« Tout le monde a vu les soucoupes volantes, les journalistes exceptés : » Les premières observations d’objets volants non identifiés / phénomènes aériens non identifiés dans la province de Québec, 24 juin au 19 juillet 1947, partie 1
Salutations, ami(e) lectrice ou lecteur, salutations.
Alors que de nombreuses personnes à travers le monde font le bilan du 75ème anniversaire de la désormais célèbre observation par Kenneth Albert Arnold, le 24 juin 1947, de 9 objets volants non identifiés, bientôt décrits comme des soucoupes volantes, se déplaçant à très grande vitesse près du mont Rainier, dans l’état de Washington, il serait intéressant de regarder les premiers jours du phénomène moderne des soucoupes volantes à travers les yeux d’articles destinés au segment majeur de la population de ce qui peut être décrit comme une société occidentale périphérique.
Plus précisément, cette édition de notre incroyaaable blogue / bulletin / machin se penchera sur la façon dont les quotidiens et hebdomadaires de langue française du Québec traitent les observations de soucoupes volantes dans leur coin de pays au cours des 3 premières semaines environ qui suivent l’expérience faisant époque de Arnold, un pilote et employé du United States Forest Service à l’époque, du moins c’est ce qu’on dit (tape?).
En 1947, le Québec est une société industrialisée quoique très profondément conservatrice dirigée par un premier ministre autoritaire (autocratique??), Maurice Le Noblet Duplessis, un individu peu partisan du syndicalisme, sécularisme, progressisme, modernisme, libéralisme, etc. L’Église catholique, apostolique et romaine, elle-même peu adepte du libéralisme, modernisme, progressisme, sécularisme, etc., contrôle les systèmes de santé, éducation et aide sociale qui desservent la majorité francophone (environ 82 %) de la population québécoise. Le règne de Duplessis (1936-39 et 1944-59), intolérant à la dissidence et de plus en plus entaché de clientélisme, favoritisme et populisme, un trio de ismes que Duplessis semble aimer, sans parler de la corruption, est souvent décrit comme la Grande noirceur.
Duplessis, si vous avez vraiment besoin de le savoir, est mentionné à plusieurs reprises dans notre blogue / bulletin / machin depuis janvier 2018, mais revenons au sujet à l’étude.
L’observation de Arnold apparaît pour la première fois dans la presse francophone du Québec le 26 juin 1947. Le Soleil, le principal quotidien de Québec, Québec, intitule son article « Projectiles mystérieux » et c’est tout. Aucun autre journal francophone d’importance au Québec ne porte l’événement à l’attention de son lectorat.
En toute justice, les seuls articles publiés à l’époque par des journaux québécois de langue anglaise paraissent apparemment les 26 et 30 juin, dans un quotidien montréalais respecté, The Gazette.
Ce qui peut, peut-être, être le premier rapport publié en français d’une observation, en 1947, sur le sol québécois, d’une soucoupe volante, comme Le Soleil fait référence aux objets en question, est publié le 2 juillet. Le 28 ou 29 juin, semble-t-il, 3 hommes, dont 2 fonctionnaires, voyagent sur le lac Deschênes, une zone plus large de la rivière des Outaouais, sur la frontière qui sépare les provinces de Québec et de l’Ontario, lorsqu’un objet parfaitement silencieux venu du Nord les survole, à une altitude d’un peu plus de 350 mètres (1 200 pieds). Un des témoins, H.S. Gauthier, déclare que lui et ses compagnons peuvent presque sentir la chaleur émanant de l’objet d’une blancheur aveuglante. L’observation dure environ 30 secondes.
Curieusement, même si un journal aussi éloigné que Calgary, Alberta, publie un article sur cette observation, aucun des 3 quotidiens publiés dans la capitale nationale, Ottawa, ne publie le moindre mot à ce sujet.
