Une flamme dans le ciel du nord et une cendre de feu sidéral : La météorite de Bacubirito
Je vous salue, ami(e) lectrice ou lecteur, plein(e) d’intelligence. Saviez-vous que, jusqu’à la fin des années 1700, voire le début des années 1800, pratiquement tous les membres de l’élite scientifique occidentale se moquent systématiquement des paysans analphabètes qui affirment avoir vu des pierres tomber du ciel?
Franchement, les paysans de 1800, que savent-ils? Que peut-on possiblement apprendre de l’observation? S’ils avaient consulté les traités vieux de 2 100 ans du grand philosophe et polymathe grec Aristotélēs, un petit futé qui n’a pas gaspillé son temps à observer, ils auraient appris que les pierres ne peuvent pas tomber du ciel. Point à la ligne. L’observation? Baliverne. Autant dire que les femmes méritent d’avoir les mêmes droits que les hommes, ou que les vaccins ne font pas partie d’un complot visant à asservir l’humanité.
La grande roue scientifique commence à tourner le 6 floréal de l’an XI lorsque quelques milliers de pierres tombent du ciel dans la région de L’Aigle, France. Informé de cette nouvelle, le gouvernement de la République française expédie sur les lieux un jeune ingénieur et professeur de mathématiques. Jean-Baptiste Biot soumet un rapport le 29 messidor dans lequel il confirme la présence de pierres tombées du ciel, une chute confirmée par des témoignages recueillis dans plus d’une vingtaine de villages des environs. L’Académie des sciences, à Paris, prend note du dit rapport et doit se rendre à l’évidence. Aristotélēs était dans les patates.
Parlant (tapant?) de patates, croiriez-vous que quelques personnes fouillent peut-être encore le sol de la région de L’Aigle à la recherche de petits fragments de météorites ayant échappé à l’attention des humains lancée sur sa trace? Mais je digresse. Reprenons notre récit avec…
Euh, vous semblez fort perplexe, ami(e) lectrice ou lecteur. Les mots floréal et messidor ne vous disent rien? Vous souffrez d’un léger cas de culturae defectus. Rien de bien grave. Floréal et messidor sont les 8ème et 10ème mois du calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, instauré en septembre 1792 et aboli en décembre 1805. Permettez-moi de convertir les dates mentionnées plus haut :
6 floréal de l’an XI = 26 avril 1803 – un jour de bon augure si votre humble serviteur peut le dire (taper?) ainsi
29 messidor de l’an XI = 18 juillet 1803
Mais revenons à notre histoire.
Votre humble serviteur aimerait vous entretenir en ce jour d’une autre pierre tombée du ciel. La dite pierre ne s’est toutefois pas désagrégée au cours de sa course folle dans notre atmosphère. Nenni. Elle s’écrase à une date indéterminée, il y a des milliers d’années pensent certains chercheurs mexicains, dans une haute vallée du nord-ouest du Mexique. Ces mêmes chercheurs pensent qu’un fragment sœur / frère de la météorite peut être tombé au large de la côte ouest du Mexique, dans le golfe de Californie / mer de Cortés peut-être. Au moment de sa découverte, la dite météorite se trouve près d’une route de chariots, non loin d’une vieille ville minière, Bacubirito, Sinaloa.
L’aérolithe est découvert on ne peut plus accidentellement, en 1863, par des paysans qui travaillent dans les champs ou, peut-être, par un paysan de plus en plus agacé du nom de Francisco López, dont la charrue heurte sans cesse quelque chose de gros et dur sous terre.
Cela étant dit (tapé?), l’auteur de l’article d’où votre humble serviteur a extrait la gravure qui orne le présent article, un certain N. Rosst, affirme que cette découverte n’a lieu qu’en 1871 lorsque la charrue d’un paysan, Crescensio Aguilar, heurte un objet dur. Initialement un tantinet agacé peut-être, il se demande s’il n’a pas en fait heurté une veine d’argent. Quelle veine! Ses espoirs sont toutefois vite déçus. Le paysan découvre en effet qu’il a heurté une énorme masse de fer. Il en détache des petits morceaux qui sont distribués à diverses personnes. Ceci fait, les dites personnes et le paysan reprennent leur routine habituelle.
