« Défiant les étoiles elles-mêmes » : Un regard infinitésimal sur ce qui pourrait bien être la première série télévisée de science-fiction au Canada, Space Command de Canadian Broadcasting Corporation
Aimez-vous la science-fiction (SF), ami(e) lectrice ou lecteur? Et oui, votre humble serviteur se rend bien compte que si on demande à deux fans de SF une définition de ce genre, vous obtiendriez probablement trois avis, sinon cinq.
Personnellement, j’aime bien la SF. J’aime particulièrement les livres qui retracent l’histoire des nombreux aspects de ce genre, des magazines et livres aux feuilletons radiophoniques, séries télévisées et méga productions cinématographiques.
Vous remarquerez que votre humble serviteur utilise l’acronyme SF comme abréviation du terme science-fiction. Les vrais fans avaient / ont tendance à utiliser cet acronyme, prononcé ess eff, jamais, jamais prononcé sniff, plutôt que sci fi, prononcé saill faill ou skiffi. Pour vous donner un exemple de la différence entre les deux, la franchise Guerre des étoiles est de la sci fi alors que la franchise Star Trek / Patrouille du cosmos est de la SF. Vous saisissez? Serait-ce là une forme de snobisme intersidéral, vous demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Bonne question. Continuons.
Votre humble serviteur aimerait scruter « la vaste noirceur de l’espace interstellaire » en cette belle journée pour en savoir plus sur ce qui pourrait bien être la première série télévisée de SF au Canada. Oui, oui, la toute première, à moins bien sûr que vous n’en connaissiez une plus ancienne. Rien ne vous vient à l’esprit?
Que dirais-je de la version sérialisée du célèbre roman de SF de 1870-71 de Jules Gabriel Verne, Vingt mille lieues sous les mers, diffusée en septembre et octobre 1952 par l’équipe à l’origine de la série télévisée dramatique Tales of Adventure de Canadian Broadcasting Corporation (CBC), elle-même diffusée entre septembre 1952 et mars 1953, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur érudit(e)?
Un bon point, je l’admets, mais Tales of Adventure n’a jamais été conçue pour être une série télévisée de SF, n’est-ce pas? Rien d’autre? Bien. Scrutons donc et… Oui, Verne est bel et bien mentionné dans quelques / plusieurs numéros de notre renversant blogue / bulletin / machin, et ce depuis juin 2018.
Notre histoire commence vraisemblablement en 1952 dans un bureau ou salle de réunion enfumée dans un bâtiment qui abrite des bureaux de CBC. Malheureusement, votre humble serviteur ne peut dire avec certitude si la rencontre qui mène à la naissance de Space Command a lieu à Toronto, Ontario.
Il semble que Alfred « Alf » Harris, 25 ans en mars 1953, lui-même fan de SF, a l’idée d’une série de SF destinée à un public assez jeune, des adolescents en fait, vraisemblablement masculins, et est chargé d’écrire les scénarios de ce qui peut être décrit comme une des premières séries télévisées dramatiques développées au Canada.
Jusque-là, le jeune Canadien écrit pour des magazines, adapte des pièces de théâtre pour la radio, etc. Comme vous l’imaginez bien, il sait que la SF spatiale peut fonctionner à la télévision. Il suffit de penser à Captain Video and His Video Rangers (juin 1949-avril 1955), Space Patrol (mars 1950-février 1955) et Tom Corbett, Space Cadet (octobre 1950-juin 1955), des séries hebdomadaires américaines destinées à un public assez jeune.
Et oui, à cette époque lointaine, la SF est souvent vue comme étant un genre littéraire plus ou moins juvénile, et sans grande importance.
Et non, votre humble serviteur ne sait pas ce qui s’est passé en 1955 qui conduit à la disparition des trois susmentionnées séries, et… Vous avez des idées à ce sujet, ami(e) lectrice ou lecteur? Parlez-moi. En 1954-55, l’intérêt du public américain se tourne vers des séries télévisées western nouvelles et cool, du moins pour l’époque, comme The Adventures of Rin Tin Tin (1954-59), Cheyenne (1955-62), The Life and Legend of Wyatt Earp (1955-61), Gunsmoke (1955-1975 (!)) et Fury (1955-60). La SF télévisée ne peut résister à une telle galopade, dites-vous (tapez-vous?). Un très bon point.
