« Je suis Robert Robot, homme mécanique. Conduis-moi et dirige-moi partout où tu le peux : » Un petit bijou technologique datant des jours sombres de la guerre froide, Robert le robot, partie 1
Jouet, glorieux jouet, ils voudraient bien l’essayer. Elles et ils étant les enfants frais et dispos qui ont grandi pendant les jours sombres de la guerre froide, et il étant le joyau technologique connu sous le nom de Robert le robot.
Et oui, le sujet de la péroraison de cette semaine sera un robot jouet. Avons-nous un problème? […] Bien. Continuons.
Comme vous l’avez sans doute découvert en déambulant dans la toute nouvelle exposition du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario, la guerre froide n’est pas une période amusante. Ce n’est pas sûr là-bas. C’est merveilleux, avec des trésors pour rassasier des désirs, tant subtils que bruts, mais ce n’est pas pour les timides. Et oui, votre humble serviteur paraphrasait, hors contexte, un être extradimensionnel énervant, voire carrément odieux, d’origine inconnue, connu sous le nom de Q (Bonjour, EP, EG et SB!), et…
Qu’est-ce que je vois sur mon écran d’ordinateur?! Vous n’avez pas encore visité le musée pour voir cette merveilleuse exposition?! Je suis vraiment déçu. Vous devriez vraiment y jeter un coup d’œil, vous savez, mais pas maintenant. Revenons donc à Robert.
La fin des années 1940 et le début des années 1950 voit les débuts de la science-fiction télévisuelle. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur téléphile, la plupart des émissions en question sont effectivement de nature spatiale. Et elles sont presque exclusivement américaines. Les passionnés de robots n’y auraient trouvé que peu d’intérêt et… Vous avez envie de lire (voir?) les titres de ces émissions de télévision, n’est-ce pas, ami(e) lectrice ou lecteur avide d’informations. Eh bien, les voici. Mais les titres de ces émissions de télévision ne vous diront probablement rien…
Captain Video and His Video Rangers (49-55)
Space Patrol (1950-55)
Buck Rogers (1950-51)
Tom Corbett, Space Cadet (1950-55)
Tales of Tomorrow (1951-1953)
Out There (1951-52)
Space Command (1953-54)
Johnny Jupiter (1953-54)
Rod Brown of the Rocket Rangers (1953-54)
Operation Neptune (1953)
Atom Squad (1953-54)
The Quatermass Experiment (1953)
Rocky Jones, Space Ranger (1954)
Flash Gordon (1954-55).
Soit dit en passant, The Quatermass Experiment est la seule émission non nord-américaine de cette liste. Et oui, elle est produite en Angleterre.
Space Command, quant à elle, est la première série télévisée canadienne de science-fiction. Votre humble serviteur a pontifié à son sujet dans un numéro de mars 2023 de notre incomparable blogue / bulletin / machin.
Les salles de cinéma sont des endroits un peu plus propices aux passionné(e)s de robots de la fin des années 40 et du début des années 50, avec des offres comme…
The Perfect Woman / La femme parfaite (1949, Royaume-Uni)
The Day the Earth Stood Still / Le jour où la Terre s’arrêta… (1951, États-Unis)
Mother Riley Meets the Vampire (1952, Royaume-Uni)
Robot Monster (1953, États-Unis)
Gog / Le Robot qui tue (1954, États-Unis)
Tobor the Great / Tobor le grand ou Le maître du monde (1954, États-Unis)
Même les jeunes passionné(e)s de robots ont de quoi se mettre sous leurs dents de lait, à savoir Push-Button Kitty (1952) et Robot Rabbit (1953), deux dessins animés américains plutôt amusants quoique étonnamment violents qui mettent en vedette Tom et Jerry d’une part, et Bugs Bunny et Elmer J. Fudd de l’autre, et…
Votre air ahuri me porte à penser que vous ne comprenez pas tout à fait ce que Mother Riley Meets the Vampire fait dans notre liste de longs métrages de robots. L’autoproclamé vampire en question veut conquérir le monde avec une armée de robots. Son premier robot fonctionnel est, cependant, accidentellement expédié à une lavandière / femme de ménage irlandaise nommée Daphne Bluebell Snowdrop Riley, en d’autres mots la vieille mère Riley. Le chaos s’ensuit inévitablement.