Et oui, le nom d’un troisième résident de la région de Bacubirito est proposé. Selon certains, un paysan du nom de Lorenzo Aguilar découvre l’aérolithe à un moment donné.
Soit dit en passant, quelques articles parus en 1902 dans des quotidiens américains mentionnent eux aussi 1871 comme étant l’annus mirabilis. Pis encore, un panneau texte qui se trouve près de la météorite, en montre sur l’esplanade du Centro de Ciencias de Sinaloa, à Culiacán Rosales, Sinaloa, au début du 21ème siècle, affirme que celle-ci est découverte en… 1874. Votre humble serviteur ne sait trop quoi penser.
Avant que je ne l’oublie, saviez-vous que le fer utilisé par divers peuples de la Terre avant le début de l’âge du fer, soit avant l’an 3 200 avant l’ère commune, provient de météorites? Si, si, de météorites. Il suffit de songer aux parties d’un poignard, au bracelet et à l’appui-tête faisant partie des trésors vieux de plus de 3 300 ans découverts en Égypte, dans le tombeau du pharaon Nebkhéperourê Toutânkhamon. Si, si, des trésors. À cette époque, en Égypte de l’âge du bronze, le fer est plus rare et, donc, plus précieux que l’or.
Plus près de nous, tant géographiquement que chronologiquement, les Inuits et, avant eux, les Dorsétiens utilisent respectivement depuis les 12ème et 8ème siècles du fer détaché de fragments de l’énorme météorite d’Innaanganeq / cap York, tombée dans la région de l’île Météorite, au Groenland. Croiriez-vous que des lames de poignards ainsi que des pointes de lances et flèches en fer ont été découvertes dans quelques / plusieurs sites archéologiques du Groenland et de l’Arctique canadien?
Incidemment, pensez-vous que l’explorateur américain Robert Edwin Peary mentionne aux communautés inuites locales, à l’automne de 1897, qu’il va transporter au loin un fragment de 31 tonnes métriques (30.5 tonnes impériales / 34 tonnes américaines) de la météorite qu’elles utilisent comme source de métal depuis des siècles? Demande-t-il même si cela pose problème? Est-ce que vous plaisantez? Êtes-vous si naïf / naïve? Mais revenons à notre histoire.
En 1875, la Sociedad Mexicana de Historia Natural de Ciudad de México, Mexique, reçoit une photographie de la météorite de Bacubirito, alors connue informellement sous le nom de météorite du Sinaloa. Elle reçoit par ailleurs quelques fragments de l’aérolithe. Un éminent ingénieur minier mexicain, Mariano Santiago de Jesús de la Bárcena y Ramos, commence alors à étudier les dits fragments. Son mentor, un éminent ingénieur minier mexicain connu mondialement, le directeur fondateur du Instituto Geológico de México, à Ciudad de México, Antonio del Castillo Patiño, semble également étudier les fragments.
De la Bárcena y Ramos fait paraître un article sur des météorites mexicaines dans le volume de 1876 de Proceedings of the Academy of Natural Sciences, la publication officielle de la Academy of Natural Sciences of Philadelphia, à… Philadelphie, Pennsylvanie, la plus ancienne (1812) institution de recherche et musée en sciences naturelles des Amériques et une institution mentionnée dans un numéro de mai 2022 de notre blogue / bulletin / thingee. La météorite de Bacubirito étant alors bien mal connue, de la Bárcena y Ramos ne lui consacre qu’une dizaine de lignes.
Quelques rares articles de journaux paraissent aux États-Unis en 1888. Le gouverneur du Sinaloa, l’ingénieur géomètre Mariano Martinez de Castro Vega, je pense, fait alors parvenir certaines informations concernant la météorite de Bacubirito. On peut supposer qu’il les obtient de del Castillo Patiño et / ou de de la Bárcena y Ramos.
La météorite est presque entièrement couverte de terre, affirme-t-on. Sa surface extérieure moutonnée est légèrement corrodée. L’aérolithe mesure à peu de chose près 3 mètres de long, 2 mètres de large et 1.5 mètre de haut (un peu moins de 10 pieds de long, un peu plus de 6 pieds 6 pouces de large et presque 5 pieds de haut). Elle pourrait peser, croit-on, près de 32 tonnes métriques (environ 31 tonnes impériales / 35 tonnes américaines). Sa forme générale rappelle celle d’un canard. Si, si, d’un canard.