Incidemment, je me souviens très bien d’avoir regardé plus de quelques épisodes de Rintintin, Police des plaines / Le Justicier, en d’autres mots Gunsmoke, et Furie / Fury, en français bien sûr, quand j’étais un jeune et petit Homo sapiens avec des cheveux (Soupir…), mais revenons à notre sujet.
Incidemment, la susmentionnée galopade cause vraisemblablement l’annulation de séries télévisées de SF spatiale américaines moins connues, à savoir Rod Brown of the Rocket Rangers (avril 1953-mai 1954), Rocky Jones, Space Ranger (février 1954-novembre 1954) et Flash Gordon (octobre 1954-juillet 1955).
Croiriez-vous que Flash Gordon est un projet multinational, un des premiers en matière de télévision en fait, qui implique initialement une maison de production américaine et une ouest-allemande, avant de passer à une société américaine et une française? Et oui, la plupart des acteurs de soutien sont ouest-allemands, du moins lorsque la série est tournée en Allemagne de l’Ouest, mais je digresse.
Pour paraphraser Harris, en traduction, et pour citer un numéro de décembre 1953 d’un quotidien de Ottawa, Ontario, The Evening Citizen, « ‘Space Command’ est le nom donné à une organisation hypothétique à l’échelle terrestre dans un avenir prévisible qui dirige, entretient et exécute la conquête de l’espace par la Terre. »
Je dois avouer à cette étape de notre récit que le terme conquête me dérange un peu. Il a des relents du genre conquête de l’Amérique, de l’Afrique et d’ailleurs qui se terminent habituellement par l’asservissement / oppression, voire la décimation des populations autochtones jugées inférieures parce qu’elles ne sont pas blanches et / ou chrétiennes. L’héritage de Christophe Colomb / Christoforo Colombo, pour ne nommer qu’un seul oppresseur / asservisseur, n’a rien de très réjouissant. Enfin, passons.
Telle que conçue par Harris, Space Command reste fidèle aux principes scientifiques, hypothèses plausibles et faits connus. Les personnages de la série sont de jeunes explorateurs / scientifiques qui partent à l’aventure certes, comment pourrait-il en être autrement, mais les motivations et causes des dites aventures, sans parler des relations et problèmes personnels des dits personnages, sont fermement ancrées dans le fait qu’ils sont des voyageurs de l’espace. Space Command n’est certainement pas un space opéra / opéra de l’espace, un cousin interplanétaire des téléroman et téléroman chevalin, en anglais soap opera et horse opera, très décrié par de nombreux fans de SF des années 1950.
Pour citer Harris, en traduction,
La science-fiction a traversé sa période d’adolescence insouciante et atteint une jeune maturité sincère et introspective. Mais le terme lui-même a grand besoin d’être défini.
La science-fiction ne s’intéresse pas aux envolées folles de l’imagination. Les contes étranges et fantastiques de monstres spatiaux, de demoiselles lunaires, de pirates spatiaux et d’espions spatiaux ne sont pas de la science-fiction – même s’ils se déguisent souvent, malheureusement, sous ce nom.
Étant donné que Space Command s’adresse principalement aux jeunes téléspectateurs masculins de CBC, on ne doit pas être surpris d’entendre (lire?) que la série suit l’éducation / carrière spatiale d’un Homo sapiens blanc (chrétien?) jeune et mâle. Frank Anderson, joué par Robert « Bob » Barclay, apprend les ficelles de la vie dans l’espace, pour ainsi dire, en passant d’une division de Space Command (enquête / scientifique, exploration, satellite, transport) à une autre. À chaque placement, Anderson et, ipso facto, les jeunes téléspectatrices et téléspectateurs, acquièrent de nouvelles connaissances.
Le premier épisode de Space Command traite de l’effet des taches solaires sur les stations spatiales et voyages spatiaux, par exemple. A l’époque, l’origine de ces taches sombres sur la surface du Soleil n’est pas encore bien comprise.
