Désolé, mais non, les frères Wright n’ont pas vraiment inventé l’avion : Un survol bien trop rapide des machines volantes motorisées pilotées plus lourdes que l’air fabriquées et / ou testées avant le 17 décembre 1903, partie 1
Pourquoi un tel air de surprise, ami(e) lectrice ou lecteur facilement confus(e)? Vous pensiez que votre serviteur avait oublié le 120ème anniversaire du premier vol contrôlé et soutenu d’un aéroplane motorisé piloté, le 17 décembre 1903, n’est-ce pas? Oui, vous le pensiez. Ne le niez pas. Vos oreilles remuent lorsque vous bobardez.
En fait, si votre serviteur peut se faire l’avocat du diable, étant donné les vents qui soufflent à Kitty Hawk, Caroline du Nord, en décembre 1903, une enclume ailée ou Steve le kākāpō aurait pris son envol sans trop de difficulté. Le plus délicat est de contrôler sa trajectoire une fois en l’air et… Pourquoi ce regard perplexe, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous ne connaissez pas Steve le kākāpō? Ahh, un gouffre aussi béant dans votre culture ne peut pas rester, euh, béant.
Jetez un œil à ce qui suit. J’attendrai. Veuillez noter que cette vidéo est en anglais.
Humm, étant donné la quantité de rires pouffés émanant de votre coin de la galaxie, je ne peux que présumer que vous avez aimé le style de présentation terre-à-terre de Steve. Désolé, désolé. (Bonjour, EP!)
Malheureusement, le kākāpō est une espèce en danger critique d’extinction. Au moment où votre serviteur tapait cette phrase, il y avait environ 245 kākāpōs vivant sur 4 petites îles au large d’Aotearoa / Nouvelle-Zélande. Si, environ 245, pas 203.
Maintenant, je vous le demande, quoi de plus sympathique et digne de survie qu’un perroquet solitaire, paisible, odorant, nocturne, incapable de voler, herbivore, curieux et capable de vivre près de 100 ans?
Et oui, les kākāpōs se portent très bien jusqu’à ce que Home sapiens pose le pied sur Aotearoa, vers 1280-1320 pour être plus précis. Si ces peuples, les Māoris, réduisent certainement leur nombre, à la fois directement et indirectement, les colons britanniques qui commencent à s’enraciner dans les années 1810 et 1820 se révèlent bien plus destructeurs, à la fois directement et indirectement.
Et oui, ces colons au visage pâle traitent très mal les Māoris, ce qui ne surprendra pas les peuples autochtones de tous les continents de la planète Terre, mais revenons à notre sujet du jour.
Pour citer le titre de la pontification d’aujourd’hui, désolé, mais non, les frères Wright n’ont pas vraiment inventé l’avion. L’air perplexe sur votre joli visage cède la place à l’indignation, ami(e) lectrice ou lecteur? Comment oserais-je contester la primauté des frères Wright?
Eh bien, d’abord, je ne le fais pas. Même si les vents qui soufflent sur Kitty Hawk leur sont d’une grande aide en décembre 1903, les frères Wright réussissent à voler près de Dayton, Ohio, au cours des été et automne 1904. À ce moment-là, remarquez, ils ont commencé à utiliser une catapulte pour faciliter les décollages.
Et oui, cette utilisation d’un moyen d’aide au décollage conduit de nombreuses personnes en France et au Brésil à contester l’affirmation des frères Wright selon laquelle ils ont effectué le premier vol contrôlé et soutenu d’un aéroplane motorisé piloté. De nombreux individus originaires de France ont prêté allégeance à un gentilhomme français que nous rencontrerons avant trop, trop longtemps. De nombreux individus originaires du Brésil ont prêté et, dans de nombreux cas, prêtent encore la leur à un autre gentilhomme, l’aéronaute / inventeur / sportif brésilien Alberto Santos Dumont.
Incidemment, Wilbur et Orville sont mentionnés à plusieurs reprises dans notre blogue / bulletin / machin depuis août 2018. Santos Dumont, en revanche, y est également évoqué à plusieurs reprises, et ce depuis décembre 2018, mais revenons à notre histoire.
La contention de votre humble serviteur est que les frères Wright sont les premières personnes sur Terre à développer un système de contrôle leur permettant de contrôler leurs machines volantes dans un espace tridimensionnel. En d’autres termes, ils maîtrisent le tangage, le roulis et le lacet, et c’est ainsi que Wilbur Wright réussit à rester en l’air pendant environ un incroyable 59 secondes le 17 décembre 1903, parcourant une distance d’environ 260 mètres (environ 852 pieds).