Votre humble serviteur serait négligent si je ne mentionnais pas le robot inventé par Marmaduke Coot, cousin d’un certain canard nommé Donald. Oui, Donald Fauntleroy Duck. Ce robot est un des protagonistes d’une histoire publiée dans le numéro de mars-avril 1953 de l’album de bandes dessinées Donald Duck. Le nom de cette entité mécanique est bien sûr Robert le robot. Et non, ce Robert n’a rien à voir avec notre Robert.
Il y a bien sûr d’innombrables histoires de robots, plus ou moins oubliées, dans les magazines de science-fiction de l’époque. Certaines de ces histoires sont également publiées sous forme de romans. Un exemple typique serait Les Cavernes d’acier, un récit classique de 1953 (texte de magazine) / 1954 (livre) de l’écrivain / professeur de biochimie russo-américain Isaac Asimov, né Isaac Yudovitch Azimov, un géant de la science-fiction mentionné dans des numéros de janvier 2020, février 2021 et avril 2022 de notre assez gigantesque blogue / bulletin / machin, mais revenons à Robert.
Quelques recherches ont révélé que l’appellation allitérative de Robert le robot n’est pas vraiment nouveau au début et au milieu des années 1950. Nenni.
Un humain mécanique de ce nom inaugure l’exposition annuelle d’ingénierie de modèles au Royal Horticultural Hall, à Londres, en Angleterre, en septembre 1928. Robert le robot se lève de son siège et parle. Et oui, ce robot est bien mieux connu sous un autre nom, Eric le robot.
En 1929, certains golfeurs américains utilisent le surnom de Robert le robot pour décrire l’avocat américain et joueur de golf amateur étrangement doué Robert Tyre « Bobby » Jones, Junior.
En 1933, le magistrat / historien amateur / auteur / antiquaire écossais Joseph Storer Clouston publie un roman humoristique frôlant la science-fiction intitulé Button Brains. Les boutons en question sont ceux dissimulés en divers points d’un robot étonnant et à l’allure étonnamment humaine conçu par un inventeur brillant. Et vous connaissez le nom du fascinant automate imaginé par Clouston, n’est-ce pas, ami(e) lectrice ou lecteur attentive / attentif?
Un autre Robert le robot peut être trouvé à la University of Minnesota. Philip S. Brain, l’entraîneur de tennis de cette institution américaine d’enseignement supérieur, entraîne ses élèves avec un lanceur de balle de tennis ainsi identifié au plus tard en 1935.
En septembre 1937, un habitant de Rutland, Vermont, âgé de 16 ans, en a assez de diriger les gens affluant vers la Rutland Fair vers un terrain de stationnement qu’il exploite près de la maison familiale. Il utilise donc une variété de matériaux et d’objets, du bois et carton aux écouteurs et lunettes, pour créer un appareil ressemblant à un robot, Robert le robot, dont le bras droit fait signe aux automobiles de se diriger vers le dit terrain de stationnement. Le nom de l’adolescent est… Harley Davidson. Je ne plaisante pas et… Vous ne me croyez pas, n’est-ce pas? Soupir… En voici la preuve, Thomas / Thomasine l’incrédule.
Harley Davidson et Robert le robot, Rutland, Vermont. Anon., « Young Inventor Creates Robot to Help Park Autos. » Rutland Daily Herald, 11 septembre 1937, 7.
Croiriez-vous que Davidson réalise quelques autres robots entre 1937 et 1939, et que certains d’entre eux peuvent réellement marcher?
Parlant (tapant?) de marcher, un agent de la Lancashire Constabulary du nom de John Gardner conçoit un autre Robert le robot. Installée au coin d’une rue de Farnworth ou Bolton, Angleterre, au plus tard en mars 1949, cette plaque de rue anthropomorphe s’avère très populaire auprès des écolières et écoliers, et ce malgré le fait qu’elle les réprimande gentiment lorsqu’ils ou elles marchent dans la rue au mauvais moment.
