« V’là l’bon vent, v’là l’joli vent : » Un survol en coup de vent de la fascinante turbine éolienne de l’ingénieur français Louis Constantin, et de quelques autres choses en plus, partie 2
Bonjour, ami(e) lectrice ou lecteur. Comment va la vie dans votre coin de l’univers? […] Bien, bien. Ça n’est certes pas le cas pour tout le monde. Certaines personnes sont plus égales que d’autres, je suppose. Désolé, désolé.
Souhaitez-vous approfondir vos connaissances en matière d’énergie éolienne? […] Bien, bien.
Vous vous souviendrez évidement que le personnage principal de notre histoire est un ingénieur français du nom de Louis Constantin.
Je ne vous apprendrai rien, érudit(e) ami(e) lectrice ou lecteur, en soulignant que Constantin n’est pas le premier Homo sapiens à proposer l’exploitation de l’énergie du vent pour produire de l’électricité par le biais de turbines éoliennes. De fait, le physicien / inventeur belge Florisse Nollet peut, je répète peut, être le premier chercheur à proposer un tel concept, vers 1840-41.
C’est vraiment très cool étant donné que la première application connue, je répète, connue, du moins pour moi, d’un moteur électrique date de 1835. Cette année-là, aux Pays-Bas, un professeur de chimie et un fabricant d’instruments, Sibrandus Stratingh et Christiaan Becker, assemblent un véhicule électrique miniature, encore visible aujourd’hui, en 2023, au Universiteitsmuseum Groningen, à Groningen, Pays-Bas.
L’ingénieur austro-hongrois Josef Friedlander fait la démonstration de l’exploitation de l’énergie du vent pour produire de l’électricité par le biais d’une turbine éolienne dans le cadre d’une exposition internationale, la Internationale Elektrische Ausstellung, une exposition faramineuse et… électrisante, désolé, désolé, qui se tient à Vienne, Empire austro-hongrois, d’août à octobre 1883. Il utilise pour ce faire une turbine éolienne à axe horizontal d’environ 6.55 mètres (21.5 pieds) de diamètre fabriquée par un chef de file mondial du pompage de l’eau à l’aide de tels dispositifs, la firme américaine United States Wind Engine and Pump Company. La dite éolienne alimente des outils, des ampoules électriques et une batteuse.
La turbine éolienne de 1895 de l’ingénieur électricien / professeur écossais James Blyth, Marykirk, Scotland. Rankin Kennedy, The Book of Modern Engines and Power Generators, vol. 1. (London: Caxton, 1912), fig. 35.
Entre 1887 et 1891, l’ingénieur électricien / professeur écossais James Blyth supervise la construction de 3 turbines éoliennes. Son concept de 1891 est une turbine éolienne à axe vertical et 6 coupelles en bois dont l’électricité, entreposée dans des accumulateurs, alimente pendant plus de 20 ans les ampoules électriques de sa maison de vacances, une maison de vacances qui devient ainsi la première résidence au monde à être éclairée par de l’électricité produite par le vent.
Incidemment, Blyth obtient un brevet d’invention britannique pour ce concept en 1891.
Soit dit en passant, la turbine éolienne de 1891 s’inspire de l’anémomètre à coupelles mis au point vers 1845 par l’astronome / physicien anglo irlandais John Thomas Romney Robinson, un anémomètre que nous connaissons vous et moi fort bien, n’est-ce pas?
Croiriez-vous que Blyth autorise une firme d’ingénierie écossaise à ériger, en 1895, une immense turbine éolienne inspirée de son concept de 1891 destinée à fournir une alimentation électrique de secours au Royal Lunatic Asylum, Infirmary and Dispensary de Montrose, Écosse – une autre première mondiale selon toute vraisemblance? Cette pièce d’équipement demeure opérationnelle pendant plusieurs années.
Avant que je ne l’oublie, Blyth est l’auteur d’un commentaire pour le moins prémonitoire, ici traduit : « n’importe quel idiot peut faire tourner une éolienne pour produire de l’électricité, mais le défi est d’en fabriquer une qui peut être laissée sans surveillance sans s’emballer jusqu’à destruction. »
En 1887, le duc de Feltre, né Charles-Marie-Michel de Goyon, et un jeune ingénieur du nom de Raoul de l’Angle-Beaumanoir entament des expériences faisant appel à une turbine éolienne à axe horizontal de United States Wind Engine and Pump d’environ 12.2 mètres (40 pieds) de diamètre qui produit de l’électricité qui, une fois entreposée dans des accumulateurs, doit être fournie, moyennant paiement, à des consommateurs vivant près de Le Havre, France. Le dynamique duo abandonne toutefois vite cette idée. Il propose au ministère des Travaux publics d’alimenter un phare situé près de cette ville portuaire.
