« On dirait une clé à tube animée, » mais il a volé il y a 70 ans, 2 mois et 6 jours; Ou, Comment un Blériot Type XI fabriqué Alberta a effectué un vol aller-retour illégal d’une heure et 40 minutes entre Calais à Douvres en juillet 1955, partie 2
Comme l’a prédit dans les années 1550 l’apothicaire / astrologue / auteur / médecin français de renommée mondiale Michel de Nostredame, vous êtes revenu(e), ami(e) lectrice ou lecteur, et… Non, votre humble serviteur ne croit pas à l’astrologie. L’astrologie est un non-sens total et une pure foutaise. Mon horoscope me l’a dit.
J’ai utilisé cette introduction pour cette seconde partie de notre article sur l’aéronef Blériot Type XI construit à Calgary, Alberta, en 1952-53, par des étudiants du Provincial Institute of Technology and Art (PITA), car je ne trouvais pas d’introduction que je n’avais pas utilisée moult fois auparavant. Compte tenu de votre réaction, je m’abstiendrai de l’utiliser à nouveau. Pour toujours.
Alors, on commence?
Fin mai 1955, Jean Henri Brion Chopin de La Bruyère, un des copropriétaires du dit Type XI, décolle du Calgary Municipal Airport, à… Calgary. Le vol se déroule à merveille.
Cependant, après son retour sur terre, de La Bruyère commence à craindre que sa machine, qui n’a pas de freins, ne quitte la piste pavée vers de l’herbe, gravier ou autre. Il saute de l’aéronef alors qu’il roule, à une vitesse d’environ 40 kilomètres/heure (environ 25 milles/heure), et réussit à l’arrêter avant qu’il ne quitte la piste. Ce faisant, il se brise toutefois un pied.
De La Bruyère passe la nuit au Colonel Belcher Hospital de Calgary avant de monter à bord d’un avion de ligne à destination d’Edmonton, Alberta, son lieu de résidence, où le personnel du University Hospital lui pose un plâtre au pied.
Curieusement, en juillet 1909, alors qu’il traverse la Manche, le pionnier de l’aviation français Louis Charles Joseph Blériot doit également faire face à une blessure au pied. Début juillet, le manchon isolant en amiante recouvrant un tuyau d’échappement sur un Type XI s’était détaché lors d’un vol lors de la toute première rencontre aérienne organisée sur la planète Terre, le Concours d’aviation organisé près de Douai, France, fin juin et début juillet. Les brûlures subies par Blériot sont très graves, et douloureuses. Il utilise encore des béquilles le jour de sa traversée de la Manche, mais revenons à notre histoire.
Comme vous pouvez l’imaginer, les articles de journaux sur le vol transmanche à venir du Type XI attirent l’attention de nombreux philatélistes du monde entier qui demandent à de La Bruyère s’il accepterait d’emporter quelques lettres avec lui pendant le dit vol, des lettres qu’il endosserait et enverrait après sa descente en Angleterre. Le jeune pilote accepte sans hésiter.
Un peu avant la mi-juin, le Type XI participe au spectacle aérien organisé à l’occasion de la Journée de la Force aérienne à la base de l’Aviation royale du Canada (ARC) de Namao, près d’Edmonton. Cependant, ce jour-là, les vents sont si forts qu’Alastair Auld « Sandy » Mactaggart, le partenaire d’affaires de de La Bruyère et second copropriétaire du dit Type XI, choisit de ne pas voler. Le Type XI roule cependant devant la foule qui assiste au spectacle aérien. Et oui, un certain nombre de membres de l’ARC retiennent l’aéronef pour s’assurer que le vent ne le renverserait pas.
Une nièce de Blériot qui habite Morinville, Alberta, est sur place pour discuter avec Mactaggart et examiner le Type XI. Marie-Paule Blériot est ravie d’être l’invitée spéciale de l’ARC.
Quoi qu’il en soit, le Type XI devait être mis en caisse très peu de temps après ce spectacle aérien. L’aéronef serait ensuite mis dans un train en route vers le port de Montréal, Québec. Il serait ensuite embarqué sur un bateau à destination de la France.
L’homme qui a supervisé la construction de l’aéronef, Stanley N. « Stan » Green, emboîterait le pas peu de temps après. Il devait traverser l’océan Atlantique par voie maritime et arriver en France avant la mi-juillet pour remonter le Type XI et le préparer à son vol transmanche.
