Un exemple stellaire de la contribution faite par les gens qui choisissent le Canada : Quelques mots sur la vie et l’époque de la docteure Margaret Beznak
Bonjour, amie(e) lectrice ou lecteur, bonjour. Votre humble serviteur aimerait s’éloigner un tant soit peu de ses sujets de prédilection pour vous offrir un petit quelque chose sur la médecine, un des nombreux sujets examinés par un des musées du groupe dont fait partie le faramineux Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario, nommément le Musée des sciences et de la technologie du Canada, également à Ottawa.
Le premier paragraphe de l’article paru dans le numéro du 3 février 1960 du quotidien La Tribune de Sherbrooke, Québec, la ville natale de vous savez qui, non, pas Lord Voldemort, qui donne naissance à l’article que vous contemplez en ce moment, avec un œil frais et un poil lustré, mérite d’être cité : « La fameuse situation où la secrétaire épouse son patron prend une tournure toute nouvelle dans le cas du Dr Margaret Beznak, 45 ans, qui poursuit des travaux de recherche à Ottawa. » Et vive la patriarchie!
Vous vous souviendrez que la personne qui rédige ce texte est une dame, et non pas un dinosaure.
Dérogeant à mon approche habituelle, votre humble serviteur va entamer son récit en commençant par le commencement et… Que dites-vous, amie(e) lectrice ou lecteur? Mon style de présentation est d’un chronologisme à ce point classique que vous le trouvez un peu monotone? Euh, bon.
Il était une fois, dis-je, chronologiquement, une petite famille hongroise au sein de laquelle est née, en 1914, Hortobagyi Margit. Ses parents sont médecins. De fait, son père est chirurgien en chef dans un hôpital de Budapest, la capitale de la partie hongroise de l’Autriche-Hongrie, le Pays de la couronne de Saint Étienne ou Transleithanie. Hortobagyi compte en fait 7 médecins parmi ses proches parents.
Suivant la tradition familiale, tout comme son frère d’ailleurs, Hortobagyi fait des études en médecine. Elle obtient son diplôme universitaire à la Magyar Királyi Pázmány Péter Tudományegyetem en 1939.
Hortobagyi épouse le physiologue hongrois Beznak Aladar vers 1934, quelques mois après leur première rencontre. Ce dernier est alors son supérieur / professeur / mentor… Et oui, amie(e) lectrice ou lecteur, c’est ce qui explique la phrase cité par votre humble serviteur au début de ce numéro de notre blogue / bulletin / machin. Hortobagyi et Beznak étudient alors les mystères du cœur humain.
En 1935, Beznak est nommé professeur de physiologie à la Magyar Királyi Pázmány Péter Tudományegyetem. Il dirige aussi l’institut de physiologie de cette université. Son épouse l’appuie dans ses travaux.
Beznak quitte Budapest avec son épouse en 1946 pour occuper le poste de directeur d’un institut de recherche en biologie, le Magyar Biológiai Kutatóintézetet.
Les séjours de Beznak au Royaume-Uni en 1925-27 et 1935, de même que ses contacts avec des chercheurs d’Europe occidentale, entraînent son renvoi en 1948 par le gouvernement imposé par la force par l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Ne l’oublions pas, la Hongrie est à toute fin utile occupée par l’URSS à partir de 1945. Beznak et son épouse prennent alors la route de l’exil, après avoir parcouru une distance d’environ 32 kilomètres (20 milles) à pied afin d’atteindre la frontière. Toutes leurs possessions tiennent alors dans un sac.
Beznak et son époux demeure quelques temps à Stockholm, Suède, avant de se rendre à Birmingham, Angleterre. Elle travaille sur les causes des maladies cardiaques à la University of Birmingham grâce à une bourse du Medical Research Council britannique. C’est probablement vers cette époque que Beznak Margit et Aladar deviennent Margaret et Aladar Beznak.
Beznak et son époux traversent l’Atlantique en 1953 et s’établissent dans la région d’Ottawa, à Hull, Québec, plus précisément semble-t-il. Elle et il ne tardent pas à se joindre au personnel d’Université d’Ottawa. Beznak devient professeure adjointe / assistante en 1956. Son époux, quant à lui, accède à la direction du département de Physiologie de la faculté de Médecine.
L’époux de Beznak meurt en juillet 1959, à l’âge 58 ans. Confiante de ses capacités, Beznak pose sa candidature pour le remplacer à la tête du département de Physiologie. Elle obtient le poste avant même la fin de l’année. Bien que Beznak soit très exigeante, elle est reconnue pour sa compréhension, son dévouement, son équité, son intelligence, son travail acharné et son soutien sans faille au corps étudiant.
Cette nomination ne met certes pas fin à sa carrière de chercheuse. Cela étant dit (tapé?), Beznak effectue le gros de ses travaux pendant la période des vacances estivales. Au fil des ans, elle publie et co-publie un grand nombre d’articles dans des magazines spécialisés américains, britanniques, canadiens, ouest allemands, etc. En 1964, Beznak reçoit d’ailleurs un prix d’excellence en recherche décerné par l’Université d’Ottawa.
Beznak devient vice-doyenne de la faculté de Médecine à une date indéterminée. Elle siège au Sénat de la dite faculté et occupe par ailleurs le poste de doyenne par intérim à des dates toutes aussi indéterminées – 2 premières pour une femme œuvrant à l’Université d’Ottawa. Mieux encore, Beznak est la première femme élue au Bureau des gouverneurs de l’Université d’Ottawa – une première pour une femme au Canada. Cela étant dit (tapé?), il est à noter qu’elle affirme à un certain moment ne pas souscrire pas aux idéaux féministes.
Beznak prend une retraite bien méritée en 1979. L’Université d’Ottawa lui décerne peu après le titre de professeure émérite.
« Mama » Beznak, comme l’appellent des générations d’étudiant(e)s, quitte ce monde en janvier 1999, à l’âge de 84 ans.
Paix et longue vie, amie(e) lectrice ou lecteur.