Une ligue à eux: L’histoire longtemps oubliée de la Ligue des avions miniatures de Montréal
Qu’avez-vous donc, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous semblez bien guilleret(te) aujourd’hui. Serait-ce parce que le sujet de cette semaine est de nature aéronautique, un des champs d’activité du mondialement connu Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario? Si, si, ne le niez pas, vous y pensiez. J’en suis fort aise, car le moment est venu de plonger dans le dit sujet. Votre humble serviteur l’a trouvé dans les pages du numéro du 7 janvier 1939 de La Patrie, un quotidien montréalais disparu depuis longtemps.
Le maquettisme / aéromodélisme compte parmi les aspects les plus intéressants de la fascination qu’inspire le vol humain depuis plus de 2 siècles. N’oublions pas que le premier modèle réduit capable de voler prend l’air en 1804. Le concepteur de ce planeur est nul autre que sir George Cayley, le père de l’aéronautique et un gentilhomme mentionné dans un numéro de décembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin. Et non, ami(e) lectrice ou lecteur fasciné(e) par les phénomènes fortéens, votre humble serviteur ne croit pas que l’oiseau de Saqqarah, mentionné dans le même numéro de décembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin, soit un planeur. Devrais-je vous rappeler que le terme fortéen a été mentionné et expliqué dans un numéro d’octobre 2018 de notre blogue / bulletin / machin? Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur perspicace, j’aime les machins.
Il existe de nombreux types de modèles réduits, de la simple silhouette en bois de balsa aux aéronefs miniatures motorisés et télécommandés. De fait, votre humble serviteur se demande où se trouve la limite entre un aéronef miniature motorisé et télécommandé et un avion sans pilote / drone / véhicule sans pilote. Qu’en pensez-vous? Cela étant dit (tapé?), l’univers des modèles réduits dépasse de beaucoup la galaxie des modèles réduits capables de voler. La photo au début de cet article montrant toutefois un tel aéronef, votre humble serviteur va se limiter à ce type de modèle réduit pour sa pontification d’aujourd’hui. Je réalise à quel point vous êtes déçu(e), ou soulagé(e), mais il vous faudra accepter ce fait.
Un nouveau type de modèle réduit, bien plus complexe et coûteux que ceux existant jusqu’alors, fait son apparition aux États-Unis au début des années 1930 : le modèle réduit muni d’un moteur à essence. L’introduction de ce type de moteur révolutionne le maquettisme. Des numéros de divers magazines contiennent des annonces publicitaires de divers fabricants. Une International Gas Model Airplane Association et une Model Industry Association voient le jour aux États-Unis en 1936 et 1940. en 2019, ces 2 organismes sont connus sous les noms de Academy of Model Aeronautics et Craft and Hobby Association.
Un des premiers, sinon le premier modèle réduit au Canada à être muni d’un moteur à essence voit le jour vers 1931. Fabriqué par Foster Stone de Moose Jaw, Saskatchewan, cet aéronef manque de puissance. Le jeune homme poursuit toutefois ses travaux avec un moteur plus puissant. Quelques autres personnes ou clubs se lancent dans l’aventure à partir de 1935-36. Une première compétition se tient à Vancouver, Colombie-Britannique, en 1936 et un premier club canadien spécialisé, le Canadian Gas Model Club de Toronto, Ontario, voit le jour au plus tard en 1937, pour superviser ce nouveau type de maquettisme. Si les espoirs de sa direction sont vite déçus, le club demeure un tant soit peu actif tout au long de la Seconde Guerre mondiale. Il doit toutefois compter avec une organisation rivale, le Toronto Gas Model Club, fondé au début de 1942 par une bonne demi-douzaine de membres dissidents.
Une famille torontoise passionnée de maquettisme semble être à l’origine du Canadian Gas Model Club. En 1944, les 6 membres du clan Hockin, le père, la mère et leurs 4 enfants, dont une adolescente, fabriquent des modèles réduits dont certains sont munis d’un moteur à essence. Lillian Hockin joue un rôle important dans la fondation du Canadian Gas Model Club. La jeune femme en est par ailleurs la secrétaire au cours de la période allant de 1939 à 1950 environ. Sa contribution est jugée à ce point importante qu’elle est la première femme intronisée au sein du Model Aeronautics Association of Canada Hall of Fame. Hockin en est encore le seul membre féminin en 2019. Sa mère, « Ma » Hockin, compte en fait parmi les membres fondateurs de la Model Aeronautics Association of Canada (MAAC).