Et il y a aussi Remarkable Robert the robot, le principal protagoniste de deux publicités publiées dans au moins deux quotidiens américains, en décembre 1949, en Iowa, et en octobre 1950, au Kentucky. Le premier figure dans une publicité pour une boulangerie locale, tandis que le second figure dans une publicité parrainée par des médecins et dentistes locaux qui dénoncent le programme national d’assurance maladie obligatoire mis en avant par l’administration dirigée par le président Harry S. Truman, un gentilhomme mentionné dans des numéros de janvier et juillet 2022 de notre sacrément bon blogue / bulletin / machin.
Une publicité sur les United States Savings Bonds du United States Department of the Treasury qui utilise un Robert le robot comme accroche. Anon., « United States Department of the Treasury. » The Bureau County Tribune, 16 décembre 1949, 7.
A United States Savings Bonds advertisement of the United States Department of the Treasury which used a Robert the Robot as a hook. Anon., “United States Department of the Treasury.” The Bureau County Tribune, 16 December 1949, 7.
Les robots dans ces publicités sont des copies flagrantes du Robert le robot trouvé dans des publicités promouvant l’acquisition de United States Savings Bonds parues dans les journaux au plus tard en décembre 1949, et…
Si, si, vous avez bien lu, ami(e) lectrice ou lecteur incrédule. Truman veut mettre en œuvre un programme national d’assurance maladie obligatoire. Même si un projet de loi à cet effet est présenté à la United States House of Representatives et au United States Senate en 1949, le United States Congress ajourne ses travaux en octobre sans l’adopter.
Les efforts de lobbying féroces (et égoïstes?) de l’American Medical Association et de ses alliées anéantissent tout simplement tout effort visant à aller de l’avant.
Pour ma part, je suis profondément reconnaissant que des efforts tout aussi féroces (et égoïstes?) au Canada se soient révélés infructueux et que le système de santé public du Canada soit devenu une réalité, mais je digresse.
Ce qui semble être le robot nommé Robert le plus énigmatique des années 1950 est celui qui, à partir du début de 1952, travaille dans et autour de la maison d’une jeune actrice anglaise, Diana Dors, née Diana Mary Fluck, et de son époux anglaise, un représentant d’une firme d’ingénierie et pilote de la Seconde Guerre mondiale, le légèrement mal famé Dennis Hamilton Gittins.
Voyez-vous, Robert est sans doute le robot nommé George qu’un ancien imprimeur / journaliste / soldat et ingénieur amateur anglais du nom de William Henry Richards conçoit au tout début des années 1930. De fait, George peut, je répète peut, épater les foules à partir de mars ou avril 1931.
Soit dit en passant, George est le second robot conçu par Richards. Le premier, le susmentionné Eric, achevé en 1928, est le tout premier robot achevé au Royaume-Uni.
Craignant pour la sécurité de sa création, oui, George, Richards l’enterre sur le terrain d’un concessionnaire automobile dans la banlieue de Londres, Angleterre, peu de temps après le début de la Seconde Guerre mondiale. Cheam Motors Limited subit malheureusement un coup direct lors d’un bombardement allemand et George est gravement endommagé.
Personne ne sait comment Gittins met la main sur le robot, mais il est clair que quelqu’un consacre beaucoup de temps et efforts à le réparer.
Les reportages laissant entendre que Gittins est le cerveau derrière Robert ne sont pas très bien accueillis par les fils de Richards, décédé en décembre 1948 à l’âge de 80 ans. Ils le contactent pour discuter de la propriété du robot, mais les choses ne se terminent pas bien. Voyez-vous, Gittins aurait agressé physiquement George Richards.
Il est suggéré que Gittins envisage la possibilité d’utiliser le robot dans un film de science-fiction dans lequel son épouse jouerait le rôle principal. Ce projet n’aboutit à rien.
Et non, on ne sait pas où se trouve actuellement George / Robert le robot.
Soit dit en passant, George Richards émigre finalement au Canada avec son épouse et ses enfants, mais revenons à notre robot jouet.