Il est à noter que ces expériences se déroulent pour ainsi dire au même moment que l’Exposition maritime internationale du Havre, qui se tient de mai à septembre 1887.
Les dites expériences donnent apparemment d’assez bons résultats mais l’énergie ainsi produite s’avère assez coûteuse. De plus, la turbine éolienne est fortement endommagée par des tempêtes au cours de l’hiver 1887-88.
L’immense turbine éolienne située près de l’opulent manoir de l’inventeur / ingénieur / entrepreneur américain Charles Francis Brush, Cleveland, Ohio. Anon., «The Windmill Dynamo and Electric Light Plant of Mr. Charles F. Brush, Cleveland, O. » Scientific American, 20 décembre 1890, 383.
En 1888, l’inventeur / ingénieur / entrepreneur américain Charles Francis Brush supervise la construction, tout près de son opulent manoir, d’une turbine éolienne à axe horizontal à 144 pales d’environ 17 mètres (56 pieds) de diamètre, le premier dispositif du genre à fonctionnement automatique au monde soit dit en passant, pour éviter son autodestruction par des vents violents. L’électricité ainsi produite, entreposée dans des accumulateurs, alimente pendant plusieurs années les nombreuses ampoules électriques du dit manoir, qui devient ainsi la première résidence nord-américaine à être éclairée par de l’électricité produite par le vent.
Deux des turbines éoliennes développées par le météorologue / inventeur / enseignant danois Poul La Cour, Askov, Danemark, vers 1897. Poul La Cour Museet.
En 1891, le météorologue / inventeur / enseignant danois Poul La Cour supervise la construction d’une turbine éolienne à axe horizontal de 11.6 mètres (environ 38 pieds) de diamètre sur le terrain d’une école secondaire pour adultes, Askov Højskole, à… Askov, Danemark. Jugeant les accumulateurs de l’époque trop coûteux, le Edison danois, comme on le surnomme souvent, utilise l’électricité ainsi produite pour extraire par électrolyse l’hydrogène contenu dans un bassin d’eau. La Cour utilise ce gaz inflammable pour éclairer l’école. Askov Højskole devient ainsi la première institution d’enseignement au monde à être éclairée par de l’électricité produite par le vent, ne serait-ce qu’indirectement.
Un petit quelque chose auquel La Cour ne s’attendait pas est la présence occasionnelle d’oxygène dans l’hydrogène utilisé pour éclairer Askov Højskole. Lorsque ce mélange est allumé pour éclairer l’école, sa combustion se révèle un peu plus violente que celle du mélange plus habituel d’air et d’hydrogène. À dire vrai, le personnel de l’école doit remplacer les fenêtres de quelques bâtiments à quelques reprises.
Et oui, le Edison en question est un inventeur américain bien connu, le brillant et retors Thomas Alva Edison, mentionné dans des numéros de juillet 2019 et janvier 2022 de notre tout aussi formidable blogue / bulletin / machin, mais revenons à notre histoire.
La Cour réalise peu à peu qu’une turbine éolienne ayant un petit nombre de pales et tournant rapidement est plus efficace. Il tire son inspiration d’essais en soufflerie, une première mondiale pour un concepteur de turbines éoliennes. La Cour supervise en fait la construction de deux souffleries, certaines des premières au monde. Remarquez, il tire également son inspiration de contacts étroits avec des constructeurs de moulins à vent dont l’expérience pratico pratique n’est plus à faire.
La Cour supervise la construction d’une turbine éolienne améliorée à axe horizontal de 23 mètres (environ 75.5 pieds) de diamètre sur le terrain de Askov Højskole en 1897. Ce dispositif ne tarde pas à devenir la centrale électrique d’Askov – une autre première mondiale. Cette pièce d’équipement demeure opérationnelle pendant plusieurs années.
Vers la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, La Cour donne des cours à des électriciens éoliens en herbe à Askov Højskole. En octobre 1903, il compte parmi les membres fondateurs de la Dansk Vindelekhisitets Selskab, la première organisation au monde dédiée à l’exploitation de l’énergie du vent pour produire de l’électricité par le biais de turbines éoliennes. La Cour publie par ailleurs Tidsskrift for Vind-Elektrisitet, le premier périodique / magazine dédié à cette exploitation, à partir de janvier 1904.