Cela étant dit (tapé?), c’est peut-être en 1892 que commence vraiment la période contemporaine de l’histoire de notre aérolithe, la plus grosse météorite alors connue. Plusieurs articles paraissent en effet à partir d’octobre 1892 dans des quotidiens américains et britanniques.
Des organisateurs de la World’s Columbian Exposition qui doit se tenir à Chicago, Illinois, entre mai et octobre 1893, peuvent avoir tenté d’emprunter l’aérolithe afin de le mettre en montre. Ces efforts échouent. Ces gens parviennent toutefois à obtenir la permission de faire un moulage de la météorite. Votre humble serviteur n’est toutefois pas en mesure de confirmer sa présence sur le site de l’exposition, à supposer que le moulage ait été fait bien sûr. La World’s Columbian Exposition commémore, avec un tantinet de retard peut-être, la découverte de l’Amérique par Christoforo Colombo, en octobre 1492.
L’échec des négociations tient apparemment au fait que le gouvernement dirigé par le président / dictateur mexicain José de la Cruz Porfirio Díaz Mori est inconfortable à l’idée de laisser aller ne serait-ce que temporairement l’objet unique qu’est l’aérolithe. Il y a là une certaine ironie compte tenu du fait qu’une bonne partie de l’économie du Mexique est alors aux mains des « yanquis, » grâce au laisser-faire du dit dictateur.
Votre humble serviteur doit avouer ressentir une certain inconfort à l’idée de commémorer Colombo, un homme qui fait preuve de réelle brutalité envers les populations autochtones qu’il rencontre sur le continent américain entre 1492 et 1504.
Ne l’oublions pas, la richesse d’états colonisateurs tels que les États-Unis et le Canada s’est bâtie (et se bâtit encore?) sur le dos de populations autochtones dépouillées de leurs patrimoine et terres, et trop souvent décimées, par les maladies, les lois ou la force des armes. L’héritage de Colomb / Colombo n’a rien de très réjouissant.
Et non, il n’y a rien de mal à réécrire l’histoire lorsqu’il est question de réparer une grave injustice. Les vies des blancs et blanches ne sont pas les seules qui comptent, mais revenons à notre sujet de la semaine.
Avant que je ne l’oublie, la météorite de Bacubirito fait partie des collections du Instituto Geológico de México au plus tard en 1911, et ce même si elle demeure sur son site d’impact. Remarquez, elle peut fort bien être intégrée à cette collection au cours des années précédentes, l’institut étant fondé en 1888.
Une nouvelle phase de l’histoire de notre aérolithe commence en 1902. Le Christophe Colomb de la Belle Époque dont il est question ici a pour nom Henry Augustus Ward. C’est un naturaliste, explorateur et aventurier américain fort intéressé par la géologie et la minéralogie. De fait, au cours des années 1850, alors qu’il a au maximum 25 ou 26 ans, Ward se balade en Europe et Afrique afin de dénicher des spécimens géologiques et minéralogiques intéressants. Et oui, son dada, sa passion, ce sont les météorites.
Ward enseigne les sciences naturelles (géologie et zoologie?) à la University of Rochester, à… Rochester, New York, entre 1860 et 1862. Il quitte alors cet emploi pour créer un cabinet de curiosité / collection connu, au plus tard en 1875, sous le nom de Natural Science Establishment. Ce dernier ne tarde pas à devenir célèbre pour ses spécimens d’histoire naturelle vendus à des fins éducatives, des spécimens qui vont de la reproduction d’un mollusque minuscule au crâne d’un éléphant, des spécimens qui incluent des squelettes, roches, minéraux, reproductions de fossiles, fossiles, animaux empaillés et j’en passe.
Remarquez, une bonne partie des spécimens du Natural Science Establishment est en montre lors d’expositions d’importance variable. Mentionnons à titre d’exemple la International Exhibition of Arts, Manufactures, and Products of the Soil and Mine, la première exposition universelle en sol nord-américain, qui se tient à Philadelphie, Pennsylvanie, de mai à novembre 1876. La dite exposition commémore le centenaire de la signature de la déclaration d’indépendance des États-Unis, formellement The Unanimous Declaration of the Thirteen United States of America, en juillet 1776.
