Tinker, Taylor, monoplan
Aimez-vous les avions, ami(e) lectrice ou lecteur? Oui, vous les aimez, et moi aussi. Scrutons donc le profond puits du temps jusqu’au numéro du 19 juin 1959 de Flight, afin de raconter l’histoire d’un avion des plus intéressants. Et non, je ne suis pas payé pour rendre hommage à cet hebdomadaire britannique, un des plus grands périodiques aéronautiques / aérospatiaux des 20ème et 21ème siècles. Malheureusement.
Le personnage principal de l’histoire de cette semaine est John F. Taylor, un gentilhomme né au Royaume-Uni en 1922. Comme vous et moi, Taylor aime les avions. Contrairement à vous et moi, peut-être, il attrape le virus du vol de sa mère. Vous voyez, cette bonne dame travaille pour Sopwith Aviation Company Limited, un des grands avionneurs de son époque, pendant la Première Guerre mondiale. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur cinglé(e) d’aviation, la collection du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario, comprend des avions de chasse Sopwith comme le Pup, le Triplane, le 2F.1 Ship Camel et le 7F.1 Snipe. Cette dernière machine est mentionnée dans des numéros de novembre 2018 et février 2019 de notre blogue / bulletin / machin. Il convient de noter que le Pup et le Triplane sont des répliques réalisées dans les années 1960, mais revenons à notre histoire.
Au cours de sa jeunesse et de son adolescence, Taylor fabrique et teste des modèles de vol libre de célèbres avions de chasse de la Première Guerre mondiale, tels que le Sopwith F.1 Camel et la Royal Aircraft Factory S.E.5, un autre type présent dans la collection du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. Et oui, le S.E.5 est mentionné dans des numéros de novembre 2018 et avril 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Taylor rejoint le personnel de J.A. Prestwich & Company Limited en 1939, peu après le début de la Seconde Guerre Mondiale. Principalement connue à l’époque pour ses petits moteurs industriels à essence, cette firme marque également l’histoire dans d’autres domaines. Il suffit de mentionner les moteurs de motocyclettes JAP, utilisés dès le début du 20ème siècle sur de célèbres machines britanniques et étrangères. Leur production peut, je répète peut, avoir continué jusqu’aux années 1950 ou au début des années 1960. De nombreux passionnés de course utilisent ces moteurs fiables jusque dans les années 1970
Il convient de noter que le premier sujet britannique à effectuer un vol contrôlé et soutenu dans un avion de fabrication britannique au sein de l’empire britannique, en juillet 1909, utilise un moteur de motocyclette JAP pour propulser son Roe I Triplane. Cet individu est, vous l’avez deviné, Edwin Alliott Verdon Roe. Le fondateur de A.V. Roe & Company Limited, une des plus grandes entreprises de fabrication d’aéronefs du 20ème siècle, est mentionné dans un numéro d’octobre 2018 de notre blogue / bulletin / machin. Une brève digression si je peux me le permettre. Notre monde est inondé d’interconnexions et de coïncidences, n’est-ce pas?
Avant que j’oublie, J.A. Prestwich & Company fabrique du matériel cinématographique au début du 20ème siècle. Charles Urban Trading Company Limited compte parmi ses clients, et ici repose une histoire. Votre humble serviteur sera bref. Parole de fana.
L’intérêt de l’industrie cinématographique naissante pour l’aviation, elle aussi naissante, naît surtout à partir de 1908-09, alors que les premiers aéronefs vraiment réussis effectuent leurs premiers vols en public en Europe et en Amérique du Nord. La plupart de ces films ont aujourd’hui disparu, ce qui est bien dommage. Produit en 1909 par Charles Urban Trading, The Airship Destroyer / The Battle in the Clouds compte parmi les rares survivants. Ce court métrage britannique met en vedette un inventeur qui a mis au point un avion sans pilote capable de détruire un dirigeable en plein vol. Il tire profit de l’engouement suscité par un roman alors bien populaire, La guerre dans les airs. L’auteur de ce classique de la science-fiction mondiale paru en 1908, le Britannique Herbert George Wells, compte parmi les pères de la science-fiction mondiale. Croiriez-vous qu’il est mentionné dans des numéros de novembre et décembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin?