On pourrait affirmer que la familiarité des frères Wright avec la bicyclette, un moyen de transport statiquement instable, aurait pu donner lieu à un instant lumière à un moment donné à la fin des années 1890, mais je digresse, et…
Ne me dites pas que vous ne saviez pas que les frères Wright dirigent le Wright Cycle Exchange entre 1892 et 1895, et Wright Cycle Company, entre 1895 et 1909, à Dayton? Soupir… Pour paraphraser le capitaine Jean-Luc Picard, un gentilhomme mentionné dans des numéros de septembre 2020, avril 2023 et décembre 2023 de notre blogue / bulletin / machin, vous devriez lire davantage d’histoire, ami(e) lectrice ou lecteur.
Remarquez, plusieurs personnes développent apparemment, avec plus ou moins de clarté mais avant les frères Wright, environ 30 ans avant eux dans deux cas, l’idée de contrôler une machine volante dans un espace tridimensionnel. Des personnes comme…
- l’ingénieur / inventeur français Clément Agnès Ader (1841-1925),
- le classiciste / inventeur / scientifique amateur anglais Matthew Piers Watt Boulton (1820-94),
- l’ingénieur / professeur américain Edson Fessenden Gallaudet (1871-1945),
- l’ingénieur civil français Alexandre Goupil (1843-1919),
- l’armateur / capitaine français Jean Marie Le Bris (1817-72), également connu sous le nom de Yann-Vari ar Brizh,
- l’homme d’affaires / industriel / inventeur (germano?) américain Johann Ferdinand Hugo Mattullath (1840-1902),
- l’ingénieur / inventeur / pilote de planeur / professeur américain John Joseph Montgomery (1858-1911),
- l’ingénieur / professeur français Louis Pierre Marie Mouillard (1834-97), et
- l’ingénieur / inventeur français Charles Alphonse Pénaud (1850-80).
Ceci étant dit (tapé?), les nombreuses personnes qui fabriquent et / ou testent des machines volantes motorisées pilotées plus lourdes que l’air avant les frères Wright ne réalisent apparemment pas l’importance d’un tel système de contrôle.
Vous serez peut-être heureuse / heureux ou non d’entendre (lire?) qu’Ader est mentionné dans un numéro de septembre 2022 de notre blogue / bulletin / machin, et…
Si, si, ami(e) lectrice ou lecteur sceptique, oui, de nombreuses personnes fabriquent et / ou testent des machines volantes motorisées pilotées plus lourdes que l’air avant les frères Wright. Vous ne me croyez pas, n’est-ce pas? Oh, gens de peu de foi.
Eh bien, attachez votre ceinture de sécurité, chaton, et profitez de cette balade sur la route de briques jaunes du passé.
3, 2, 1, c’est parti!
Jean-Marie Félix Rivallon du Temple de la Croix, vers 1870-71. Bibliothèque nationale de France, P082165.
L’aéroplane à vapeur de Jean Marie Félix Rivallon du Temple de la Croix. J. Lecornu. La Navigation aérienne : Histoire documentaire et anecdotique. (Paris : Librairie Vuibert, 1913), 125.
Si l’on en croit la doxa, c’est-à-dire l’opinion populaire, le capitaine de frégate Jean Marie Félix Rivallon du Temple de la Croix (1823-90) est encore officier de la Marine impériale française lorsque lui et une petite équipe entament, en 1869-70, à Cherbourg, France, la construction d’une machine volante monoplan brevetée en mai 1857, une machine volante propulsée par un moteur à vapeur conçu par du Temple de la Croix et son frère aîné, également officier dans la Marine impériale, le capitaine de frégate Jean Louis Antoine Rivallon du Temple de la Croix.
Complété en 1874, cet aéroplane est testé à quelques reprises depuis le sommet d’un plan incliné. Un jour, le jeune marin qui est aux commandes se retrouve supposément en l’air pendant quelques secondes. L’aéroplane français pourrait donc être décrit comme la première machine volante motorisée pilotée plus lourde que l’air à réaliser un vol, même si celui-ci est bref et incontrôlé.
Le hic avec ces affirmations est qu’un article apparemment bien documenté dans le numéro du 21 décembre 1885 du magazine hebdomadaire français de vulgarisation scientifique Cosmos affirme que l’aéroplane de du Temple de la Croix n’avait pas encore été testé. Craignant l’échec et le ridicule, ce dernier avait décidé de ne pas tenter le destin.