Et oui, l’esclavage est tout à fait légal dans ces États-Unis en 1776, et cela malgré quelques mots au tout début de la dite déclaration, à savoir que « tous les hommes sont créés égaux, » des mots traduits qui laissent de toute façon de côté la moitié de la population blanche, mais je digresse.
Parlant (tapant?) d’animaux empaillés, vers 1875-76, au moins deux employés du Natural Science Establishment empaillent la peau du fameux éléphant de cirque Jumbo, tué par une locomotive à Saint Thomas, Ontario, en septembre 1885.
Soit dit en passant, Ward’s Natural Science Establishment Incorporated peut, je répète peut, encore exister sous une forme ou une autre en 2023. Une firme américaine, KDI Corporation, acquiert ce qui est alors une maison de fournitures scolaires moderne en avril 1970, mais revenons à Ward et à son dada météoritique / extraterrestre.
En 1897, la riche épouse de Ward, Lydia Ward, née Lydia Avery, s’allie avec un célèbre et riche collectionneur de minéraux américain, Clarence Sweet Bement, pour acheter une belle collection de météorites. Peu de temps après cet achat, toutefois, le beau-fils de Ward, Avery Coonley, né du premier mariage de son épouse, rachète la part de Bement. Dès lors, Ward entame la création d’une importante collection de météorites, la collection Ward-Coonley, qui compte environ 425 spécimens en 1900.
En avril 1901, Ward signe un accord avec le American Museum of Natural History de New York, New York, par le biais duquel ce dernier accepte de mettre en montre une (bonne?) partie de la collection. Le dit accord offre par ailleurs au musée une option d’achat avec premier droit de refus. Un détail intéressant, ne serait-ce que pour moi : Ward doit apparemment payer les frais de transport et organiser les vitrines lui-même.
Aux dires de certain, Ward compte alors parmi les plus grands collectionneurs de météorites au monde.
En 1912, quelques années après le décès de Ward, en juillet 1906, à l’âge de 72 ans, et après de longues discussions infructueuses avec au moins deux organisations muséales, sa veuve vend la collection Ward-Coonley au Field Museum of Natural History de Chicago, Illinois, où elle se trouve encore, mais revenons à la météorite de Bacubirito.
Intrigué par ce qu’il a lu et entendu sur cet aérolithe, Ward décide en 1902 de se rendre au Mexique afin de l’examiner de visu. De fait, il semble que ce soit lui qui introduit l’année 1871 comme étant celle de la découverte de la météorite. De fait, le récit raconté en 1903 par le susmentionné Rosst dérive pour une bonne part d’un article de Ward publié en 1902, mais je digresse.
Ayant obtenu des lettres d’introduction destinées au gouverneur et au directeur des mines du Sinaloa, gracieuseté de l’aimable directeur du Instituto Geológico de México, José Guadalupe Aguilera Serrano, Ward et une petite équipe semblent voyager par voie de terre, à travers la cordillère américaine, de Ciudad de México jusqu’à la ville portuaire de Manzanillo, Mexique. Le groupe s’embarque alors sur un navire allant vers le nord. Il débarque à un moment donné près de la capitale du Sinaloa, Culiacán, et y arrive à cheval – ou utilise-t-el des mulets? Quoiqu’il en soit, Ward et son équipe, renforcées par un photographe américain, entament alors un voyage de plus de 160 kilomètres (100 milles) – vraisemblablement à cheval, ou utilisent-ils des mulets?
Quoiqu’il en soit, encore, l’équipe trouve l’aérolithe dans un champ de maïs, dans un hameau (ou une ferme?) connu(e) sous le nom de Ranchito. Seule une fraction est visible. Son équipe ne pouvant excaver seule l’énorme aérolithe, Ward engage de trentaine de paysans locaux. Ceux-ci creusent le sol sur une surface d’environ 9 mètres par 9 mètres (30 pieds par 30 pieds). Une bonne partie de la météorite se trouve à plus de 1.2 mètre (4 pieds) sous la surface du sol. Après 2 ou 3 jours de dur labeur, l’ensemble de l’aérolithe est dégagé. Seule une petite colonne de roche la maintient en place. Souhaitant mieux voir le sol sous la météorite, Ward demande aux paysans de la faire pivoter en attaquant la petite colonne de roche avec des barres de fer.