Incidemment, l’année 1953 est un point bas de l’activité solaire. Les plus grands nombres de taches solaires à l’époque sont enregistrés en avril 1937, mai 1947, mars 1958 et novembre 1968. Et oui, l’activité solaire change avec le temps selon un cycle d’environ 11 ans connu sous le nom de cycle solaire / cycle d’activité solaire / cycle de Schwabe, du nom de l’astronome allemand Samuel Heinrich Schwabe, qui souligne son existence pour la première fois en 1843, et… Désolé, je digresse. Je dois être bref. Je dois être bref.
Parmi les autres thèmes abordés au cours de divers épisodes de Space Command figurent l’évolution, la médecine spatiale, le danger posé par les météoroïdes et l’origine de la ceinture d’astéroïdes située à peu près entre les orbites des planètes Mars et Jupiter.
Une petite parenthèse si vous me le permettez… La santé dans l’espace : L’audace d’explorer (Bonjour, EP et SB!) est une exposition itinérante développée par l’éblouissant Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, en collaboration avec l’Agence spatiale canadienne. Une version plus permanente de cette exposition peut être admirée dans cette admirable institution muséale.
Le scénario sur l’évolution… Euh, vous avez l’air perplexe, ami(e) lectrice ou lecteur. Ahh, je vois. Un météoroïde est un objet rocheux ou métallique qui se déplace dans l’espace. Si un météoroïde d’une certaine taille pénètre dans l’atmosphère terrestre, le frottement avec des molécules de gaz présentes là-haut le réchauffent, créant ainsi une traînée de lumière magnifique / effrayante dans le ciel, autrement dit un météore. Si un météoroïde est suffisamment gros, il se fraye un chemin à travers la dite atmosphère et frappe la Terre, en un morceau ou non. La ou les parties du météoroïde qui frappent la Terre sont appelées météorites. Revenons maintenant à notre histoire.
Le scénario sur l’évolution est vraisemblablement lié à un épisode dans lequel nos héros atterrissent sur une planète vivante dont les cratères et lianes sont décidément inamicales. Celui sur les météoroïdes, en revanche, est vraisemblablement lié à un épisode dans lequel nos héros doivent réparer à la hâte les dommages causés à leur vaisseau spatial par l’impact de quelques objets de ce type.
Et non, l’évolution n’est pas une des pierres fondatrices du communisme et ce n’est pas non plus un assaut contre la religion. C’est une réalité de la vie. Sans jeu de mots. Notre premier ancêtre connu ne voit pas le jour le 28 octobre (calendrier julien) de l’an 4004 avant l’ère commune. C’est une des différentes espèces d’une petite (50 grammes / 1.75 once) bestiole arboricole et omnivore connue sous le nom de Teilhardina qui vivait dans le nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique il y a entre 47 et 56 millions d’années.
Opinion personnelle : nous aurions dû rester dans les arbres; la planète s’en porterait bien mieux.
Soit dit en passant, le grand paléontologue américain George Gaylord Simpson nomme notre petite bestiole arboricole Teilhardina en 1940, en hommage à son découvreur, un chercheur / paléontologue / philosophe / professeur / théologien français, le jésuite Pierre Teilhard de Chardin, qui ne doutait pas de la réalité de la théorie de l’évolution.
Le premier épisode de 30 minutes de Space Command est diffusé il y a 70 ans ce mois-ci, en mars 1953. Son créneau horaire de début de soirée (heure de grande écoute?) change au fil du temps. Un exemple parmi quelques-uns de ces changements suit :
- vendredi (mars-juillet 1953)
- samedi (octobre-décembre 1953),
- vendredi (janvier-avril 1954), et
- samedi (mai 1954).
Si on se fie aux souvenirs du début des années 2000 de personnes qui ont vu la série un demi-siècle auparavant, le point de départ de l’intrigue est la découverte d’un vaisseau extraterrestre sur Mars. Du personnel de Space Command procède à une rétro-ingénierie de son système de propulsion avancé et crée le premier vaisseau spatial interstellaire conçu par l’humain, le XSW-1, qui devient le mode de transport des héros de Space Command.