Pour une raison ou une autre, la couverture de l’observation de Arnold ne reprend qu’à partir du 5 juillet, avec des articles en première page dans des quotidiens de second rang comme La Tribune de Sherbrooke, Québec, dans la région des Cantons de l’Est, l’Estrie actuelle, près de la frontière canado-américaine, ma ville natale, et Le Nouvelliste de Trois-Rivières, Québec. Ces textes dérivés de matériel fourni par des agences de presse américaines sont intitulés « Disques volants vus à plusieurs endroits » et « L’inquiétant mystère des disques volants. » Des quotidiens de premier rang comme La Patrie de Montréal, un journal alors en déclin, reprennent également l’histoire. Il suffit de mentionner un article intitulé « Des aviateurs américains ont VU les MYSTÉRIEUX DISQUES LUMINEUX, » également dérivé de matériel américain.
Le Devoir, un quotidien montréalais influent à tirage limité, choisit d’utiliser des titres quelque peu sardoniques pour accompagner ce matériel : « Des assiettes pleins les cieux – C’est la ruée des soucoupes et des baignoires, aux États-Unis et au Canada » et « Une nouvelle course au trésor: $ 1,000 à gagner – Vous n’avez qu’à apporter une soucoupe volante… »
Si la susmentionnée observation du lac Deschênes est du côté ontarien de la rivière des Outaouais, ce qui peut être le premier rapport publié en français d’une observation en sol québécois est publié le 7 juillet, également par Le Soleil. Six objets sont vus le 5 juillet, par un visiteur, J. Duffield de Montrose, New Jersey. Volant en formation comme des canards, les objets éclairés par le soleil se dirigent vers le nord alors qu’ils survolent le mont Royal, près du centre de Montréal. Curieusement, cet article de la principale agence de presse canadienne, la Presse canadienne, n’est pas repris par les journaux francophones de Montréal.
Cette non-utilisation semble être confirmée par le fait que La Patrie intitule un important article du 8 juillet sur une observation faite à Montréal le soir du 4 juillet, un jour avant l’observation de Duffield, « Montréal a été survolé par sa première ‘soucoupe volante’, » ce qui, pour le journal, prouve que, contrairement à ce que beaucoup pensent, la métropole du Canada n’est pas rétrograde. Les trio de témoins, Lucille Bélanger ainsi que Louis Blanchette et son épouse, discutent informellement sur un balcon lorsque cette dernière remarque une brillante sphère rougeâtre de la taille d’un pamplemousse avec une queue brillante se déplaçant vers le nord. Cette sphère disparaît en quelques secondes. M. Blanchette pense que l’objet est une étoile filante et il est vite oublié.
Au cours de cette même soirée du 4 juillet, toujours à Montréal, l’épouse de Roger Mineau discute avec une de ses cousines, Aline Vigeant, lorsqu’elle voit un objet en forme de chapeau de clown pointu se diriger vers le nord à grande vitesse. Mme Mineau croit aussi avoir vu une étoile filante.
Ce n’est que plus tard, avec la publication d’articles sur les disques et soucoupes volantes, que les deux groupes de témoins se demandent, tout à fait indépendamment l’un de l’autre, s’ils ont, en fait, aperçu un de ces objets élusifs.
Lors de son entrevue, Mme Blanchette est maintenant tout à fait catégorique sur le fait qu’elle n’a pas vu de comète ou étoile filante. La queue de l’objet est trop longue et persistante pour être celle d’une étoile filante et l’image d’une comète qu’elle trouve dans un livre montre une queue qui s’élargit, et ne s’amincit pas, à mesure qu’elle s’éloigne du corps d’une telle corps céleste.
Peu de temps après, son mari mentionne l’observation à son lieu de travail, un magasin exploité par la régie provinciale des alcools, la Commission des liqueurs de Québec, mais personne ne le croit.
Curieusement, The Gazette rapporte que leur observation a lieu le 26 juin, deux jours seulement après l’observation de Arnold – et avant toute autre observation enregistrée au Québec, y compris les suivantes.
En effet, le 9 juillet, La Patrie publie un article, « La première soucoupe volante à Montréal, » qui affirme que la première observation au Québec a lieu dans la soirée du 30 juin. Hector Moquin, son épouse et leur fils, Yves Moquin, sont chez eux avec un ami, Jean Locas. Moquin pense que la lumière, qui se déplace vers l’ouest, est une comète. Ce n’est que plus tard, avec la publication d’articles sur les disques et soucoupes volantes, qu’il se demande si la lumière n’est pas, en fait, une soucoupe volante.