Soit dit en passant, la MAAC voit le jour à Toronto en janvier 1949, sous la commandite de la Royal Canadian Flying Clubs Association. Elle a pour objectifs le contrôle, l’organisation et la promotion du maquettisme au Canada. Cette organisation existe encore en 2019.
Robert E. « Bob » Milligan de Toronto compte parmi les pionniers canadiens de la fabrication de modèles réduits muni d’un moteur à essence. Il est par ailleurs un des meilleurs maquettistes canadiens de la seconde moitié des années 1930. En 1937, Milligan remporte le C.C. Wakefield Trophy, dans la section adolescent sénior, ainsi que le Sir Charles Wakefield Trophy, un autre prix national canadien. Il fait partie de l’équipe canadienne qui participe à l’édition 1938 de la Wakefield International Cup, une compétition pour modèles réduits munis de moteur à propulsion élastique. Milligan est le meilleur d’entre eux. Cette même année, il conçoit un modèle réduit muni d’un moteur à essence. Ce prototype donne naissance à un autre modèle réduit, connu sous le nom de Wasp. Model Craft Hobbies Limited de Toronto offre une version en kit de cet aéronef vers 1939 – une première canadienne. Le Wasp de Milligan est encore disponible en 2019.
Milligan fait partie de l’équipe ontarienne de 6 maquettistes qui se rend à Akron, Ohio, pour participer à l’édition 1948, la première de l’après-guerre, de la Wakefield International Cup. Il est de nouveau le meilleur d’entre eux, avec une 5ème place. Déménagé en Californie à une date indéterminée, il demeure actif au moins jusqu’au milieu des années 1990.
Est-ce que le nom de Wakefield vous dit quelque chose, ami(e) lectrice ou lecteur? Oui, vous avez parfaitement raison, ce fondateur de C.C. Wakefield & Company Limited, un important fournisseur britannique d’huiles lubrifiantes, est mentionné dans un numéro de février 2018 de notre blogue / bulletin / machin, mais revenons à notre histoire, et… Avez-vous une question, ami(e) lectrice ou lecteur un tant soit peu perplexe? Quant sera-t-il question de la Ligue des avions miniatures de Montréal, dites-vous? Ne craignez point, nous y arrivons, lentement mais sûrement.
Un autre membre de l’équipe qui participe à l’édition de 1948 de la Wakefield International Cup, Roy Percy Nelder, termine en 25ème position. En 1938 et 1939, celui-ci remporte l’Admiral Moffett Trophy, accordé au gagnant d’une compétition internationale pour modèles réduits munis de moteur à propulsion élastique. Ce jeune Torontois d’origine britannique s’enrôle dans l’Aviation royale du Canada, une force aérienne alors connue sous le nom de Corps d’aviation royal canadien, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il compte parmi les maquettistes canadiens les plus fameux de la fin des années 1940.
Nelder compte parmi les ingénieurs qui travaillent sur le CF-105 Arrow, l’avion de chasse tout temps supersonique de A. V. Roe Aircraft Limited, une filiale de A.V. Roe Canada Limited, elle-même filiale du géant britannique Hawker Siddeley Group Limited. Suite à l’abandon de cet aéronef, en février 1959, Nelder quitte le Canada et œuvre pour la division Fisher Body de General Motors Corporation. Il reçoit le Pioneer Award de la MAAC en 2004, mais revenons de nouveau à notre digression et, plus particulièrement, à Model Craft Hobbies. Et oui, General Motors est mentionné dans des numéros de mars et novembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin.
Model Craft Hobbies voit le jour à une date indéterminée, sous le nom de Ontario Model Aircraft Company de Toronto. Model Craft Hobbies, qui adopte son nouveau nom au début de 1942, fabrique des modèles réduits capables de voler utilisés par les membres canadiens du Jimmie Allen Flying Club. Au printemps 1942, elle produit environ 90 000 modèles réduits par mois. En comparaison, la production mensuelle de la firme à la fin des années 1920 ou au début des années 1930 est d’environ 125 modèles réduits.
Qu’est ce que le Jimmie Allen Flying Club, dites-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Une bonne question qui mérite une bonne réponse. La fascination envers les aviatrices et aviateurs dans laquelle baignent les États-Unis au début des années 1930 se retrouve à la radio où The Air Adventures of Jimmie Allen, un feuilleton d’aventure, soulève l’enthousiasme de jeunes auditrices et auditeurs tant américain(e)s que canadien(ne)s. Produites entre 1933 et 1937 à partir de textes rédigés par 2 pilotes de la Première Guerre mondiale, les aventures du jeune pilote civil demeurent en ondes jusque vers 1943. Une seconde série d’aventures de Jimmie Allen, commanditée par International Shoe Company et d’autres sociétés, entre en ondes en 1946-47.
