« Halloa! Il se passe quelque chose d’étrange là-haut; » Ou, Comment un aérolite de la taille d’une maison a raté de justesse un cargo mixte au milieu de l’océan Atlantique Nord en août 1907, partie 2
Bonne journée à vous, ami(e) lectrice ou lecteur préoccupé(e). Lire à propos de rochers, nenni, de montagnes tombant du ciel, peut donner lieu à des cauchemars – ou à des films catastrophe. Après tout, les intrépides Gaulois qui habitaient le village rendu célèbre par Astérix, Obélix et Panoramix ne craignaient qu’une chose, que le ciel leur tombe sur la tête. Les réalisateurs et producteurs de films savent depuis longtemps à quel point les films catastrophe fascinent le public.
Ce qui pourrait être le premier exemple du type montagnes tombant du ciel sort en salles en Italie en septembre 1958. Même si La morte viene dallo spazio / Le danger vient de l’espace ne fait pas partie des chefs-d’œuvre du 7ème art, ce long métrage italo-français n’est pas sans mérite. Après tout, votre humble serviteur en a parlé dans un numéro de septembre 2018 de notre excellent blogue / bulletin / machin.
Et non, l’écrasement d’une météorite près du cargo mixte britannique SS Cambrian, en août 1907, ne sera pas au cœur de cette seconde partie de cet article. Votre humble serviteur attirera plutôt votre attention sur quelques cas de visites interplanétaires et les occasionnels impacts possibles d’une météorite qui pourraient, je répète pourraient, être liés au dit écrasement. Allons-nous commencer? Et oui, c’était effectivement une question rhétorique. N’avez-vous pas compris ce détail, après presque 7 ans?
Tôt le matin du 6 août 1907, un objet remarquable est aperçu dans le ciel d’El Paso, Texas. Se déplaçant lentement du sud-ouest vers le nord-est, une sphère jaune verdâtre de la taille d’un ballon de football demeure visible pendant plus de 45 minutes. Des pluies d’étincelles jaillissent de la queue blanche, apparemment longue d’environ 15 mètres (environ 50 pieds), qui suit cet objet ressemblant à une comète.
Et non, les braves gens d’El Paso n’ont pas vu de vaisseau spatial extraterrestre. Une affirmation aussi extraordinaire nécessiterait des preuves tout aussi extraordinaires, pour paraphraser un aphorisme prononcé sous une forme ou une autre dès le 18ème siècle, mais je digresse.
Dans la soirée du 11 août, une énorme explosion secoue de nombreuses, sinon la plupart des maisons de la petite ville de Tonopah, Nevada. De nombreuses personnes voient également une grande masse ardente et / ou une lumière aveuglante. Plus tôt dans la soirée, certaines de ces personnes avait observé une des plus belles pluies de météores qu’elles et ils n’aient jamais vue.
Elles et ils sont naturellement perplexes. Le dynamitage d’une mine ne se fait pas la nuit et il n’y a pas de magasins d’explosifs à proximité. Quelqu’un suggère bientôt qu’une météorite est tombée près de Tonopah, au nord du mont Brougher, ou plus loin, dans le désert. Certaines personnes commencent bientôt à la chercher. Apparemment, elles ne trouvent rien.
Incidemment, ce que les braves gens de Tonopah voient, ce sont sans aucun doute les Perséides.
Et non, la météorite de fer / météorite ferreuse / sidérite d’environ 1 450 kilogrammes (environ 3 200 livres), un corps céleste connu aujourd’hui sous le nom de météorite Quinn Canyon, trouvée à l’embouchure de la gorge Quinn, au Nevada, au plus tard en novembre 1908, ne peut pas être liée à l’observation du 11 août 1907. Voyez-vous, la quantité de corrosion trouvée à sa surface n’aurait pas pu être créée en seulement 15 mois.