Il est à noter qu’un important journal de langue anglaise, The Montreal Daily Star, rapporte le 7 juillet qu’un gentilhomme de North Hatley, dans la région des Cantons de l’Est, qui choisit de ne pas divulguer son nom, voit une soucoupe volante au cours de la soirée du 27 juin, alors qu’il est assis sur sa véranda. L’objet de 1.2 mètre (4 pieds), décrit comme un double ovale, ressemble à une flamme bleue avec un peu de rouge sortant de sa partie arrière. Des amis qui séjournent avec cet individu confirment sa déclaration.
Une autre observation datée du 27 juin est rapportée dans une lettre à l’éditeur publiée dans le numéro du 10 juillet du The Montreal Daily Star. Mme Ruth Stevens déclare que le soir de cette journée, elle et 4 amies se détendent à Sainte-Agathe-des-Monts, dans la région des Laurentides au Québec. Pendant un bref instant, elles voient un objet brillant avec une queue ardente à travers les fenêtres du porche où elles prévoient dormir. Au début, la quintette pense avoir vu un météore. Plus tard, elle change d’avis. Après avoir interrogé quelques personnes vivant ou prenant une cure dans la région, les femmes concluent que personne d’autre n’a vu l’objet mystérieux. Elles sont curieuses de savoir si quelqu’un d’autre l’a vu.
La lettre à l’éditeur de M.C. Devine, publiée le 14 juillet, indique que les femmes séjournant à Sainte-Agathe-des-Monts ne sont apparemment pas les seules personnes à avoir vu une soucoupe volante le 27 juin. En effet, un groupe de 4 personnes de Valcartier, Québec, et un groupe ayant un pique-nique tardif à Valois, Québec, un village situé près de Pointe-Claire, sur l’île de Montréal, voient une soucoupe volante le 27 juin, en soirée. L’objet circulaire bleu clair avec une traînée de vapeur bleue et rose voyage assez rapidement d’est en ouest, à une altitude indéterminée. L’objet est visible pendant 10 à 15 secondes. Il aurait pu disparaître derrière un nuage.
Le 11 juillet, un journaliste de La Patrie rapporte que 2 Montréalais, Lionel Perreault et Charles Édouard Wheaton, voient un objet lumineux se déplacer vers le nord à grande vitesse dans la soirée du 27 juin. Ils pensent avoir vu une comète mais en viennent à croire plus tard qu’eux aussi ont vu une soucoupe volante.
Le journaliste qui rapporte cette observation déclare que si de tels événements se poursuivent au rythme actuel à Montréal, la seule personne qui n’en rapporterait pas serait lui.
De fait, si votre humble serviteur peut émettre une opinion, il semble y avoir une sorte de course en cours, qui voit des gens repousser la date des premières observations de plus en plus proche de celle faite par Arnold. Curieusement, personne n’a rien vu d’inhabituel avant lui.
Il est à noter qu’un hebdomadaire publié à Montréal, Québec, Le Petit Journal, rapporte le 29 juin que, dans la soirée du 27 juin, des gens de la région de Montréal voient quelques étoiles filantes zébrer le ciel. Deux Montréalais gardent en effet une telle étoile filante en vue pendant quelques minutes avant qu’elle ne se désagrège en une pluie d’étincelles. Aucun lien quel qu’il soit n’est fait à l’époque entre cette observation et les soucoupes volantes.
Il est à noter que La Presse, le plus important journal de langue française en Amérique du Nord, ne publie apparemment rien sur l’emballement pour les soucoupes volantes qui embrase l’Amérique du Nord jusqu’en janvier 1948.
Quoiqu’il en soit, diverses opinions sont exprimées quant à la véritable nature des objets vus dans le ciel de quelques pays. Un chroniqueur de La Tribune, A. Saumier, dit le 10 juillet :
ÉCRIT LA NUIT — (Avec excuses à Louis Morisset) – Avec l’espoir d’atteindre la célébrité, nous observons comme des milliers d’autres le ciel de minuit … Nous verrons peut-être des soucoupes volantes… Jusqu’à date nous n’avons vu que des mouches à feu, une ou deux étoiles égarées dans un amas de nuages, et pas de soucoupes volantes… Un ami croit en avoir vu une: c’était une étoile filante … Un autre déclare qu’il a regardé le ciel au cours de la nuit et qu’il a vu un immense disque dans le firmament … c’était la lune … C’est le cas de dire qu’il était dans la lune … Un troisième n’a rien vu du tout et c’est probablement celui qui a les meilleurs yeux … La guerre est finie, faut bien trouver un sujet de conversation...