Compte tenu de la présence de stations de télévision de Radio-Canada à Toronto et Montréal, Québec, et nulle part ailleurs, en mars 1953, l’audience est d’abord un tantinet limitée.
Limité est aussi un mot qu’on peut utiliser pour décrire les effets spéciaux de Space Command. Comme c’est le cas avec plusieurs / la plupart des séries télévisées de SF de l’époque, les dits effets ne sont pas très convaincants, pas quand des gens de CBC doivent tirer des personnages, prétendument en train de faire une sortie dans l’espace, à travers une scène avec un rideau noir constellé de petites « étoiles, » alors qu’ils sont assis sur des tréteaux drapés de velours noir. Une carrière de gravier désaffectée de la région de Toronto est utilisée chaque fois qu’un vaisseau spatial doit être en train de voler – ou d’exploser. Remarquez, les écrans de télévision ne sont pas trop grands en 1953-54 et la qualité de l’image n’est pas toujours très bonne de toute façon.
Tout ceci étant dit (tapé?), les uniformes portés par le personnel de Space Command, la passerelle du XSW-1 et le vaisseau lui-même sont plutôt cool.
Les dialogues, musique et effets sonores sont utilisés pour étoffer au maximum les intrigues. De fait, il est suggéré que des extraits musicaux d’au moins un film, à savoir Destination… Lune!, un film américain créé en juin 1950 et un des films de SF classiques de l’époque, sont « empruntés » afin d’être utilisés dans au moins un épisode.
Vu la qualité sonore relativement médiocre des copies des épisodes envoyées à des stations de télévision plus ou moins éloignées, la musique et les effets sonores sont assez feutré(e)s afin de ne pas enterrer les dialogues.
Incidemment, les feux d’artifice qui font office de moteurs sur les maquettes de vaisseaux spatiaux sont fournis par T.W. Hands Fireworks Company Limited de Toronto. Croiriez-vous que cette firme est fondée en 1873 par l’Anglo Canadien William T. Hands et qu’elle existe encore en 2023, sous le nom de Hands Fireworks Incorporated, je crois? Cette filiale de Lì Dōu Yānhuā Gǔfèn Yǒuxiàn Gōngsī, un des plus importants fabricants de feux d’artifice de la planète Terre, vend depuis 2005 des feux d’artifice de fabrication étrangère, en l’occurrence chinoise.
Votre humble serviteur présume que, comme d’autres stations de télévision de la SRC et les premières stations privées font leur apparition, de plus en plus de gens peuvent voir Space Command. Ces stations sont situées à
- Ottawa (juin 1953),
- Sudbury, Ontario (octobre 1953 - station privée - la première au Canada),
- London, Ontario (novembre 1953 - station privée),
- Vancouver, Colombie-Britannique (décembre 1953),
- Kitchener, Ontario (mars 1954 - station privée), et
- Saint John, Nouveau-Brunswick (mars 1954 - station privée).
Produite à Toronto, la série est enregistrée par un procédé appelé kinéscope qui, à l’époque, est le seul moyen pratique de conserver une émission télévisée en direct et de la diffuser sur de longues distances. Voyez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur, la bande vidéo quadruplex de 2 pouces (51 millimètres) n’apparaît sur le marché qu’en 1956.
Maintenant que nous en sommes arrivés là, aimeriez-vous connaître les noms des « hommes dédiés à la planète Terre et à son périlleux Space Command » qu’on peut retrouver, en traduction, sur la photographie au début de cet article de notre super blogue / bulletin / machin? Et oui, c’était une question rhétorique. Pourquoi continuez-vous à la poser?
Quoi qu’il en soit, les quatre gentilshommes en question sont, de gauche à droite :
- James Montgomery « Jimmy » Doohan, 33 ans en mars 1953, qui joue Phil Mitchell,
- John Thomas Howe, 26 ans, qui joue quelqu’un que je n’ai pas encore identifié,
- Andrew « Andy » Anthony, né Ondřej Antonín Zubak, 26 ans, qui joue le Dr Joseph Edmunds, et
- Robert « Bob » Barclay, 22 ans, qui joue le susmentionné Frank Anderson.