De La Bruyère et Mactaggart prévoyaient de s’envoler pour la France à la mi-juillet. Mactaggart viendrait comme pilote de relève ou réserve au cas où de La Bruyère se retrouverait incapable de voler.
Du moins c’était le plan.
Compte tenu du changement de propriétaire du Type XI, cependant, oui, celui achevé en 1953 dont vous avez entendu parler dans la première partie de cet article, compte tenu aussi du fait que cet aéronef ne répond pas aux exigences modernes de navigabilité, le Contrôleur de l’aviation civile du ministère des Transports, Robert E. « Bob » Dodds, informe de La Bruyère et Mactaggart à la mi-juin que le Type XI ne serait pas réimmatriculé. Pis encore, il ne pourrait plus être autorisé à voler au Canada.
Ceci étant dit (tapé?), Dodds ajoute que, compte tenu de la valeur historique considérable du Type XI en tant que type d’aéronef, les deux hommes pourraient vouloir contacter une branche de la Division de génie mécanique du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), à Ottawa, Ontario. Voyez-vous, à l’époque, l’Établissement aéronautique national (ENA) parraine l’idée de lancer un musée de l’aviation au Canada, vraisemblablement à Ottawa. Dodds pense que l’ENA serait ravi d’acquérir le Type XI.
Une brève digression si je peux me le permettre. L’ENA est mentionné dans un numéro de décembre 2022 de notre blogue / bulletin / machin à couper le souffle. Le CNRC, en revanche, y est mentionné à de nombreuses reprises, et ce depuis mai 2018. Fin de la digression.
Quelques jours après avoir reçu la note de Dodds, de La Bruyère lui envoie une note pour souligner que le Secrétariat général à l’aviation civile et commerciale du ministère des Travaux publics et des Transports français ne lui permettrait pas de traverser la Manche si le Type XI ne disposait pas d’une immatriculation ou certification, même temporaire ou expérimentale.
Compte tenu de l’énorme publicité que son vol donnerait au PITA et à l’Alberta, de La Bruyère demande au ministère des Transports de reconsidérer sa décision. Autrement, le Type XI, qui est en route vers la France, du moins le prétend de La Bruyère, devrait être cédé à quelqu’un dans ce pays, et cela après de sérieuses dépenses de la part de Maclab Construction Company Limited d’Edmonton, la firme fondée par de La Bruyère et Mactaggart.
Dodds répond que le ministère ne peut pas reconsidérer sa décision.
Ne voulant pas abandonner, de La Bruyère et Mactaggart envisagent de contacter le Ministry of Transport and Civil Aviation britannique pour voir s’il serait disposé à leur accorder une immatriculation ou certification.
Il convient peut-être de noter à ce stade que Dodds en vient à croire que de La Bruyère et / ou Mactaggart pilotent le Type XI après l’annulation de son immatriculation.
Il est intéressant de noter que le capitaine de corvette Robert Frank Lavack, commandant du VC 924, l’escadron de réserve de la Branche aéronavale royale du Canada de la Marine royale du Canada, est filmé aux commandes du Type XI lors d’un vol au-dessus du Calgary Municipal Aircraft. Ce vol a vraisemblablement lieu avant l’annulation de la dite immatriculation.
Quoi qu’il en soit, de La Bruyère et Mactaggart mettent le Type XI en caisse dans un train fin juin. Une fois arrivé à Montréal, l’aéronef est chargé à bord d’un cargo, le SS Beaverlodge, également à la fin juin. Ce navire est à destination du port de Le Havre, France.
Et oui, le SS Beaverlodge est exploité par Canadian Pacific Steamships Ocean Services Limited, une filiale de Canadian Pacific Railway Company de Montréal, un géant du transport canadien mentionné quelques / plusieurs fois dans notre blogue / bulletin / machin depuis avril 2018. Canadian Pacific Steamships Ocean Services, d’autre part, est évoquée à quelques reprises dans notre incontournable publication, et ce depuis septembre 2022, mais je digresse.