Au cours de la même soirée, oui, celle du 11 août, les habitant(e)s d’Albuquerque, Nouveau-Mexique, tentant de repérer la comète C/1907 L2 (Daniel), oui, celle qui est mentionnée dans la première partie de cet article, sont témoins d’une des plus grandes et belles pluies de météores observées dans ces régions. À son apogée, cette prestation époustouflante produit de 5 à 10 étoiles filantes par minute. Le ciel du sud est illuminé de leur lueur. Cette prestation dure quelques heures.
Incidemment, ce que les braves gens d’Albuquerque voient, ce sont sans aucun doute les Perséides.
Dans la soirée du 12 août, une énorme boule de feu entourée d’un halo multicolore et suivie d’une large et très longue queue d’étincelles et flammes traverse le ciel au-dessus de Wheeling, Virginie occidentale. Ce spectacle époustouflant est également observé à Cadix, Ohio, et Sistersville, Virginie occidentale, respectivement à environ 25 kilomètres (environ 16 milles) et à plus de 70 kilomètres (environ 45 milles). La lumière qu’elle produit est suffisante pour lire un journal.
Presque immédiatement après que l’objet ait disparu de la vue, les gens entendent un énorme bruit semblable à une explosion, suivi d’un long rugissement. Les explosions secouent les maisons et font trembler la vaisselle dans les armoires. Wah!
C’est probablement vers ce même 12 août qu’une petite météorite (environ 14 centimètres de long et environ 7.5 centimètres de large (environ 5.5 pouces de long et environ 3 pouces de large)) serait tombée dans une cour à Perrysburg, Ohio, près de Toledo. Dans l’espoir d’y trouver un ou quelques diamants, la maîtresse de maison la fend en deux avec un ciseau et une hache. Ne trouvant rien à l’intérieur de la roche d’environ 750 grammes (environ 26 onces), à part une sorte de fleur blanche, elle le jette avec découragement sur un chat errant qui n’avait absolument rien fait pour mériter cela. La roche se retrouve rapidement dans les bureaux d’un journal local, Toledo Times.
Votre serviteur doute beaucoup que cette roche soit réellement une météorite. La dame aurait entendu quelque chose.
Et oui, en 1907, beaucoup de gens pensent que des diamants poeuvent être trouvés à l’intérieur de météorites. Voyez-vous, en 1891 et 1892-93, un minéralogiste / médecin / professeur américain, Albert Edward Foote, et deux scientifiques français, le chimiste / pharmacien / professeur Ferdinand Frédéric Henri Moissan et le chimiste / minéralogiste / professeur Charles Friedel trouvent de minuscules diamants dans des fragments de la météorite Canyon Diablo, le corps céleste qui a sculpté le Meteor Crater / cratère Barringer, en Arizona il y a environ 50 000 ans.
En 1904, cependant, il est démontré que ces diamants ne sont rien de plus que du carbure de silicium / carborundum, un minéral très dur très rare sur Terre mais plutôt commun dans l’espace extra-atmosphérique, mais je digresse, un de mes nombreux défauts.
Le soir du 14 août, un météore traverse le ciel au-dessus d’Omaha, Nebraska. Le choc de son impact avec notre grosse bille bleue est ressenti dans toute la partie Est de la ville. Le lendemain, quelqu’un tombe sur le trou de 1.5 mètre (5 pieds) laissé par cet objet dans la terre molle d’un marécage. Avant longtemps, une cinquantaine d’étudiants de Creighton University / Universitas Creightoniana, à Omaha, remue ciel et terre, enfin, principalement de la terre, dans l’espoir de localiser la météorite enfouie. Le responsable du site peut très bien être le professeur d’astronomie de Creighton University, le jésuite William F. Rigge.
Et oui, le plan est de placer la météorite dans musée de l’université.
Ce rocher céleste n’a jamais été retrouvé, si tant est qu’il n’ait jamais existé.
Dans la matinée du 18 août, de nombreux habitant(e)s de Cornwall et Lincoln, Vermont, sont tirés de leur sommeil paisible par un bruit très fort. Certains craignent qu’un tremblement de terre se soit produit. Un tremblement de terre comme celui qui avait secoué des maisons et brisé de la vaisselle à Newport, Vermont, en octobre 1905.
