3 choses à savoir sur l'amiante, la pomme de terre, et l'aurore boréale
Voici Renée-Claude Goulet, Cassandra Marion et Michelle Campbell Mekarski.
Ces conseillères scientifiques d’Ingenium fournissent des conseils éclairés sur des sujets importants pour le Musée de l’agriculture et de l’alimentation du Canada, le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada et le Musée des sciences et de la technologie du Canada.
Dans cette captivante série mensuelle de billets publiés sur le blogue, les conseillères scientifiques d’Ingenium présentent des « pépites » d’information insolite en lien avec leur champ d’expertise respectif.
Pour l'édition de juin, elles nous expliquent les dangers de l'amiante, comment cultiver des pommes de terre, et la science des aurores boréales.
L’amiante... incroyables propriétés, épouvantables risques pour la santé
L’été dernier, une inondation dans mon quartier a révélé un danger caché dans nos maisons... de l’amiante. Tous les sous-sols de notre pâté de maisons se sont remplis d’eau, ce qui a exigé des réparations coûteuses. Pendant les travaux, bon nombre de mes voisins et moi-même avons trouvé des matériaux contenant de l’amiante dans nos maisons. Le retrait de ces matériaux a nécessité beaucoup de bâches de plastique, de ventilateurs, de gens portant des masques et des combinaisons, et de camions remplis de sacs à déchets dangereux jaunes.
Les minces fibres d’amiante sont la clé de ses propriétés utiles et la raison de son danger pour les humains.
Naturellement, nous avons tous commencé à nous poser des questions sur l’amiante. De quoi s’agit-il? Pourquoi est-elle si dangereuse? Et pourquoi l’utiliser si elle est si nocive?
La première utilisation connue de l’amiante remonte à 4 500 ans. Elle a été trouvée dans des objets de poterie en Finlande. Les anciens potiers finlandais ont découvert de la roche composée de longues fibres minces qu’ils pouvaient mélanger à l’argile qu’ils utilisaient pour faire des pots. L’ajout de ces solides fibres flexibles à l’argile leur permettait de fabriquer des pots plus gros, plus minces et plus résistants à la chaleur.
Le terme « amiante » fait référence à six minéraux naturels qui se développent en longues fibres minces et flexibles. En plus d’être peu coûteuse, cette matière est solide, durable, résistante à la chaleur et aux produits chimiques. Elle a été largement utilisée pendant des milliers d’années en raison de ses propriétés remarquables. De l’antiquité en Grèce, à Rome et en Égypte jusqu’aux temps modernes, l’amiante était couramment utilisé pour :
- de l’isolation dans les maisons, les tuyaux et les bateaux;
- des vêtements de protection, comme des gants et de l’équipement de lutte contre les incendies;
- des pièces d’avions, de bateaux et d’automobiles;
- des matériaux de construction, comme des tuiles, des bardeaux, du ciment, des cloisons sèches, du plâtre à reboucher et même de la peinture;
- des appareils ménagers, comme des séchoirs à cheveux et des mijoteuses; et
- même pour certains produits de beauté.
Malheureusement, l’amiante a beau être très utile, on a finalement découvert que c’était trop beau pour être vrai.
Il y a 2 000 ans déjà, on rapportait que les esclaves travaillant dans des mines d’amiante souffraient de maladies pulmonaires. Après l’ouverture des premières mines d’amiante commerciales au Québec, en 1879, les problèmes de santé relatifs à cette matière ont commencé à être étudiés et publiés. Une des premières études menées sur des travailleurs d’une usine de textiles à base d’amiante a révélé qu’après 20 ans d’emploi, 85 % des travailleurs avaient développé l’amiantose, une maladie pulmonaire grave causée par l’amiante.
