La semaine mystérieuse magique attend pour vous emporter, ou, Est-ce que quelqu’un dans la blogosphère sait quoi que ce soit sur le traîneau aérien Richards ou le traîneau aérien Lawrence?
Votre humble serviteur vous salue, ami(e) lectrice ou lecteur. Puis-je vous souhaiter la bienvenue dans une nouvelle année fiscale?
J’ose espérer que vous allez bien en cette journée hystérique. Étant à la fois paresseux et curieux de nature, j’ai pensé faire d’une pierre deux coups en vous présentant non pas 1 mais 2 sujets mystérieux et magiques cette semaine – 2 sujets sur lesquels je sais fort peu de choses. Qui sait, vous possédez peut-être la clé de l’une ou l’autre de ces énigmes véhiculaires. Et non, les sujets en question ne sont pas des sujets avriliens. Ce sont des petits cadeaux que je m’offre en ce jour, et en ce mois, mon mois de naissance.
Commençons donc la première des dites énigmes, pêchée au cours d’une expédition de recherche au sein des pages du quotidien français L’Auto, une publication fascinante s’il en est avant qu’elle ne disparaisse en 1944. La photographie qui a retenu mon attention se trouve dans le numéro du 9 février 1940 du dit quotidien. Elle se trouve bien sûr au début de ce numéro de notre blogue / bulletin / machin. La légende de cette photographie se lit comme suit :
Un fuselage d’avion, un moteur de motocyclette, des skis, une hélice et, à 90 kilomètres (55 milles) à l’heure Kenneth J. Richards parcourt les immenses étendues glacées du Canada.
Votre humble serviteur aimerait pouvoir pontifier des pages durant sur ce traîneau aérien / motoneige et son concepteur mais je ne suis pas en mesure de le faire. Je n’ai en effet trouvé aucune autre information sur le traîneau aérien Richards. Rien. Zip. Nada. Imaginez ma frustration.
Cela étant dit (tapé?), je pense avoir identifié le moteur du dit traîneau aérien. Il s’agit d’un moteur de motocyclette Henderson refroidi par air, et là une histoire repose. Humm.
Les premiers moteurs Henderson, fabriqués aux États-Unis par Henderson Motorcycle Company, une firme fondée par Thomas W. « Tom » et William G. « Bill » Henderson, pout utilisation sur leurs motocyclettes, sortent d’usine en 1911. En 1918, ces frères vendent leurs intérêts dans la compagnie à Excelsior Motor Manufacturing & Supply Company, une autre firme américaine. Les motocyclettes produites à partir de ce moment-là sont connues sous le nom de Excelsior Henderson. Frappée de plein fouet par le début de la Grande Dépression, Excelsior Motor Manufacturing & Supply ferme ses portes en septembre 1931. Son personnel, qui n’a pas été prévenu, est choqué et consterné par cette décision.
Il convient de mentionner le fait que des moteurs Henderson sont utilisés pour propulser un certain nombre de motoneiges Eliason construites entre 1924 et 1940. Ces véhicules, fabriqués aux États-Unis par Carl Eliason & Company, fondée par Carl Eliason, sont vraisemblablement les premières motoneiges à être mises en production où que ce soit dans le monde, avec celles de Joseph Adalbert Landry de Mont-Joli, Québec, testées pour la première fois en 1922.
Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur, quelques avions de construction amateur complétés au Canada au cours des années 1920 et 1930 sont propulsés par un moteur Henderson. Et non, je n’ai pas l’intention de pontifier à ce sujet aujourd’hui, et… Que signifie ce sourire en coin, non ami(e) lectrice ou lecteur? Soupir.
Seulement pour ça, je vais inclure dans ce texte une liste des avions de construction amateur complétés au Canada au cours des années 1920 et 1930 qui sont propulsés par un moteur Henderson :
- un Heath Parasol, baptisé Skylark, immatriculé en décembre en 1929 par Theodore J. « Ted » Dietrich de St. Agatha, Ontario;
- un Heath Parasol immatriculé en mars 1930 par Reuben E. « Rube » Hadfield de Winnipeg, Manitoba;
- un Church Mid Wing Sport immatriculé en décembre 1930 par Sydney G. « Syd » Woodstock de Kingston, Ontario;
- un Heath Parasol complété en 1931, mais pas immatriculé, par John Stanley « Stan » Baxter de Sudbury, Ontario;
- un Russell Light Monoplane / Russell Sport / Russell-Henderson Monoplane immatriculé en février 1932 par Ernest J. « Ernie » Rousseau de Callander, Ontario;
- un Heath Parasol immatriculé en juin 1933 par Stephen Stanley « Steve » Albulet de Regina, Saskatchewan;
- un Russell Light Monoplane / Russell Sport / Russell-Henderson Monoplane complété vers 1935-36, mais pas immatriculé, par le susmentionné Rousseau; et
- un Heath Parasol immatriculé en mai 1939 par Frederick William « Fred » Hotson de Toronto, Ontario.
Vous vous souviendrez évidemment que Albulet est mentionné dans un numéro de janvier de 2020 de notre vous savez quoi. Hotson, quant à lui, devient plus tard un historien de l’aviation non professionnel bien connu et respecté. Croiriez-vous que Hadfield devient plus tard pilote pour les Lignes aériennes Trans-Canada / Air Canada et que, à son époque, Dietrich est un des résidents les plus connus de St. Agatha?