Dans d’autres localités du Vermont, Bristol, Montpellier et Ripton par exemple, certaines maisons tremblent. De plus, de nombreuses décorations murales et tableaux encadrés tombent et quelques fenêtres sont brisées. Re-wah! Certain(e)s habitant(e)s de ces villes se demandent si une locomotive a explosé ou si des bandits ont fait sauter une banque.
Dans certaines localités, les gens voient une boule de feu brillante avant que le bruit énorme ne se fasse entendre. De nombreuses Vermontoises et Vermontois croit rapidement qu’un gros météore est tombé près des Montagnes Vertes. De fait, certain(e)s pensent que l’objet a touché le sol au sud de Bristol.
Un célèbre professeur américain de physique et génie électrique au Polytechnic Institute in Brooklyn, à New York, New York, qui se trouve à Middlebury, Vermont, pour rendre visite à des ami(e)s et / ou parent(e)s, est profondément intrigué. Samuel Sheldon passe du temps à chercher la météorite. Il est déjà question de l’exposer lors de l’édition 1908 de la Addison County Fair, à Middlebury, qui se tiendrait fin août. Sheldon ne trouve rien, s’il y avait quelque chose à trouver en premier lieu.
En début de soirée du 18 août, oui, du 18 août 1907, un grand nombre d’habitant(e)s du hameau côtier d’Amagansett, Long Island, New York sont stupéfait(e)s de voir un objet flamboyant et extrêmement bruyant, de taille incertaine (environ 6 mètres (environ 20 pieds)? environ 23 mètres (environ 75 pieds)?), avec une longue traînée, passer comme l’éclair à travers le ciel et heurter l’eau près de la station de sauvetage. L’observation entière n’a duré qu’environ 45 secondes.
D’énormes vagues déferlent rapidement sur le rivage, arrachant des filets de pêcheurs de leurs amarres, emportant quelques pavillons de baignade et causant des dégâts considérables aux propriétés riveraines. Certaines personnes qui se trouvent près du rivage sont presque emportées. Un grand nombre de poissons morts est signalé. De nombreuses personnes les récoltent, pour les vendre ou les consommer.
Dans la soirée du 23 ou 24 août 1907, de nombreuses personnes dans les villes texanes de Houston et Beaumont voient une lumière éblouissante dans le ciel. Certain(e)s, sinon plusieurs, pensent que ce quelque chose a heurté la Terre à plusieurs kilomètres (quelques milles) de Beaumont – ou qu’il a heurté les eaux de la rivière Neches, qui traverse Beaumont, non loin du Hotel-Dieu Hospital.
De fait, un agriculteur qui vit au sud de Beaumont pense que ce quelque chose a frappé la Terre à environ 5 kilomètres de sa maison. Le lendemain matin, il tombe sur un trou entouré d’herbes brûlées. Ce trou contient une roche d’une trentaine de kilogrammes (environ 67 livres) qu’il emmène à Beaumont le 27 août. Cette roche a apparemment la forme et la taille d’un melon d’eau.
Les propriétaires de E.L. Wilson Hardware Company, une firme locale de quincaillerie, O.K. McKnight et Homer Chambers, donnent à l’agriculteur 25 $ ÉU pour sa roche, une somme qui correspond à un peu plus de 1 100 $ en devises canadiennes de 2024. Ils exposent apparemment leur acquisition.
Une opinion personnelle si je peux me permettre. Ce fermier s’est fait rouler dans la farine. Il aurait dû demander beaucoup plus de pognon.
Contacté par des journalistes, Chambers refuse poliment de divulguer l’identité du fermier, mais ajoute que ce gentilhomme sait où un fragment de météorite beaucoup plus gros peut être trouvé et qu’il le déterrerait.
Il convient de noter qu’un ingénieur civil et ancien géomètre d’état du nom de Philip Grymes Omohundro examine la prétendue météorite et déclare qu’il s’agit du véritable article. La surface de la roche lourde et grise est brûlée et meurtrie comme par le feu.