Les fibres solides et résistantes à la chaleur et aux produits chimiques qui composent l’amiante et qui en font une matière utile dans l’industrie la rendent aussi dangereuse pour la santé. Les minuscules fibres peuvent pénétrer profondément dans les poumons et rester coincées dans les muqueuses, obstruant la circulation de l’air. Les fibres pointues coupent le tissu pulmonaire, causant de l’inflammation et des cicatrices. L’amiante peut également causer le cancer en endommageant l’ADN dans les cellules pulmonaires. Ce qui est pire encore, le corps ne peut jamais se rétablir. Puisque les fibres d’amiante ne se dissolvent pas dans le mucus, le corps ne peut pas s’en débarrasser, ce qui veut dire que les ravages continuent de s’accumuler.
La nature dangereuse de l’amiante a mené le Canada à limiter son utilisation après 1981 et à l’interdire après 2018, sauf quelques exceptions. Cependant, de l’amiante se trouve encore dans des produits et des bâtiments plus vieux, particulièrement ceux fabriqués avant 1980. Heureusement, la plupart des fibres sont si étroitement serrées dans les matériaux qu’elles ne peuvent s’échapper dans l’air, sauf si elles sont perturbées (p. ex., en perçant, coupant ou cassant les matériaux). Il est important de faire un test avant de perturber un matériau pouvant contenir de l’amiante, mais si on n’y touche pas, les fibres ne devraient pas bouger.
En fait, nous respirons tous environ un million de fibres d’amiante par année simplement en allant à l’extérieur, car les roches contenant de l’amiante se dégradent naturellement. Par chance, comme pour bien des choses, « c’est la dose qui fait le poison ». Une exposition répétée à des taux élevés d’amiante est dangereuse, mais à moins de travailler dans une usine d’amiante ou de régulièrement démolir de vieilles maisons sans protection, vous n’avez probablement pas à vous inquiéter.
Même si l’amiante possède des propriétés remarquables, ses risques pour la santé dépassent de loin ses avantages. Si vous croyez que votre maison contient de l’amiante, il faut consulter un professionnel avant d’entamer des rénovations. Nous pouvons nous protéger, nous-mêmes et nos proches, des dangers cachés de l’amiante en restant informés et prudents.
Avertissement : Cet article est fourni à titre informatif seulement. Si vous croyez qu’il y a de l’amiante dans votre maison ou votre lieu de travail, veuillez communiquer avec des professionnels certifiés.
Aller plus loin :
Par Michelle Campbell Mekarski
Capsule scientifique sur la pomme de terre… de la plantation à la récolte!
Les pommes de terre sont faciles à cultiver, mais elles ne sont pas tout à fait comme les autres cultures. Les planter peut donc être un peu déroutant ou intimidant! N’ayez crainte, en apprendre un peu plus sur ce légume racine très productif et nutritif vous inspirera sûrement à planter quelques-uns de ces tubercules et à en récolter les bénéfices rapidement!
Tout d’abord, parlons de la façon dont on cultive les pommes de terre. Nous semons des graines pour les autres cultures (carottes, tomates, courges ...), mais pour les pommes de terre, nous plantons le légume entier directement dans la terre. On les appelle des pommes de terre de semence. Les pommes de terre sont un excellent exemple de multiplication végétative ou clonage. Les pommes de terre qui poussent seront génétiquement identiques à celle que vous avez plantée.
Lorsque vient le moment de planter des pommes de terre, il est possible d’être confronté au problème suivant : faut-il acheter des pommes de terre de semence ou est-il possible de planter des pommes de terre qui se trouvent dans l’armoire?
Ne jetez pas ces vieilles pommes de terre trouvées dans le fond de l’armoire. Essayez plutôt de les planter!