Les paysans mexicains sont stupéfaits par la taille de l’objet qu’ils ont mis à jour. Ils sont tout aussi stupéfaits par la crédulité de ces Américains qui croient qu’une telle masse de fer est tombée du ciel. Beaucoup de paysans allemands, américains, britanniques, canadiens, français, italiens ou russes qui, comme leurs homologues mexicains, n’avaient pas eux-mêmes vu un rocher tomber du ciel. auraient été tout aussi incrédules. Et oui, ces sont ces paysans mexicains qui se trouvent sur la gravure qui se trouve au tout début de cet article. La dite gravure est bien entendu dérivée d’une photographie.
Aux dires de Ward, la météorite de Bacubirito mesure à peu de chose près 4 mètres de long, 1.9 mètre de large et 1.6 mètre de haut (environ 13 pieds de long, 6 pieds 2 pouces de large et 5 pieds 4 pouces de haut). Elle pourrait peser, pense-t-il, environ 45 tonnes métriques (environ 44.5 tonnes impériales / 50 tonnes américaines). Sa forme générale rappelle celle de la branche montante d’une énorme mâchoire.
Remarquez, certaines personnes suggèrent récemment que l’aérolithe ressemble à une gigantesque oreille.
Voyez-vous la branche montante d’une énorme mâchoire, une énorme oreille ou un énorme canard? Henry Augustus Ward semble presque se poser cette question, non loin de Bacubirito, Mexique, 1902. N. Rosst, « La grande météorite de ‘Bacubirito’ (Mexique). » La Nature, 14 février 1903, 172.
On peut se demander si la météorite est réenterrée avant le départ de Ward et de son équipe.
Soit dit en passant, un jeune chercheur du Instituto Geológico de México, Ernesto Angermann, peut, je répète peut, s’être rendu à Bacubirito en 1903 pour examiner l’aérolithe.
Cette même année, le fameux minéralogiste, pétrologue et professeur d’université allemand Emil Wilhelm Cohen publie un article sur deux météorite mexicaines, dont celle près de Bacubirito, nommée ici météorite de Ranchito. Le dit texte est publié dans Mitteilungen aus dem Naturwissenschaftlichen Verein für Neu-Vorpommern und Rügen in Greifswald et… Vous n’avez pas la moindre idée de ce que ce titre signifie, n’est-ce pas, ami(e) lectrice ou lecteur? Ne vous en faites pas. J’étais tout aussi déconcerté que vous. Une traductions du titre de ce périodique allemand se lit notices / communications de l’association des sciences naturelles pour la Nouvelle-Poméranie occidentale et Rügen à Greifswald.
Le fameux minéralogiste austro-hongrois Aristides Brezina, conservateur de la collection de météorites du Naturhistorische Museum, à Vienne, Autriche-Hongrie, une des plus anciennes et importantes au monde, publie également au cours des années 1900 un texte quelconque qui mentionne notre aérolithe.
Il en va de même pour ce qui est du fameux minéralogiste, pétrographe et professeur d’université allemand Ernst Anton Wülfing.
Quoiqu’il en soit, un article de la main de Ward paraît dans un numéro de septembre 1902 de l’hebdomadaire américain Nature. Et oui, c’est bel et bien l’article que votre humble serviteur a mentionné il y a quelques minutes. Plusieurs quotidiens américains et étrangers, y compris quelques quotidiens canadiens / québécois, tous anglophones, ne tardent pas à en citer des extraits.
En effet, les météorites fascinent un (large?) segment du public. Il suffit de songer à celles qui sont exposées au United States National Museum, l’actuelle Smithsonian Institution, à Washington, District of Columbia, au plus tard en 1916. Et oui, un moulage de la météorite de Bacubirito se trouve dans cette exposition. Le dit moulage demeure en montre pendant quelques / plusieurs décennies et… Vous en doutez, sceptique ami(e) lectrice ou lecteur? En voici la preuve…
Le moulage de la météorite de Bacubirito en montre au United States National Museum, Washington, District de Columbia. Jerry O’Leary, Junior, « Know Your Smithsonian. » The Sunday Star Magazine, 29 mars 1959, 3.
