Un bref portrait d’un duo dynamique de dentistes de Québec, Québec, Henri Edmond Casgrain et Marie Wilhelmine Emma Casgrain, née Gaudreau, pendant la Belle Époque – et un peu d’info sur leur première voiture sans chevaux, une Bollée Voiturette, partie 1
Guten Morgen, mein Lesefreund. Wie geht’s? Aimeriez-vous me rejoindre dans une petite escapade sur la route de briques jaunes du chemin de la mémoire jusqu’à un jardin à bière en plein air près de chez vous? […] Vermouilleux! Il nous faudra toutefois remettre ça à un autre jour. C’est en effet vers un pendant québécois d’un bistro parisien de la Belle Époque que nous allons casser la croute aujourd’hui.
D’ailleurs, un jardin à bière en plein air en février, vous êtes dingue?
Ce n’est pourtant pas tous les jours qu’une gravure montrant un couple québécois de la dite Belle Époque, une période qui n’est pas vraiment belle pour l’hénaurme majorité des gens qui vivent, qui survivent en fait, sur Terre à l’époque, des gens comme mes huit arrière-grands-parents par exemple, et… Où en étais-je? Ah oui. Ce n’est pourtant pas tous les jours qu’une gravure montrant un couple québécois de la dite Belle Époque se retrouve dans un hebdomadaire familial illustré allemand à grand tirage qui se trouve être un précurseur de tous les magazines modernes.
Mieux encore, Die Gartenlaube semble tirer sa gravure d’un hebdomadaire américain tout aussi prestigieux, le magazine de science populaire Scientific American, qui publie l’image originale dans un numéro de juin 1898.
Incidemment, blätter und blüten – ein motorschlitten signifie feuilles et fleurs – un traîneau motorisé. Après tout gartenlaube signifie kiosque de jardin.
Fait intéressant, l’hebdomadaire français La Locomotion automobile publie l’image de Scientific American dans un de ses numéros d’août 1898. Un autre hebdomadaire français, La Vie scientifique, publie une copie de l’image de La Locomotion automobile peu après, en septembre peut-être. Un troisième hebdomadaire français, Cosmos, publie une copie de l’image de La Locomotion automobile à la toute fin de décembre.
Fin 1899 ou début 1900, un 4ème hebdomadaire français, La Science illustrée, publie la même illustration de Casgrain et de son épouse. Croiriez-vous que l’hebdomadaire américain The Literary Digest publie cette illustration dans un numéro de mars 1900? À son tour, un mensuel américain, The Automobile Magazine, la publie dans son numéro d’août 1900.
Mais qui sont donc Henri Edmond Casgrain et Marie Wilhelmine Emma Casgrain, née Gaudreau, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur qui aime bien les jardins à bière et les bistros? Une excellente question.
Casgrain voit le jour en août 1846 à L’Islet, province du Canada, dans le Québec actuel. Son papa est un notaire et seigneur d’une partie des seigneuries de L’Islet–Saint-Jean et de L’Islet de Bonsecours.
Si, si, la province du Canada. Ne l’oublions pas, la province de Québec ne fait son apparition qu’en juillet 1867, mais revenons à notre récit.
Comme de fort nombreux membres de la bonne société de la province du Canada, Casgrain complète des études classiques. Il complète les siennes au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, à… Sainte-Anne-de-la-Pocatière, province du Canada, dans le Québec actuel.
En quoi consistent ces études classiques, demandez-vous? Une autre bonne question. Le curriculum du dit cours, strictement contrôlé par l’église catholique, apostolique et romaine, s’oriente vers la théologie, la rhétorique, la philosophie, la grammaire, etc. Très centrée, pour ne pas dire trop centrée sur la civilisation gréco-romaine, cette formation néglige les mathématiques et la science, autrement dit le présent et l’avenir.
De fait, savez-vous quand la Congregatio pro sancta inquisitione / Congregatio sanct inquisitionis hæreticæ pravitatis de la dite église juge bon de retirer de l’Index Librorum Prohibitorum, l’ouvrage contenant les titres des livres pernicieux qu’un catholique romain ne devrait pas lire, l’ouvrage intitulé De revolutionibus orbium coelestium, l’ouvrage fondamental de 1543 dans lequel l’astronome / mathématicien / médecin d’origine polonaise Nicolaus Copernicus présente une version de l’univers dans laquelle la Terre et les autres planètes tournent autour du Soleil? Non? Croiriez-vous que ce retrait a lieu en 1822? On croit rêver, mais je digresse.
