La voiture qui est plus économique que le tramway : La voiturette New-Map / Rolux Baby
Comment vous portez vous, chère / cher ami(e) lectrice ou lecteur? Ne craignez point, cette amabilité ne cache pas de noirs desseins. Votre humble serviteur prévoit être bref dans son récit concernant la voiturette qu’il a découverte dans le numéro du 14 janvier 1950 du quotidien L’Action catholique de Québec, Québec, aujourd’hui disparu.
Par où commencer, par où commencer, par où? Allons, enfants de la patrie, commençons par le commencement. Il était une fois une petite firme française qui produisait des motocyclettes de marque New-Map, et… Si, si, française et non américaine, britannique ou canadienne. Je sais, je ne comprends pas non plus. Mes lointains (géographiquement et chronologiquement) cousins français ne font pas toujours preuve d’un profond respect envers la langue de Molière. Mon exemple favori est l’expression mastère en management. Je ne plaisante pas. Mastère en management… Le dit Molière, né Jean Baptiste Poquelin, doit en pleurer au paradis, mais je digresse.
Il était une fois, dis-je, avant la petite firme française en question, un petit atelier de fabrication de cycles et de jouets fondé en 1898 par Joseph Martin dont le nom échappe encore à votre humble serviteur. Détail intéressant, du moins pour moi, le dit atelier fabrique des roues d’avions pendant la Première Guerre mondiale. Au début des années 1920, bien fatigué par des années de dur labeur, Martin songe très sérieusement à prendre sa retraite. Son fils, Paul Martin, un mécanicien de moteurs d’aéronefs, se dit prêt à prendre les commandes de l’entreprise familiale qui devient alors les Établissements Paul Martin. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur, cette firme produit encore des roues d’avions. Elle fabrique aussi des roues d’automobiles.
Vers 1924-25, Martin junior décide de fabriquer des motocyclettes. L’idée peut sembler saugrenue. En effet, le marché français de la motocyclette est alors fortement saturé suite au transfert d’une multitude de véhicules militaires vers le marché civil après la fin de la Première Guerre mondiale et à la création de nombreuses firmes de petite taille par des entrepreneurs qui croient que la motocyclette est vouée à un brillant avenir.
Les Établissements Paul Martin commercialisent leur première motocyclette en 1926, sous la marque New-Map. Ce nom s’inspire à la fois de l’anglomanie qui sévit alors en France (New) et des initiales du fondateur de la firme (MAP pour MArtin Paul). Le logo de la firme, quant à lui, s’inspire de l’égyptomanie qui sévit alors en France et ailleurs suite à la découverte / profanation de la tombe du pharaon Toutânkhamon, né Toutânkhaton, par l’archéologue britannique Howard Carter et son équipe, en novembre 1922.
La première motocyclette New-Map est bien accueillie. Elle est à ce point bien accueillie que les Établissements Paul Martin offrent 7 modèles différents dès 1927. La firme fabrique les cadres des dites motocyclettes et y monte des pièces, dont des moteurs, fournies par d’autres firmes. Si les dits moteurs sont principalement d’origine française, les Établissements Paul Martin n’hésitent pas à utiliser des moteurs provenant de firmes britannique et suisses. La firme britannique en question est nul autre que J.A. Prestwich & Company Limited, et… Ce nom ne vous dit rien, n’est-ce pas? Soupir. Votre humble serviteur a pourtant examiné, bien brièvement je dois l’avouer, la fascinante histoire des moteurs JAP dans un numéro de juin 2019 de notre blogue / bulletin / machin. Enfin, passons.
Les Établissements Paul Martin acquièrent rapidement une réputation enviable pour la qualité de leurs produits. La dite réputation aide à remplir leurs coffres. Le remplissage des dits coffres leur permet de prendre de l’expansion. Avant même la fin des années 1920, l’acquisition du fabricant de motocyclettes Motosacoche France Société anonyme, une filiale d’une firme suisse bien connue et respectée, Motosacoche Société anonyme, ajoute à leur prestige – et à leur catalogue. En 1929, soucieux de mousser davantage la réputation de leurs motocyclettes, les Établissements Paul Martin en fournissent à des pilotes de course qui participent à plusieurs compétitions. Les dits pilotes se classent souvent fort bien. Cela étant dit (tapé), la qualité même des motocyclettes New-Map et Motosacoche les place hors de portée de clients potentiels aux revenus limités.