De fait, votre humble serviteur a été incapable de trouver une seule mention du susmentionné saut de puce dans la presse française des années 1870 et 1880. L’ingénieur civil / pionnier de l’aviation franco-américain Octave Chanute avait été tout aussi incapable de trouver une seule mention lors de recherches entreprises au début des années 1890. Des livres ou magazines publiés avant 1914 mentionnent des essais réalisés avec au moins un modèle réduit, mais sans plus. La doxa pourrait-elle se tromper? Le saut de puce de l’aéroplane de du Temple de la Croix serait-il pure invention? Votre humble serviteur doit avouer être de plus en plus sceptique. À vous d’en juger.
Un timbre soviétique de 1963 orné d’un portrait du capitaine de premier rang Aleksándr Fodorovitch Mozháyskiy et d’une impression d’artiste de son aéroplane à vapeur. Wikipédia.
Un timbre soviétique de 1974 orné d’une impression d’artiste de l’aéroplane à vapeur conçu par le capitaine de premier rang Aleksándr Fodorovitch Mozháyskiy. Wikipédia.
Le capitaine de premier rang Aleksándr Fodorovitch Mozháyskiy (1825-90) est un officier, d’origine ukrainienne peut-être, de la Rossiyskiy imperatorskiy flot, c’est-à-dire la marine impériale russe, vivant à Sankt-Peterburg / Saint-Pétersbourg, Empire russe, lorsqu’il entreprend de construire un aéroplane à vapeur, en 1882, dans le village voisin de Krásnoe Seló, Empire russe. Entre 1882 et 1885, un pilote non identifié tente de décoller d’un plan incliné. Le monoplan sous-motorisé s’avère incapable de décoller, s’incline peut-être d’un côté et s’écrase, blessant peut-être son pilote.
Une brève digression si je peux me le permettre. À partir de mars ou avril 1948, quelques publications militaires et civiles soviétiques commencent à avancer l’idée que Mozháyskiy avait inventé le premier aéroplane, et ce plus de 20 ans avant les frères Wright.
En janvier 1949, par exemple, le quotidien soviétique Komsomol’skaya Pravda affirme que l’aéroplane de Mozháyskiy, un amphibie piloté par un certain Goloubev, a volé avec succès en juillet 1882. Et oui, l’aéroplane de Mozháyskiy est plus avancé que celui des frères Wright.
Nananère, ou ainsi semble affirmer l’organe officiel du comité central du Vsesoyuznyy Leninskiy Kommunisticheskiy Soyuz Molodozhi du Kommunisticheskaya Partiya Sovetskogo Soyuza, en d’autres termes la ligue de toute l’union de la jeunesse communiste léniniste du parti communiste de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
Incidemment, le Goloubev en question est apparemment un jeune mécanicien autodidacte du nom d’Ivan Nikiforovitch Goloubev.
Selon un article publié dans un numéro de décembre 1949 de l’hebdomadaire illustré soviétique Ogoniok, Goloubev, le premier pilote d’aéroplane de l’histoire, naît près de Kalouga, Empire russe, une ville qui se trouve être le lieu près duquel le pionnier russe / soviétique de la cosmonautique Konstantín Eduárdovitch Tsiolkóvskiy, une personne mentionnée dans un numéro de février 2019 de notre blogue / bulletin / thingee qui englobe tout, passe la majeure partie de sa vie. Une pure coïncidence bien sûr.
Croiriez-vous que l’aéroplane n’est qu’une d’une série de premières scientifiques et technologiques revendiquées par l’URSS à la fin des années 1940 et du début et milieu des années 1950, depuis l’insuline, la pénicilline, le moteur à vapeur, la communication radio et l’ampoule à incandescence jusqu’à l’existence du noyau atomique et la découverte de la nature électrique de la foudre?
Comme on peut s’y attendre, compte tenu de la guerre froide dont souffre le monde à l’époque, les sources américaines et pro-américaines ont tendance à rejeter ces affirmations en les qualifiant d’exercices de propagande plus ou moins absurdes.
Une caricature plutôt cinglante qui exprime l’opinion de nombreux Américains, et Canadiens, au sujet des revendications soviétiques concernant le vol de 1882 du capitaine de premier rang Aleksándr Fodorovitch Mozháyskiy. L’expression Ivan the Terrible Fibber signifie Ivan le terrible bobardeur. Anon., « Ivan the Terrible Fibber. » Sunday World Herald, 2 janvier 1949, 2-E.