En 1866, environ 2 ans après avoir terminé son cours classique, Casgrain se rend à Québec, province du Canada, dans le Québec actuel, pour suivre des études de médecine à l’Université Laval. Ayant choisi la profession de dentiste, il complète sa formation au Pennsylvania College of Dental Surgery, à Philadelphie, Pennsylvanie.
Casgrain ouvre un cabinet à Québec, Québec, en mai 1869. Il ne tarde pas à se tailler une excellente réputation. Ses patientes et patients apprécient sans doute beaucoup le fait que Casgrain maîtrise trois approches différentes du contrôle de la douleur, soit le protoxyde d’azote, l’électricité et la glace.
À cet effet, votre humble serviteur se demande si Casgrain connaît les expériences électriques plus ou moins concluantes réalisées au plus tard en 1858-59 par quelques dentistes américains, britanniques et français, dont un qui œuvre alors à… Philadelphie.
Soit dit en passant, le protoxyde d’azote fait son entrée au Canada, oui, la province, pas le pays, au plus tard en avril 1867, par l’entremise du dentiste franco-canadien Michel Pourtier, qui demeure alors à Québec.
En octobre 1879, Casgrain épouse la susmentionnée Marie Wilhelmine Emma Gaudreau de Montmagny, province du Canada, dans le Québec actuel. Il a alors 33 ans. Son épouse, une fille de cultivateur, en a 18. Elle naît en effet en juin 1861, à Montmagny.
Casgrain est un homme imaginatif qui a plus d’une corde à son arc. En août 1875, il obtient un brevet d’invention canadien pour un système d’éclairage utilisant un nouveau combustible, le Gaz Moonlight, ou gaz Clair-de-lune, un mélange d’air saturé de gazoline.
En juillet 1876, Casgrain supervise l’installation d’un de ses système d’éclairage au tout nouveau couvent de Belle-Vue de la Congregatio a Domina Nostra Marianopolitana, ou Congrégation de Notre-Dame de Montréal, une congrégation de religieuses de l’église catholique, apostolique et romaine, dans la paroisse de Saint-Foye, non loin de Québec.
En juillet 1883, le susmentionné Scientific American publie un bref article illustré sur une machine portative pour rouler les cigarettes, une invention fort ingénieuse que Casgrain fait breveter dans quelques pays (Royaume-Uni, France, États-Unis, Espagne, Empire allemand et Canada). La dite rouleuse est produite aux États-Unis, dans l’atelier de Thomas Francis Gaynor et William J. Fitzgerald.
En juillet 1886, Casgrain supervise la fabrication d’un fort ingénieux « vélocipède nautique, » selon toute vraisemblance un bidule quelque peu similaire à un bateau à pédales, ou pédalo.
Avant que je ne l’oublie, Casgrain est un costaud qui aime les sports, dont le cyclisme.
Henri Edmond Casgrain. Anon., « L’art dentaire au Canada. » La Presse, 11 octobre 1895, 1. (Illustration digitalement reformatée)
En mars 1895, Scientific American rapporte que Casgrain vient de mettre au point un vulcanisateur portatif destiné au traitement de petits objets. Le même numéro du magazine mentionne que le dentiste québécois vient de breveter un dispositif de coulage pour les métaux légers, l’aluminium par exemple. Casgrain se sert en fait d’un tel dispositif dans sa pratique depuis 1892.
Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur perspicace, le vulcanisateur portatif est lié à la fabrication de prothèses dentaires. En effet, c’est à la firme américaine Buffalo Dental Manufacturing Company que Casgrain vend les droits de production de son invention.
Il va de soi que le cabinet de Casgrain regorge d’instruments modernes, dont certains / plusieurs sont de la main même du dentiste québécois.
En mars 1896, au luxueux hôtel St. Lawrence Hall de Montréal, Casgrain fait la démonstration d’une lampe à acétylène portative qu’il vient de mettre au point pour l’usage des familles. Il peut avoir vendu les droits de production et les droits de vente (Canada et États-Unis) de cette invention à la fonderie Robert Mitchell Company Limited de Montréal en janvier 1897.
En septembre 1899, Casgrain obtient un brevet d’invention américain pour un carburateur destiné à un moteurs à explosion.