Contrairement à ce qui se produit dans le cas de Friedlander, Blyth, de Goyon et Brush, les recherches accomplies par La Cour ne prennent pas fin avec son décès, en avril 1908, à l’âge de 62 ans. Nenni. La Dansk Vindelekhisitets Selskab et Tidsskrift for Vind-Elektrisitet poursuivent son œuvre. N’oublions pas non plus les quelques petites firmes danoises, dont Lykkegaard Maskinfabrik Aktieselskab, qui produisent des turbines éoliennes s’inspirant des concepts de La Cour, et ce dès les années 1900.
Il va de soi que des expériences visant l’exploitation de l’énergie du vent par le biais de turbines éoliennes se poursuivent après les années 1900, mais revenons à l’ingénieur au cœur de notre récit.
Au plus tard en 1924, Constantin commence à publier des articles où il met de l’avant l’idée de l’exploitation de l’énergie du vent par le biais de turbines éoliennes. En effet, la France a alors des problèmes en matière d’énergie. De fait, certains experts français et étrangers se demandent si les gisements de charbon (et de pétrole?) de la planète vont continuer de produire pendant longtemps. Le vent, affirme Constantin à l’Office national des recherches scientifiques, industrielles et des inventions, est et serait une inépuisable source d’énergie à bon marché.
Un des sites d’exploitation proposés est le point culminant des monts de Vaucluse, autrement dit le Mont Ventoux, une petite montagne également connue sous le nom de Mont chauve et Géant de Provence qui se trouve tout près du coin de pays où Constantin a vu le jour.
Des essais en soufflerie, à Paris, France, au Laboratoire aérodynamique Eiffel, démontrent que la turbine éolienne / aéromoteur / aérogénérateur bipale à axe horizontal proposée par Constantin est supérieure à bien des égards aux concepts proposés jusqu’alors de par le monde : rendement supérieur, puissance supérieure et coût inférieur.
Et oui, le Eiffel en question est l’ingénieur / industriel français de renommée mondiale Alexandre Gustave Eiffel, né Bönickhausen dit Eiffel, mais je digresse. Votre faute, comme d’habitude. Désolé, désolé.
Aux dires de Constantin, une turbine éolienne de 30 mètres (environ 98.5 pieds) de diamètre produirait une puissance équivalente à environ 520 kilowatts (environ 700 chevaux vapeurs impériaux / environ 710 chevaux vapeurs métriques) et ce, 23.934472 heures par jour et 365.259636 jours par an. Une turbine éolienne de 40 mètres (environ 131.25 pieds) de diamètre serait plus puissante encore. Elle produirait en effet une puissance équivalente à environ 815 kilowatts (environ 1 095 chevaux vapeurs impériaux / environ 1 110 chevaux vapeurs métriques).
Encore une fois aux dires de Constantin, une centrale électrique au charbon aurait besoin de 800 à 900 tonnes métriques (environ 790 à 885 tonnes impériales / environ 880 à 990 tonnes américaines) du machin noir pour produire la même quantité d’énergie que la plus grande des turbines éoliennes qu’il propose en 1924.
Pour éviter que ses turbines éoliennes ne s’emballent et s’auto-détruisent par vent fort, Constantin prévoit les munir d’un dispositif de mise en drapeau, ce qui signifie que leurs pales pourraient être tournées jusqu’à ce qu’elles soient face au vent / parallèles à la direction du vent.
La pensée de Constantin est en fait très innovante. Les premières hélices d’aéronef équipées d’un mécanisme de mise en drapeau n’entrent en service que vers 1933-34, aux États-Unis.
Or, saviez-vous que l’hélice en question devait son origine à un ingénieur canadien? Je ne plaisante pas.
Wallace Rupert Turnbull commence ses recherches de renommée mondiale sur la théorie des hélices en 1908. Il commence à se pencher sur les hélices à pas variable pendant la Première Guerre mondiale, alors qu’il travaille en Angleterre. Ses prototypes à commande mécanique de 1917 s’étant révélés peu pratiques, il demande finalement une subvention au Conseil consultatif honoraire de recherches scientifiques et industrielles, l’actuel Conseil national de recherches du Canada.
Soit dit en passant, le Conseil consultatif honoraire de recherches scientifiques et industrielles est mentionné dans des numéros de mars 2019 et octobre 2019 de notre positivement époustouflant blogue / bulletin / machin.
