Le Québec / Canada et le satellite le plus simple, le vaisseau spatial PS-1, autrement dit Spoutnik I : Un survol de ce qui se publie dans la presse québécoise francophone entre les 5 et 12 octobre 1957, Partie 4
Bien le bonjour et bienvenue à cette 4ème et dernière (J’espère.) partie de cet article sur couverture médiatique entourant le lancement du premier satellite artificiel, en octobre 1957. Je suis tout aussi surpris que vous, croyez le bien, par l’ampleur de la dite couverture. Vous n’aurez pas froid aux pieds, je vous l’assure, et... Couverture, froid, pieds. Gag. Soupir, peu importe.
Vous serez ravi(e) de noter (lire?) que les éditions du 9 octobre de 2 quotidiens québécois, L’Action catholique de Québec et Le Devoir de Montréal, précisent les propos de Dostaler O’Leary, mentionnés dans la 3ème partie de cet article, dans sa chronique aux quatre points CARDINAUX, publiée dans l’édition du 9 octobre de La Patrie, un autre quotidien montréalais Aux dires du respecté journaliste David Norman McIntosh, de la Presse canadienne, une agence de presse on ne peut plus respectable, au moment où certaines personnes hauts placées de la communauté américaine de la défense se moquent de déclarations soviétiques selon lesquelles l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) devance les États-Unis en matière d’aviation à réaction, de mise au point de missiles téléguidés et de voyages dans l’espace interplanétaire, des Canadiens hauts placés tentent de les convaincre que ces déclarations ne sont pas invraisemblables.
En septembre 1954, par exemple, des chefs de service au ministère de la Défense nationale déclarent on ne peut plus clairement que l’URSS gagne constamment du terrain en matière de défense. Cet avertissement est ignoré.
En octobre 1955, alors qu’il se trouve au Pakistan après une courte visite de bonne entente à Moskva, la première visite officielle d’un secrétaire d’état pour les Affaires extérieur en URSS et la première (?) visite officielle d’un membre d’un cabinet d’un pays occidental depuis le début de la Guerre froide, Lester Bowles « Mike » Pearson affirme aux journalistes que les pays occidentaux doivent cesser de penser que l’URSS est un pays de paysans. Il se dit impressionné par son énergie et sa puissance.
Et non, Pearson n’est pas une taupe soviétique qui trahit son pays des années durant, pas plus que Egerton Herbert Norman, un diplomate canadien un peu trop à gauche pour certains Homo sapiens américains et canadiens un peu trop à droite qui voient des taupes soviétiques jusque dans leur café. La tragédie dans tout cela, c’est que Norman, un homme innocent mais harassé, alors ambassadeur en Égypte, s’enlève la vie en avril 1957. Il n’a que 47 ans. Bien des personnes au Canada sont horrifiées, et avec raison. Les années 1950 ne sont pas une décennie heureuse. La paranoïa règne dans bien des ministères et organismes gouvernementaux. Plusieurs Canadiennes et Canadiens innocent(e)s perdent leur emploi sans raison et les personnes responsables n’ont jamais à répondre de leurs actes, mais revenons à l’article de McIntosh…
Vers la fin octobre 1955, rappelle le journaliste, lors d’un discours prononcé à Montréal, devant des membres de la Canadian Industrial Preparedness Association, le directeur fondateur du Conseil de recherches pour la défense, Ormond McKillop Solandt, met en garde les pays du monde libre. Si les efforts visant à accroître le nombre et la compétence des scientifiques et ingénieurs dans ces mêmes pays libres ne sont pas couronnés de succès, la paix dans le monde sera menacée – et la prospérité du Canada va disparaître.
Interrogé en juin 1957, le second directeur du Conseil de recherches pour la défense, Adam Hartley Zimmerman, affirme que les pays occidentaux doivent former davantage de scientifiques. S’ils ne font pas, l’URSS prendre les devants, et pour longtemps.
Aux dires de certains Canadiens hauts placées, qui parlent le 8 octobre sous le couvert de l’anonymat, les susmentionnés lancements d’un missile balistique intercontinental et d’un satellite artificiel, en août et octobre 1957, ont une leçon à offrir : le manque d’argent ne devrait pas entraver les travaux des chercheurs des pays occidentaux.