Alors que Casgrain continue de prodiguer des soins aux bonnes gens de Québec, à celles et ceux qui en ont les moyens probablement, son épouse s’intéresse peu à peu à ce qu’il fait, et ce à partir de 1884 environ. On peut se demander si elle ne l’assiste pas à partir d’un certain moment.
Constatant que la jeune femme a certaines aptitudes, pour ne pas dire (taper?) des aptitudes certaines, Casgrain lui transmet des connaissances théoriques et pratiques de plus en plus détaillées. Ce travail finit par donner d’excellent résultats.
Marie Wilhelmine Emma Casgrain, née Gaudreau, Québec, Québec. Anon., « La première [sic] Canadienne admise à une profession libérale. » Le Soleil, 16 juin 1898, 2.
L’Association des dentistes de la province de Québec remet en effet un diplôme et une licence de pratique à Emma Casgrain vers juin 1898. Celle-ci vient de passer son examen, avec grand succès d’ailleurs, au Bishop’s College de Lennoxville, Québec, non loin de Sherbrooke, la ville natale de votre humble serviteur. Cette institution de haut savoir est en effet affiliée à l’association pour fin de diplomation.
Soit dit en passant, Casgrain est un membre actif de l’Association des dentistes de la province de Québec, fondée en 1869, et de l’organisme qui lui succède, en 1904, le Collège des chirurgiens-dentistes de la province de Québec.
Je présume qu’Emma Casgrain compte également parmi les membres des dites association et collège.
Il est à noter que les noms d’Edmond et Emma Casgrain ne semblent apparaître dans des publicités publiées dans au moins un quotidien de Québec qu’en mars 1899. Cette dernière se spécialise dans le traitement des enfants et femmes.
Personnellement, je préfère les femmes dentistes et hygiénistes dentaires. Des mains plus petites, mais je digresse.
Emma Casgrain est la troisième femme dentiste au Canada, la seconde femme dentiste au Québec et la première femme dentiste francophone au Canada et au Québec. Si, si, la troisième, pas la première.
La vraie première, Annie Grant Hill de Kingston, Ontario, reçoit son diplôme et sa licence de pratique au plus tard en mai 1893. Elle se joint peu après au cabinet d’un dentiste bien connu de Montréal, Québec, Samuel J. Andres. Pour une raison ou une autre, Hill ouvre son propre cabinet en novembre 1893.
La seconde, Caroline Louisa Josephine Wells, née Irwin, de Toronto, Ontario, obtient son diplôme et sa licence au plus tard en octobre 1893. Elle traite des patientes et patients dans le cabinet fondé par son époux, John Wells, dont la santé déclinante ne lui permet plus de supporter sa famille, mais revenons au couple Casgrain.
Le dit couple va travailler dans son cabinet jusqu’en octobre 1914, date du décès de Henri Edmond Casgrain, à l’âge de 68 ans. Emma Casgrain va continuer seule jusqu’en 1920, date du début de sa retraite.
Votre humble serviteur s’en voudrait si je ne mentionnais pas que le commerce situé tout juste à côté du cabinet du dentiste Casgrain appartient à un moment donné à un brillant joaillier / inventeur / horloger / homme politique / flûtiste québécois. Cyrille Duquet conçoit un téléphone, supérieur à celui du fameux Alexander Graham Bell, dit-il, en raison de la puissance du son qui en sort. De fait, Duquet installe des téléphones dans sa joaillerie / bijouterie et dans un magasin qu’il possède avec un certain Louis Dallaire, et ce vers novembre 1877.
Incidemment, Bell n’a pas inventé le téléphone. Un Italo-Américain trop souvent oublié du nom d’Antonio Santi Giuseppe Meucci commence à travailler sur un tel dispositif en 1849. Meucci dépose un avis de brevet annonçant son invention en décembre 1871. Pour une raison ou une autre, il ne renouvelle pas ce document. Le reste, comme dit le proverbe, c’est de l’histoire.
Je m’en voudrais tout autant de ne pas mentionner que Paquet est mentionné dans un numéro de janvier 2022 de notre exceptionnel blogue / bulletin / machin, ou que Bell l’est dans plusieurs numéros de cette même publication, et ce depuis octobre 2018.
Je m’en voudrais en fin de compte de ne pas souligner que Casgrain devient échevin en février 1900. De fait, il est élu par acclamation, tout comme 24 autres échevins de la ville de Québec. À titre d’information, il y a alors 30 échevins dans cette ville.