Travaillant en coopération avec un chantier naval impliqué dans la construction aéronautique, Canadian Vickers Limited de Montréal, Québec, Turnbull produit sa première hélice électrique en 1927. Testé en vol sur un avion d’entraînement Avro 504 de l’Aviation royale du Canada (ARC), à la base de l’ARC de Camp Borden, Ontario, ce prototype s’avère raisonnablement efficace et fiable. Cette célèbre hélice appartient présentement à l’absolument fabuleux Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario. La dite collection comprend également non pas un mais deux Avro 504. Si, si, deux.
Cependant, devant le manque de bailleurs de fonds canadiens, Turnbull vend ses brevets à la firme américaine Reed Propeller Company, qui devient en mai 1929 une filiale du géant aéronautique américain Curtiss Aeroplane & Motor Company Incorporated. La production d’une hélice à pas variable débute à peine 4 ans plus tard.
L’importance de la nouvelle hélice est telle que, au cours de l’été 1938, Curtiss-Wright Corporation, une nouvelle raison sociale adoptée en juin 1929, retire la responsabilité du programme de sa Curtiss Aeroplane Division et crée une Curtiss Propeller Division avec sa propre usine distincte.
Et oui, Canadian Vickers est mentionnée à plusieurs reprises dans notre fabuleux blogue / bulletin / machin, et ce depuis mai 2018. Curtiss Aeroplane & Motor et Curtiss-Wright ont eu la même chance depuis avril et février 2018, tout comme Turnbull, en mars 2019 et octobre 2020, mais je digresse.
Au plus tard en 1927, Constantin envisage la possibilité de construire des turbines éoliennes de 50 mètres (environ 164 pieds) de diamètre capable d’absorber sans dommage des vents d’environ 90 kilomètres/heure (environ 56 milles/heure). Un unique exemplaire d’un tel dispositif permettrait d’économiser au minimum 1 000 tonnes métriques (environ 985 tonnes impériales / environ 1 100 tonnes américaines) de charbon par an, du moins selon les affirmations de l’ingénieur à l’époque.
Et oui, votre humble serviteur se rend compte que la puissance produite par cette éolienne de 50 mètres (environ 164 pieds) de diamètre ne fonctionne pas tout à fait compte tenu de la puissance produite par l’éolienne de 40 mètres (environ 131.25 pieds) de diamètre mentionnée ci-dessus. Que voulez-vous que je vous dise dire, je ne suis pas ingénieur.
Et oui, il y aurait évidemment de la place pour plusieurs turbines éoliennes au sommet du Mont Ventoux. Et oui, Constantin envisage déjà la création de fermes éoliennes / parcs éoliens réparties sur quelques sites venteux du territoire français.
De fait, l’auteur de l’article d’octobre 1933 du magazine hebdomadaire français Science et Monde qui introduit la première partie de ce numéro de notre inoubliable blogue / bulletin / machin, Jean Labadié, indique que le sommet du Mont Ventoux pourrait accommoder une centaine de turbines éoliennes, produisant ainsi une puissance équivalente pouvant atteindre environ 81.5 mégawatts (environ 109 500 chevaux vapeurs impériaux / environ 111 000 chevaux vapeurs métriques). Chaque unité d’énergie produite par une telle ferme éolienne reviendrait moins cher qu’une unité d’énergie identique produite par une centrale hydroélectrique.
Une telle ferme éolienne permettrait par ailleurs d’économiser de 80 à 90 000 tonnes métriques (d’environ 79 à 89 000 tonnes impériales / d’environ 88 à 99 000 tonnes américaines) de charbon par an.
L’électricité produite par de telles fermes serait transmise à des chaudières électriques à vapeur dont la production serait alors emmagasinée sous pression dans de grands réservoirs bien isolés jusqu’à ce qu’on ait besoin de cette vapeur pour alimenter le réseau électrique français.
Labadié, un ingénieur aéronautique et journaliste aéronautique bien connu français à l’époque, souligne par ailleurs que la quantité moyenne quotidienne d’énergie éolienne produite sur les secteurs venteux du territoire français est plus stable que la quantité moyenne quotidienne d’énergie hydroélectrique produite sur ce même territoire. Il ne voit par conséquent aucune objection à l’intégration de fermes éoliennes au réseau électrique français, alors dominé par 2 géants privés, Union d’électricité Société anonyme et Énergie industrielle société anonyme.