Chacun de ces gentilshommes est un homme blanc anglophone et Canadien né localement, à une exception près : Anthony est né en Tchécoslovaquie.
Curieusement, l’officier responsable du bon vaisseau spatial XSW-1, le capitaine Steve Cassel, incarné par l’acteur anglais Harry Geldard, âgé de 32 ans en mars 1953, n’est pas dans la photographie.
Et oui, vous avez tout à fait raison, ami(e) lectrice ou lecteur sarcastique. XSW-1 est un nom vachement sexy pour un vaisseau spatial. Il est encore pire que C-57D, le nom donné au vaisseau spatial d’un film de SF américain classique de 1956. Si vous êtes gentil, je pourrais vous donner le titre de ce film, si vous ne pouvez pas le découvrir par vous-même.
D’autres Homo sapiens mâles anglophones blancs qui ont joué des personnages plus ou moins occasionnels de Space Command sont
- l’acteur canadien Alexander Austin Willis, âgé de 35 ans en mars 1953,
- l’acteur anglo canadien Barry Morse, né Herbert Morse, 34 ans,
- l’acteur polono canadien Cecil Yekuthial « Cec » Linder, né Zisil Yekuthial Linder, 32 ans, et
- l’acteur canadien William « Bill » Shatner, 22 ans.
Si, si, Shatner. Croiriez-vous que cet acteur mondialement connu fait apparemment ses débuts à la télévision dans Space Command?
De fait, Space Command est la première production à laquelle Doohan et Shatner coopèrent. Ce ne serait pas la dernière, comme nous le savons toutes et tous les deux, n’est-ce pas? Montgomery Christopher Jorgensen « Scotty » Scott et James Tiberius « Jim » Kirk?
[Silence embarrassant]
Vous m’avez inquiété pendant un milliard de nanosecondes ou deux, ami(e) lectrice ou lecteur.
Incidemment, croiriez-vous que le personnage de Doohan dans Space Command peut, je répète peut, être un ingénieur? Je ne plaisante pas. La décision de Harris à cet égard est basée sur un stéréotype / cliché du 19ème siècle. Suant sur les machines revêches d’innombrables navires pris dans d’horribles tempêtes et sauvant toujours la situation, les ingénieurs écossais ont transformé le monde.
Au fait, vous vous souviendrez bien sûr que Doohan est mentionné dans un numéro d’avril 2020 de notre interstellaire blogue / bulletin / machin tandis que Shatner est choyé de la même manière, quelques fois en fait, depuis novembre 2018.
Le seul personnage féminin de Space Command est Ilene Morris, interprétée par une actrice américaine, possiblement / probablement la plus jeune membre de la distribution, Aileen Taylor, 21 ans en mars 1953. Est-elle membre de l’équipage, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Un membre de l’équipage? Êtes-vous si naïve / naïf? Morris travaille au siège de Space Command, dans les… communications.
Oui, tout comme Nyota Uhura dans la série télévisée de SF Patrouille du cosmos / Star Trek des années 1960. Cette dernière, au moins, peut voyager dans l’espace avec le reste des gars. En jupe courte, remarquez. Et oui, je me rends compte que la plupart des gens tombent sur le prénom Nyota dans le film d’action de SF américain de 2009 Star Trek.
Soit dit en passant, la première femme astronaute originaire des États-Unis est Sally Kristen Ride. Elle chevauche sa fusée en… juin 1983. La cosmonaute soviétique Valentina Vladimirovna « Valya » Terechkova fait de même en juin 1963.
Aussi épouvantable que soit l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), il y a quand même quelqu’un là-bas, en 1961, prêt à pousser et bousculer, poliment bien sûr, pour envoyer une femme dans l’espace, à des fins de propagande bien sûr, une action que personne aux États-Unis, le grand bastion de la démocratie, semble capable de (ou disposé à?) dupliquer. Je vous dis ça comme ça, moi.