Le Jimmie Allen Flying Club aurait compté jusqu’à 600 000 Jimmie Allen Cadets au cours des années 1930 et 1940. Le commanditaire canadien du club est British American Oil Company Limited de Toronto, Ontario, une société sans lien direct avec le commanditaire américain du feuilleton, Skelly Oil Company. Le bulletin mensuel envoyé aux membres du club, Jimmie Allen Flying Club News, existe en version canadienne, mais en anglais seulement. British American Oil publie par ailleurs une brochure pouvant recevoir des timbres portant les portraits de 16 pilotes canadiens, principalement des as de la chasse de la Première Guerre mondiale et des pilotes de brousse.
The Air Adventures of Jimmie Allen est la première émission de radio qui inclut dans sa promotion des modèles réduits munis de moteur à propulsion élastique. Une vingtaine de modèles réduits officiels sont fabriqués à des centaines de milliers d’exemplaires. De nombreux jeunes garçons (et quelques jeunes filles?) qui les assemblent participent à des courses qui se tiennent aux États-Unis et au Canada. Deux de ces modèles réduits, le B.A Cabin / Skokie et le B.A. Parasol / J.A. Racer, sont spécifiquement conçus pour participer aux courses commandités par British American Oil.
Un des scénaristes de The Air Adventures of Jimmie Allen crée un second feuilleton d’aventure radiophonique qui entre en ondes au début de 1938. Aujourd’hui bien oublié, Howie Wing, A Saga of Aviation raconte les aventures d’un jeune pilote, le Howie Wing du titre, et de ses amis. Le commanditaire de cette œuvre est un fabricant de céréales pour déjeuner américain bien connu, Kellogg’s Limited. Sa filiale canadienne, Kellogg Canada Incorporated de London, Ontario, l’appuie dans sa démarche. Les annonces publicitaires insérées dans chaque épisode font souvent appel à des aviatrices (et aviateurs?) bien connus à l’époque. Un Howie Wing Cadet Aviation Corps ne tarde pas à voir le jour. Soucieuse de faire connaître son feuilleton, Kellogg’s organise un grand concours dont les gagnants, une fille et un garçon, auraient reçu en cadeau le contenu de 2 valises qui, les premières, dit-on, effectuent le tour du monde par avion, en sens opposé, en février-mars 1939.
La création d’un feuilleton radiophonique fameux entre tous, Captain Midnight, entraîne toutefois le départ du scénariste de Howie Wing, A Saga of Aviation. Un dernier épisode passe en ondes avant même la fin de 1939. Cette même année, Kellogg’s commandite la radiodiffusion de son feuilleton en Australie.
Captain Midnight fascine un grand nombre de jeunes auditrices et auditeurs nord-américains entre octobre 1939 et décembre 1949. De fait, les scénaristes de Captain Midnight sont ceux-là mêmes qui créent son prédécesseur. Commandité par A. Wander Limited, fabricant américain d’Ovaltine, ou Ovomaltine, un produit aromatisant pour le lait d’origine suisse, Captain Midnight remplace le feuilleton radiophonique Little Orphan Annie, retiré des ondes après 10 ans de succès. Le nouveau personnage gagne rapidement en popularité. En 1942, un studio d’importance secondaire produit un feuilleton cinématographique de 15 épisodes. Le club Captain Midnight « Flight Patrol » finit par compter plus d’un million de membres. Ais-je mentionné que A. Wander est une filiale d’une société suisse du nom de A. Wander Aktiengesellschaft? Toutes mes excuses. Je digresse..