On recommande généralement de planter des pommes de terre de semence pour quelques raisons. Elles sont triées pour l’uniformité de leur taille, elles sont prêtes à être plantées et on peut trouver certaines variétés qui ne sont pas offertes en épicerie. Les plants peuvent aussi être plus sains, car les pommes de terre de semence ne sont pas porteuses de maladies, ce qui n’est pas garanti avec celles qu’on achète pour la consommation. Finalement, les pommes de terre normales peuvent être recouvertes d’inhibiteurs de croissance qui les empêchent de germer. Cela étant dit, si vos pommes de terre d’épicerie germent, elles produiront dans le potager et vous n’avez pas nécessairement besoin de dépenser du temps et de l’argent pour acheter des pommes de terre de semence particulières. Toutefois, pour les agriculteurs, acheter des pommes de terre de semence certifiées permet de lutter contre les maladies et les ravageurs dans les champs, en plus de produire de meilleures récoltes.
Pendant leur cycle de croissance, les plants de pommes de terre produisent des baies qui contiennent des centaines de graines. Alors, pourquoi ne les cultivons-nous pas à partir de semences? Premièrement, le plant de pommes de terre cultivé à partir de semences ne produit des pommes de terre que dans sa deuxième année. Deuxièmement, et surtout, les pommes de terre cultivées à partir de semences sont génétiquement différentes du plant parent. On ne sait donc pas ce qui poussera. Cette situation est utile pour les sélectionneurs de végétaux qui veulent créer de nouvelles variétés, mais pour les cultivateurs qui souhaitent obtenir une sorte précise de pommes de terre, les pommes de terre de semence permettent de récolter les résultats souhaités.
La taille de pomme de terre idéale à planter est environ celle d’une balle de golf. Les pommes de terre plus grosses peuvent être coupées en morceaux pour créer de multiples pommes de terre de semence avant de les planter. Chaque morceau doit être assez gros (encore une fois, la taille d’une balle de golf) et avoir au moins un « œil ». Les yeux sont en fait des germes, ou des zones sur la pomme de terre qui développe de nouveaux plants!
Lorsque la pomme de terre est dans le sol, les germes poussent vers le haut et deviennent des pousses du plant, tandis que les racines commencent à se former à la base de la pousse. La pomme de terre de semence fournit les nutriments nécessaires aux pousses pour faire des tiges, des feuilles et des racines, jusqu’à ce que le plant soit suffisamment établi pour se nourrir par lui-même. Le plant, lorsqu’il devient plus dense, commence à produire des tiges plus minces, appelées stolons, qui se développent vers l’extérieur juste sous le sol. Les nouvelles pommes de terre commencent à se former aux extrémités des stolons et grossissent au cours des prochaines semaines. Lorsque les légumes sont prêts, les plants commencent à mourir et à jaunir. C’est le temps de la récolte! Si on observe de près une pomme de terre, on peut trouver l’endroit qui la reliait au reste du plant.
Puisque les stolons poussent vers l’extérieur à partir la partie souterraine de la tige, amonceler de la terre à la base du plant pendant sa croissance, une technique appelée buttage, peut produire une récolte plus importante. Le plant peut ainsi envoyer plus de stolons dans la butte de terre ajoutée lorsqu’il devient plus grand. Le buttage protège aussi les pommes de terre contre l’exposition à la lumière du soleil. La lumière fait verdir les pommes de terre et crée un composé toxique nommé solanine.
La culture des pommes de terre peut être une activité estivale amusante et un petit espace suffit. Un seau percé de trous de drainage fera l’affaire! Les pommes de terre ont besoin de beaucoup d’eau et d’azote, donc il faut s’assurer de les arroser souvent et que la terre contienne suffisamment de nutriments. Ensuite, on attend patiemment pendant que les plants poussent! Joyeux jardinage!
Par : Renée-Claude Goulet
Décoder les mystères des aurores polaires
Le 10 mai 2024, une puissante tempête solaire a produit une magnifique aurore boréale illuminant le ciel nocturne, et ce, même dans les régions plus au sud du Canada et des États-Unis!
Les lueurs boréales, ou aurores boréales dans l’hémisphère nord et aurores australes dans l’hémisphère sud, sont généralement reconnaissables par le spectacle de lumière colorée dans le ciel nocturne lorsqu’on se trouve près des pôles magnétiques de la Terre. Nous examinerons ici la science derrière les aurores polaires et comment mieux les observer.