Ce quelqu’un est apparemment le colonel général Nikolaï Petrovitch Kamanine, le chef du programme de formation des cosmonautes soviétiques. C’est lui qui convainc le bad hombre le plus important d’URSS, le premier secrétaire du Kommunistítcheskaïa Pártiïa Soviétskogo Soyoúza, Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev, un pas bon mentionné à plusieurs reprises dans notre blogue / bulletin / machin depuis février 2019.
Et ne me lancez pas sur les 13 femmes impliquées dans le Woman in Space Program non officiel de 1959-60. Les First Lady Astronaut Trainees / Mercury 13, comme on les appelle parfois / souvent, se sont vraiment fait avoir.
Mieux encore, croiriez-vous que l’URSS envisage sérieusement la possibilité d’envoyer en orbite un équipage entièrement féminin, composé de Valentina Leonidovna Ponomaryova et Irina Bayanovna Solovyova, en 1966? Une de ces cosmonautes est même censée effectuer une sortie dans l’espace, une première pour une dame Home sapiens. Malheureusement, le décès soudain, à 59 ans, en janvier 1966, du concepteur en chef des fusées de l’URSS, Sergueï Pavlovitch Korolev, un brillant ingénieur ukrainien, si, si, ukrainien, change la donne. (Хай живе, вільна Україна!) Eh bien, cela et un changement d’orientation du programme spatial soviétique vers un atterrissage sur la Lune. Le dit changement est une des nombreuses conséquences de la destitution, en octobre 1964, du susmentionné Khrouchtchev.
Et oui, Korolev est mentionné à quelques / plusieurs reprises dans notre blogue / bulletin / machin depuis février 2019.
En fin de compte, pas plus Ponomaryova que Solovyova n’iront dans l’espace, ce qui est bien dommage.
Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur qui cherche désespérément à changer de sujet, le satellite de télécommunication canadien Anik C2 est déployé lors de la mission dont Ride fait partie.
Parlant (tapant?) de canadien, la première femme astronaute canadienne est Roberta Lynn Bondar. Elle se rend dans l’espace une fois, en janvier 1992.
Malheureusement, peu de gens semblent se souvenir de la seconde femme cosmonaute soviétique. Svetlana Evguenievna Savitskaïa va dans l’espace en août 1982. Oui, en 1982, 19 ans après le voyage dans l’espace de Terechkova, ce qui prouve que le sexisme est bel et bien vivant en URSS. Savitskaïa retourne dans l’espace en juillet 1984, une première pour une femme cosmonaute, et devient la première dame Home sapiens à effectuer une sortie dans l’espace, mais revenons à notre histoire.
En autant que votre humble serviteur le sache, la présence de Space Command sur les ondes et la présence dans des journaux de Montréal, en 1953, de publicités pour les talkies-walkies « Space Commander » Vibro-Matic fabriqués aux États-Unis par un fabricant de jouets relativement peu connu à l’époque, Remco Industries Incorporated, est une simple coïncidence. D’ailleurs, j’aime assez le descripteur utilisé dans certaines publicités en français pour décrire ces talkies-walkies, à savoir parleurs ambulants.
On peut se demander si les mandarins à la tête de CBC savent que des t-shirts portant les mots Outer Space Command sont en vente au printemps 1953 dans des grands magasins exploités en Saskatchewan et, vraisemblablement, en d’autres endroits dans d’autres provinces, par Robert Simpson Company Limited de Toronto. Je suppose que nous ne le saurons jamais.
Incidemment, le producteur superviseur de nombreux épisodes de Space Command est un gentilhomme du nom de Sydney Cecil Newman, né Sydney Cecil Nudelman, âgé de 35 ans en mars 1953. Ce Canadien déménage en Angleterre en 1961 pour devenir chef de la dramatique à la British Broadcasting Corporation. Figure majeure du développement de la télévision britannique, il joue un rôle crucial dans la création d’une série télévisée britannique dont le premier épisode est diffusé en novembre 1963. Vous en avez peut-être entendu parler. Connaissez-vous… Doctor Who?