Il se trouve que quelque 18 000 d/bardeurs de différentes villes portuaires britanniques reprennent le travail début juillet après six semaines de grève. Comme vous pouvez l’imaginer, cet arrêt de travail a sérieusement affecté les chargement et déchargement d’un grand nombre de navires, jusqu’à 300 par jour, pense-t-on, et ce tant au Royaume-Uni qu’ailleurs. En conséquence, le SS Beaverlodge arriverait à Le Havre seulement 2 jours avant que de La Bruyère ne fasse son vol transmanche.
Compte tenu du temps limité dont il disposerait et du fait que le susmentionné Green n’a pas pu réserver de place sur un navire en raison de la grève, de La Bruyère devrait récupérer le Type XI et le remonter lui-même afin de la préparer pour son vol transmanche. Comment va l’expression encore? Quand il pleut, c’est le déluge?
Un Jean Henri Brion Chopin de La Bruyère souriant mais en difficulté montant à bord de l’avion de ligne de la Société Air France qui le transporterait à Paris, France. Anon., « –. » The Calgary Herald, 14 juillet 1955, 31.
De la Bruyère quitte le Canada un peu avant la mi-juillet. Croiriez-vous que, même si son plâtre a été retiré, il doit (choisit?) quand même monter avec des béquilles l’escalier mobile menant à son avion de ligne de la Société Air France?
Le vol transmanche n’est cependant pas la seule aventure aérienne que La Bruyère a en tête. Nenni. Croiriez-vous qu’il fait (sérieusement?) remarquer aux journalistes qu’il espère traverser l’océan Atlantique, entre l’Europe et l’Amérique du Nord, à bord du Bréguet Br XIX Point d’Interrogation dans lequel Dieudonné Costes et son navigateur, Maurice Alexis Jacques Bellonte, ont traversé ce même océan, en septembre 1930. Après que cet aéronef âgé de 26 ans ait été rafraîchi, bien sûr.
De La Bruyère pense que cet aéronef appartient toujours à Bréguet Aviation Société anonyme, la firme dirigée par son grand-père, le pionnier français de l’aviation Louis Charles Bréguet, décédé en mai 1955 à l’âge de 75 ans. Il se trompe.
Le Br XIX appartient au Musée de l’Air, le musée national de l’aviation de France, alors situé à Chalais-Meudon, France. Et il est inconcevable sur la Terre verte du monstre spaghetti volant que le conservateur de cette institution muséale, le fameux aéronaute / historien de l’aéronautique français Charles Dollfus, permette qu’un tel vol ait lieu, mais revenons à notre histoire.
Quelques jours après son arrivée en Europe, de La Bruyère se rend à Douvres, Angleterre, pour voir par lui-même le champ où Blériot s’est posé en juillet 1909. Il pense que le champ tel qu’il existe en 1955 est trop petit.
Bien conscient que les conditions météorologiques pourraient l’empêcher de décoller le 25 juillet, de La Bruyère compte rester quelques jours à Calais, le temps que les choses s’éclaircissent.
Soit dit en passant, de La Bruyère peut être descendu à l’Hôtel du Sauvage, à Calais, l’endroit même où, selon certains, Blériot est descendu en juillet 1909.
À la mi-juillet, l’attaché de l’aviation civile et des communications du Bureau du Haut-Commissariat du Canada à Londres, Angleterre, envoie une note au ministère des Affaires extérieures, à Ottawa, qui transmet la dite note au ministère des Transports.
John Henry « Tuddy » Tudhope indique que l’attaché de l’air britannique à Paris, France, vraisemblablement l’attaché de l’aviation civile, Raymond Burkett, a informé ses supérieurs que de La Bruyère tenterait de traverser la Manche le 25 juillet.
Tudhope demande si le susmentionné Dodds peut confirmer cette nouvelle et fournir quelques informations au Bureau du Haut-Commissariat du Canada à Londres.
Pourquoi le Bureau du Haut-Commissariat du Canada à Londres s’intéresse-t-il aux activités de de La Bruyère, demandez-vous, cher ami(e) lectrice ou lecteur? Une bonne question. Voyez-vous, le dit bureau avait reçu quelques questions de la presse (britannique? canadienne??), ainsi qu’au moins une du Ministry of Transport and Civil Aviation.