Divers scientifiques du Texas sont impatients d’examiner la roche du fermier pour en savoir plus. L’un d’eux est l’ingénieur (minier / métallurgique / civil) / géologue / chimiste expérimental bohémien américain Wilhelm H. von Streeruwitz. Sa conclusion, exposée dans une lettre envoyée à E.L. Wilson Hardware, fin septembre, est que la roche du fermier n’est pas une météorite.
Des dépêches notent qu’un objet semblable à une comète observé à l’Est depuis quelques jours n’a pas été vu depuis le spectacle de lumière du 23 ou 24 août. Et oui, tout comme vous, votre humble serviteur se demande si l’objet en question n’est pas la susmentionnée comète C/1907 L2 (Daniel).
Une chose étrange à propos des observations de météores à Beaumont est le fait que, à peine une semaine auparavant, un astrologue qui se fait appeler Umbriel avait prédit que la ville serait détruite par un cyclone le 25 août. Plusieurs / la plupart des gens se moquent de cette idée. Certaines personnes sont quelque peu vexées qu’un individu ayant choisi de rester anonyme choisisse de troubler la paix des bonnes gens de Beaumont. Et il est vrai que certain(e)s sont troublé(e)s par la prédiction d’Umbriel.
Certaines personnes sont si inquiètes qu’elles auraient creusé des bris anti-tempête, juste au cas où.
La présence de la comète C/1907 L2 (Daniel) ne fait qu’accroître l’anxiété des personnes concernées par la prédiction d’Umbriel.
Remarquez, la visite de ce que des témoins appellent un navire aérien, en anglais airship, dans la nuit du 22 au 23 août, n’améliore pas les choses. Le véhicule aérien en question se déplace d’est en ouest à grande vitesse, plus de 160 kilomètres/heure (100 miles/heure), dit-on, et transporte une puissante lumière. Alors que la Lune brille cette nuit-là, la coque du dirigeable et la nacelle suspendues en dessous sont clairement visibles.
Il va sans dire, mais votre humble serviteur le dira quand même, qu’aucun dirigeable ne survole Beaumont en août 1907. Ce que les témoins s’imaginent avoir vu n’est selon toute vraisemblance rien de plus exotique qu’une étoile filante, ou la comète C/1907 L2 (Daniel).
Comme vous pouvez l’imaginer, ceux et celles qui ont exprimé leur inquiétude quant à la destruction prochaine de Beaumont sont très soulagé(e)s une fois le 25 août passé.
En retour, il y a beaucoup de gens à Beaumont qui sont assez coché(e)s à cause de la peur qu’Umbriel avait provoquée. Cet individu choisit sagement de garder son identité secrète.
Ce qui peut être le corps principal de l’objet vu par les braves gens de Houston et Beaumont est retrouvé le 29 août, je pense, à environ 3 kilomètres (environ 2 milles) de Nederland, Texas, au sud-est de Beaumont. Il se trouve au fond d’un trou de plus de 2 mètres (environ 7 pieds) de profondeur.
Et non, cet objet n’a jamais été déterré, à condition qu’il ait été là en premier lieu.
Dans la nuit du 26 août, un météore tombe sur une crête entre Nevada City et Grass Valley, deux municipalités situées en… Californie. Des témoins déclarent que l’aérolite incandescent est tombé verticalement, avec un mouvement giratoire. Heureusement, il ne déclenche pas de feu de forêt. Quelques voire plusieurs personnes cherchent le visiteur aérien mais ne trouvent rien.
En fin d’après-midi du 9 septembre, les bonnes gens d’Albuquerque sont béni(e)s une fois de plus par une visite d’en haut. Cette fois-là, cependant, le gros météore est visible pendant moins de 10 secondes avant de se briser en plusieurs fragments qui touchent apparemment notre planète quelque part dans les monts Sandia, à l’est de la ville.
Le météore est vu par des écolières et écoliers émerveillé(e)s à Santa Fe, Nouveau-Mexique, au nord-est d’Albuquerque. Il est plus brillant que le soleil.