McIntosh conclut son article en rappelant que Nikita Sergeyevitch Khrouchtchev, le peu ragoutant premier secrétaire du comité central du Kommunisticheskaya Partiya Sovetskogo Soyuza, en d’autres termes le parti communiste de l’URSS, clame haut et fort que les aéronefs pilotés ne sont d’aucune utilité contre les missiles. L’ère des bombardiers est révolue. Ce type d’aéronefs a sa place dans les musées, affirme l’homme d’état soviétique.
McIntosh, quant à lui, rappelle à ses lectrices et lecteurs que le gouvernement fédéral a dépensé et dépense des centaines de millions de dollars pour mettre au point un intercepteur de bombardiers supersonique, le Avro CF-105 Arrow, mentionné dans la première partie de cet article, qui ne sera pas livré à l’Aviation royale du Canada avant 1961, environ…
Détail intéressant, ne serait-ce que pour moi, L’Action catholique s’offre le luxe de présenter à ses lectrices et lecteurs, en première page, le 9 octobre, une photographie d’une reproduction (grandeur nature?) un tant soit peu inexacte du satellite artificiel soviétique mise en exposition à Prague, Tchécoslovaquie, dans le cadre d’une exposition qui commémore le 40ème anniversaire de la Grande révolution socialiste d’octobre. Il s’agit évidemment de la photographie qui se trouve au début de cette 4ème partir de cet article. Et oui, je réalise fort bien que la référence de la photographie au début de cette partie de notre article mentionne le quotidien Le Nouvelliste du 10 octobre qui publie lui aussi la dite photographie.
Plus tard dans la journée du 9 octobre, Carlyle Smith Beals, l’astronome fédéral, vous vous souvenez? Soupir. Beals, dis-je, déclare aux journalistes que les étoiles visibles dans les photographies prises le matin de ce même jour par Arthur A. « Art » Griffin, le chercheur en résidence de l’observatoire de Newbrook, Alberta, une station expérimentale de la division de Physique stellaire de l’Observatoire fédéral, des photographies mentionnées dans la 3ème partie de cet article, dis-je, permettront aux chercheurs, canadiens et américains semble-t-il, d’établir la position exacte du satellite à un moment tout aussi exact, ce qui va permettre à ces mêmes chercheurs d’établir avec une plus grande précision l’orbite du satellite. Plus il y aura de photographies, plus il y aura de précision en ce qui concerne l’orbite.
Beals profite de l’occasion qui s’offre à lui pour mentionner que le personnel de l’Observatoire fédéral observe le satellite soviétique tôt le matin du 9 octobre.
Le 10 octobre, vers 4 heures 50 minutes, heure locale, le susmentionné Griffin parvient à photographier une seconde fois le satellite artificiel soviétique. Une personne mentionnée dans la 3ème de cet article, John Mason « Jack » Grant, un collègue de Griffin basé à l’observatoire de Meanook, Alberta, une autre station expérimentale de la division de Physique stellaire de l’Observatoire fédéral, fait de même à peu près au même moment, à l’aide d’un appareil photographique hautement sophistiqué habituellement utilisé pour photographier les météores identique à celui utilisé par Griffin. Deux institutrices de Meanook et 3 journalistes venus d’ailleurs aperçoivent le satellite alors qu’il poursuit sa course folle dans l’infini des cieux.
Ce même 10 octobre, un peu après 6 heures 50 minutes, heure locale, 7 membres du personnel civil et militaire, tant canadien qu’américain, stationné à la Base de lancement de fusées de recherche de Churchill, non loin de Churchill, Manitoba, observent et photographient le satellite soviétique. Ce petit groupe comprend Peter S. Beadle, le directeur du Laboratoire du nord de recherches pour la défense du Conseil de recherches pour la défense, ainsi que le lieutenant-colonel John T. Lorenz, commandant du First Arctic Test Center de la United States Army. Les données recueillies sont vite expédiées au Smithsonian Astrophysical Observatory, aux États-Unis.