Comme vous pouvez l’imaginer, les idées de Constantin intriguent plusieurs personnes, et ce dès 1924. Cette année-là, par exemple, le ministre des Travaux publics, Yves Le Trocquer, demande à ses fonctionnaires de les examiner. L’ingénieur en chef du Service central des forces hydrauliques et des distributions d’énergie électrique du ministère,
Étienne Genissieu, semble fort intéressé. Aux dires de certains, le gouvernement français serait prêt à s’intéresser pour moitié à la firme à venir qui entreprendrait l’exploitation des idées de Constantin. Cette rumeur ne donne en fin de compte lieu à aucun projet concret.
Oserai-je dire que Constantin compte parmi les pionniers des turbines éoliennes rapides utilisées de nos jours, avec le susmentionné La Cour? Mais revenons à notre récit.
Ne parvenant pas à trouver les sommes permettant l’érection d’une turbine éolienne de 30 ou 40 mètres (environ 98.5 ou 131.25 pieds) de diamètre, Constantin doit se résigner à superviser celle d’un prototype de validation de principe de 8 mètres (environ 26.25 pieds) de diamètre dans le Massif central, sur une propriété privée, près de Roanne, France. Le rotor bipale aux pales en tôle d’acier de cette turbine éolienne complétée au plus tard en mai 1927 s’inspire des hélices produites par l’ancien employeur de Constantin, la Société Anonyme Pierre Levasseur.
Cette éolienne est déménagée dans le sud de la France, en Camargue, près de La Crau / La Crau d’Ieras peut-être, en 1928.
La turbine éolienne de Constantin actionne initialement une pompe à eau rotative. Le grand réservoir d’eau qui se trouve à proximité permet de calculer la quantité d’énergie produite par le dispositif.
De fait, Constantin pense qu’une série de turbines éoliennes pourraient être utilisées pour pomper de grandes quantités d’eau du sol et transformer en jardins les zones semi-désertiques de la Camargue.
Et oui, Constantin tente par la suite d’utiliser sa turbine éolienne pour charger des accumulateurs.
Activée par un vent de 72 kilomètres/heure environ (45 milles/heure environ), cette éolienne a, aux dire de Constantin, une puissance de près de 100 kilowatts (près de 135 chevaux vapeurs impériaux / plus de 135 chevaux vapeurs métriques).
Soit dit en passant, Constantin s’associe à un ingénieur / industriel / historien / folkloriste français pour réaliser sa turbine éolienne. De fait, la susmentionnée propriété privée située près de Roanne peut fort bien lui appartenir. Et non, en autant que votre humble serviteur le sache, Paul Eugène Adolphe Fortier-Beaulieu serait au mieux un de mes parents très, très, très, très éloignés.
Il est à noter que Constantin et Fortier-Beaulieu fondent Énergie éolienne, Société d’étude et d’exploitation des procédés Constantin et Fortier-Beaulieu, à Paris, en décembre 1929. Le siège social de cette petite firme déménage à Avignon, France, en juillet 1932. Énergie éolienne peut, je répète peut, disparaître vers 1936, faute de clients.
En effet, les 29 (!?) gouvernements qui se succèdent en France entre 1927 et 1939 ne s’intéressent pas à l’énergie éolienne. La Grande dépression qui s’abat sur la France à partir de 1931, si, si, seulement en 1931, n’est par ailleurs pas un bon moment pour lancer une telle expérience.
Au risque de faire dérailler notre train de pensée, saviez-vous que, même si la musique de la comptine Sur le pont d’Avignon date de 1853, le titre lui-même n’apparaît qu’en 1876? Au risque d’écraser un précieux souvenir d’enfance, le pont Saint Bénézet / Pònt de Sant Beneset à moitié effondré d’Avignon, France, datant du 13ème siècle, est si étroit qu’il n’a jamais vraiment été possible de danser dessus. Toute danse aurait donc eu lieu sur les berges du Rhône, ce qui explique pourquoi une version de la comptine s’intitule Sous le pont d’Avignon.
Un autre monument d’Avignon mérite d’être mentionné, le Palais des Papes. Si, si, il y a un palais papal datant du 14ème siècle à Avignon. Couronné pape en novembre 1305, Clément V / Clemens Quintus, né Raymond Bertrand de Got, s’installe en effet dans la région d’Avignon, Saint-Empire romain, en mars 1309. Six autres papes vont demeurer dans cette même région jusqu’en septembre 1376, date du départ vers Rome, États pontificaux, de Grégoire XI / Gregorius Undecimus, né Pierre Roger de Beaufort, le dernier pape français reconnu par l’église catholique apostolique romaine.