Au fil des ans, de nombreux scientifiques (géologues, astronomes, etc.) et de nombreuses / nombreux touristes et curieuses / curieux se rendent au Sinaloa pour voir et toucher ce fameux phénomène extraterrestre qu’est la météorite de Bacubirito. En 1924, un de ces curieux est nul autre que le président du Mexique, Álvaro Obregón Salido.
Une instance gouvernementale mexicaine, le commissaire municipal, Jesús Antonio Sepúlveda Velázquez, semble-t-il, fait construite un abri (en pierres?) ainsi qu’une clôture pour protéger la météorite des éléments, et des humains, vraisemblablement au cours des années 1920. Une personne se trouve par ailleurs sur place sur surveiller et protéger l’aérolithe.
En 1959, la météorite de Bacubirito se voit transportée au Centro Cívico Constitución, un grand parc récemment créé à Culiacán, afin de faciliter son étude, dit-on. (Ouais, tu parles…) Cette décision est en fait été prise à huis clos par une poignée de grosses légumes, possiblement les gouverneur et président municipal du Sinaloa, Gabriel Leyva Velázquez et Juan Bautista Obeso y Otilio Soto. Plusieurs gens de la région de Bacubirito ne sont pas particulièrement content(e)s de voir partir la météorite.
Comme il est dit (tapé?) plus haut, l’aérolithe est déménagé sur l’esplanade du Centro de Ciencias de Sinaloa, à Culiacán Rosales, le nouveau nom de la ville, en 1992, sur ordre du premier directeur de ce centre de sciences, Antonio Mora Stephenson – ou du gouverneur du Sinaloa, Francisco Buenaventura Labastida Ochoa. En 2023, il se trouve à l’intérieur du tout nouveau Centro de Ciencias de Sinaloa, afin de le protéger des éléments et d’éviter que des fissures présentes depuis longtemps ne deviennent trop importantes. Le déménagement semble avoir lieu après 2017.
Un colloque commémorant le 150ème anniversaire de la découverte de l’aérolithe se tient en octobre 2013, au Centro de Ciencias de Sinaloa.
Vers 2017, je pense, des chercheurs mexicains demandent au El Honorable Congreso del Estado de Sinaloa de voter une loi faisant de la météorite de Bacubirito un objet de patrimoine culturel et historique de l’état du Sinaloa. Un éminent membre de ce congrès et ancien recteur de la Universidad Autónoma de Sinaloa, à Culiacán Rosales, Víctor Antonio Corrales Burgueño, fait la promotion du projet de loi. Les législateurs ne voient pas d’objection à l’adopter en janvier 2018.
On évalue aujourd’hui, en 2023, la masse de la pierre tombée du ciel qu’est la météorite de Bacubirito, la plus grosse météorite mexicaine connue à ce jour, à environ 19.5 tonnes métriques (19 tonnes impériales / 21.5 tonnes américaines). La composition de cette météorite ferreuse / de fer? 89 % de fer, 7 % de nickel et 4 % d’autres éléments.
Cet aérolithe n’est bien sûr qu’un simple caillou comparé aux énormes aérolithes qui ont créé les hénaurmes cratères de Chicxulub, Manicouagan, Sudbury et Vredefort, respectivement situés au Mexique, au Québec, en Ontario et en Afrique du Sud.
Faites de beaux rêves, ami(e) lectrice ou lecteur, faites de beaux rêves. (Musique inquiétante jouant en arrière-scène)
Incidemment, l’expression « Une flamme dans le ciel du nord » est une traduction de A Blaze in the Northern Sky, qui est le titre d’un album très influent de 1992 sorti par Darkthrone, un groupe de type extreme / doom / death / black metal norvégien. Les mots « une cendre de feu sidéral, » quant à eux, proviennent d’une traduction du poème Meteorite de 1946 de l’écrivain, poète et théologien laïc anglo-irlandais Clive Staples « C.S. » Lewis. Pour citer le titre d’une chanson de 1988 popularisée par la danseuse / chorégraphe / chanteuse / actrice américaine Paula Julie Abdul, Opposites Attract – en français, les extrêmes s’attirent.
Vaya con Dios, mi amigo lector, y ruega que el cielo no caiga sobre tu cabeza.