ainsi une distance d’environ 130 kilomètres (80 miles environ), ce qui est toute une odyssée compte tenu de l’état probable de la route et de la fiabilité incertaine d’une automobile du début du 20ème siècle.
Croiriez-vous que Harry Thomas Raser parcourt fréquemment des distances allant jusqu’à 240 kilomètres (environ 150 milles) en une seule journée dans une de ses automobiles? Wah!
Incidemment, quelques jours plus tard, les frères Raser attellent une faucheuse à l’essieu arrière de l’automobile utilisée pour tirer une charrue. Harry Thomas Raser conduit ce véhicule tandis que son frère cadet est assis sur la faucheuse. Ils fauchent environ 0.4 à 0.6 hectare (1 à 1.5 acre environ) d’herbe en un tiers du temps dont un attelage de chevaux aurait eu besoin. La vitesse même de l’automobile s’avère à nouveau problématique. Voyez-vous, encore une fois, elle ne peut pas être conduite assez lentement pour faucher correctement le champ.
Et oui, la photographie au début du fascinant article que vous parcourez en ce moment montre un tel fauchage, probablement réalisé pour le bénéfice de la presse.
Enthousiasmés par ce qui s’est passé, les Raser auraient eu une brève conversation, traduite ici. « Nous tondons la pelouse en automobile maintenant, » aurait déclaré le frère aîné. « Non, aurait déclaré son jeune frère, j’entends un cheval rire. Arrêtons. »
Ceci étant dit (tapé?), les frères Raser auraient, je répète auraient, pu être suffisamment satisfaits des résultats de leur expérience de fauchage pour continuer à utiliser l’automobile à cette fin.
Remarquez, ils l’utilisent également pour haler, au moins une fois, des rondins placés sur un traîneau, et ce au plus tard en juin 1903.
Les gens qui vont et viennent sur la route près de la ferme Raser prennent-ils le temps de s’arrêter pour regarder les frères au travail, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Une bonne question. C’est en fait très possible et…
Comment puis-je être sûr que des rondins sont bel et bien halés, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur sceptique? Tout simplement parce qu’une photographie de cette expérience a survécu. Et voici la page d’un journal sur laquelle on peut la trouver.
Un article des plus intéressants sur l’automobile et l’agriculture avec les trois photographies connues des expériences (labour, fauchage et halage) menées par les frères Raser. Anon., « Up-to-Date Farming With an Automobile in Place of Horses. » The Buffalo Sunday News, 14 juin 1903, pas de numéro de page.
Avant que j’oublie, George Bernard Raser, Junior, est aussi enclin à la mécanique que son frère aîné. Croiriez-vous que, en 1893 environ, alors qu’il n’a que 10 ans, cette jeune personne assemble apparemment un petit moteur à vapeur entièrement fonctionnel? En mai 1903, il est occupé à en construire un en vraie grandeur, vraisemblablement destiné à être utilisé sur la ferme familiale.
Croiriez-vous que, sur une période de seulement 2 mois après le jour de l’expérience initiale réalisée par les frères Raser, au moins 40 journaux américains de 24 états publient un article sur ce qui a été accompli? Curieusement, peu de ces articles mentionnent le fauchage de l’herbe et le halage de rondins. Des informations sur ces aspects du travail effectué à East Ashtabula peuvent néanmoins être trouvées dans quelques articles de journaux, ou bien dans des articles de magazines.
Incidemment, au moins une douzaine de journaux néo-zélandais publient un entrefilet sur les frères Raser en 1903. Quelques autres entrefilets sont publiés en Australie et en Angleterre au cours de cette même année.
Curieusement, les expériences menées par les frères Raser ne retiennent apparemment pas l’attention des journaux publiés au Canada, et ce malgré le fait que ce pays et les États-Unis partageaient et partagent encore la plus longue frontière non défendue de la planète Terre (environ 8 890 kilomètres (environ 5 525 milles)).
Les expériences menées par les frères Raser attirent cependant l’attention d’un Français par ailleurs inconnu du nom de Paul d’Arner qui est l’auteur de l’article illustré, publié dans un numéro d’octobre 1903 de Le Monde illustré, qui donne naissance à ce numéro de notre incomparable blogue / bulletin / machin.
Comme vous le savez sans doute, ami(e) lectrice ou lecteur érudit(e), Le Monde illustré est un magazine d’information hebdomadaire illustré populaire et couronné de succès publié à Paris, France.
Rappelons que le labour de la prairie d’East Ashtabula a déjà été évoqué en mai 1903, dans le quotidien parisien L’Auto. Curieusement, les frères Raser ne sont pas mentionnés par leur nom. De fait, certains des détails du bref texte ne correspondent pas tout à fait à ce qui est publié aux États-Unis. Même ainsi, les premier et dernier paragraphes de cet article valent la peine d’être cités :
Qui disait donc que les paysans seraient toujours les ennemis de la locomotion automobile? Voici au contraire qu’ils y ont recours.