Casgrain ne fait pas de vagues au conseil municipal, un manque d’activité qui ne passe pas inaperçu. Il faut cependant dire (taper?) que le maire de Québec, l’avocat Simon-Napoléon Parent, cumule également les postes influents de président de la Quebec Bridge and Railway Company de Québec et de commissaire des Terres, Forêts et Pêcheries dans le gouvernement du Québec. De fait, Parent devient premier ministre de cette province en octobre 1900, suite au décès du notaire / journaliste / éditeur / écrivain Félix-Gabriel Marchand. Irriter Parent n’aurait pas été une bonne idée.
Croiriez-vous que Casgrain semble être le premier Québécois et Canadien à importer une voiture sans chevaux, autrement dit une automobile? Un entrefilet mentionnant l’achat d’une « petroleum motor cycle, » ou motocyclette à pétrole, paraît dans un quotidien de Québec, Quebec Morning Chronicle, en février 1897. Le véhicule en question, une Bollée Voiturette fabriquée en France par Diligeon & Compagnie ou la Société anonyme des voiturettes automobiles, fait son apparition à Québec début juin.
Casgrain semble succomber à la fièvre automobile lors d’un voyage en sol américain en 1896.
Et oui, Emma Casgrain peut, je répète peut, avoir conduit la Voiturette de son époux à quelques reprises – une première québécoise, voire canadienne.
Le véhicule de Casgrain semble être la seconde automobile à essence au Québec et au Canada, tout juste après le véhicule conçu et terminé, au printemps 1897, par George Foote Foss, un forgeron / mécanicien / réparateur de bicyclettes dont l’atelier est à Sherbrooke.
L’inventeur qu’est Casgrain ne tarde pas à modifier passablement, pour ne pas dire considérablement la dite Voiturette.
On est en droit de se demander si ces modifications découlent du fait que Casgrain peut, je répète peut, avoir éprouvé certaines difficultés à négocier les rues abruptes de la bonne ville de Québec. À au moins une reprise en effet, il ne parvient au sommet d’une de ces rues que grâce à l’aide des muscles d’une demi-douzaine de bons samaritains.
Maintenant, vous souvenez-vous de la gravure avec laquelle votre humble serviteur introduit cet article? Bien. Au cours de l’hiver 1897-98, Casgrain remplace les deux roues avant de son automobile par des skis. Il remplace par ailleurs le pneu de la roue arrière par une pièce de bois couverte de pointes coniques en métal.
La Voiturette de Casgrain est un des tout premiers véhicules motorisés conçus expressément pour la circulation hivernale, dans la neige et sur la glace. C’est presque certainement le premier véhicule de ce genre au Canada.
Le bon docteur utilise son véhicule modifié pour rendre visite à des patient(e)s à leur domicile, à et autour de Québec, en hiver.
Et vous avez une question, n’est-ce pas, ami(e) lectrice ou lecteur inquisitive / inquisitif? Vu l’absence de stations-service en 1897-98, où diable Casgrain déniche-t-il sa gazoline? Chez les vendeurs d’huile à lampe, pardi!
Veuillez noter que ce qui suit est assez triste.
Le premier accident d’automobiles à avoir occasionné des blessures au Québec, sinon au Canada, se déroule le 10 juin 1900, en début de soirée, à Québec. Casgrain rentre alors chez lui avec son épouse. Edward Wenceslas Méthot, président de la Caisse d’économie de Notre-Dame de Québec, les suit peut-être à bord d’un autre véhicule.
Arrivé à un coin de rue, la Voiturette de Casgrain heurte un tramway qui descend une pente à assez grande vitesse. Casgrain est éjecté du siège arrière, d’où il conduit le véhicule, mais ne subit qu’un choc nerveux et des contusions et égratignures mineures à une jambe. Assise sur le siège avant, sans ceinture de sécurité ou aucune autre protection, Emma Casgrain se voit projetée contre un des marchepieds du tramway. La Voiturette est pour ainsi dire détruite.
Le conducteur du tramway, des passagers et des passants se portent aussitôt au secours d’Emma Casgrain, inconsciente, voire mourante peut-être, alors que son époux tente de héler un véhicule.