Et non, pour citer le poète / philosophe / encyclopédiste / écrivain / dramaturge français François-Marie Arouet, plus connu sous le nom de Voltaire, le salmigondis de territoires féodaux disséminés à travers l’Europe connu sous le nom de Saint-Empire romain n’était en aucune manière ni saint, ni romain, ni empire, mais je digresse.
Le Palais des Papes redevient toutefois une résidence papale à l’automne 1378 suite à l’élection de Clément VII / Clemens Septimus, né Robert de Genève, en octobre. Le hic, c’est que l’église catholique apostolique romaine a déjà un pape, à Rome, Urbain VI / Urbanus Sextus, né Bartolemeo Prignano, élu en avril. Cette double papauté représente le début d’une crise pontificale, le Grand Schisme d’Occident, qui va opposer des papes romains à des antipapes avignonnais jusqu’à l’élection, en novembre 1417 du pape romain Martin V / Martinus Quintus, né Oddone Colonna.
Ce qui me fait penser à quelques lignes de la pièce radiophonique de 1954 Rinse the Blood off My Toga, en français rince le sang de ma toge, un classique canadien, de Johnny Wayne, né Louis Weingarten, et Frank Shuster.
Claudius, un barman : Salut, Flavius.
Flavius Maximus, un privé romain : Salut, Claud. Quoi de neuf?
Claudius : Pas grand-chose. Qu’est-ce que tu prends?
Flavius Maximus : Donne-moi un martinus.
Claudius : Tu ne veux pas dire un martini?
Flavius Maximus : Si j’en voulais deux, je l’demanderais. Au fait, est-ce que je pourrais manger un morceau?
Désolé, désolé.
Le hic concernant l’élection de Martin V, c’est que l’antipape en poste en 1417, Benoît XIII / Benedictus Tertius Decimus, né Pedro Martínez de Luna y Pérez de Gotor, refuse de se soumettre et se réfugie en Aragon. Son successeur, Clément VIII / Clemens Octavus, né Gil Sánchez Muñoz y Carbón, ne se soumet qu’en juillet 1429. Croiriez-vous que l’église catholique apostolique romaine se balance à ce point de lui qu’elle ne lui fait peut-être pas l’honneur de le traiter d’antipape?
Avant que ne l’oublie permettez-moi de souligner que, entre juin 1409 et mai 1415, il y en fait 3 (?!) individus qui se disputent le pouvoir papal. Un pape à Rome, un antipape à Avignon et un antipape à Pise, République florentine. Je ne plaisante pas.
Et maintenant, quelque chose de complètement différent, et très triste.
Constantin meurt plus ou moins dans la misère, et bien oublié, en février 1956, tout juste avant son 79ème anniversaire, dans un sanatorium non loin de Paris.
À part quelques turbines éoliennes de grande taille érigées à quelques endroits (Allemagne de l’Ouest, Danemark, États-Unis, France, Royaume-Uni et Union des républiques socialistes soviétiques) au cours des années 1930, 1940, 1950 et 1960, l’énergie éolienne suscite peu d’intérêt jusqu’au choc pétrolier de 1973-74.
En 2023, l’énergie éolienne représente environ 8% de l’électricité consommée sur la Terre et environ 3% de l’énergie consommée sur cette même planète.
En cette même année 2023, les carburants fossiles (charbon, gaz naturel et pétrole) représentent encore environ 60% de l’électricité consommée sur la Terre et environ 80% de l’énergie consommée sur cette même planète surexploitée et tristement polluée.
Et la cerise sur le gâteau de désastre climatique est que la consommation mondiale d’énergie en 2023 est environ 6.25 fois supérieure à celle de 1950.
Serait-il trop extrême de suggérer qu’il est grand temps que des intelligences interstellaires supérieures à la nôtre interviennent et sauvent la Terre des humains? Les peuples autochtones, les agriculteurs de subsistance et autres gardiens de la Terre, pour la plupart des gens non-blancs, bizarrement, ou pas, sont sympa, mais le reste…
Compte tenu de l’héritage toxique des sociétés industrialisées auxquelles vous et moi appartenons, de la destruction d’environnements entiers à celle de populations civiles non armées, on pourrait soutenir que nous ne méritons plus que ces intelligences sauvent la Terre pour nous. Trop de dangereux yahous…
Incidemment, la chanson Mercy Mercy Me de Marvin Pentz Gay, Junior, est sortie en juin 1971. Je ne plaisante pas.