[…]
Voilà des paysans qui, certainement, ne seront plus les ennemis des chauffeurs… s’ils l’ont jamais été.
Maintenant, je vous demande ami(e) lectrice ou lecteur, les frères Raser sont-ils les premières créatures intelligentes, du moins sur la planète Terre, à utiliser un véhicule motorisé pour tirer une charrue? Oui? Non? Vous ne savez pas? Une bonne réponse.
Si je puis me permettre de citer, en traduction, le lieutenant-commandant Data Soong, l’androïde mâle sensible, intelligent, sans émotion, conscient de lui-même et, euh, anatomiquement fonctionnel de la franchise télévisée et cinématographique Star Trek, « la déclaration la plus élémentaire et la plus précieuse de la science, le début de la sagesse, est ‘Je ne sais pas.’ »
Bien qu’il soit fort probable que nous ne sachions jamais qui est le premier Terrien à utiliser un véhicule motorisé pour tirer une charrue, nous savons que certaines personnes envisagent depuis un certain temps la possibilité d’utiliser des véhicules à essence dans une ferme.
En 1887, par exemple, dans l’Illinois, John Charter, né Johannes Charter dans ce qui est alors la Confédération allemande, supervise l’installation d’un moteur à essence mis au point par un employé de la firme américaine dont il est le président, Williams & Orton Manufacturing Company, sur un véhicule autrement non identifié, une locomotive routière américaine peut-être. Le moteur à essence en question s’inspire apparemment d’un concept développé quelques années auparavant par l’ingénieur allemand Nicolaus August Otto. L’employé en question est Franz Burger, un machiniste qualifié né lui aussi dans la Confédération allemande.
Pour répondre à la question qui prend forme dans votre petite caboche, une locomotive routière est un véhicule à vapeur utilisé pour actionner du matériel agricole, labourer les champs et / ou tirer de lourdes charges.
Quoi qu’il en soit, Williams & Orton Manufacturing assemble 6 locomotives routières à essence entre 1887 et 1892, époque à laquelle cette firme est devenue Charter Gas Engine Company. Elles sont toutes mises sur des trains à destination du Dakota du Sud. Une fois là-bas, elles sont utilisées pour tirer des batteuses de ferme bonanza en ferme bonanza et fournir la puissance dont ces énormes machines ont besoin pour battre le blé que ces grandes exploitations produisent en hénaurme quantité, et…
Oui, vous avez tout à fait raison, ami(e) lectrice ou lecteur observatrice / observateur. Les locomotives routières de William & Orton Manufacturing ne sont jamais utilisés pour le labour. De fait, elles n’ont jamais été destinés à faire ce genre de choses.
Ce qui pourrait bien être le premier tracteur agricole à essence est achevé en 1901, pour ainsi dire à la main, par le personnel d’une autre firme américaine, Hart-Parr Gasoline Engine Company. « Old No. 1 », en français vieux no 1, comme on l’appelle, est un mastodonte à 4 roues pesant environ 4 500 kilogrammes (environ 10 000 livres) pouvant tirer une charrue à 5 disques. Vendu à un fermier de l’Iowa, ce tracteur est encore au travail en 1917-18, sinon plus tard.
Initialement incapable de trouver de nombreux clients, Hart-Parr Company, comme la firme devient bientôt, parvient à survivre. De fait, la firme finit par prospérer. Et en voici une preuve au moins partielle…
Une publicité typique de Hart-Parr Company. Anon., « Hart-Parr Company. » The Grain Growers’ Guide, 10 août 1910, 5.
Un Ivel Agricultural Motor typique, fabriqué par Ivel Agricultural Motors Limited. Anon., « Motor Farming. » The Toluca Star, 21 octobre 1904, pas de numéro de page.
Ce qui pourrait bien être le premier tracteur agricole à essence produit en série sur notre grosse bille bleue est le Ivel Agricultural Motor, produit en Angleterre par Ivel Agricultural Motors Limited. Le premier exemplaire de ce véhicule léger et compact à 3 roues est complété en 1902 par une petite équipe dirigée par un champion cycliste et inventeur du nom de Daniel « Dan » Albone, après environ 5 ans de travail de développement.
Plusieurs des quelque 500 (?) tracteurs fabriqués par Ivel Agricultural Motors sont exportés. Croiriez-vous que certains d’entre eux vont jusqu’en Australie?
Et oui, quelques Agricultural Motor semblent être exportés au Canada. De fait, un des ces tracteurs peut, je répète peut, être en montre lors de l’édition de 1906 de la Winnipeg Industrial Exhibition, à… Winnipeg, Manitoba.
Mieux encore, un petit groupe d’hommes d’affaires manitobains et ontariens tente de lancer Ivel Motor and Machinery Company Limited de Winnipeg, une firme dont les liens avec Ivel Agricultural Motors m’échappent en ce moment, au cours de l’été et de l’automne 1906.