Newman n’est pas la seul personne d’arrière scène de Space Command à faire des choses intéressantes. Nenni. Le réalisateur de la série, je pense, Arthur Hiller, âgé de 28 ans en mars 1953, également canadien, produit ensuite environ 35 films entre 1957 et 2006, dont le très populaire drame romantique américain de 1970 Une histoire d’amour / Love Story. Le producteur de Space Command, un autre Canadien, Murray Howard Chercover, âgé de 23 ans en mars 1953 et fan de SF, devient quant à lui président (1967-90) de CTV Television Network, basé à Toronto.
Fait intéressant, du moins pour votre humble serviteur, et au moins pendant un certain temps et à certains endroits, Space Command est suivie d’une autre série télévisée de 30 minutes, The Johns Hopkins Science Review, produite par les braves gens de Johns Hopkins University, à Baltimore, Maryland. Croiriez-vous que plus de 300 épisodes de cette série de vulgarisation scientifique sont diffusés entre mars 1948 et mars 1955?
The Johns Hopkins Science Review peut être une des premières, sinon la première série télévisée américaine diffusée régulièrement au Canada, à partir de septembre 1952, mais revenons à notre histoire.
Le dernier épisode de Space Command, une série assez populaire à ce qu’il semble, est apparemment diffusé pour la dernière fois en juin 1954, peut-être, je répète peut-être, en Colombie-Britannique.
Au total, il semble que 35 épisodes environ sont réalisés en 1953-54. Et oui, ce nombre diffère de celui qu’on trouve couramment en ligne. Votre humble serviteur est tombé dessus par hasard et je m’y tiendrai.
Beaucoup d’adolescent(e)s qui regardent cette série sont probablement devenu(e)s accros à une autre série télévisée de SF, américaine cette fois-ci, qui est diffusée sur les ondes à partir de septembre 1966. Et nous savons toutes et tous les deux de quelle série il s’agit, n’est-ce pas? Non, pas Perdus dans l’espace. Soupir… Cette série un tant soit peu quétaine sort en septembre 1965. Soupir… La série à laquelle votre humble serviteur fait référence est Patrouille du cosmos / Star Trek.
Seriez-vous intéressé(e) à regarder le seul et unique épisode de Space Command connu, un épisode de novembre 1953 d’ailleurs, ami(e) lectrice ou lecteur? Si c’est le cas, rendez-vous à
J’apporterai le maïs soufflé.
Qu’un script au moins ait survécu ou non n’est pas clair, du moins pour moi.
À ce qu’il semble, les stations de télévision qui diffusent Space Command doivent retourner tous les copies faites par kinéscope, ou cinégrammes, au bureau principal de CBC, à Toronto, où elles sont apparemment et régulièrement, ciel, éliminées / réutilisées. Une rumeur circule à un moment donné selon laquelle des centaines et des centaines de cinégrammes de CBC sont vendus dans les années 1970 afin que l’organisme gouvernemental puisse tirer un peu de pognon de l’argent qu’ils contiennent.
Et oui, il est vraiment bien triste qu’un grand nombre de séries télévisées datant des années 1950, qu’elles soient américaines, britanniques, canadiennes, françaises, etc., n’aient pas survécu. Un subtil mélange d’indifférence (et de cupidité??) corporative et de limitations technologiques, entre autres, pourrait être à blâmer.
Votre humble serviteur espère que ce voyage sur la route de briques jaunes du chemin de la mémoire a été modérément divertissant, et… Pourquoi une main sort-elle dans l’éther, ami(e) lectrice ou lecteur? Le nom du film de SF américain classique de 1956 mentionné ci-dessus? Planète interdite, bien sûr. Un film qui met en vedette le premier acteur canadien à incarner un capitaine de vaisseau spatial, je pense, Leslie William Nielsen, un gentilhomme mentionné dans des numéros de novembre 2018 et janvier 2020 de notre interstellaire blogue / bulletin / machin.
Parlant (tapant?) d’interstellaire, vous savez bien sûr qu’une partie du film épique de science-fiction américain de 2014 Interstellaire / Interstellar est tournée en Alberta? Désolé. Dernière digression. Pour aujourd’hui.
À plus.