Un nouveau produit fait son apparition en 1933: le vélomoteur Baby, un autre exemple de l’anglophilie de la direction de la firme. Un autre nouveau produit, le premier véhicule utilitaire des Établissements Paul Martin, suit en 1935 : le triporteur à pédales TM1 ou BMA (Bicyclette à Moteur Auxiliaire) dont le petit moteur peut être utilisé si un parcours devient par trop laborieux. Un second triporteur avec une plus grande charge utile est introduit en 1938.
Cette même année, Martin lance un projet d’une toute autre envergure. Il croit en effet que le marché de l’automobile en France est à ce point vaste qu’une voiturette bien conçue, autrement dit un véhicule peu encombrant, bon marché et fiable, pourrait s’y tailler une place de choix en tant que véhicule principal pour jeunes couples peu argentés ou en tant que second véhicule pour familles relativement argentées. Bien que plutôt spartiate si on la compare aux automobiles conventionnelles de l’époque, la New-Map Baby est presque luxueuse si on la compare à certaines voiturettes françaises de la dite époque. Ce véhicule décapotable biplace, la pin-up des voiturettes dit-on et une des premières voiturettes françaises réussies des années 1930, a un revêtement en acier, par exemple, et non pas en tissu. Si, si, en tissu.
Croiriez-vous que les Établissements Paul Martin établissent des contacts avec une firme américaine afin de distribuer la Baby aux États-Unis?
Cela étant dit (tapé?), le début de la Seconde Guerre mondiale et, pis encore, la défaite française en juin 1940 mettent un terme à la carrière de la Baby. Tout juste 500 ou 600 véhicules semblent être produits en 1938-40. Les Établissements Paul Martin ont en effet reçu un important contrat du Ministère de la Guerre et de la Défense nationale touchant à la production de têtes d’obus. La firme se voit forcée de poursuivre ce travail après la chute de la France. En parallèle à cet affront au patriotisme de Martin et de son personnel, les Établissements Paul Martin fabriquent un petit nombre de vélomoteurs. Une filiale de la firme, la Société lyonnaise de tôlerie, fabrique par ailleurs un petit véhicule utilitaire, un mini camion à 3 roues plus précisément, qui, vues l’occupation allemande et les difficultés économiques qui en résultent, ne dépasse pas l’étape du prototype.
Une réorganisation des Établissements Paul Martin, survenue en 1940, perturbe par ailleurs leurs activités. La firme devient alors la Fabrique lyonnaise de motocyclettes New-Map et Motosacoche Société anonyme. C’est le comptable de la firme, Robert Robin, qui suggère / impose ce changement à Martin. Ce dernier ne réalise pas que ce faux ami sans scrupule rachète peu à peu les actions qu’il a distribuées à ses employés. Une fois devenu actionnaire majoritaire, Robin s’arroge le poste de directeur de la Fabrique lyonnaise de motocyclettes New-Map et Motosacoche à une date indéterminée. Bien que dévasté par ce coup de couteau dans le dos, Martin ne peut pas abandonner la firme familiale. Il accepte un poste de conseiller technique.
Cette trahison merdaculaire (Bonjour SB et EP!) vous choque, amie(e) lectrice ou lecteur? Je vous conseille alors de ne pas lire le paragraphe suivant, qui constitue plus ou moins la cerise au marasquin au sommet du sundae.
Une fois la France libérée, en 1944-45, Martin est peut-être placé en arrestation pour collaboration avec l’occupant allemand. Aux dires de certains, c’est Robin qui l’a dénoncé. Si Martin ne tarde apparemment pas à être exonéré, il ne parvient pas à reprendre le contrôle de la Fabrique lyonnaise de motocyclettes New-Map et Motosacoche. En 1950, il se joint au personnel d’un petit fabricant de motocyclettes, les Établissements Monet-Goyon. Martin prend sa retraite quelques années plus tard, peut-être lors de la mise à pieds d’une bonne partie du personnel en 1954. Il meurt en 1979.