D’innombrables représentants de firmes américaines de fabrication de jouets se rassemblent à New York, New York, pour assister à la 51ème édition de l’American Toy Fair, qui se tient du 8 au 17 mars 1954. Parmi eux se trouvent des représentants d’Ideal Toy Corporation. Dans leurs valises se trouvent des exemplaires d’un tout nouveau jouet. Ce jouet en plastique est, vous l’aurez deviné, Robert le robot.
Si, si, en plastique. Robert le robot est apparemment le tout premier jouet robot fabriqué aux États-Unis, voire au monde, à inclure une bonne quantité de plastique pour le corps qui recouvre et protège sa structure métallique.
Même l’allure de Robert le robot est nouvelle. Aucun autre robot de l’époque ne porte ce que l’on pourrait qualifier de jupe angulaire. L’utilisation de cette jupe permet aux concepteurs d’Ideal Toy de créer un robot capable de marcher sans jambes, un robot moins bancal et susceptible de tomber.
Des concepteurs de jouets américains et japonais ont vite remarqué la jupe portée par notre ami et l’ont copiée.
Et oui, vous avez tout à fait raison. La matière plastique qui constitue le corps de Robert le robot est moins chère que du métal, ce qui permet à des firmes américaines comme Ideal Toy de produire leurs propres robots et de concurrencer avec succès les firmes japonaises qui produisent des robots en fer blanc – et les firmes américaines qui les importent.
Et voici une brève vidéo en anglais des années 1950 sur notre ami robotique…
Vous souhaiterez peut-être noter que l’histoire d’origine dans cette vidéo ne correspond pas entièrement à une autre histoire d’origine que votre humble serviteur a rencontrée.
Voyez-vous, un des cerveaux derrière Robert le robot peut, je répète peut, être un doctorant américain (génétique microbienne) à Columbia University. Lewis L. Jacobs aurait utilisé les redevances qu’il reçoit d’Ideal Toy pour aider à payer ses études.
Le développement du robot prend probablement quelques mois.
Et oui, le Lionel A. Weintraub mentionné dans la vidéo est une vraie personne. Il rejoint l’équipe d’Ideal Toy vers 1941. Officier du renseignement de la United states Army pendant la Seconde Guerre mondiale, Weintraub obtient une maîtrise en littérature anglaise, vraisemblablement après le conflit. (Bonjour EP!) En 1955, il est vice-président d’Ideal Toy.
Remarquez, le président du conseil d’administration d’Ideal Toy, Benjamin Franklin Michtom, a également son mot à dire dans la décision de poursuivre le développement de Robert le robot.
Et non, notre ami robot n’est pas la seule idée de jouet que Jacobs vend à cette firme. Au cours des années précédentes, il avait suggéré un pistolet à rayons et un camion et remorque avec compresseur d’air plus terre-à-terre.
Robert le robot se vend pour environ 6 $ ÉU, une somme qui correspond à environ 93 $ en devises canadiennes de 2024, ce qui n’est pas bon marché, du moins pour une personne grippe-sous comme moi.
Remarquez, certaines automobiles jouets à pédales se vendent 35 $ ÉU, une somme qui correspond à plus de 540 $ en devises canadiennes de 2024. Wah!
Croiriez-vous que la valeur collective des jouets produits par des firmes américaines pour la période de Noël 1954 oscille autour de 450 000 000 $ ÉU, une somme faramineuse qui correspond à un non moins faramineux 7 000 000 000 $ en devises canadiennes de 2024? Si, si, 7 milliards de dollars.
Et si vous pensez que c’est un gros tas de foin, sachez que les ventes au détail de jouets aux États-Unis en 2023 s’élevaient, tenez-vous bien, tenez-vous bien, à 38 000 000 000 $ en devises canadiennes de 2024, mais revenons à Robert le robot.
Contrôlé via un appareil portatif, l’humain mécanique d’environ 35 centimètres (environ 14 pouces) de haut, avec des yeux et une antenne illuminé(e)s, alimenté(e)s par une batterie et activé(e)es par un bouton, peut se déplacer vers l’avant, l’arrière et les côtés. Il peut saisir de petits objets dans ses mains cylindriques ressemblant à des mains Lego. Il peut même parler. Eh bien, un peu. En fait, tout son vocabulaire est apparemment constitué d’un doublet de phrases, traduit ici : « Je suis Robert Robot, homme mécanique. Conduis-moi et dirige-moi partout où tu le peux. »
Croiriez-vous que ces mots sont enregistrés sur un tout petit tourne-disque caché dans la poitrine du jouet? Et oui, la voix du robot est rêche et grinçante comme vous ne le croiriez pas. Incidemment, pour entendre Robert parler, il faut actionner une poignée sur son dos.