Le même météore passe également au-dessus de Santa Rosa, Nouveau-Mexique, une ville située à une certaine distance à l’est d’Albuquerque, se déplaçant vers l’est ou le nord-est et donnant au ciel un aspect laiteux en s’éloignant. La force des deux explosions qui suivent le passage de l’aérolite quelque temps plus tard, 1 ou 2 minutes peut-être, est formidable. Certaines personnes à l’intérieur d’une banque, hôtel et école, des bâtiments en brique et pierre dans tous les cas, craignent qu’ils ne s’effondrent. À leur tour, des ingénieurs travaillant sur des locomotives de manœuvre des gares de triage locales craignent que leurs machines ne déraillent.
Les gens semblent s’entendre pour dire qu’un météore de taille prodigieuse est tombé à au moins 40 kilomètres (25 milles) de Santa Rosa.
Et oui, le météore est vu à de nombreux autres endroits du Nouveau-Mexique. Mentionnons par exemple Los Alamos, Los Tanos et Roswell.
Los Alamos est bien sûr l’endroit où une installation ultra secrète est créée, pendant la Seconde Guerre mondiale, pour concevoir les premières bombes atomiques, et… Oui, ce Roswell-là, celui rendu célèbre par l’écrasement d’une soucoupe volante en juillet 1947 qui n’a jamais vraiment eu lieu.
De nombreuses résidentes et résidents de Roswell sont sûr(e)s que l’aérolite est tombé quelque part à proximité. De fait, un trio de prospecteurs venus du Kansas se précipitent dans un champ à l’est de Roswell après avoir vu le visiteur céleste filer dans le ciel. Ils le cherchent pendant environ deux heures avant d’abandonner leur quête. Le trio est convaincu que la météorite a été avalée par le sol meuble.
Il est intéressant de noter que William H. Burr, un médecin bien connu basé à Gallup, Nouveau-Mexique, affirme que, alors qu’il roulait sur un sentier entre Clarkville, Nouveau-Mexique, et Gallup, à l’ouest d’Albuquerque, une météorite avec une queue enflammée de plusieurs mètres (verges) de long est tombée à environ 100 mètres (environ 330 pieds) devant lui. Ayant une affaire importante à régler, il ne passe pas beaucoup de temps à la chercher. Affirme le bon docteur, en traduction : « Peut-être aurais-je dû la chercher plus longtemps, car on dit que les météores contiennent des diamants et, en tout cas, ils font de bons poids pour maintenir les portes ouvertes. »
À leur tour, le révérend H.L. Hoover et son fils, Ernest Hoover, deux individus qui vivent à plusieurs kilomètres (quelques miles) au nord-ouest d’Estancia, Nouveau-Mexique, une petite ville au sud-est d’Albuquerque, rentrent chez eux avec un chargement de bois coupé lorsque, affirment-ils, deux fragments de météorite touchent le sol.
L’un d’eux éclate bruyamment en plusieurs fragments alors qu’il tombe relativement près du chariot des hommes. Bien que l’autre soit tombé beaucoup plus loin, laissant une traînée de fumée, le bruit qu’il produit est plus fort, ce qui pourrait indiquer qu’il est plus gros que le premier fragment. On ne sait pas si ces gentilshommes font des efforts pour localiser les météorites.
Compte tenu des informations qu’il a pu recueillir, Fayette Alexander Jones, un gentilhomme aux multiples talents (arpenteur, chimiste, commissaire aux routes, comptable, directeur d’école, meunier, etc.), plus connu en tant qu’ingénieur des mines, conclut rapidement que les fragments de l’énorme aérolite ne sont pas écrasé dans les monts Sandia. Il cherche ces fragments au nord-est de Santa Rosa, à environ 15 kilomètres (environ 10 miles) de la petite ville. Selon les apparences, Jones n’en trouve aucun.
Ceci étant dit (tapé?), un gros fragment de météorite est découvert le 12 septembre, dans la soirée, près de Montoya, Nouveau-Mexique, à l’est de Santa Rosa. Il a creusé un grand trou dans le sol et un peu de végétation autour du trou brûlait encore.