Et que fait l’enfoiré… Désolé. Et que fait Robin pendant ce temps? Il lance la production de nouveaux vélomoteurs New-Map en 1945. En 1947, il lance la production du susmentionné mini camion, alors baptisé Solyto, pour SOciété LYonnaise de TOlerie. Ce véhicule spartiate et peu puissant, qui permet à une conductrice ou conducteur d’effectuer des livraisons sans avoir à obtenir de permis de conduire, s’avère fort populaire auprès des petits commerçants et artisans, et ce tant à la campagne qu’à la ville. Disponible en versions ouverte, avec bâche, et fermée, le mini camion Solyto est un véhicule léger et maniable qui consomme peu de carburant et a une bonne autonomie. Une autre version du Solyto est destinée aux amateurs de camping.
Croiriez-vous que le Solyto est à ce point spartiate qu’il n’a pas de système de chauffage, de roue de secours, de porte verrouillable ou de marche arrière? Il a toutefois un démarreur manuel à ficelle similaire à celui d’une tondeuse à gazon motorisée. Soit dit en passant, le Solyto est disponible en multiples couleurs, le gris métal, le vert océan et… aucune autre couleur.
Votre humble serviteur ne sait malheureusement pas si le Solyto est fabriqué par la Fabrique lyonnaise de motocyclettes New-Map et Motosacoche ou la Société lyonnaise de tôlerie, ou les deux.
Si cet excellent véhicule constitue la grande priorité de Robin, ce dernier décide toutefois de relancer la production de la voiturette Baby, et ce vers 1946-47. Rebaptisée Rolux Baby, ce véhicule décapotable reprend la route pour tirer profit du retour de la paix et d’une nouvelle vague d’enthousiasme pour les voiturettes. Il est en fait disponible avec au moins 2 types de moteurs, dont un, le moins puissant, permet à une conductrice ou conducteur d’apprécier les plaisirs de la route sans avoir à obtenir de permis de conduire. Une version fermée présentée en 1946 ne dépasse pas l’étape du prototype.
Une New-Map / Rolux Baby typique en montre au Lane Motor Museum, Nashville, Tennessee, avril 2009. Wikipédia.
Croiriez-vous que la petite porte qui se trouve du côté de la conductrice / conducteur de la Baby est une option coûteuse qui nécessite certains renforcements du châssis? Votre humble serviteur pense, sans en être certain, que la dite porte est également disponible sur des modèles d’avant-guerre de la Baby.
Souhaitant apparemment frauder le fisc français, Robin confie la production de la Baby à un frère. Je ne connais malheureusement pas le nom de la firme dirigée par le dit frère. Je ne sais même pas si Robin fonde la dite firme dans le but spécifique de produire la Baby, mais revenons à notre histoire.
La Baby n’est malheureusement pas le seul véhicule automobile économique disponible en France à la fin des années 1940. La Citroën 2CV et la Renault 4CV, 2 véhicules parmi les plus fameux jamais produits en France, par les géants français de l’automobile que sont la Société anonyme André Citroën et la Régie nationale des usines Renault, ne tardent pas à inonder le marché.
Si vous êtes sages ou, ce qui plus probable, si vous ne l’êtes pas, votre humble serviteur se dit prêt à envisager la possibilité de pontifier sur la 4CV ou la 2CV, des véhicules dont le moteur produit bien plus que 4 ou 2 chevaux-vapeur, à une date ultérieure de son choix, mais revenons à notre histoire.
Comme vous vous en doutez bien, la voiturette Rolux ne fait absolument pas le poids face à des géants tels que la Société anonyme André Citroën et la Régie nationale des usines Renault. Son constructeur met fin à la production vers 1952 après avoir produit à peine 300 Baby environ, pour un grand total d’environ 800 ou 900 véhicules. Robin tente sans succès de vendre les droits de production de la Baby en 1954.