Louis Morriset, soit dit en passant, est un écrivain et acteur franco-ontarien bien connu et actif sur la scène montréalaise.
Un quotidien conservateur, L’Action catholique de Québec, peut bien avoir exprimé ses réflexions à ce sujet, et celles de plusieurs, le 7 juillet, avec un article basé sur des documents de British United Press Limited intitulé « Les fameuses ‘soucoupes volantes’ n’auraient existé que dans l’imagination de certaines gens – Les ‘soucoupes volantes’: une simple hallucination. »
Un journaliste de La Patrie relativise le nouvel emballement le 10 juillet : « La soucoupe volante est en train de damer le pion aux comètes, au serpent de mer, aux zoot-suits, aux lettres à chaînes, aux piqûres d’épingle, etc. Elle n’est pas près de faire long feu. »
Une petite digression si je peux me permettre. Un costume zoot est un type de costume pour hommes avec un pantalon taille haute, à jambes larges et chevilles serrées, et un long veston avec de larges revers et larges épaules rembourrées. Ce style vestimentaire quelque peu flamboyant / extravagant, qui comprend généralement un chapeau mou, devient populaire dans diverses communautés américaines, sans parler de certaines communautés canadiennes, au cours des années 1940, mais revenons à notre histoire. Et non, je ne sais pas pourquoi le journaliste de La Patrie inclut des piqûres d’épingle dans sa liste de bizarreries.
Une chronique humoristique du Soleil met le doigt sur un aspect intrigant du phénomène le 9 juillet : « Tout le monde a vu les soucoupes volantes, les journalistes exceptés. »
The Gazette fait mieux le 8 juillet en qualifiant les soucoupes volantes de plats fugitifs, de vaisselle flottante et de porcelaine aéroportée dans l’espace d’un seul article. Le journaliste, un juronneur avoué, Albert A. « Al » Tunis, contacte le doyen du Sir George Williams College, à Montréal, le Dr Henry Foss Hall, qui se trouve être le président du Montreal Centre de la Société royale d’astronomie du Canada. « Les disques volants sont comme les serpents de mer, déclare Hall. Tout le monde les voit sauf les astronomes ou zoologistes. » Un grand pourcentage des rapports d’observation résulte d’une imagination débordante. Dans d’autres cas, déclare Hall, les gens voient simplement une étoile filante.
Un journaliste bien connu des lecteurs de La Tribune prend une autre approche le 9 juillet. Louis Couillard O’Neil, dans une colonne qui ressemble à un éditorial, ce qui n’est pas surprenant étant donné qu’il est l’éditorialiste du journal, déclare que les soucoupes volantes sont un autre exemple d’un phénomène astronomique qui mystifie tout un chacun. Á lire les articles de journaux sur le sujet, on ne peut que regretter que Jules Gabriel Verne soit mort il y a si longtemps. Les soucoupes volantes sont plus intrigantes que le légendaire tapis volant de Les Mille et une nuits ou le canot volant de La Chasse-galerie, un texte bien connu initialement publié en 1891 par le célèbre auteur et journaliste montréalais Honoré Beaugrand.
Avant que j’oublie, Verne est mentionné quelques / plusieurs fois dans notre blogue / bulletin / machin depuis juin 2018.
« Évidemment, il se passe quelque chose d’anormal sous la calotte des cieux. À moins que ce ne soit sous la calotte des individus! » O’Neil établit un lien entre ce qu’on voit à Québec en 1947 et ce qu’on a vu au Québec en 1927. Le 8 mai de cette année-là, un célèbre pilote de chasse et as français de la Première Guerre mondiale, Charles Eugène Jules Marie Nungesser, décolle de l’aéroport de Le Bourget, près de Paris, France, avec un pilote et navigateur du nom de François Coli. Leur avion, un biplan Levasseur PL.8 baptisé L’Oiseau blanc, disparaît au-dessus de l’Océan Atlantique alors que les 2 hommes tentent la première traversée de ce plan d’eau faite contre les vents dominants.