The Airship Destroyer est suffisamment populaire pour revenir en salles à quelques reprises entre 1909 et 1916. Comme plusieurs films à succès de l’époque, ce court métrage est plagié des 2 côtés de l’Atlantique. Le très fameux réalisateur et producteur américain David Wark « D.W. » Griffith compte parmi les auteurs du scénario d’une de ces copies, The Flying Torpedo, produit en 1916 par son propre studio, Fine Arts Films.
Charles Urban Trading produit par ailleurs The Flying Dispatch, le premier film qui montre une femme aux commandes d’un aéronef, ne serait-ce que par l’entremise de trucages. Ce court métrage arrive en salles en 1912.
Une dernière chose, si je peux me permettre de citer le lieutenant de police Columbo, interprété à la télévision par l’irremplaçable Peter Michael Falk. Le fondateur de J.A. Prestwich & Company, John Alfred Prestwich, commence sa carrière d’industriel en 1895 en fabriquant des instruments scientifiques dans un petit atelier situé derrière la maison de son père, sur Lansdowne Road, à Londres. Il se trouve que le parc Lansdowne, à Ottawa, est l’endroit où on peut trouver un bon restaurant à bières que votre humble serviteur aime pas mal. Le monde est petit monde, n’est-ce pas? Mais revenons à notre histoire.
Soit dit en passant, êtes-vous Columbophile?
Taylor et son frère tentent de s’enrôler dans la Royal Air Force (RAF) en 1940. Si ce dernier réalise son souhait, Taylor lui-même se fait dire que le poste qu’il occupe chez J.A. Prestwich & Company est suffisamment important pour qu’il y reste, ce qu’il a fait – pour le reste du conflit. Il n’est pas amusé.
Alors que les années 1940 s’achèvent, Taylor, nouvellement marié, a pratiquement abandonné son rêve de voler. Le coût des leçons de pilotage est tout simplement trop élevé, du moins le pense-t-il. Un ami lui suggère qu’une solution à son problème peut être trouvée dans une organisation des plus intéressantes. Le London Transport Flying Club (LTFC) est fondé en 1931 par un groupe de conducteurs de d’autobus londoniens qui, comme Taylor, souhaitent ardemment prendre l’avion mais n’ont que peu d’argent pour payer des cours de pilotage. Soutenu par l’association sportive de General Omnibus Company / London Passenger Transport Board, l’organisation de transport en commun de la capitale britannique, il dispense une formation à faible coût au personnel de l’entreprise ainsi, peut-être, qu’aux membres de leurs famille et à des ami(e)s. En raison d’une pénurie de chauffeurs d’autobus et, en prime, le fait que le permis de conduire d’autobus est fourni sans frais supplémentaires, Taylor postule pour un emploi. Il en obtient un. Taylor commence à prendre des cours de pilotage en 1950 à bord des de Havilland Tiger Moth du club, un type représenté dans la collection du susmentionné Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. Il obtient sa licence de pilote privé la même année. Incidemment, le LTFC est toujours actif en 2019.
Conscient du fait qu’il ne peut pas se permettre d’acheter un avion, Taylor décide, en 1954, d’en concevoir un qu’il peut construire lui-même. Cecil Hugh « Chookie » Latimer-Needham, un ingénieur en aéronautique et conférencier en conception d’aéronefs bien connu, accepte volontiers d’aider le concepteur d’avions en herbe. Le monoplan à 2 places que Taylor imagine s’avère un peu trop gros pour les moteurs disponibles à l’époque. Il est également un peu grand pour l’atelier où il doit être construit, un salon / salle à manger de 4.9 x 3.35 mètres (16 x 11 pieds) au deuxième étage de la résidence Taylor, avec une baie vitrée, le seul moyen de sortir de chaque élément de l’avion, dont la dimension diagonale dépasse à peine 1.35 mètre (4 pieds 6 pouces).