Peu après la mi-juillet, Tudhope informe le ministère des Transports que de La Bruyère a déclaré aux journalistes qu’il détenait un certificat de navigabilité pour le Type XI. Compte tenu de la décision de ce ministère de ne pas réimmatriculer cet aéronef après sa vente à Maclab Construction, le Bureau du Haut-Commissariat du Canada à Londres et le Ministry of Transport and Civil Aviation se demandent où de La Bruyère a obtenu son certificat de navigabilité, à condition que, en fait, il en ait un.
Le Ministry of Transport and Civil Aviation pense qu’il aurait pu obtenir ce document vital auprès du Secrétariat général à l’aviation civile et commerciale. Il ne peut cependant pas confirmer cette hypothèse.
Compte tenu de l’arrivée tardive du Type XI en France, de La Bruyère indique aux journalistes environ 3 jours avant son décollage prévu que le vol transmanche n’aurait lieu qu’à la toute fin juillet.
Conscient qu’il est que le pilote / restaurateur et constructeur d’aéronefs anciens français Jean-Baptiste Salis prévoit une traversée de la Manche à bord d’un Type XI immatriculé en France, de La Bruyère plaisante auprès des journalistes en disant qu’ils pourraient tous deux faire le voyage ensemble.
Quelques jours avant le jour où il espère faire son vol transmanche, de La Bruyère contacte par télégramme le ministère des Transports pour lui indiquer qu’il est prêt à redonner la propriété du Type XI au PITA. Il semble s’attendre à ce que (espérer que?) ce retour au propriétaire initial de l’aéronef signifierait que sa certification serait elle-même à nouveau valide.
De La Bruyère ajoute qu’un Type XI immatriculé en France concurrence désormais le Type XI canadien. De fait, cet aéronef a été autorisé à voler par le Secrétariat général à l’aviation civile et commerciale. Pourquoi le ministère des Transports ne pourrait-il pas faire la même chose, demande de La Bruyère?
La réponse du ministère est que le Type XI n’est plus immatriculé au Canada. Une ré-immatriculation ne peut pas être accordée car il ne répond pas aux exigences modernes de navigabilité.
Ceci étant dit (tapé?), le ministère précise qu’il ne s’oppose pas au vol transmanche prévu à condition que le ministère des Travaux publics et des Transports et le Ministry of Transport and Civil Aviation ne s’y opposent pas eux-mêmes.
Le jour même où il avait espéré traverser la Manche, le 25 juillet, de la Bruyère se trouve en l’air près de Calais, à bord de l’avion léger / privé d’un pilote français qui avait accepté de survoler la zone où le vol doit avoir lieu. Remarquez, les deux hommes se rendent également à Calais pour voir Salis décoller vers Douvres.
Le hasard veut que les deux hommes rencontrent un banc de brouillard. Désireux d’atterrir au plus vite, le pilote français se pose sur ce qui s’avère être une plage bondée. Personne n’est blessé mais les personnes présentes en sont quittes pour une bonne frousse.
Lorsque le pilote français tente de décoller, les roues de sa machine s’enfoncent dans le sable. Le nez du dit aéronef se plante dans le dit sable. Ni le pilote français ni son passager nord-américain ne sont blessés.
De La Bruyère, semble-t-il, n’a vraiment pas de chance.
Incidemment, le brouillard ainsi que quelques vents forts maintiennent Salis et son Type XI fermement au sol ce jour-là. Ces mêmes conditions l’empêchent de voler le lendemain.
Ces retards entretiennent l’espoir de de La Bruyère de pouvoir récupérer son Type XI du SS Beaverlodge, de le remonter et de le préparer avant que son rival français ne traverse la Manche. Je sais, je sais, il se raccroche à n’importe quoi.
Interviewé par des journalistes, de La Bruyère souhaite bonne chance à Salis, ajoutant que si ce dernier vole premier, il lui emboîterait le pas quelques jours plus tard.
Pourtant, nombreux sont ceux et celles à Calais qui pensent (espèrent?) que de La Bruyère et Salis pourraient décider de transformer en course leur projet de traverser la Manche séparément.
Une telle course n’a pas lieu. Voyez-vous, Salis quitte l’aéroport de Calais, près de Marck, France, le 28 juillet 1955, avec 5 aéronefs modernes à sa suite comme escorte. Il est acclamé.
Salis avait espéré décoller de Sangatte-Blériot-Plage, le site d’où Blériot avait décollé en juillet 1909, mais le Secrétariat général à l’aviation civile et commerciale avait opposé son veto.