N’ayant rien à ajouter sur le traîneau aérien Richards, non, non, rien, zip, nada, votre humble serviteur se lance éperdument vers le second sujet mystérieux et magique de cette semaine. J’ai déniché la photographie du véhicule en question dans le numéro du 3 juillet 1939 du quotidien populiste L’Illustration nouvelle, le premier journal tabloïd à être publié à Montréal, Québec, si vous devez le savoir, disparu depuis belle lurette.
Le traîneau aérien conçu et fabriqué par James Keith Lawrence, Myrtle, Ontario. Anon., « Un hydravion qui peut se poser sur la neige. » L’Illustration nouvelle, 3 juillet 1939, 5.
La légende de la photographie se lit... Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur un tant soit peu sarcastique, votre humble serviteur réalise fort bien que l’hydravion Lawrence n’a pas d’ailes. Je présume que le photographe inconnu qui a saisi cette image le fait avant que l’aéronef ne soit complété.
La légende de la photographie, dis-je, à moins que vous ne souhaitiez m’interrompre de nouveau, se lit comme suit :
Un fils de cultivateur de Myrtle, Ontario, Joseph Lawrence vient de construire lui-même cet avion apte à se poser sur l’eau et sur la neige. Le ministère des Communications a inspecté et approuvé l’avion.
Le nom cité dans la dite légende étant Joseph Lawrence, vous vous demandez sans doute pourquoi la légende rédigée par votre humble serviteur mentionne le nom de James Keith Lawrence. Il s’agit là d’une excellente question, et ce même si vous osez mettre en doute le dogme de l’infaillibilité curatorielle – un quasi sacrilège si je peux me permettre de le dire (taper?). Cela étant dit (tapé?), je vous pardonne cette bourde. Cette fois. Mais revenons à notre histoire.
Le nom de James Keith Lawrence m’a été mentionné si vous devez le savoir. La personne qui m’a donné cette information n’a pas trouvé de trace d’un Joseph Lawrence à Myrtle au cours des années 1930 ou 1940. James Keith Lawrence, par contre, est connu dans cette région. Né en 1908, il sert au cours de la Seconde Guerre mondiale et enseigne au sein de l’Aviation royale du Canada ou, comme on l’appelle à l’époque, le Corps d’aviation royal canadien, une force aérienne mentionnée dans plusieurs numéros de notre blogue / bulletin / machin depuis novembre 2017. Lawrence devient ingénieur aéronautique après la fin du conflit. Il quitte ce monde en 1985.
S’il est vrai qu’il existe un Joseph Russell Lawrence, né en 1884, apparemment à Myrtle, et mort en 1954, ce gentilhomme peut, je répète peut, avoir émigré aux États-Unis au plus tard en 1919.
Un détail avant que je ne l’oublie, le ministère des Communications mentionné dans la légende ci-haut n’existe pas, du moins pas au Canada. Il ne voit en effet le jour qu’en avril 1969. Le premier ministre des Communications est nul autre que Eric William Kierans, un gentilhomme mentionné dans un numéro de novembre 2019 de notre blogue / bulletin / machin. En 1939, c’est le ministère des Transports qui est responsable de l’examen et de l’immatriculation des aéronefs de construction amateur. Il n’existe toutefois aucune trace de l’hydravion à flotteurs Lawrence dans le registre des aéronefs civils canadiens.
Votre humble serviteur aimerait de nouveau pouvoir pontifier des pages durant sur cet hydravion à flotteurs et son concepteur mais je ne suis pas en mesure de le faire. Je n’ai en effet trouvé aucune autre information sur l’hydravion à flotteurs Lawrence. Rien. Zip. Nada. Imaginez de nouveau ma frustration.
La chance sourit cependant à votre humble serviteur sous la forme d’articles trouvés par hasard dans des numéros de la fin juin 1939 de quelques quotidiens publiés en Alberta, Ontario, Québec et Saskatchewan.
Selon les dits articles, un James K. Lawrence, si, si, doit assister au baptême de son invention, un traîneau aérien, si si, un traîneau aérien, pas un hydravion à flotteurs, le Northern Star, le 1er juillet 1939, à Port Perry , Ontario, au nord de Myrtle, sur les rives du lac Scugog.
Capable de voyager sur l’eau, la neige et la glace, le traîneau aérien de Lawrence peut transporter 4 passagères ou passagers et 1 pilote. Il peut être équipé de flotteurs ou de skis, je pense, selon la saison. Lawrence l’assemble sur la ferme de son père, près de Myrtle, pendant son temps libre.
Désireux de faciliter et accélérer les liaisons entre les communautés isolées du nord du Canada, le fier inventeur espère vendre un certain nombre de Northern Star au ministère des Transports. À première vue, cela ne s’est pas produit. Ce qui est bien dommage.
N’ayant rien à ajouter sur le dit traîneau aérien, je vous souhaite une bonne semaine. Habillez-vous bien, quel que soit l’hémisphère de notre bonne vieille Terre où vous vivez.
L’auteur de ces lignes souhaite remercier toutes les personnes qui ont fourni des informations. Toute erreur contenue dans cet article est de ma faute, pas de la leur.
Et oui, veuillez me contacter si vous avez des informations sur le traîneau aérien Lawrence et / ou le traîneau aérien Richards. J’aimerais aussi avoir un peu d’information sur les traîneaux aériens du nord de l’Amérique du Nord dans la photographie ci-dessous, trouvée dans un numéro de février 1930 du quotidien parisien Excelsior.
Deux traîneaux aériens américains sur lesquels je ne sais rien, zip, nada. Anon., « Un nouveau modèle de traîneaux ultra-rapides. » Excelsior, 6 février 1930, 8.
Prenez soin de vous, ami(e) lectrice ou lecteur.