Dans les jours qui suivent cette disparition, plusieurs Québécoises et Québécois disent voir des lumières dans le ciel. Certains pensent qu’elles sont causées par des fusées éclairantes. D’autres personnes en viennent à penser que la Lune ou une planète ou autre chose, sinon des projecteurs, sont à l’origine de ces étranges observations.
Malheureusement, Nungesser et Coli ne sont jamais retrouvés. Encore aujourd’hui, certains pensent qu’ils ont traversé l’Atlantique, pour s’écraser quelque part au Maine ou Terre-Neuve.
Les soucoupes volantes sont plus déroutantes que les éclipses lunaires ou solaires, déclare O’Neil, car seules quelques personnes les voient et parce que les données publiées dans les journaux sont contradictoires. Une fois qu’elles auront perdu leur valeur médiatique, les scientifiques pourraient conclure qu’il n’y avait rien de tangible là-dedans.
Alors que le monde attend que la vérité sorte, O’Neil trouve intéressant de suivre ce que dit le Homo sapiens ordinaire. De nombreuses personnes affirment avoir vu une ou quelques soucoupes volantes mais, pour autant qu’il le sache, celle qui est tombée dans une rue, apparemment aux États-Unis, est la seule qu’un être humain autrement non identifié ait pu toucher. Un plombier de Vancouver, Colombie-Britannique, est plus atypique, cependant. Ce gentilhomme prétend avoir inventé les soucoupes volantes qu’on aperçoit partout.
Incidemment, l’objet qui tombe dans une rue tombe apparemment à Shreveport, Louisiane. C’est une sorte de disque en aluminium d’un diamètre d’environ 75 centimètres (30 pouces). Le dit disque a été jeté dans la rue par des personnes inconnues. Et oui, ces personnes sont très certainement des êtres humains. Mais revenons à notre histoire.
O’Neil rapporte qu’un propriétaire de restaurant montréalais profite du nouvel emballement. Une annonce publiée dans un journal local crie, en traduction : « Pas de soucoupe volante! Mais nos plats gémissent sous leur chargement de délices! »
Le 8 juillet, conclut O’Neil, un annonceur radio déclare que, selon les experts, les soucoupes volantes ne sont rien de plus que des ballons météo. Pince sans rire, il est ravi d’entendre que les experts sont d’accord avec sa conclusion sur toute cette question : les soucoupes volantes ne sont rien de plus que du vent. O’Neil connait une seule personne qui a vu des soucoupes volantes en nombre suffisant pour les collectionner. Cet individu est Jiggs, l’anti-héros dominé pas son épouse de la célèbre et pérenne (1913-2000) bande dessinée américaine Bringing Up Father ou, comme on l’appelle en français, Jiggs / Jiggs et Maggie.
Indépendamment de ce que les gens pensent des observations de soucoupes volantes ou disques volants, le fait est qu’elles semblent se propager. Le 8 juillet, les dites soucoupes ont apparemment été repérées dans au moins 3 provinces canadiennes et, dit-on, dans au moins 41 un des 48 états des États-Unis.
En ce qui concerne le Québec, une observation autrement non documentée aurait eu lieu à Sherbrooke le 3 juillet. Curieusement, cette observation particulière, mentionnée dans l’édition du 7 juillet de La Patrie, n’est pas mentionnée dans les journaux francophones ou anglophones publiés à Sherbrooke.
Il convient de noter que, bien que quelques observations soient mentionnées dans plus d’un journal, souvent un francophone et un anglophone, la plupart d’entre elles ne le sont pas.
Incidemment, certains des articles publiés dans The Gazette sont des plus intrigants. Peu après le coucher du soleil, au début juillet, par exemple, un quatuor de pêcheurs de Montréal voient quelque chose d’énorme se déplacer à basse vitesse au-dessus du lac Memphrémagog, dans les Cantons de l’Est. Ils pensent que cet objet est descendu dans les collines près de la rive ouest de ce plan d’eau. À première vue, personne n’est allé chercher l’objet.