Salis survole Douvres mais n’y atterrit pas. Nenni. Le Ministry of Transport and Civil Aviation avait apparemment clairement indiqué qu’il devait atterrir dans un aéroport et non un champ.
De fait, Salis atterrit à Lydd Ferryfield, un aéroport anglais au sud-ouest de Douvres, sur la côte anglaise. Il est acclamé de nouveau. Une des personnes présentes est le ministre du combustible et de l’énergie, Geoffrey William Lloyd. Votre humble serviteur présume qu’aucun autre membre du Cabinet of the United Kingdom ne veut se donner la peine de se pointer, désolé, désolé, n’était disponible ce jour-là.
Souhaitez-vous voir des séquences en langue anglaise du vol de Salis et de ses préparatifs? Eh bien les voilà…
Le SS Beaverlodge semble arriver à la ville portuaire d’Antwerpen / Anvers, Belgique, le jour même du vol de Salis, soit une quinzaine de jours après son temps d’arrivée prévu.
Quoi qu’il en soit, le Type XI est rapidement déchargé. Il peut être arrivé à l’aéroport de Calais deux jours après le vol de Salis.
D’où vient le Type XI de Salis, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur perplexe? Une très bonne question. S’il vous plaît, permettez-moi de stimuler vos relais synoptiques avec quelques certains empreintes de données sensorielles. Et oui, je paraphrasais la conseillère Deanna Troi citant le capitaine de corvette Data Soong.
Ce chapitre de notre histoire commence en 1953, lorsque Salis et sa petite équipe entreprennent de construire un Type XI à la demande de la veuve âgée de Blériot qui espère qu’un long métrage biographique sur ce pionnier de l’aviation française serait réalisé.
En fait, Salis et son équipe construisent une paire de Type XI. Voyez-vous, le susmentionné Musée de l’Air en avait commandé un pour sa collection et Salis avait décidé d’en faire un second, qui serait utilisé dans le film.
De fait, Alice Jeanne « Alicia » Blériot, née Védère, est contactée, voire harcelée, depuis des années par des producteurs et réalisateurs français désireux de mettre la vie de Blériot sur grand écran. Elle cède au début de 1952, mais seulement après avoir déclaré qu’elle superviserait la création d’un scénario. Ce scénario, écrit par le scénariste / auteur français Marie Joseph Albert Mathieu, est prêt en juin 1952.
Mme Blériot espère que le célèbre acteur de théâtre et cinéma français Pierre Fresnay, né Pierre Jules Louis Laudenbach, un individu qui s’était rangé du côté du gouvernement collaborationniste de la France après la défaite de ce pays en 1940, jouerait son époux.
Le film en question n’est malheureusement jamais réalisé. Cela étant dit (tapé?), Salis effectue au moins un vol d’essai en présence de Mme Blériot, qui est très émue.
Contrairement à la machine de de La Bruyère, un des Type XI, celui qui se retrouve au Musée de l’Air je pense, est propulsé par un moteur presque identique à celui de l’aéroplane piloté par Blériot en juillet 1909. La machine que Salis veut piloter de l’autre côté de la Manche a un moteur moderne, mais je digresse.
Les premiers articles de journaux sur le projet de La Bruyère de traverser la Manche, parus en mai 1955, suscitent un certain émoi en France. Certains journaux parisiens déplorent quasiment qu’un étranger soit sur le point de reproduire le vol historique réalisé par Blériot en juillet 1909.
Salis semble être d’accord : « J’ai plus que quiconque le droit de répéter le vol historique de Blériot, déclare-t-il à la presse, car je l’ai connu personnellement. »
Personnellement, je ne pense pas que l’argument de Salis tienne la route, mais je digresse. Encore.
Certaines personnes au sein du ministère des Travaux publics et des Transports peuvent, je répète, peuvent avoir encouragé, voire facilité les efforts de Salis pour traverser la Manche avant de La Bruyère. Un ou quelques magazines français peuvent également avoir apporté une aide financière.
Quoi qu’il en soit, Salis arrive à l’aéroport de Calais le 23 juillet. Il est entouré de photographes de presse, journalistes et équipes de tournage d’actualités.
Son Type XI est rapidement assemblé.
Ce qui se passe ensuite se trouve dans le dernier volet de la saga du Type XI albertain, qui vous parviendra la semaine prochaine.