Une aurore boréale brillante illumine le ciel sur la côte de la baie Georgienne, en Ontario, à une latitude de 45 degrés, le 10 mai 2024.
LA Science
En bref, les aurores polaires sont le résultat de l’interaction entre le vent solaire, le champ magnétique de la Terre et des molécules qui se trouvent dans la haute atmosphère. Plus précisément, des particules chargées (électrons et protons) éjectées de la couronne du Soleil (exosphère) rayonnent dans l’espace et entrent en contact avec le champ magnétique de la Terre. Ces particules sont redirigées autour de la planète, le long de lignes de champ magnétique aux pôles. Lorsqu’il y a une série de collisions entre les particules chargées et les gaz de la haute atmosphère, de l’énergie est libérée et le ciel devient fluorescent, ce qui donne l’apparence de rubans de lumière qui bougent.
Des organisations, comme le Space Weather Prediction Center de la NOAA, établissent des prévisions de visibilité des aurores polaires en fonction de données sur le vent solaire, les mesures de champ magnétique et autres observations de la météorologie spatiale. Ils publient et mettent à jour des cartes de prévisions, et communiquent aussi une lecture de l’indice Kp qui indique les niveaux de l’activité géomagnétique sur une échelle de 0 à 9, les valeurs plus élevées correspondant à une aurore plus répandue.
L’activité du Soleil se déroule sur un cycle de 11 ans et nous nous approchons de son maximum d’activité solaire, c’est-à-dire lorsque le Soleil est le plus actif. Quand le Soleil est actif, il y a de nombreuses taches solaires sur sa surface ainsi que d’importantes éruptions magnétiques associées au phénomène. Lorsque ces éruptions se produisent sur le côté du Soleil qui fait face à la Terre, notre planète observe une augmentation considérable de vent solaire ou de particules chargées, et, par conséquent, une intensité des aurores polaires. Tout récemment, en mai 2024, une incroyable tempête solaire d’indice Kp9 a été enregistrée et observée depuis la majorité du continent nord-américain. Or, la plupart du temps, ce genre d’événements se limite aux latitudes se situant de 60 à 75 degrés.
Les aurores polaires peuvent ressembler à des voiles envoûtants qui dansent dans le ciel. Leurs couleurs peuvent varier entre le vert, le rouge, le violet et le bleu. Ces couleurs sont déterminées par le type de gaz impliqué et l’altitude à laquelle l’interaction se produit. Le vert, par exemple, est la couleur la plus couramment observée et elle est générée par l’interaction entre des molécules d’oxygène à environ 100 km au-dessus de la surface de la Terre. Les aurores polaires rouges sont également formées par de l’oxygène à des altitudes dépassant les 300 km. L’azote peut produire des aurores polaires bleues ou rouge violacé, selon l’énergie des particules entrantes.
Les aurores polaires non seulement enchantent les observateurs, mais elles offrent également un aperçu fascinant des interactions dynamiques entre notre planète et le cosmos. En fait, la plupart des planètes de notre système solaire, à l’exception de Mercure qui n’a pas d’atmosphère, sont exposées à une forme quelconque d’aurores polaires. Pour vous assurer des meilleurs résultats, prévoyez observer les aurores polaires en haute altitude, vérifiez les prévisions d’aurores polaires et météorologiques (visant un ciel dégagé, bien entendu), et trouvez un endroit éloigné de la pollution lumineuse urbaine. Parfois, l’œil nu ne peut les repérer, mais un bon appareil-photo réglé pour une longue durée d’exposition pourrait vous surprendre. Le cycle solaire arrive à son apogée, donc les occasions de voir ce phénomène céleste devraient devenir plus fréquentes, offrant aux observateurs du ciel chevronnés et aux nouveaux amateurs la chance d’assister à la magie des aurores polaires.
Par Cassandra Marion
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