Vous comprendrez qu’une Baby en bon état était / est / sera un véhicule automobile recherché par les collectionneurs et musées automobiles.
Avant que ne l’oublie, une Baby fait la joie d’un adolescent du nom de Rainier Louis Henri Maxence Bertrand Grimaldi, le futur Prince Rainier III, monarque du micro état de Monaco, mentionné dans un autre numéro de janvier 2020 de notre blogue / bulletin / machin.
Alors que la production de la Baby prend fin, Robin lance la production de nouvelles motocyclettes New-Map. Celles-ci se vendent apparemment assez bien mais la marque ne parvient pas à retrouver le prestige qu’elle avait avant la Seconde guerre mondiale. Robin lance également la production de scooters, en 1957. Les ventes étant plutôt faibles, cette ligne de produit ne tarde pas à être éliminée. Notant l’intérêt grandissant pour les cyclomoteurs, Robin lance alors la production de ce type de véhicule. Les cyclomoteurs New-Map arrivent toutefois trop tard sur le marché. Ils se vendent peu. De fait, les ventes de motocyclettes, scooters et cyclomoteurs sont à ce point décevantes que la firme cesse de les produire en 1959. J’aimerais pouvoir vous donner son nom à l’époque mais je roule en plein brouillard. Désolé.
Robin déménage alors ses pénates dans les locaux occupés par la Société lyonnaise de tôlerie. Il supervise la production du Solyto et d’un triporteur à pédales dérivé du susmentionné TM1. Il va sans dire que ce sont les ventes du premier qui maintiennent Robin en affaires.
Le chef d’atelier ayant quitté son poste pour lancer sa propre firme, Robin engage un agent local des produits de marque New-Map du nom de Joseph Spalek. Celui-ci se trouve aussitôt confronté à une tempête parfaite.
L’usine étant expropriée, il doit superviser le transfert de la chaîne de montage du Solyto dans de nouveaux locaux construits à cet effet.
Le fabricant du moteur du Solyto ayant déposé son bilan, Spalek doit trouver un autre fournisseur. Il découvre alors qu’il n’y a pour ainsi plus de fabricants de petits moteurs à essence pour véhicules routiers en France. Forcé de se rabattre sur un moteur de bateau, Spalek se voit dans l’obligation de concevoir une boîte de vitesse, et ce dans des délais extrêmement brefs. Et c’est ainsi que le Solyto devient le premier véhicule automobile à variateur de vitesse automatique commercialisé en France.
Le fabricant du nouveau moteur du Solyto ayant fermé ses portes au début des années 1960, Spalek décide d’en concevoir un. Il réalise cet exploit en moins de 100 jours, en faisant appel à quelques pièces de moteurs de marque Gnome & Rhône produites par la branche motocyclette de la Société nationale d’études et de construction de moteurs d’aviation (SNECMA), une firme mentionnée dans un numéro de juillet 2018 de notre blogue / bulletin / machin. Spalek s’offre même le luxe de concevoir un démarreur électrique pour le Solyto.
Ais-je mentionné que le dit Spalek n’est pas ingénieur? C’est un autodidacte qui a appris sur le tas.
Les ventes du susmentionné triporteur à pédales et du Solyto ne permettant pas à sa firme de boucler ses fins de mois, Robin diversifie ses activités. Il supervise la fabrication sous licence de pièces de tôlerie, par exemple, dont des armoires de téléphonie destinées aux Équipements électriques K.V. Société anonyme. Cette dernière devient vite le principal client de Robin. Lorsque celui-ci prend sa retraite, non méritée si je peux me le permettre, en 1963, le directeur de Équipements électriques K.V. rachète ses actions et devient le plus important actionnaire de la firme. De fait, le fabricant du Solyto devient à toute fin utile une filiale de Équipements électriques K.V.