Le tourne-disque en question n’est toutefois pas inventé par Ideal Toy. Nenni. Cet appareil parlant / boîte vocale est conçue par un arrangeur / compositeur / inventeur / orchestrateur américain, Theodore Roosevelt « Ted » Duncan, fondateur de Ted Duncan Incorporated.
La direction d’Ideal Toy est renversée par l’invention de Duncan. Elle incorpore rapidement la dite invention dans d’autres jouets, à savoir la Talking FBI Car et la « Dragnet » Police Car, Dragnet étant une série télévisée de procédure policière américaine très populaire et influente, diffusée entre 1951 et 1959. Un autre jouet Ideal Toy équipée d’un appareil parlant Duncan est la poupée Patti Prays.
Une brève digression si vous me le permettez. Je me souviens vaguement avoir vu au moins quelques épisodes d’une version doublée de Dragnet, Coup de filet, vers la fin des années 1960 ou le début des années 1970, mais revenons à Robert.
Pour voir Robert avancer, il faut tourner la manivelle d’un contrôleur en forme de pistolet. Ce mouvement de rotation est transmis à un câble flexible qui relie le contrôleur aux roues motrices du robot. Et oui, les bras du robot bougent à mesure qu’il bouge. Inverser la rotation de la manivelle fait reculer le jouet. En appuyant sur la gâchette du contrôleur, les roues directrices du jouet tournent, l’envoyant là où sa jeune opératrice ou son jeune opérateur veut vivre sa prochaine aventure.
Il convient de noter que la version de préproduction du contrôleur est en forme de goutte. Pour une raison ou une autre, Ideal Toy choisit de produire en masse un contrôleur beaucoup plus angulaire et semblable à un pistolet.
Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur aux yeux d’aigle, le contrôleur sur la photo au début de cet article a effectivement la forme d’une goutte, ce qui signifie que, même si elle est publiée en mai 1959, cette photographie montre un des premiers exemplaires de notre ami robotique.
Et oui encore, mon ami lecteur aux yeux d’aigle qui peut être agaçant(e), votre humble serviteur a choisi d’utiliser une image qui n’est pas celle trouvée dans Le Soleil, un journal publié à Québec, Québec. J’ai trouvé une image de bonne qualité en ligne et je l’ai utilisée à la place. Voilà.
Je ne peux que présumer que l’étrange coiffure portée par le garçon sur la photographie est également un produit d’Ideal Toy.
Incidemment, Robert le robot possède sa propre trousse à outils, rangée dans un petit espace clos dans sa poitrine.
Aucun autre robot disponible sur le marché en 1954 n’est aussi cool que Robert le robot. On peut affirmer que, pour de nombreux enfants et préadolescent(e)s, les pistolets à rayons et les casques spatiaux ne sont pas à la hauteur par rapport à notre ami robotique. Il n’est donc pas surprenant que Robert le robot soit devenu le premier robot jouet à devenir une étoile américaine.
Oserait-on affirmer qu’il s’agit de la Rolls-Royce du monde des robots jouets?
Et oui, certain(e)s des enfants et préadolescent(e)s ravi(e)s qui reçoivent un de ces robots jouets en cadeau sont tellement fasciné(e)s par ses gadgets qu’elles ou ils le démontent pour voir ce qui le fait fonctionner. Malheureusement, peu d’entre elles ou eux savent comment remonter leur précieux jouet. Les parents de ces ingénieur(e)s en herbe ne sont sans doute pas amusés.
Fait intéressant, du moins pour votre humble serviteur, Robert le robot n’est pas le premier robot jouet. Nenni, il ne l’est pas. Cet honneur appartient apparemment à Riripatto Robotto, en d’autres termes au robot Lilliput, un jouet japonais jaune en fer blanc à remontoir produit entre 1938 et 1941 ou quelque temps après 1945 par la division jouets de Kuramochi Kabushiki Kaisha, je pense. Ce robot jouet peut marcher, mais seulement vers l’avant, je pense. Encore.