À contrecœur, Taylor retourne à sa planche à dessin en 1956. Son second concept est plus petit, plus léger et moins cher. À vrai dire, l’objectif de Taylor est de concevoir un avion monoplace pouvant être construit et piloté par des personnes ayant des compétences moyennes en construction et un minimum d’outils. L’aide de Latimer-Needham s’avère à nouveau inestimable. De plus, le bureau d’études de Hunting Percival Aircraft Limited / Hunting Aircraft Limited, une division du Hunting Group, vérifie les calculs et les dessins préliminaires de Taylor. Et oui, ce petit avionneur est mentionnée dans un numéro de juin 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Une brève digression si je peux me le permettre. Saviez-vous que Latimer-Needham immigre au Canada en 1967 pour se rapprocher de ses filles mariées? Maintenant vous le savez.
Au moment où les susmentionnés calculs et dessins préliminaires sont effectués et vérifiés, Taylor travaillé, peut-être en tant que dessinateur, pour Ford Motor Company Limited, la filiale britannique de Ford Motor Company, un géant américain de la construction automobile mentionné dans des numéros de décembre 2018, février 2019 et mars 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
À la fin de 1957, Taylor est prêt à commencer la construction de son avion. Il a cependant de gros obstacles à surmonter. Il ne sait pas où trouver le bois et les autres matériaux dont il a besoin et il n’a aucune expérience en montage d’avion. Le salut vient sous la forme d’un gentilhomme avec beaucoup d’expérience pratique dans ces questions.
Douglas Edward « Doug » Bianchi, propriétaire de Personal Plane Services Limited, est un entrepreneur et ex mécanicien navigant. Il trouve le bois et les autres matériaux dont Taylor a besoin et le guide dans le montage de son avion. Bianchi trouve également un moteur JAP pour propulser le nouvel avion. Mieux encore, il trouve un pilote prêt à le tester, un pilote expérimenté (retraité?) de la RAF, O.V. « Titch » Holmes, ce qui est bien pratique étant donné que la licence de pilote de Taylor a expiré. Avant que j’oublie, veuillez noter que la construction de l’avion commence vers avril 1958.
Une dernière chose si je peux me le permettre. Bianchi et Personal Plane Services deviennent assez connus dans les années 1960 et 1970 pour leurs travaux sur les avions historiques et leurs répliques, notamment en liaison avec l’industrie du film. Ils participent à la production de Ces merveilleux fous volants et leurs drôles de machines, ou, Comment j’ai volé de Londres à Paris en 25 heures et 11 minutes, Le crépuscule des aigles, Opération V2 et Le tigre du ciel, dont les premières ont lieu en 1965, 1966, 1969 et 1976.
Ces merveilleux fous volants et leurs drôles de machines compte parmi les favoris des passionné(e)s d’aviation. Cette excellente comédie britannique filmée par un studio américain montre les mésaventures d’aviateurs de quelques pays qui tentent de gagner une course aérienne fictive entre Londres et Paris en 1910.
Inspiré d’un roman, Le crépuscule des aigles raconte les aventures d’un fantassin allemand avide de gloire mais d’origine modeste. Celui-ci devient un as de la chasse, au grand dam de ses compagnons d’unité qui lui vouent un profond dédain. La représentation du personnage principal et antihéros n’a rien de romantique, sans être aussi brutale ou efficace que celle du roman. De ce fait, Le crépuscule des aigles n’est pas particulièrement réussi. Cela étant dit (tapé?), c’est le premier film de langue anglaise consacré à une pilote allemand. Il s’agit par ailleurs du premier long métrage qui met en lumière les efforts entrepris par les gouvernements des pays impliqués dans la Première Guerre mondiale pour faire des pilotes de chasse des héros plus grands que nature.
Opération V2 est, avouons-le, un film britannique plutôt décevant. Le scénario et la distribution de cette production à petit budget sont critiqués par beaucoup. Elle raconte l’histoire de membres d’un escadron de la Royal Air Force de 1944 équipé, vous l’avez deviné, de chasseurs bombardiers de Havilland Mosquito. Et non, il n’y aura pas de pontification sur cette machine, un des avions de combat les plus polyvalents de la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi votre humble serviteur évoque-t-il ce film, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Une bonne question Il nous est apparu qu’un des héros de Opération V2 est un pilote de l’Aviation royale du Canada. Incidemment, ce film s’inspire d’un long métrage britannique de 1964, Mission 633, dont le scénario et la distribution sont critiqués par beaucoup. Croiriez-vous que Opération V2 comprend certaines des images de vol spectaculaires de son prédécesseur?