S’il est vrai que Little Orphan Annie trouve un autre commanditaire en la personne de Quaker Oats Company, et ce avant même la fin de 1940, le fait est que la jeune orpheline devient une simple compagne pour le héros aviateur d’un nouveau feuilleton radiophonique, Captain Sparks. Pis encore, le club de Little Orphan Annie, la Safety Guard, devient la Secret Guard. Au cours de 1941, un grand nombre de jeunes passionné(e)s de vol américain(e)s et canadien(ne)s envoient des dessus de boîtes de produits Quaker Oats afin de recevoir un poste de pilotage jouet en carton, ou Aviators Training Cockpit, avec un livret d’instruction de 16 pages décrivant comment piloter un avion – en anglais, How to Fly an Airplane. Pâle imitation de Captain Midnight, Captain Sparks disparaît en 1942. Notons ici qu’une société américaine bien connue pour ses casse-têtes, Einson-Freeman Company Incorporated, produit un autre poste de pilotage jouet en carton, ou How to Fly Training Cockpit, vers 1942, et…
Euh, où en étais-je, ami(e) lectrice ou lecteur? Je pontifiais sur les modèles réduits munis d’un moteur à essence fabriqués au Canada, n’est-ce pas? Alors, poursuivons. L’engouement pour ce type de machines volantes est tel qu’environ 50 modèles réduits munis d’un moteur à essence participent à une compétition, organisée par T. Eaton Company Limited, le plus important détaillant en magasin au Canada, qui se tient dans la région montréalaise en juin 1941. Un des participants est nul autre que Christopher B. « Chris » Falconar, et… Ce nom ne vous dit rien, n’est ce pas? Soupir.
Maquettiste passionné dès son enfance, Falconar commence sa carrière en aéronautique au cours de la Seconde Guerre mondiale, dans la région montréalaise, chez Noorduyn Aviation Limited et Canadian Car and Foundry Company Limited (CCF). Et oui, l’important fabricant de matériel roulant ferroviaire qu’est CCF, mentionné dans un numéro de novembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin, s’intéresse à l’aviation depuis le milieu des années 1930. Si vous êtes sage, ami(e) lectrice ou lecteur, je vous promets d’envisager la possibilité de pontifier sur la carrière de Falconar à une date ultérieure.
Avez-vous une question, ami(e) lectrice ou lecteur un tant soit peu impatient(e)? Quant sera-t-il question de la Ligue des avions miniatures de Montréal, dites-vous? Ne craignez point, nous y arrivons, lentement mais sûrement.
Avant de prendre la route en cette direction, qu’il me soit permis de mentionner quelques pionniers du maquettisme canadien. Nous parlons ici des rares passionnés qui tentent de produire des moteurs à essence pour modèles réduits. En 1937, Arthur Jaques de Winnipeg, Manitoba, complète la mise au point du moteur Ajax. Il en produit une vingtaine d’exemplaires en 1938-39. Des maquettistes américains achètent certains d’entre eux. De fait, la production en masse de moteurs par des fabricants américains joue probablement un rôle crucial dans l’échec commercial du moteur Ajax.
Cela étant dit (tapé?), une décision du gouvernement fédéral, prise pendant la Seconde Guerre mondiale, d’interdire l’importation de moteurs à essence américains change quelque peu la donne. Une personne liée à Ontario Model Aircraft, Frank E. Lucas, travaille sur un moteur à essence pour modèles réduits avant même la fin de 1940. L’auteur de ces lignes ne sait malheureusement pas si ce Model Craft Premier est produit en série.
Le Montréalais Randall Bainbridge se lance lui aussi dans l’aventure en 1940. Strato Model Engines (Incorporated ?) produit environ 80 moteurs de haute qualité, et ce en dépit des problèmes et restrictions associées à la Seconde Guerre mondiale. Le dernier moteur Strato est produit en 1946. La réintroduction des moteurs à essence américains sur le marché canadien explique sans doute l’échec commercial de ce produit.
Les travaux de Bainbridge peuvent toutefois inspirer quelques personnes. Samuel « Sam » Crystal, propriétaire de la petite firme torontoise Merlin Miniatures Incorporated fabrique de nombreux moteurs Super B entre 1945 et 1947. La dernière version de ce moteur peut être produite ou assemblée aux États-Unis. Mentionnons par ailleurs les frères Salonen de Vancouver. Salonen Brothers Tool & Engineering Works produit un certain nombre de moteurs Queen Bee entre 1945 et 1948. Profondément frustré par l’importation massive de moteurs américains au Canada, une fois la paix revenue, « Al » Salonen jette à l’eau l’outillage utilisé pour fabriquer ses moteurs.
N’oublions pas Murray « Ray / Uncle Ray » Hunter. Ce Torontois conçoit les moteurs à essence pour modèles réduits les plus connus jamais produits au Canada. Initialement connu sous le nom de Whirlwind, le moteur Hurricane suscite l’enthousiasme des maquettistes canadiens et américains dès 1944. Il est fabriqué par la compagnie de Hunter, Production & Tool Company. L’introduction des moteur Super Hurricane et Hurricane « Hot Top, » en 1946 et 1948, ajoute au prestige de Production & Tool.