Ceci étant dit (tapé?), la vérité est…
- que le célèbre mathématicien russe Mikhaïl Vassiliévitch Lomonossov est un des individus qui mènent des expériences sur l’électricité atmosphérique au début des années 1750;
- que l’inventeur russe Ivan Ivanovitch Polzounov supervise la construction du premier moteur à vapeur à deux cylindres, au milieu des années 1760, un moteur qui peut être utilisé à l’écart de grandes sources d’eau, une autre première mondiale;
- que le médecin russe Vyachesláv Avksént’yevitch Manasséin découvre les propriétés antibiotiques de certaines moisissures au début des années 1870, et suggère leur utilisation pour le traitement des blessures;
- que l’ingénieur électricien / inventeur russe Aleksandr Nikoláevitch Lodygin est une des personnes qui développent des ampoules à incandescence dans les années 1870;
- que l’avocat / historien / philosophe / publiciste / professeur russe Borís Nikoláevitch Chichérin fait partie de ceux qui, à la fin des années 1880, tiennent pour acquise l’existence du noyau atomique;
- que l’inventeur / physicien / professeur / vulgarisateur scientifique russe Aleksándr Stepánovitch Popóv est une des personnes qui développent un dispositif de détection d’ondes radio au milieu des années 1890 mais n’est pas le premier à transmettre des messages radio; et
- que le pathologiste / physiologiste russe Leonid Vasil’yevitch Sobolev pense au début des années 1900 que des problèmes avec certaines parties du pancréas peuvent être la cause du diabète.
Oserait-on suggérer que, à la fin des années 1940 et au début, milieu et fin des années 1950, les gouvernements des États-Unis et de leurs alliés ont tendance à mépriser l’URSS? C’est, selon beaucoup, un pays militairement puissant mais technologiquement arriéré. De telles hypothèses se révèlent erronées. Il suffit de penser au choc provoqué par l’apparition des chasseurs à réaction Mikoyan-Gourevitch MiG-15 dans le ciel de la péninsule coréenne à la fin de 1950 ou par le lancement du premier satellite artificiel, Spoutnik 1, en octobre 1957, mais je digresse.
Et oui, vous avez tout à fait raison, ami(e) lectrice ou lecteur, l’étonnante collection du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario, comprend un MiG-15. Eh bien, l’avion en question est en fait un WSK Lim-2, c’est-à-dire un MiG-15 fabriqué en Pologne, mais je vais quand même vous donner une étoile dorée.
Un timbre français de 1938 orné d’un portrait de Clément Agnès Ader et d’un dessin de son Avion III. Wikipédia.
Une impression d’artiste un peu farfelue de l’aéroplane à vapeur Éole de Clément Agnès Ader en vol. Anon., « Les nouveaux aérostats [sic] – L’oiseau de M. Ader. » La Science française, 12 septembre 1891, 17.
Clément Agnès Ader (1841-1925) est un ingénieur / inventeur français qui, en 1890, supervise la construction d’un aéroplane de sa propre conception, une machine volante dont les ailes repliables s’inspirent de celles d’une espèce de roussette autrement non identifiée. L’Éole est équipé d’un moteur à vapeur à alcool qu’Ader a conçu lui-même, un moteur bien supérieur en puissance et en rapport puissance / poids à celui utilisé une décennie plus tard par les frères Wright.
Ader décolle le 9 octobre 1890, à Gretz-Armainvilliers, France, près de Paris. Son saut de puce incontrôlé d’environ 50 mètres (environ 165 pieds) n’est vu que par quelques personnes qui travaillent pour lui. Ader vient de réaliser le premier décollage sans assistance d’un aéroplane motorisé piloté depuis une surface plane.
La confirmation de ce saut de puce contesté vient en 1937 quand une découverte cruciale est faite. Quelqu’un trouve les petits morceaux de charbon que les assistants d’Ader avaient mis dans le sol pour indiquer où l’Éole avait décollé.
Intriguée par le potentiel de la machine volante d’Ader, l’Armée de Terre permet à l’inventeur de la tester sur une de ses bases, près de Satory, France, en septembre 1891. Il n’était pas et n’est pas encore clair si l’Éole réussit ou non à effectuer un autre saut de puce incontrôlé à cette époque. Le ministère de la Guerre est néanmoins suffisamment intriguée pour financer la construction d’un aéroplane amélioré.
Peu de temps après cette décision, peut-être en 1892, Ader commence à superviser la construction d’un second aéroplane, le Zéphyr. Pour une raison ou une autre, cette machine n’est jamais achevée.
L’aéroplane à vapeur Avion III de Clément Agnès Ader lors de la première Exposition internationale de locomotion aérienne, Paris, France, septembre ou octobre 1909. Max de Nansouty. Aérostation – Aviation. (Les Merveilles de la Science, n° 4) (Paris : Boivin & Compagnie, 1911), 524.