Le tigre du ciel, quant à lui, s’inspire principalement d’un chef d’œuvre du théâtre britannique, Le grand voyage, datant de 1929, de Robert Cedric Sherriff, de même que d’un chef d’œuvre de la littérature aéronautique, l’autobiographie Sagittarius Rising de Cecil Arthur Lewis, parue en 1936. Ce long métrage franco-britannique ressemble aussi beaucoup aux films américains La Patrouille de l’aube, sortis en salle en 1930 et 1938. Le tigre du ciel relate avec forces détails la désillusion d’un jeune pilote de chasse. Le comédien canadien Arthur Christopher Orme Plummer y joue un officier vieillissant.
Dawn Patrol, un jeu de société produit par la société britannique TSR Incorporated, mérite qu’on s’y attarde quelques instants à ce point. Il tire son origine d’un jeu artisanal conçu par Michael « Mike » Carr, un jeune Américain fasciné par Le crépuscule des aigles. Ce jeu, baptisé Fight in the Skies vers 1968, attire l’attention de l’âme dirigeante de la Wargame Inventors Guild, un forum créé par la International Federation of Wargaming. Cette personne est nulle autre que Ernest Gary Gygax, co-inventeur américain du légendaire jeu de société Donjons et dragons. Un groupe de passionnés connu sous le nom de Fight in the Skies Society voit le jour en 1969. Une petite compagnie, Lowry’s Games, commercialise la première version professionnelle du jeu en 1972, sous la marque de commerce Guidon Games. TSR, une compagnie fondée par Gygax, lance une version mise à jour de Fight in the Skies en 1976. Une autre version avec un nouveau nom davantage commercial, Dawn Patrol, sort en 1982. Les membres de la Fight in the Skies Society attendent avec impatience l’arrivée en magasin d’une version modernisée alors que 2015 prend fin. Ils attendent encore.
Un ex-pilote de chasse de l’Aviation royale du Canada, Lynn Garrison, collabore avec l’armée de l’air irlandaise, le Air Corps ou Aerchóir, pour établir une collection d’avions anciens modifiés et de répliques d’avions de chasse utilisée lors du tournage de Le crépuscule des aigles. Cette collection est mise à contribution lors du tournage d’autres longs métrages aéronautiques de la période : Darling Lili, Le Baron rouge et Zeppelin, sortis en salle en 1970, 1971 et 1971.
Au fil des ans, Garrison est impliqué dans des projets pour le moins variés. Ce co-fondateur du Aero Space Museum of Calgary, à Calgary, Alberta, l’actuel Hangar Flight Museum, organise des spectacles aériens et dirige un magazine. Garrison est également pilote mercenaire en Afrique et conseiller politique / militaire en Haïti.
Darling Lili relate les efforts entrepris par une ravissante espionne allemande pour soutirer des informations d’un pilote de chasse américain vers 1917-18. Combinant de superbes numéros musicaux et des scènes de combats aériens palpitantes, sans trop de liens les uns avec les autres, ce long métrage américain ne connaît pas un grand succès commercial.
Le long métrage américain Le baron rouge, quant à lui, offre un contraste aussi intéressant qu’inexact entre l’as des as de la chasse allemande, le baron Manfred Albrecht von Richthofen, le fameux Baron rouge, et un as moins connu d’origine modeste, le Canadien Arthur Roy Brown. Le réalisateur fait du pilote allemand un preux chevalier perdu au 20ème siècle qui se trouve confronté à des rustres tels que Brown. Celui-ci n’est certes pas le héros du film. Dans les faits, von Richthofen et Brown sont des professionnels du combat aérien. Miné par les piètres performances des comédiens qui jouent ses principaux personnages, Le baron rouge est passablement ennuyeux. Ce long métrage un tant soit peu antimilitariste contient par ailleurs plusieurs erreurs factuelles. Pis encore peut-être, c’est un échec financier.