Et oui, un exemplaire en parfait état de Riripatto Robotto vaut une jolie somme en 2024.
La production d’un second robot jouet japonais ne commence apparemment qu’en 1949, lorsque des fabricants de jouets commencent à récupérer et recycler un nombre hénaurme de boîtes de conserve jetées par les membres des forces d’occupation américaines stationnées au Japon.
Voyez-vous, pendant les semaines, mois et années (1945-52) de la dite occupation, une des principales préoccupations du souverain de facto du Japon, le général de l’armée de la United States Army Douglas MacArthur, est la reconstruction / réhabilitation industrielle du Japon.
Le Japon ne serait bien entendu pas autorisé à rivaliser avec les industries manufacturières qui tiennent profondément au gouvernement américain. À vrai dire, l’idée est de donner aux firmes japonaises toutes les industries à faible profit, à main d’œuvre élevée et aux petits articles dont le gouvernement américain ne se soucie plus. Les firmes japonaises seraient désormais autorisées à produire des articles comme des appareils photo, radios et jouets bon marché.
Ironiquement, des firmes japonaises finiront par dominer les marchés mondiaux avec leurs appareils photo à la fois abordables et de haute qualité. D’autres firmes produiraient des radios portatives et lecteurs audio à grand succès, sans parler des jeux vidéo à grand succès. L’univers, semble-t-il, a le sens de l’humour.
Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur avisé(e). Si la production du Riripatto Robotto commence quelque temps après 1945, la division jouets de Kuramochi récupère et recycle également des boîtes de conserve, mais revenons au second robot jouet japonais.
Le gris kaki Atomikku robotto man, autrement dit homme robot atomique, est exporté en nombre aux États-Unis. Quelques-uns d’entre eux sont présents à la New York Science Fiction Conference qui se tient à… New York en juillet 1950. À vrai dire, ce jouet mécanique est très probablement conçu spécifiquement pour l’exportation.
Atomikku robotto man peut se vendre pour aussi peu que 0.49 $ ÉU, une somme qui correspond à environ 8.60 $ en devises canadiennes de 2024. Et oui, ce robot jouet arrive sur les étagères américaines à temps pour la saison de Noël 1949.
Croiriez-vous que l’illustration sur la boîte du robot le représente marchant dans une rue d’une ville au-dessus de laquelle on peut voir le nuage en champignon d’une bombe nucléaire qui explose? Je ne plaisante pas.
Un autre robot japonais aurait atteint les côtes des États-Unis vers 1950-51. Produit par Arupusu Shōji Kabushiki Kaisha, une firme plus connue sous le nom d’Alps, Misutārobotto kikai no zunō, autrement dit M. Robot, le cerveau mécanique, est selon toute vraisemblance conçu spécialement pour l’exportation. Ce robot jouet argenté est inhabituel dans le sens où il s’agit à la fois d’un jouet à remontoir et d’un jouet fonctionnant sur batterie. Il peut marcher, mais seulement vers avant.
À ce moment-là, un des premiers, sinon le premier robot jouet américain, était arrivé dans les rayons – et en avait disparu. Ce jouet magnifique, extrêmement rare et précieux est Mr. Sandman, the robot, un ingénieux jouet en métal commercialisé en 1945 par Wolverine Supply & Manufacturing Company.
À quel point est-il ingénieux, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? Alors, laissez-moi vous dire. Une fois démonté, Mr. Sandman, the robot se transforme en pas moins de 6 jouets distincts avec lesquels un enfant peut jouer dans un bac à sable : 2 moules (pieds du robot), 1 seau (torse), 1 pelle (pelle), 1 tamis (omoplate) et 1 arroseur (tête).
Et non, contrairement à la situation du pauvre vieux Humpty Dumpty, on n’a pas besoin de tous les chevaux du roi et tous ses hommes pour remettre Mr. Sandman, the robot, entier. Un enfant peut le faire en quelques secondes, mais revenons à Robert, mais pas avant la semaine prochaine. Désolé.