Hunter fabrique par ailleurs quelques moteurs à 2 cylindres ainsi que quelques moteurs refroidis par eau pour bateaux miniatures. Hunter propose même un moteur, le HP Whirlwind (?), capable de propulser un avion cible militaire miniature. Aucun de ces projets de dépasse l’étape du prototype ou de la présérie.
Cela étant dit (tapé?), les Hurricane, Super Hurricane et Hurricane « Hot Top » font le plaisir de maquettistes de plusieurs pays (Afrique du Sud, Australie, Brésil, Canada, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Portugal et Royaume-Uni) au cours des années de l’après Seconde Guerre mondiale. Le nombre de moteurs (exportés?) frôle les 275 000, et ce en dépit de l’omniprésence des moteurs américains. La production de ces moteurs prend fin en 1950. Hunter vend son outillage à un Britannique à une date indéterminée. Il est le premier récipiendaire du M.A.A.C. Model Aviation Pioneers of Canada Award, en 2003.
Le maquettisme vit une autre révolution avant même la fin des années 1930. En effet, les premiers modèles réduits radiocommandés font leur apparition aux États-Unis vers 1937. Plusieurs personnes impliquées dans ces projets sont mis à contribution pendant la Seconde Guerre mondiale. Il suffit de songer à Reginald Denny, né Reginald Leigh Dunmore. Cette vedette de cinéma et ex-pilote cascadeur d’origine britannique vole pendant la Première Guerre mondiale en tant qu’observateur / mitrailleur. Sa compagnie, Radioplane Company, fondée en 1939, produit près de 14 900 avions cibles pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi son personnel se trouve une jeune femme, Norma Jean Dougherty, née Mortenson – la future Marilyn Monroe.
Détail intéressant, Denny compte parmi les personnes qui, au fil des ans, sont les propriétaires de l’exemplaire d’un avion de chasse de la Première guerre mondiale, le Sopwith 7F.1 Snipe, en montre au musée de l’aviation et de l’espace du Canada.
Il est à noter que des Québécois comptent parmi les pionniers en ce qui concerne la mise au point de modèles réduits radiocommandés au Canada. Un groupe de passionnés de vol fonde, vous l’aurez deviné, la Ligue des avions miniatures de Montréal, en octobre 1938. Yaaaay! Pardon. Cette association aujourd’hui bien oubliée, la première et seule qui regroupe alors des francophones du Canada, ne tarde pas à compter environ 150 membres. À partir de septembre 1939, son âme dirigeante et président fondateur, Rosaire Paquette, donne des cours sur la conception et la fabrication de modèles réduits tous les jeudis, à la Palestre nationale, un centre sportif montréalais bien connu qui appartient à l’Association athlétique nationale de la jeunesse. Il est à noter que la Ligue des avions miniatures de Montréal n’a aucun lien direct avec la Model Aircraft League of Montreal.
Le modèle réduit complété en 1937 avec des futurs membres de la Ligue des avions miniatures de Montréal. De gauche à droite, Benjamin « Ben » Tarnopsky, Rosaire Paquette, C. Tinegord (?) et Robert Hancock « Bob » Noorduyn. Christian Verdon, « Avion-miniature contrôlé par la radio. » La Patrie, 7 janvier 1939, 44.
Au cours de l’été 1937, avant même la formation de la ligue, quelques futurs membres complètent un énorme modèle réduit, apparemment motorisé. Un des membres de l’équipe semble être nul autre que Robert Hancock « Bob » Noorduyn, fils de Robert Bernard Cornelius « Bob » Noorduyn, fondateur de Noorduyn Aircraft Limited et concepteur d’un remarquable avion de brousse canadien, le Noorduyn Norseman. Et oui, un aéronef de ce type se trouve dans la fantastique collection du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada.
Paquette et un ami, Harris Pound, font voler un modèle réduit radiocommandé motorisé avant même le début de la Seconde Guerre mondiale. Cet aéronef existe encore au printemps 1944. Paquette compte alors parmi les employés de Noorduyn Aviation, une raison sociale adoptée en 1938. Ce modèle réduit radiocommandé peut fort bien être la première machine volante du genre au Canada.
En janvier 1940, la ligue peut, je répète peut, lancer une série de cours sur le vol à voile. L’objectif final de cette formation consiste en la fabrication d’un planeur. Aucune information disponible ne permet de confirmer que cet aéronef est complété.
La Ligue des avions miniatures de Montréal disparaît à une date malheureusement indéterminée.
À la semaine prochaine.