Un agriculteur trouve un autre fragment pesant plus de 35 kilogrammes (environ 80 livres). Il l’emmène à Tucumcari, Nouveau-Mexique, à l’est de Santa Rosa, au plus tard le 14 septembre. Le dit fragment est bientôt mis en exposition.
Et non, votre humble serviteur ne peut pas dire si ces fragments sont de véritables météorites.
Ce que je peux dire, cependant, c’est que de la fumée obscurcit le ciel après le passage du météore du 9 septembre. Une odeur semblable à celle de soufre brûlant persiste dans l’air pendant des heures. La dite odeur effraie les bovins de nombreux ranchs, les faisant fuir.
Y a-t-il d’autres observations de météores en Amérique du Nord après la mi-septembre 1907, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur aux yeux étoilés? Bien sûr qu’il y en a. Il suffit de mentionner celles qui attirent l’attention de nombreux habitant(e)s de Washington, District de Columbia, et de New York dans la soirée du 1er octobre. Remarquez, cet objet est également vu au Maryland et en Pennsylvanie, au-dessus de Thurmont et Danville par exemple.
Mieux encore, une météorite de la taille d’un ballon de football suivie d’une queue enflammée explose à Dubois, Pennsylvanie. Une météorite de la taille d’un tonneau se serait écrasée un peu à l’extérieur de la ville, à moins de 25 mètres (environ 80 pieds) d’un responsable de Pennsylvania Railroad Company, A.G. Lowry.
Y a-t-il des observations au-delà des côtes de l’Amérique du Nord au cours de l’été 1907, demandez-vous encore une fois, ami(e) lectrice ou lecteur aux yeux étoilés? Bien sûr qu’il y en a. Le soir du 7 août, par exemple, un météore voyageant en direction nord-nord-ouest illumine la campagne à proximité de Taroom, Roche Creek, Bungaban, etc., Queensland, Australie. Environ 90 secondes après son passage, deux grosses explosions sont entendues – et la terre tremble légèrement pendant quelques secondes. De nombreux résidents locaux pensent que le météore n’est pas tombé trop loin de Bungaban.
Alors qu’elles rentrent chez elles après être allées à l’église, à Newstead, Victoria, Australie, le soir du 25 août, plusieurs femmes auraient eu le choc de leur vie lorsqu’une petite météorite illumine le ciel et s’écrase à quelques mètres (verges) en avant d’elles, s’enfouissant dans le sol.
Détail intéressant, dans la soirée du 5 octobre, certains membres d’équipage et passagers du cargo britannique SS Castillian Prince, exploité par Prince Line Limited, voient un météore très brillant alors que leur navire navigue vers le nord, près des côtes du New Jersey, en direction de New York. Le visiteur céleste tombe du zénith en direction de l’ouest avant de disparaître.
Détail plus intéressant peut-être, dans la soirée du 17 octobre 1906, certains membres de l’équipage du cargo britannique SS African Prince, exploité par… Prince Line, avaient vu un météore très brillant s’écraser dans les eaux de l’océan Atlantique, assez près de leur navire.
e qui est peut-être encore plus intéressant, c’est qu’un numéro du début août 1907 d’un journal anglais, The Liverpool Echo, dit ceci, en traduction : « Une affaire curieuse a été la destruction d’un navire pétrolier en acier dans le fleuve Irrawaddy, Birmanie, qui aurait été frappé par la foudre. Il est cependant possible que ce ne soit pas la foudre, mais une météorite qui en ait été la cause. »
Même si cela se situe bien en dehors de notre période de recherche, votre humble serviteur serait négligent de ne pas signaler une histoire de météorite des plus remarquables datant de 1907, mais veuillez noter que ce n’est pas une histoire heureuse.