Ader achève un autre aéroplane à vapeur en forme de chauve-souris, également financé par le ministère de la Guerre, en 1897. Il est aux commandes de cet Avion III bimoteur lors des essais organisés près de Satory en octobre. Le 14 octobre, ayant sous-estimé la pente du terrain sur lequel est construite la piste circulaire qu’il envisage de suivre, Ader se retrouve presque immédiatement en l’air. Alors qu’il tente d’effectuer un virage, une rafale frappe une aile de l’Avion III, le poussant hors de la piste. La création d’Ader s’écrase. Ader lui-même n’est pas blessé.
Même si son aéroplane a réussi à faire quelques sauts de puce sur une distance d’environ 300 mètres (environ 985 pieds), les membres de la commission militaire présents sur les lieux ne sont pas particulièrement impressionnés. Le financement d’Ader est coupé, ce qui met fin à ses projets de construction de l’Avion IV à essence.
Exposé sur le site de l’Exposition universelle de 1900, tenue à Paris entre avril et novembre, l’Avion III compte parmi les aéroplanes exposés lors de la première Exposition internationale de locomotion aérienne, tenue à Paris en septembre et octobre 1909.
En 1902, Ader fait don de l’Avion III au Conservatoire national des arts et métiers, un établissement d’enseignement supérieur français renommé spécialisé en éducation scientifique et technologique et dans la diffusion de ces connaissances.
Le Musée des arts et métiers, le plus ancien musée des sciences et de la technologie de la planète Terre et une composante du Conservatoire national des arts et métiers, vaut bien la visite, faites-moi confiance. Après tout, vous verrez beaucoup de choses merveilleuses, y compris, si, y compris l’Avion III, la plus ancienne machine volante motorisée pilotée plus lourde que l’air sur la planète Terre.
La machine volante hybride conçue et construite par Edward Purkis Frost, West Wratting, Angleterre, vers 1892. Octave Chanute. Progress in Flying Machines. (New York: The American Engineer and Railroad Journal, 1894), 34.
Edward Purkis Frost (1842-1922) est un juge de paix / éleveur anglais aisé et bien connecté qui, au milieu des années 1860 ou au début des années 1870, commence à travailler sur une machine volante, à West Wratting, près de Cambridge, Angleterre. Il complète une machine volante hybride, moitié ornithoptère, moitié aéroplane, avec 8 ailes recouvertes de plumes artificielles ou de soie à la fin de 1891, mais se trouve incapable de localiser un moteur (à essence?) suffisamment léger et puissant.
Je sais, je sais, la susmentionnée doxa est d’avis que Frost termine cette machine volante en 1877. Le problème avec cette affirmation est que les seuls articles sur cet aéroplane que votre serviteur a pu trouver datent de 1891-92. La doxa pourrait-elle se tromper? À vous d’en juger.
Et oui, Frost est mentionné dans un numéro d’août 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Le major Ross Franklin Moore (1847-1923) est un officier de la British Army qui sert dans le Raj britannique, aujourd’hui les Pakistan, Myanmar, Inde et Bangladesh, avec le Corps of Royal Engineers. Alors qu’il est en poste à Rangoon, Raj britannique, aujourd’hui Yangon, Myanmar, en 1890, il contacte une petite société d’ingénierie, Messrs. J. Shaw & Sons de Coventry, Angleterre, et lui demande de construire un ornithoptère dont la conception est basée sur celle d’une espèce de chauve-souris encore non identifié.
Réalisant quelques mois environ après le début du projet que le chiroptère qu’il a choisi ne ferait pas l’affaire, apparemment à la suite d’expériences menées à Rangoon ou à proximité, Moore choisit une autre espèce de chauve-souris, une espèce de roussette pour être plus précis, que votre humble serviteur n’est pas encore parvenu à identifier. Le monde est petit, n’est-ce pas?
Quoi qu’il en soit, les travaux sur le nouveau concept commencent à Coventry au début de 1891. Achevés au début de 1892, peu de temps avant la retraite de Moore, en juillet, et, vraisemblablement, avant son retour en Angleterre, cet ornithoptère captif est équipé d’un moteur électrique relié par des câbles à une ou deux lignes électriques à haute tension. Il doit être utilisé comme plate-forme de relevé aérien (civil?) ou d’observation (militaire?). Apparemment testée près de Coventry, cette machine volante tout à fait unique s’avère incapable de voler.
Fait intéressant, Moore immigre au Canada vers 1910. Il décède à Victoria, Colombie-Britannique, en juin 1923, à l’âge de 76 ans.
Et c’est pour aujourd’hui, ami(e) lectrice ou lecteur. N’oubliez pas de revenir bientôt…