N’oublions pas Zeppelin, un long métrage par trop nostalgique. Il s’agit toutefois d’un des rares films consacrés aux dirigeables rigides allemands utilisés pendant la Première Guerre mondiale, mais revenons à notre constructeur amateur.
Il convient de noter que l’épouse de Taylor, Eva, aide volontiers son époux dans ses démarches. Par ailleurs, il convient également de noter que Taylor fabrique subrepticement certaines pièces métalliques de son avion dans l’atelier de fabrication de Ford Motor, apparemment pendant les heures de travail.
British Pathe News Limited et British Broadcasting Corporation entendent toutes deux parler du projet inhabituel de Taylor et se rendent à son domicile. Un bref clip produit par le premier peut être visionné à
Par une journée ensoleillée, fin juin 1959, les divers éléments du Taylor J.T.1 Monoplane, comme s’appelle la nouvelle machine, passent par la fenêtre du salon / salle à manger située au deuxième étage de la résidence Taylor. Ils glissent lentement et avec précaution sur des morceaux de bois inclinés. La baie vitrée est peut-être retirée pour des raisons de sécurité. Ce déménagement inhabituel fait sensation dans le quartier. Ford Motor fournit gracieusement à un ou quelques camions pour transporter les dits éléments vers un aérodrome situé à proximité, où Taylor assemble sa machine. Le Monoplane vole environ une semaine plus tard, début juillet. Holmes est très heureux. À vrai dire, le Monoplane ne nécessite aucune modification majeure. Un permis de vol est délivré sans plus tarder.
Certaines personnes qualifient le Monoplane de mini Spitfire – un éloge élevé, étant donné que le Supermarine Spitfire est un des avions de chasse les plus efficaces de la Seconde Guerre mondiale – et un des plus célèbres avions de chasse du 20ème siècle. Et oui, la collection du susmentionné Musée de l’aviation et de l’espace du Canada comprend un Spitfire. Non, elle comprend en fait 3 de ces avions. Incidemment, le Spitfire est mentionné dans des numéros de novembre 2018, février 2019 et mai 2019 de notre blogue / bulletin / machin, mais revenons à notre histoire – et au premier Monoplane.
Détail intéressant, White Waltham, le terrain d’aviation où Holmes effectue le premier vol du Monoplane, est le siège d’une organisation civile des plus intéressantes. Le Air Transport Auxiliary (ATA) est créé en 1939 pour transporter du courrier, du personnel, des fournitures, etc. destinées aux forces armées britanniques au sein des îles Britanniques. Il est bientôt chargé du convoyage des aéronefs de la Royal Air Force entre les diverses usines, unités de maintenance et bases. Le ATA s’avère pour ainsi dire indispensable tout au long de la Seconde Guerre mondiale.
Cinq jeunes Canadiennes remarquables, dont Helen Marielle Harrison Bristol, Violet « Vi » Milstead et Marion Alice Powell Orr, volent pour le ATA pendant la Seconde Guerre mondiale, mais revenons à notre histoire.
Il semble que Taylor pilote son Monoplane pour la première fois en septembre 1960. Un peu avant ou après ce jour, il commence à recevoir des lettres de constructeurs amateurs canadiens et américains désireux d’acquérir des séries de plans. Taylor est assez surpris par la tournure des événements. Désireux d’aider, il produit une série de plans qu’il fait dupliquer pour l’envoi. Ces plans deviennent disponibles en mars ou avril 1961.
Le Monoplane devient ainsi le premier avion britannique de construction amateur britannique conçu après la Seconde Guerre mondiale pour lequel des plans sont disponibles. À son tour, Taylor est un des pionniers du mouvement britannique de construction amateur de la période qui suit la Seconde Guerre mondiale. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur, la construction amateur est mentionnée à quelques reprises depuis septembre 2017 dans notre blogue / bulletin / machin.