Dans la matinée du 6 décembre, je crois, un météore s’écrase dans un champ, à quelques pas d’une maison à Bellefontaine, Ohio, qui appartient à un certain W. Westhaven. Cette maison prend immédiatement feu et est détruite, obligeant celles et ceux qui s’y trouvent à ce moment-là à fuir. Le bruit, la fumée et l’éclat de l’objet effrayent le cheval monté par un certain C.E. Beckett alors qu’il passe près de la dite maison. Ce gentilhomme est éjecté et subit de multiples blessures, à savoir une fracture de la clavicule, une jambe cassée et des blessures internes.
Remarquez, dans une autre version de l’histoire, Beckett conduit un boghei à un cheval lorsque le météore frappe. Ce gentilhomme n’est pas blessé.
Selon une autre version de l’histoire, Beckett aurait été éjecté son boghei quand son cheval s’enfuit. Il subit de multiples blessures, à savoir une fracture de la clavicule, une jambe cassée et des blessures internes graves, voire dangereuses.
Selon une autre autre version de l’histoire, Beckett aurait été éjecté de son boghei lorsque son cheval s’enfuit. Les blessures qu’il subit causent rapidement sa mort.
Il est même suggéré que le cheval qui conduit le boghei de Beckett est tellement effrayé qu’il renverse ce véhicule.
Quoi qu’il en soit, le trou creusé par la météorite dans un champ appartenant à un certain Thomas Nelson est dit-on d’une profondeur d’environ 7.5 mètres (25 pieds). Des résidents de l’endroit commencent rapidement la formidable tâche consistant à extraire la météorite qui mesure environ 3 à 3.5 mètres (10 à 12 pieds) de diamètre. Les braves gens de Bellefontaine espèrent exposer ce rocher gigantesque. En fin de compte, ils ne trouvent rien.
Alors que la nouvelle de l’écrasement de la météorite parvient à New York, le célèbre American Museum of Natural History de cette ville peut, je répète peut, avoir envoyé un de ses scientifiques à la recherche du corps céleste. Lui non plus ne trouve rien, à supposer qu’une recherche ait eu lieu.
Maintenant, je vous demande, ami(e) lectrice ou lecteur, pensez-vous vraiment qu’une masse rocheuse de la taille mentionnée ci-dessus, une masse rocheuse pesant plusieurs dizaines de tonnes métriques (tonnes impériales / tonnes américaines), aurait créé un cratère dont le diamètre ne semble pas assez important pour le mentionner? Avant de répondre, veuillez noter que l’objet qui a taillé le susmentionné Meteor Crater / cratère Barringer, une cicatrice d’environ 1 200 mètres (environ 3 900 pieds) de diamètre dans le paysage de l’Arizona, ne mesurait qu’une cinquantaine de mètres (environ 165 pieds) de diamètre.
Alors, qu’en pensez-vous? Un canular ou une histoire très déformée?
Quoi qu’il en soit, encore une fois, davantage de journaux britanniques et français que de journaux américains peuvent, je répète peuvent, avoir mentionné cette histoire. Des journaux français rapportent même que Beckett se trouvait à l’intérieur de la maison qui avait été détruite et qu’il avait été tué.
La chose étrange à propos de cet événement vraisemblablement inexistant est qu’une météorite est vue tomber vers midi près de West Mansfield, Ohio, à l’est de Bellefontaine, en janvier 1908. Elle est repérée par 2 hommes creusant un fossé. Charles Gilbert et M.L. Van Voorhis ne parviennent cependant pas à la trouver.
Un agriculteur trouve un fragment d’environ 1.8 kilogramme (environ 4 livres) de cet aérolite vers le 25 janvier, alors qu’il laboure un champ. Charles Edgar McColloch apporte sa découverte aux bureaux d’un journal local, West Mansfield Enterprise. Peu de temps après, un autre agriculteur, G.R. Armstrong, apporte une pierre d’environ 8.8 kilogrammes (environ 19.5 livres) dans ces mêmes bureaux.
Votre humble serviteur ne peut pas dire si l’une ou l’autre de ces roches est réellement une météorite.