Encore et toujours ce sempiternel 10 octobre, La Patrie publie un second éditorial consacré au premier satellite artificiel. Ironique, le rédacteur, journaliste, essayiste et auteur Roger Duhamel écrit que l’URSS semble éprouver plus de facilité à réaliser cette belle réussite du marxisme qu’à nourrir, loger ou habiller la population du pays. La ou le Moscovite moyen(ne) en est-elle ou il heureuse ou heureux, demande Duhamel?
Duhamel déclare par ailleurs que le satellite soviétique ouvre la porte à des problèmes de droit international concernant l’espace aérien / souveraineté aérienne des pays du monde entier. Des pays pourraient s’objecter au passage de satellites au-dessus de leur territoire. Duhamel mentionne (avec sérieux?) la construction d’éventuels sites de surveillance ayant pour fonction d’intercepter les fraudeurs et contrebandiers. Il se demande par ailleurs (sérieusement?) s’il faudra créer un service de circulation orbitale afin d’éviter les collisions et embouteillages. Une fois mise en appétit, affirme Duhamel, l’humanité ne s’assoira pas sur ses lauriers. Il pourrait fort bien y avoir des vols vers la Lune et Mars. Des drapeaux pourraient être plantés. Qui dit drapeau, dit conquête. Qui dit conquête, dit belligérance. Plus ou moins sérieusement, je pense, Duhamel dit (tape?) qu’un pays ambitieux pourrait songer à déménager sa population excédentaire sur la Lune.
Faut-il rire ou pleurer de ce qui se passe sur Terre, conclut Duhamel en 2 temps? Si les satellites comme celui qu’a lancé l’URSS sont inoffensifs, à moins qu’ils nous tombent sur la tête, des satellites capables d’anéantir un pays ou un continent seront lancés tôt ou tard, mettant en danger le sort même le l’humanité.
Duhamel se dit par ailleurs surpris par le zèle des chercheurs dont les réalisations sont inutiles, voire nuisibles. Pourquoi ne consacrent-ils pas leurs dons visiblement considérables à améliorer le bien-être de la population du globe, souvent affamée, transie de froid et presque nue? « Ce vocabulaire évangélique est-il trop ancien pour être entendu dans les laboratoires? »
Une question toute aussi valable au 21ème siècle qu’en 1957 si je peux me le permettre. De fait, de quoi aurons-nous vraiment besoin en 2024, de nourriture, chauffage et vêtements pour les 8.1 milliards de Homo sapiens sur Terre ou de reportages télévisés montrant une poignée de Homo sapiens se bidonner en voitures sports électriques sur la planète Mars? Je vous dis ça comme ça, moi.
Un autre commentaire, beaucoup plus pertinent celui-là, paraît dans l’édition du 11 octobre de quotidien Le Soleil. Ce commentaire…
Raoul Hunter, « –. » Le Soleil, 11 octobre 1957, 4.
Puis-je permettre un commentaire? Un grand merci. Le satellite artificiel visible dans cette caricature de Raoul Hunter, un des caricaturistes québécois / canadiens les plus connus et respectés de son époque, ne ressemble-t-il pas à la reproduction (grandeur nature?) un tant soit peu inexacte mise en exposition à Prague, dans le cadre de la susmentionnée exposition qui commémore le 40ème anniversaire de la Grande révolution socialiste d’octobre? Je vous dis ça comme ça, moi.
Le dessin un tant soit peu impertinent de Hunter illustre comment le génie soviétique est parvenu à placer un satellite artificiel en orbite. Le dit succès se fonde sur le travail forcé et l’asservissement, selon toute vraisemblance, de la population de l’URSS et des personnes impliquées dans le projet. Il trouve par ailleurs ses assisses dans le travail de savants étrangers.
Et le fait est qu’environ 175 ingénieurs et 2 000 techniciens allemands qui contribuent à la mise au point du (tristement) célèbre missile balistique A-4 / V-2 pendant la Seconde Guerre mondiale sont transportés en URSS, plus ou moins à la pointe du fusil, avec femme et enfant(s) sauf erreur, en 1946. Ces personnes ne quittent leur paradis communiste que vers 1952-53.