Taylor vend son Monoplane en 1961. Il a besoin de cet argent pour pouvoir verser un acompte sur une maison avec 3 chambres à coucher. Vous pouvez peut-être heureuse / heureux d’entendre (lire?), ou non, que le premier Monoplane est équipé, en 1964, d’un moteur d’automobile modifié fabriqué en Allemagne de l’Ouest par Volkswagen Gesellschaft mit beschränkter Haftung. Ce type de moteur est un des quelques modèles utilisés au cours des années par les constructeurs amateurs qui fabriquent des Monoplane. Trois ou 4 propriétaires plus tard, en 1985, le premier Monoplane se retrouve au Portugal. Il est acquis par un pilote britannique en 1989. Le précieux prototype réalisé par Taylor est cloué au sol en 2012. Il peut maintenant être vu au Newark Air Museum, à Newark, Angleterre.
Au fur et à mesure que le Monoplane gagne en popularité aux États-Unis, des constructeurs amateurs locaux commencent à installer des moteurs plus puissants et plus lourds, afin d’améliorer les performances. Veuillez noter que cette partie de notre histoire a une fin tragique. Conscient de cela, et peut-être préoccupé par les risques potentiels encourus, Taylor conçoit un dérivé à haute performance du Monoplane. Le J.T.2 Titch remporte le second prix d’un concours de concepts d’avions de course miniatures organisé en 1964. Il est intéressant de noter que le commanditaire de ce concours, Rollason Aircraft and Engines Limited, est la société responsable de l’installation d’un moteur Volkswagen dans le prototype du Monoplane. La construction d’un prototype de la nouvelle machine de Taylor commence en février 1965. Le Titch vole pour la première fois au début de janvier 1967. Il s’écrase en mai de cette année-là, tuant son concepteur. Une enquête conclut que l’avion n’est pas à blâmer.
Refusant de laisser périr le rêve de son époux, Eva Taylor continue de vendre les plans du Monoplane et du Titch. Leur fils, Terry Taylor, reprend le flambeau vers 1987. Les ventes de plans se poursuivent en 2019.
En autant que le Monoplane est concerné, à la fin des années 1980, des séries de plans sont vendues à des constructeurs amateurs de plus de 30 pays, dont l’Afrique du Sud, l’Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni. À la fin des années 2000, pas moins de 150 Monoplane ont été achevés en Afrique, en Amérique, en Europe et en Océanie. Le premier avion construit en dehors du Royaume-Uni appartient apparemment à un gentilhomme américain du nom de Hugh Beckham. Son monoplan, baptisé Fifinella, vole pour la première fois en août 1964 et…
Pourquoi ce regard perplexe, ami(e) lectrice ou lecteur? Se pourrait-il que vous ne sachiez pas qui est Fifinella? Non? Et bien, ce diablotin femelle est un des personnages d’un livre pour enfants, The Gremlins, publié en 1943 par le célèbre auteur, pilote de chasse, poète et scénariste britannique Roald Dahl. Croiriez-vous que ce livre devait accompagner un long métrage d’animation de Walt Disney Production Limited qui ne voit pas la lumière du jour? Incidemment, ce film gremlinien n’est pas le seul produit aéronautique sur lequel ce célèbre studio travaille pendant la Seconde Guerre mondiale.
Une des œuvres les plus originales, pour ne pas dire étranges, sur le bombardement aérien est sans nul doute Victoire dans les airs, sortie en salles en 1943. Ce documentaire d’animation réalisé par Walt Disney Productions décrit les théories concernant la victoire via la puissance aérienne élaborées dans le livre du même titre, publié en anglais en 1942 par Alexander de Seversky, né Alexandr Nikolaïevitch Prokofev-Severskii, un Américain d’origine russe qui est pilote et ex-dirigeant d’une avionnerie américaine. Victoire dans les airs est un échec commercial.
Et oui, fidèle ami(e) lectrice ou lecteur, Walt Disney Production est mentionné dans un numéro de novembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin. Ais-je mentionné que notre monde est un monde interconnecté? Oui? Trop souvent?
En ce qui concerne le Titch, des séries de plans sont rapidement vendues à des constructeurs amateurs de plus de 20 pays et colonies d’Afrique (África Occidental Portuguesa (Angola actuel), Afrique du Sud, Kenya et Rhodésie du Sud (Zimbabwe actuel)), Amérique (Brésil, Canada, États-Unis et Mexique), Asie (Japon), Europe (Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Islande, Italie, Royaume-Uni, Suède et Suisse) et Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande).