Les journaux de langue française n’ignorent cependant en aucun cas les observations. Le 6 juillet, dans la nuit, une famille vivant à Petits-Escoumins, Québec, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, à plus de 650 kilomètres (environ 400 milles) au nord-est de la ville de Québec, voit une lumière brillante qui rayonne quelques instants, puis disparaît parmi les nuages. Mais elle réapparaît bientôt, puis disparait, et ainsi de suite. La lumière, qui ne ressemble pas à une étoile, semble se déplacer du nord à l’est, puis de l’est au nord. Ce comportement amène Philippe Lapointe, sa conjointe et leurs 2 enfants à se demander si la boule de feu qu’ils voient est un objet unique ou non. Au total, l’observation dure environ 4 minutes.
Fait intéressant, l’épouse de Lapointe communique des informations sur l’expérience de sa famille via une lettre envoyée par la poste aux bureaux du quotidien Le Soleil, qui produit dûment un article.
La première observation dans la ville même de Québec a lieu le 8 juillet. Un gentilhomme faisant de la bicyclette en milieu d’après-midi après avoir passé quelque temps au port repère une lumière très brillante se déplaçant à grande vitesse vers le nord-ouest. La lumière disparaît en un éclair. Le témoin, qui demande que son nom ne soit pas révélé, contacte apparemment le journal pour faire connaître son histoire et vérifier si quelqu’un d’autre avait vu la lumière. Sans faire de jeu de mot. Enfin, peut-être un petit peu.
Dans la soirée de ce même jour, à Val-d’Or, une ville de la région de l’Abitibi-Témiscamingue au Québec, à environ 430 kilomètres (270 milles) au nord-ouest de Montréal, une jeune domestique voit quelque chose d’extraordinaire dans le ciel qui lui rappelle un feu d’artifice, moins le bruit. Elle prévient aussitôt la maîtresse de maison qui fait venir son époux pour y jeter un coup d’œil. Georges H. Dumont, un ingénieur géologue décrit comme un témoin sérieux et crédible, les dames présentes ne l’étant apparemment pas selon le journaliste, voit un objet lumineux d’environ 45 centimètres (18 pouces environ) de long se déplacer vers le nord à grande vitesse. Cette apparition ne ressemble pas du tout à une soucoupe ou disque. Elle est allongée et plus épaisse au milieu. L’objet a une queue qui n’est pas de la couleur du soleil. Elle est presque blanche. L’observation dure environ 30 secondes.
Au cours de la soirée du 9 juillet, un trio de jeunes femmes de Trois-Rivières, Québec, une ville à mi-chemin entre Montréal et Québec, pagayent sur le lac Saint-Pierre, près de Pointe-du-Lac, près de Trois-Rivières. Pauline et Thérèse Gouin, ainsi que la conjointe d’un médecin local du nom de L.G. de Charette, qui passent l’été au chalet, aperçoivent un disque volant au-dessus de la rive sud du fleuve Saint-Laurent, près du village de Baie-du-Febvre, Québec. Le disque volant, qui reste visible pendant environ 2 à 3 minutes, a la taille d’une étoile et brille comme de l’or. Cette observation est inhabituelle en ce sens qu’elle est rapportée par au moins 6 quotidiens québécois, dont au moins 2 anglophones.
Antonio Gauthier, un marchand de Trois-Rivières qui passe la soirée sur sa véranda, suit un objet, possiblement le même, à travers une longue-vue, à peu près au même moment.
Et non, je ne peux pas dire si ce Gauthier est apparenté au Gauthier qui avait vu quelque chose au-dessus des eaux du lac Deschênes les 28 ou 29 juin. Ceci étant dit (tapé?), le fait est que pratiquement toutes les Québécoises et Québécois francophones de souche, toutes et tous les 6.75 millions environ d’entre elles et eux, ont un ou plus d’un ancêtres communs. Comment pourrait-il en être autrement alors que la population de la Nouvelle-France en 1763, lorsque cette colonie française devient une possession britannique, tourne autour de 70 000 personnes? Salut, cousines et cousins!
Est-ce tout, demandez-vous? Est-ce tout!? Bien sûr que ce n’est pas tout. Ceci étant dit (tapé?), votre humble serviteur aimerait faire une pause d’une semaine avant de vous régaler une fois de plus d’aliments ufologiques.