Incidemment, pendant plusieurs années, une roche noire et métallique que l’on pense être une météorite se trouve près d’un coin de rue à Bellefontaine, près de McBeth School. On ignore malheureusement où se trouve actuellement cet objet plutôt grand et lourd, mesurant environ 1.2 mètre de large et environ 90 centimètres de haut (environ 4 pieds de large et environ 3 pieds de haut).
Il est intéressant de noter que, quelque peu avant et après les nombreuses observations de corps célestes dans le ciel des États-Unis en août, de nombreux quotidiens américains publient en feuilleton un roman de 1904 écrit par un prolifique écrivain / journaliste anglais du nom de Louis Tracy. The King of Diamonds: A Tale of Mystery and Adventure raconte l’histoire d’un garçon anglais récemment devenu orphelin, Philip Anson, qui est sur le point de mettre fin à ses jours lorsqu’une toute petite météorite tombe devant sa fenêtre, dispersant des diamants (!) partout sur le sol.
Comme il fallait s’y attendre, la nouvelle richesse d’Anson attire une attention indésirable. Croiriez-vous qu’une paire de pas bons tente de l’occire? Toujours le héros, Anson leur pardonne. Il donne un poste à un de ses assassins potentiels et envoie l’autre au… Canada, avec suffisamment d’argent pour commencer une nouvelle vie.
Parlant (tapant?) de commencer, sinon une nouvelle vie, du moins les préparatifs pour le prochain repas, votre serviteur vous laissera partir maintenant.
Soyez prudent(e).
Oh, juste une dernière chose. L’assassin potentiel anglais n’est pas le seul sujet britannique envoyé au Canada pour commencer une nouvelle vie. Nenni. Des centaines, voire quelques milliers de résidents étrangers entretenus, en anglais remittance men, comme on appelle ces exilés, viennent dans ce pays, principalement dans sa partie occidentale, pendant quelques décennies, à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle.
Ne voulant plus tolérer les comportements embarrassants, voire inacceptables (alcool, f*rn*c*t**n, jeu, etc.) de ces dépravés, leurs familles les envoient en Afrique du Sud, en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, ou aux États-Unis, pour se débarrasser d’eux. Pour toujours.
Remarquez, quelques, sinon plusieurs résidents étrangers entretenus sont des fils cadets de la haute bourgeoisie ou aristocratie anglaises qui, selon les règles successorales de l’époque, des règles restées en vigueur jusqu’en 1925, n’ont pas accès à la richesse de leur famille, la dite richesse étant transférée de fils aîné à fils aîné.
Quel que soit leur caractère, les résidents étrangers entretenus sont munis de pognon ou on leur promet un versement mensuel régulier, quoique limité, tant qu’ils restent à l’écart.
Veuillez noter que ce qui suit est bien triste.
Se retrouvant dans des régions du Canada où la vie ne ressemble en rien à la vie en Angleterre, les résidents étrangers entretenus sont parfois (souvent?) la cible de plaisanteries. Souvent dépourvus de toute formation pratique, certains, voire plusieurs d’entre eux, doivent trouver un emploi, souvent subalterne, pour joindre les deux bouts. Tous ne parviennent pas à s’adapter à leur nouvelle situation. Certains résidents étrangers entretenus finissent par s’enlever la vie.
Curieusement, le bain de sang mécanisé connu sous le nom de Première Guerre mondiale s’avère être un tournant décisif, bien que mortel, pour de nombreux résidents étrangers entretenus. Un grand nombre d’entre eux rentrent chez eux en 1914 pour rejoindre la British Army et combattre. De nombreux anciens résidents étrangers entretenus sont certes morts, mais certains d’entre eux finissent par hériter de la fortune familiale suite au décès de leurs frères aînés, tués pendant la guerre, parfois au désespoir de leurs proches, qui n’avaient pas prévu ce coup du sort. L’univers, semble-t-il, a le sens de l’humour. Désolé, désolé.
L’auteur de ces lignes tient à remercier les personnes qui ont fourni des informations. Toute erreur contenue dans cet article est de ma faute, pas de la leur.