S’il semble bien qu’une paire d’Agricultural Motor est fabriquée, ou assemblée, par une (petite?) usine sidérurgique de Winnipeg, Ivel Motor and Machinery peut ne pas avoir vraiment vu le jour, fautes d’investisseurs. Ceci étant dit (tapé?), une firme appartenant à un (ancien ?) membre du conseil consultatif de cette firme, James Stuart Electric Company Limited de… Winnipeg, représente les intérêts de Ivel Agricultural Motors au moins jusqu’en avril 1910.
Il semble que la firme anglaise reprend alors ses efforts de vente au Canada et qu’elle les poursuit au moins jusqu’à la fin de l’hiver 1912-13. À dire vrai, votre humble serviteur se demande si Ivel Agricultural Motors fait faillite à cette époque.
Mais qu’en est-il des tracteurs agricoles à essence produits au Canada, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur qui agite le drapeau national. Eh bien, s’il est vrai que quelques, sinon plusieurs firmes canadiennes, enfin, principalement des firmes ontariennes, sont intriguées par la possibilité de produire des tracteurs à partir des années 1900, la triste vérité est que ces concepts ne connaissent pas de succès commercial, du moins pas au cours de ces premières années du 20ème siècle.
Quoi qu’il en soit, bon nombre, sinon la plupart, de ces concepts incluent des composants américains, importants dans certains cas, comme le moteur.
Commençons notre brève enquête par un regard sur Goold, Shapley and Muir Company Limited de Brantford, Ontario, une firme qui, vers 1908-09, et peut-être dès 1907, se lance dans le commerce des tracteurs à essence. Au début de 1910, elle établit un bureau à Winnipeg, afin d’étendre son marché à l’ouest du Canada. De fait, un des premiers tracteurs Goold, Shapley and Muir Ideal à quitter l’usine de la firme se trouve quelque part dans les Prairies canadiennes au plus tard en avril 1910. Alan B. Muir peut être vu au volant, et apparemment plus d’une fois.
Maintenant, je vous demande, ami(e) lectrice ou lecteur, ce véhicule à 4 roues est-il
- un tracteur américain avec un autocollant canadien, ou
- un tracteur américain assemblé ou fabriqué sous licence, ou
- un véhicule semi-original fabriqué principalement avec des pièces américaines, ou
- un véhicule entièrement original fabriqué principalement avec des pièces canadiennes?
Vous ne savez pas, n’est-ce pas, ami(e) lectrice ou lecteur? Eh bien, moi non plus.
Formé au plus tard en 1884 sous le nom de E.L. Goold & Company, ce fabricant de matériel d’apiculteur et autres items diversifie progressivement ses activités après s’être transformé en Goold, Shapley et Muir, en 1892, je crois. De fait, en 1908-09, cette firme produit des bétonnières, épulpeurs de racines, moteurs à essence, moulins à grain, moulins à vent, pompes à eau, réservoirs d’eau, tours de guet, etc.
Il peut également valoir la peine de noter que Sylvester Brothers Manufacturing Company de Lindsay, Ontario, conçoit une batteuse à essence très novatrice en 1904-05. La firme réalise 3 exemplaires d’un modèle amélioré en 1907-08. Ces prototypes sont parmi les plus avancés de leur type n’importe où sur notre bonne vieille Terre.
Remarquez, Sylvester Brothers Manufacturing fabrique également au moins un exemplaire d’une machine de labour à essence tout aussi novatrice en 1907. Croiriez-vous que la charrue peut être détachée de ce véhicule (à 4 roues?), le transformant ainsi en tracteur agricole polyvalent capable de tirer une charrue à 8 disques? Pourrait-on prétendre que ce véhicule est le premier tracteur à essence fabriqué au Canada, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur qui agite le drapeau national? Eh bien, les braves gens de Goold, Shapley et Muir pourraient ne pas être d’accord avec vous là-dessus.
Malheureusement, il est probable que nous ne saurons jamais combien d’exemplaires de machines de labour et de battage à essence de Sylvester Brothers Manufacturing sont produites. Le fait que ces dernières retournent régulièrement à Lindsay à la fin de chaque saison de battage pour être ajustées et améliorées à temps pour la saison suivante rend tout calcul très délicat.
Compte tenu du potentiel des machines de labour et de battage à essence développées par Sylvester Brothers Manufacturing, pourquoi ne sont-elles pas produites en grand nombre, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur perplexe? Eh bien, tout est une question de temps et d’argent. Le coût de développement de la batteuse s’avère tout simplement écrasant pour cette petite firme canadienne. De fait, Sylvester Brothers Manufacturing est acquise par une firme de fabrication d’équipement agricole, Tudhope, Anderson & Company d’Orillia, Ontario, en 1911.
Maintenant, étant donné la promesse d’être bref que votre humble serviteur a exprimée au début de cet article, une promesse que je commence à regretter, c’est peut-être le moment idéal pour le conclure.
À plus.