La dite firme fabrique dès lors le Solyto, qui ne tarde pas à être rebaptisé TC-8. Spalek fait de nouveau preuve d’innovation en équipant ce véhicule d’un système d’allumage électronique, un équipement utilisé jusqu’alors seulement sur les voitures de course de Formule 1. S’il est vrai que cette innovation relance un tant soit peu les ventes du TC-8, il est tout aussi vrai que ce type de mini camion est de moins en moins populaire. Le dernier des 4 000 ou quelques Solyto / TC-8 sort d’usine en février 1974.
Fidèle au poste, Spalek a prévu le coup. Début 1970, il complète le prototype d’une voiturette angulaire biplace qui permet à une conductrice ou conducteur âgé(e) de 16 ans d’apprécier les plaisirs de la route sans avoir à obtenir de permis de conduire. La KV Mini 1 ayant connu un certain succès, la firme produit par la suite la KVS Mini 2 et la GadJet. Le sigle KVS tient au fait que Spalek devient actionnaire (important?) en 1975.
La période allant de 1975 à 1980 est un âge d’or pour les voiturettes pouvant être conduites sans permis en France. Plus de 35 firmes y voient le jour au cours de cette période qui vient dans la foulée de la crise pétrolière de 1973. Leur clientèle se compose principalement de personnes inaptes à passer le test pour le permis de conduire et d’ex-motards dépourvus de permis de conduire d’automobiles qui ne souhaitent plus rouler sans un minimum de protection. Le marché de la voiturette s’effondre toutefois en France à partir de 1980. Les Équipements électriques K.V.S. Société anonyme compte parmi les 5 fabricants qui survivent à l’hécatombe.
Les 2 principales clientèles de voiturettes disparaissant peu à peu au cours des années 1980, la chaîne de montage de voiturettes KVS cesse de produire en 1989. Spalek supervise dès lors la production de pièces de tôlerie en sous-traitance. Son principal client finit par acheter l’atelier. Le personnel demeure toutefois en place, y compris Spalek, qui redevient chef d’atelier. Il prend une retraite, bien méritée celle-là, en 1998. Spalek peut, je répète peut, être encore parmi nous au début de 2020.
Oserais-je suggérer que le Musée des sciences et de la technologie du Canada, à Ottawa, Ontario, une institution sœur / frère du stupéfiant Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, pourrait envisager la possibilité de penser à acquérir une Baby, ou un Solyto / TC-8, ou une Mini / GadJet? Je sais, je sais, il ne s’agit pas de véhicules automobiles d’intérêt exceptionnel et d’importance nationale. Je n’oserai donc pas, et… Que dites-vous, amie(e) lectrice ou lecteur? L’utilisation de la Baby n’a jamais été envisagée en sol québécois / canadien? Détrompez-vous, et ici repose une histoire.
Un peu avant la mi-janvier 1950, le président des Établissements Cotton Incorporée de Québec, Québec, visite les bureaux du quotidien L’Action catholique. Randall Cotton informe le journaliste qui lui pose des questions qu’il a acquis les droits de vente de la Baby (pour Québec ou le Québec?), une nouvelle qui devrait faire plaisir aux personnes à la recherche d’un moyen de transport sûr, rapide et peu coûteux. De fait, une Baby serait en montre à Québec au plus tard au milieu de février. Cotton prévoit assembler dans ses ateliers les Baby qui seraient vendues un peu partout au Québec par l’entremise de distributeurs qui restent à identifier.
Aux dires de Cotton, la Baby est plus économique que le tramway. De fait, dit-il, elle consomme à peine 3.1 litres aux 100 kilomètres (90 milles/gallon impérial / 75 milles/gallon américain) – une consommation d’essence qui semble pour le moins difficile à croire.
Cotton est connu des passionné(e)s de motocyclettes de la vieille capitale pour avoir introduit dans la région les motocyclettes des firmes américaine et tchèque Whizzer Motor Company et Moto Jawa Národni Podnik. De fait, d’aucuns le surnomment le Roi de la Whizzer.
Oserais-je pontifier sur ces firmes et leurs produits, amie(e) lectrice ou lecteur? Le regard sur votre visage valant 1 000 mots, je vais me contenter de souligner que la firme tchèque joue un rôle beaucoup plus important dans l’histoire de la motocyclette, mais revenons à notre histoire.