Pour ainsi dire fou d’inquiétude, Casgrain ramène son épouse au domicile familial et fait venir un médecin. Emma Casgrain, affirme le Dr. Arthur Ahearn, souffre d’une fracture à la jambe gauche et de multiples contusions et blessures à une épaule et au cou. Ce médecin de l’Hôtel-Dieu de Québec réduit la fracture. Emma Casgrain, dit-il, devrait s’en tirer. Son opinion s’avère exacte.
Si cet accident se retrouve dans les pages des éditions du 11 juin de 7 quotidiens du Québec, dont quatre de Québec, y compris le principal quotidien anglophone de l’endroit, The Quebec Chronicle, le fait est qu’il ne parvient pas à déloger de la première page des sujets jugés plus importants. De fait, seul L’Événement de Québec place l’accident en première page.
Le quotidien Le Soleil, un important journal local d’une certaine obédience politique, par exemple, une obédience opposée à celle de L’Événement soit dit en passant, Le Soleil, dis-je, préfère mettre en lumière, avec un portrait dessiné à l’appui, la nomination au poste de bâtonnier général du Barreau du Québec de l’avocat / professeur François Xavier Horace Archambault, un conseiller législatif et orateur du Conseil législatif du Québec qui est aussi le procureur général du Québec au sein du gouvernement de l’obédience politique favorisée par Le Soleil, un gouvernement dirigé par le susmentionné Marchand.
Et oui, c’était une très longue phrase. Où, oh où, est un tiret quadratin quand on en a besoin? (Bonjour, EP!)
Toujours en première page de Le Soleil le 11 juin se trouvent des portraits dessinés de deux hommes ayant toujours la même obédience, le lieutenant-gouverneur du Québec, Louis-Amable Jetté, et l’orateur de l’Assemblée législative du Québec, Jules Tessier, qui accueillent alors des journalistes francophones venus de l’ouest canadien, mais je digresse.
Et oui, Le Soleil, Jetté et Tessier ont tous trois la même obédience politique. Est-ce que vous en doutiez?
La blessure d’Emma Casgrain ne semble pas diminuer son intérêt pour l’automobilisme, pas plus que celui de son époux d’ailleurs. De fait, le couple prend livraison d’une seconde automobile, elle aussi venue d’Europe, en octobre 1901. Le terme Europe étant utilisé par The Quebec Chronicle, votre humble serviteur est d’avis que le véhicule en question n’est pas britannique, parce que le Royaume-Uni ne fait pas partie de l’Europe, bien sûr. On peut supposer qu’il est en fait français.
En août 1902, le couple Casgrain fait appel à son automobile pour se rendre à Fraserville, Québec, une randonnée somme toute audacieuse compte tenu de la distance, plus de 200 kilomètres (plus de 125 milles), qui séparent ces agglomérations. Il va sans dire qu’il n’y a pas de routes asphaltées entre Québec et Fraserville.
Pour répondre à la question qui se condense dans votre petite caboche, ami(e) lectrice ou lecteur, Fraserville devient officiellement Rivière-du-Loup en février ou mars 1919, ce qui complète un changement de nom souhaité par bien des gens, et ce depuis bien des années.
Et oui, vous avez bien raison. Casgrain et son épouse sont de grands voyageurs devant l’éternel. Fin 19ème et début 20ème siècles, ils se rendent aux États-Unis et en Europe à plusieurs reprises, et ce en plus de voyager à l’intérieur même du Québec.
Emma Casgrain continue à voyager, mais à un rythme plus lent, après le décès de son époux.
Elle décède en octobre 1934, à l’âge de 73 ans, à Québec.
Une brève digression si vous me le permettez. Alors tutrice à l’école internationale d’enseignement à distance Quality of Course Incorporated d’Ottawa, Ontario, l’auteure québécoise Sylvie Gobeil publie, en 2016, un roman historique, son cinquième, De tendres aspirations, qui relate la vie du couple Casgrain.
En 2021, l’auteure / conférencière / historienne québécoise Catherine Ferland fait paraître un ouvrage destiné à la jeunesse, 15 femmes qui ont fait l’histoire du Québec. Une des femmes en question est évidemment Emma Gaudreau Casgrain.
Aussi souhaitable qu’il serait de vous laisser vaquer à vos occupations, votre humble serviteur ne peut pas résister à votre désir d’en savoir plus long sur la Bollée Voiturette. J’ai raison. Je le sais. Votre petite moue vous a trahi(e)e. J’ai piqué votre… curiosité.
Ceci étant dit (tapé?), je vais maintenant vaquer à mes occupations. À plus.