Aussi utile que soit le travail de ces travailleurs non-volontaires, le fait est que le programme spatial soviétique doit ses succès principalement au labeur d’ingénieurs et techniciens soviétiques supervisés en bonne partie par Sergeï Pavlovitch Korolev, le concepteur en chef du missile balistique intercontinental R-7, mentionné dans d’autres parties de cet article, dont le nom est un secret d’état, un individu mentionné dans des numéros de février 2019, septembre 2019 et septembre 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Albéric Boivin, professeur au département de Physique de l’Université Laval de Québec, Québec, expliquant au tableau noir le fonctionnement d’une fusée, dans ce cas-ci, un missile A-4 / V-2 allemand de la Seconde Guerre mondiale. Le diagramme du bas à droite montre une fusée américaine Martin Vanguard. Gilles Méthot, « Notre effort scientifique devra être l’objet de revisions [sic] considérables. » Le Soleil, 11 octobre 1957, 3.
L’édition du 11 octobre du quotidien Le Soleil contient par ailleurs un article fort intéressant, fruit d’une rencontre avec Albéric Boivin, titulaire de la chaire d’optique et professeur au département de Physique de l’Université Laval, à Québec. Ce chercheur bien connu et respecté s’intéresse à l’astronautique depuis le début des années 1950, voire même la fin des années 1940. De fait, il est membre en règle de la British Interplanetary Society, une organisation bien connue et respectée s’il en est mentionnée dans un numéro de février 2019 de notre vous savez quoi.
Boivin explique tout d’abord en quoi consiste un satellite. Il décrit ensuite le fonctionnement d’une fusée multiétage typique, ce que n’est pas la fusée soviétique, dans le sens conventionnel du terme, vous vous souviendrez. Boivin peut, je répète peut, suggérer au journaliste qui le passe en entrevue que le satellite soviétique a pris son envol quelque part dans le nord de l’URSS, vraisemblablement à partir de l’ile de Kolgouïev, dans la mer de Barents, à une bonne distance des côtes de la Norvège.
Boivin est dans l’erreur en ce qui concerne le site de la base de lancement soviétique. Le 5-y Nauchno-Issledovatel’skiy Ispytatel’nyy Poligon, ou 5ème site d’essai de recherche et développement, se trouve en effet relativement près de Töretam, Qazaq Keñestik Socïalïstik Respwblïkasi, ou République socialiste soviétique kazakhe, URSS, l’actuel Kazakhstan.
Le chercheur québécois ne doute pas que le satellite soviétique pèse un peu moins de 85 kilogrammes (environ 185 livres), comme le soulignent les porte-paroles soviétiques. Il ne croit pas, comme le pensent certains chercheurs britanniques, qu’il fait osciller la balance à un peu moins de 8.5 kilogrammes (environ 18.5 livres), ce qui revient à dire que quelqu’un quelque part a placé un point décimal au mauvais endroit.
Boivin appuie ses dires en rappelant que des porte-paroles soviétiques ont indiqué par le passé que leur satellite devait peser un peu plus de 80 kilogrammes (environ 180 livres). Il mentionne par ailleurs que l’URSS a mis au point un moteur-fusée capable de produire une poussée de 125 tonnes (américaines? impériales? métriques?). Une fusée de 90 tonnes (américaines? impériales? métriques?) munie d’un tel moteur peut parfaitement placer en orbite un satellite d’un peu plus de 80 kilogrammes (environ 180 livres). La fusée en question est fort probablement une version modifiée du missile balistique intercontinental soviétique.
La fusée américaine Martin Vanguard a des performances bien plus modestes. Elle peut satelliser une masse de moins de 10 kilogrammes (moins de 22 livres), et ce à une altitude bien inférieure à celle que peut atteindre le missile soviétique.
Dans les faits, chacun des 5, si, si, 5 moteurs-fusées qui lancent le missile R-7 a une poussée d’environ 83 tonnes métriques (81.7 tonnes impériales / 91.5 tonnes américaines / 814 kilonewtons). Le R-7 pèse par ailleurs environ 280 tonnes métriques (environ 276 tonnes impériales / 309 tonnes américaines) au moment du lancement – 3 fois le nombre mentionné par Boivin et d’autres experts occidentaux. Le R-7 est un méchant pétard, mais je digresse.