Fort de ce succès avec les motocyclettes Whizzer et Jawa, Cotton souhaite maintenant se lancer dans la distribution d’automobiles. Automobiles pluriel. L’homme d’affaires souhaite en effet distribuer plus d’un type d’automobiles. La Baby est destinée aux petits budgets, par exemple. Les voitures Škoda et Tatra produites par les sociétés d’état tchèques Automobilové Závody Národni Podnik (AZNP) et Tatra Národni Podnik, par contre, sont destinés à des personnes davantage fortunées.
De fait, 2 automobiles tchèques, une Škoda 1102 et une Tatra 600 Tatraplan, doivent partager la vedette de l’exposition d’automobiles que Cotton organise à Québec, à laquelle va participer la Baby mentionnée un peu plus haut.
Avec ou sans votre permission, ami(e) lectrice ou lecteur parfois un peu casse-pieds, j’entends digresser pendant quelques secondes. L’automobile familiale de luxe Tatraplan est un véhicule qui le mérite bien.
Une automobile familiale de luxe Tatra 600 Tatraplan typique, France, août 2006. Wikipédia.
Conçue en 1946-47, cette automobile toute en courbes est le premier nouveau modèle produit après la nationalisation de la firme, en 1946. Son nom rappelle tant l’économie planifiée mise de l’avant par le gouvernement prosoviétique mis en place, par la force, en 1948, par l’Union des républiques socialistes soviétiques, que la forme aérodynamisme du véhicule, inspirée un tant soit peu par celle d’un avion / aéroplane.
La première Tatraplan de série sort d’usine en 1948. En 1951, toutefois, le gouvernement ordonne que la chaine de montage soit déménagée dans un atelier de AZNP afin que Tatra limite ses efforts à la production de camions. Cette décision soulève un tollé de protestations tel dans les ateliers des 2 firmes que la production de la Tatraplan prend fin dès 1952. Moins de 6 350 véhicules de ce type sont produits, dont environ 2 100 par AZNP.
Vous vous souviendrez que AZNP est mentionnée dans un numéro de mars 2019 de notre blogue / bulletin / machin, mais revenons à la Baby.
Une voiturette de ce type est présentée pour la première fois à Montréal, Québec, dans les locaux de l’Hôtel Mont-Royal, au début de mars 1950. Un photographe travaillant pour le quotidien montréalais Le Canada photographie l’attaché commercial au consulat de France, Gérard Dubois, aux commandes de la dite Baby. Cette voiturette constitue en fait un des éléments principaux d’une exposition d’articles de sport et d’automobiles organisée par Cotton. Une Škoda 1102 et une Tatraplan partagent la vedette avec elle.
Une Baby peut, je répète peut, être présentée à Montréal, vers la même époque, ou un peu plus tard, dans les locaux d’une firme de vente d’automobiles, Snowdon Motor Sales Company Limited, et / ou dans la salle d’exposition d’un édifice non identifiée.
De fait, des Baby, Škoda 1102 et Tatraplan semblent être présentées aux résidentes et résidents de quelques villes canadiennes et américaines au cours de l’année 1950.
Détail intéressant, l’argent payé par les Canadiennes et Canadiens qui achètent une Škoda 1102 ou une Tatraplan demeure apparemment au Canada. Environ 60 % de ce pognon sert à payer la dette du gouvernement tchèque envers le Canada et le reste sert à payer les produits canadiens exportés en Tchécoslovaquie.
Si votre humble serviteur peut se permettre un commentaire, j’ai l’impression que le nombre de Baby, Škoda 1102 ou Tatraplan vendues au Québec / Canada n’est pas très élevé.
Et je crois que c’est tout pour aujourd’hui. À plus. B moins.
Et puis zut, voici une jolie photographie.
La voiturette New-Map / Rolux Baby présentée lors de l’édition 1950 du Salon de l’automobile de Paris. Anon., « Le nouveau ‘Rolux’ de 300 livres. » L’Action catholique, 11 octobre 1950, 1.