Votre humble serviteur ne peut pas dire combien de Monoplane sont achevés au Canada. De toute apparence, il n’y en a que quelques-uns. Encore une fois de toute apparence, le certificat d’enregistrement du dernier expire en 1986. Ce Monoplane est achevé en 1967 à Vancouver, Colombie-Britannique. Ce peut fort bien être le troisième avion complété par Morris C. Wilson.
Un Monoplane testé en mai 1965, après 2 ans de travaux, par Yvan C. Bougie de Valleyfield / Nitro, Québec, fait la couverture du numéro de novembre 1970 de Sport Aviation, le magazine mensuel de la Experimental Aircraft Association (EAA), la plus importante organisation d’aviation légère / construction amateur au monde, basée aux États-Unis.
Pilote depuis 1959, alors qu’il a environ 24 ans, Bougie vend son Monoplane, connu sous le nom de Miss Valleyfield, à un ami. Il a déjà décidé de construire un second avion. Incapable de trouver un concept qui corresponde à ses exigences, Bougie entreprend de concevoir sa propre machine biplace. Il peut apparemment compter sur l’aide de deux d’amis, ainsi que sur celle de son épouse et de ses enfants. Superficiellement similaire en apparence au Grumman F8F Bearcat, un avion de chasse basé sur porte-avions de la United States Navy, introduit trop tard pour se battre au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Hauscat vole pour la première fois en mai 1973 et… Vous avez saisi le jeu de mots? Hauscat, house cat / chat de maison? Bien. Poursuivons.
À l’époque, Bougie est un soudeur qui travaille pour une entreprise de maintenance qui travaille à l’usine de Valleyfield de Goodyear Tire & Rubber Company of Canada Limitée, une filiale de Goodyear Tire and Rubber Company, un géant de l’industrie automobile américaine mentionnée dans un numéro de novembre 2017 de notre blogue / bulletin / machin. En 1977, il est contremaître chez Du Pont of Canada Limited de Côteau-du-Lac, Québec, une filiale du géant industriel américain E.I. Du Pont de Nemours & Company. Pourquoi est-ce que je dis (tapes?) ceci? Et bien, lisez la suite et découvrez-le.
Un article de journal de 1977, si, 1977, affirme que Bougie remporte un prix lors de l’édition de 1974 de la EAA Annual Convention and Fly-In, l’actuelle EAA Airventure Oshkosh, le plus grand spectacle aérien au monde, organisé, vous l’aurez deviné, par la EAA. Il affirme également que le succès de Bougie suscite une avalanche de lettres, jusqu’à 3 000 dit-on, venant de pays aussi éloignés que la Suisse et le Chili, demandant des informations ou des séries de plans. Environ 125 Hauscat seraient en construction. Mieux encore, deux groupes de détenus, en Italie et au Royaume-Uni, reçoivent l’autorisation de construire leur propre Hauscat. Votre humble serviteur n’est pas en mesure de confirmer ces affirmations, mais je vais continuer de fouiller.
Au milieu de 1977, Bougie achève les plans de son second concept original d’aéronef de construction amateur. De toute apparence, cette machine à décollage et atterrissage courts quadriplace n’est pas complétée. On peut se demander si la construction de cet avion a même commencé. De fait, le certificat d’immatriculation du Hauscat de Bougie expire en mai 1982. Celui d’un avion léger / privé Cessna Modèle 120 dont il est propriétaire expire en août de la même année, ce qui peut indiquer un ou quelques changements sérieux dans la vie de ce gentilhomme.
Si cela ne vous dérange pas, votre humble serviteur pense que c’est un endroit aussi propice qu’un autre pour terminer cet article. Qu’en pensez-vous? Bien. Ciao. Et oui, la EAA est mentionnée dans des numéros de septembre et octobre 2017 de notre blogue / bulletin / machin.
J'aimerais remercier les personnes qui ont fourni des informations. Toute erreur contenue dans ce texte est mienne, et pas la leur.