Boivin se demande si le retard relatif des États-Unis envers l’URSS en matière de missiles tient en partie au fait qu’il y a duplication, pour ne pas dire triplication des efforts lancés dans ce pays, une conséquence de la pernicieuse rivalité qui divise la United States Air Force (USAF), la United States Army et la United States Navy. En 1957, des firmes ayant des contrats avec ces services bossent en effet à vitesse grand V afin de mettre au point et / ou produire leur missile à moyenne portée respectif :
- le Douglas SM-75 Thor,
- le Chrysler SM-78 Jupiter, et
- le Vought SSM-N-8 Regulus.
Et oui, vous avez bien lu. Le nom Chrysler tapé 2 lignes plus haut renvoie à Chrysler Corporation, un important constructeur automobile américain mentionné à quelques reprises dans notre blogue / bulletin / machin depuis janvier 2019. Je parie que vous ne saviez pas qu’il fabrique également des armes de destruction massive à un moment donné – un cas de transformation de socs en épées, si je peux me permettre.
Le Regulus diffère profondément des Thor et Jupiter du fait qu’il s’agit d’un missile de croisière qui ressemble à un avion, et non pas d’un missile balistique de forme cylindrique. Ces 3 missiles entrent en service en 1958, 1961 et 1955.
Boivin mentionne par ailleurs qu’il peut y avoir duplication au sein d’un même service. La USAF finance en effet la mise au point simultanée de 2 missiles balistiques intercontinentaux, les Convair SM-65 Atlas et Martin SM-68 Titan, qui entrent en service en 1959 et 1962.
Aux dires de Boivin, le retard relatif des États-Unis devrait donner lieu à de sérieuses réflexions, voire même des révisions considérables dans la philosophie et la conduite de l’effort scientifique du monde occidental. La possibilité que ce monde soit en train de perdre pied en ce domaine n’a rien de réjouissant.
Une très dure course scientifique et technologique commence, affirme Boivin. Les pays occidentaux ne peuvent pas se permettre de se laisser distancer le moindrement. Cela étant dit (tapé ?), les chercheurs américains ne restent pas les bras croisés. À cet effet, Boivin mentionne la fusée-sonde Aeronutronics Far Side, emportée à haute altitude par un ballon. Et oui, il est question ici de la division Aeronutronics de Ford Motor Company, un autre géant de l’automobile américain mentionné à quelques reprises dans notre vous savez quoi, et ce depuis décembre 2018. Soit dit en passant, aucun des 6 tirs de Far Side, effectués en 1957, ne donne les résultats escomptés
Boivin mentionne par ailleurs les travaux devant mener à la création d’une fusée à propulsion nucléaire américaine, des travaux qui ne mènent en fin de compte nulle part, ce dont notre espèce peut se réjouir. Je me demande s’il se réfère à la fusée atomique / nucléaire pulsée mentionnée dans un numéro de juillet 2020 de notre yadda yadda yadda. Le monde de l’industrie nucléaire n’a rien de très rigolo, mais revenons à notre histoire.
Tôt le matin du 11 octobre, une quinzaine de chercheurs de l’Observatoire fédéral suivent un objet brillant, parfois visible à l’œil nu et alors un peu plus gros que Alpha Ursæ Minoris, pendant environ 6 minutes. Il s’agit, aux dires de Miriam Seymour Burland, la première et seule astronome et astrophysicienne du dit observatoire, du troisième étage de la fusée qui a placé le satellite soviétique en orbite. Le personnel du dit observatoire entend bien monter la garde dans les jours suivants, dans l’espoir de visualiser le visiteur céleste, le vrai, le bon, le satellite.
Vous vous souviendrez bien sûr que le machin observé est en en fait l’étage central de la fusée soviétique.
Le niveau de perplexité sur votre visage atteignant un seuil critique, permettez-moi de le ramener là où il se doit en précisant que Alpha Ursæ Minoris est une étoile que les personnes vivant dans les régions septentrionales de l’hémisphère nord connaissent bien. Il s’agit de l’étoile polaire. Pourquoi ne pas l’avoir dit (tapé?) dans le paragraphe précédent, dites-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Le fait est que j’aime bien vous faire grimper dans les rideaux de temps en temps.
Si je peux me permettre une digression, une fois n’étant pas de coutume, la carrière de Seymour est pour le moins remarquable. Elle se joint au personnel de la Division d’astrophysique de l’Observatoire fédéral en 1927. Au cours des années 1930, elle occupe des postes de direction au Ottawa Centre de la Société royale d’astronomie du Canada, à Ottawa, Ontario, y compris un mandat de présidente. Seymour fait également partie de 3 équipes de scientifiques qui observent d’importantes éclipses solaires au Canada, en 1932, 1954 et 1962.
À partir du milieu des années 1950, Seymour remplit le rôle d’agente de liaison en matière d’éducation et d’information, préparant des rapports, organisant des visites publiques et répondant aux demandes de renseignements. Au cours de la décennie suivante, elle siège au Comité national canadien de l’Union astronomique internationale, à Paris, France. Au fil des décennies, Seymour contribue régulièrement au prestigieux Journal de la Société royale d’astronomie du Canada.
Seymour prend sa retraite en 1967. Cette pionnière décède en avril 1996, à l’âge de 93 ans.
Le susmentionné étage central de la fusée qui place le satellite artificiel soviétique en orbite retient l’attention lors d’une réunion de la Royal Astronomical Society, à Londres, Angleterre, et non pas Argentine ou Costa Rica, au cours de la soirée du 11 octobre. Appuyant son propos sur des photographies prises en Écosse, un chargé de cours au Department of Astronomy de la University of Glasgow, à Glasgow, Écosse, Michael William Ovenden, déclare que la dite fusée porteuse soviétique, toujours en orbite autour de notre planète, ne se trouve plus derrière le satellite. Elle se trouve maintenant devant lui.
Détail intéressant, ne serait-ce que pour votre humble serviteur, Ovenden devient professeur d’astronomie au Department of Geophysics and Astronomy de la University of British Columbia, à Vancouver, Colombie-Britannique, en décembre 1966, mais revenons à notre fusée.
Interrogé, alors qu’il rend visite au susmentionné Griffin, à Newbrook, semble-t-il, un astronome de l’Observatoire fédéral, Ian Halliday, se demande si la fusée porteuse soviétique ne devance pas en fait le satellite artificiel depuis sa mise en orbite. Cela est-il le cas? Je n’en sais vraiment rien.
Tel que promis dans la première partie de cet article, c’est sans plus attendre que votre humble serviteur met fin à cette hénaurme péroration sur Spoutnik I.
Le tout premier satellite artificiel transmet ses signaux radios jusqu’à l’épuisement de ses batteries, le 26 octobre 1957. Il effectue sa rentrée dans l’atmosphère le 4 janvier 1958, mais ne survit pas à l’expérience, ce qui est bien dommage. L’étage principal du missile R-7 qui a placé Spoutnik I en orbite a fait de même en décembre 1957.
Croiriez-vous que la collection du mirifique Musée de l’aviation et de l’espace du Canada comprend une reproduction / réplique grandeur nature du vaisseau spatial PS-1, autrement dit Spoutnik I, remise en septembre 1977 par l’ambassadeur soviétique au Canada, Alexandre Nikolaïevitch Yakovlev, un idéaliste / intellectuel / penseur qui est un bon ami du premier ministre Joseph Philippe Pierre Yves Elliott Trudeau, un personnage mentionné dans des numéros de juin, août et novembre 2019 de notre blogue / bulletin / machin?
La dite reproduction faisait partie de Kosmos ‘77, la plus imposante exposition de matériel spatial soviétique tenue jusqu’alors dans un pays occidental (21 reproductions de satellites et capsules spatiales) présentée à Vancouver, Colombie-Britannique, en mars et avril 1977, au Centennial Museum / H.R. Macmillan Planetarium, et à Ottawa, de mai à septembre, au Musée national des sciences et de la technologie, l’actuel musée de sciences et de la technologie du Canada, un musée sœur / frère du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada.
Au revoir, ami(e) lectrice ou lecteur, et bonne semaine.
L’auteur de ces lignes souhaite remercier toutes les personnes qui ont envoyé des informations. Toute erreur contenue dans cet article est la mienne, pas la leur.