« Défendons ce bien précieux / Digne de défense » – Un bref aperçu de la campagne publicitaire de 1954 d’une importante firme canadienne de fabrication d’aéronefs, Canadair Limited de Montréal, Québec, partie 2
Permettez-moi de vous adresser mes plus chaleureuses salutations en ce jour plaisamment non frisquet, ami(e) lectrice ou lecteur. Êtes-vous prêt(e) à entreprendre la lecture de la 2ème partie de cet article sur la campagne publicitaire de 1954 d’une importante firme canadienne de fabrication d’aéronefs, Canadair Limited de Montréal, Québec? Vermouilleux!
Si je peux me permettre de singer le style de présentation des programmes télévisés traitant de fantômes, extraterrestres, cryptides et autres phénomènes paranormaux, est-ce une coïncidence si la première liberté prônée par la campagne publicitaire de Canadair de 1954, publiée en janvier 1954 et mentionnée dans la 1ère partie de cet article, concerne la liberté de conscience / du culte? Les esprits curieux veulent le savoir.
Remarquez, les coïncidences peuvent être tout à fait fascinantes et totalement dénuées de sens, mais je digresse.
Et non, je ne regarde pas ces programmes télévisés traitant de fantômes, extraterrestres, cryptides et autres phénomènes paranormaux, ce qui fait probablement de moi un défenseur zélotique anal rétentif de la science traditionnelle ou, pis encore, un des reptiloïdes / reptiliens / reptiles humanoïdes qui contrôlent le monde, mais je digresssssse. Désolé, désolé. C’est juste que je suis en train de me débarrasser de ma vieille peau en ce moment et ça me démange comme vous ne pouvez pas l’imaginer.
Surtout la nuit, si je peux me permettre de citer, hors contexte et en traduction, une ligne d’Overkill, une populaire chanson de 1983 (!) du groupe pop rock australien Men at Work.
Pour paraphraser hors contexte et en traduction, un Américain de 6 ans espiègle et aventureux nommé Calvin, les gens qui croient en ces choses ne sont pas stupides. Ils et elles maîtrisent simplement des informations totalement inutiles, mais revenons à notre histoire.
Avant que je ne l’oublie, le texte de la sous-version de langue française québécoise de la publicité de Canadair de janvier 1954, soit « La liberté de conscience, » en anglais « Freedom of Worship, » se lit comme suit :
Cette semaine, des millions de Canadiens se rendent fidèlement à leur église, leur temple, leur synagogue. Ils s’y rendent librement, sans y être obligés … sans avoir à demander la permission … sans avoir à se cacher d’une police secrète.
Dans les pays occupés par les Nazis, cette liberté n’existait plus; elle n’existe pas non plus derrière le rideau de fer; elle n’existera plus dans notre pays si nous laissons ce germe destructeur du communisme s’y développer.
Unissons-nous aujourd’hui pour conserver ce droit de pratiquer la religion de notre choix … Notre liberté de conscience est un bien précieux qu’il nous fait sauvegarder!
Avec votre permission, votre humble serviteur aimerait examiner les discrépances, en anglais grapefruits, désolé, désolé, discrepancies, par lesquelles les différentes sous-versions (française québécoise, française européenne, anglaise nord-américaine et anglaise européenne) de chaque publicité diffèrent.
Certains aspects du texte de la sous-version québécoise de langue française de la publicité de janvier 1954 que venez de lire diffèrent en effet passablement de ceux que peuvent lire les personnes qui parcourent la sous-version de langue française de la publicité qui paraît en Europe. Citons par exemple le second paragraphe de cette dernière : « Tel n’était pas le cas dans les pays qui ont subi l’occupation hitlérienne; tel n’est pas le cas dans de nombreux pays aujourd’hui … tel ne sera pas le cas si le totalitarisme se répand. »
Cette utilisation du terme totalitarisme se rencontre également dans la sous-version de langue anglaise qui paraît en Europe.
Le second paragraphe de la sous-version de langue anglaise qui paraît en sol canadien, traduit ici, colle davantage à la sous-version de langue française d’origine québécoise : « Ce n’était pas le cas dans les pays qui ont subi l’occupation nazie; ce n’est pas le cas dans les pays gouvernés aujourd’hui par la poigne de fer du communisme ... et ce ne sera pas le cas si on laisse se propager le germe communiste. »
Si les texte parus à l’étranger parlent des gens qui ne peuvent pas exprimer leur foi librement dans de nombreux pays en 1954, et ce à cause du totalitarisme, un terme utilisé en lieu et place d’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), ceux qui paraissent en sol nord-américain, eux, sont ainsi un peu plus explicite avec leur germe du communisme et les allusions à sa poigne de fer et au rideau de fer.
Dans tous les cas, toutefois, les auteurs des textes tracent un lien entre le national-socialisme, d’une part, et, d’autre part, le totalitarisme ou le communisme.
Ces discrépances ne sont-elles pas fascinantes, ami(e) lectrice ou lecteur?
L’expression rideau de fer, en anglais iron curtain, est évidemment fort connue en 1954. Elle remonte en fait à mars 1946, date à laquelle Winston Leonard Spencer « Winnie » Churchill, un auteur / peintre / politicien / soldat mentionné à moult reprises dans notre blogue / bulletin / machin, et ce depuis mai 2019, prononce un discours en sol américain. Ce discours reçoit alors un accueil mitigé. Plusieurs personnes pensent en effet que l’ex-premier ministre britannique est revenu à ses vieilles habitudes de fauteur de guerre, et…
Pourquoi gigotez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur? 1917 ou 1918, vous dites (tapez?)? Le traducteur / publiciste / philosophe religieux / penseur religieux / écrivain / critique littéraire russe Vasily Vasilyevich Rozanov utilise l’expression rideau de fer dans un court essai sur la Russie et sa révolution intitulé Apokalipsis nashego vremeni, en français L’Apocalypse de notre temp, publié à cette époque, vous dites (tapez?)? Je n’en avais aucune idée. Merci, mais revenons à Churchill et au commencement de la guerre froide.
La prise de contrôle de la plupart des pays d’Europe de l’Est (Bulgarie, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie) et de la partie orientale de l’Allemagne par l’URSS, et la création de régimes communistes fantoches, entre 1945 et 1948, en surprend plus d’un. Le vieux lion, semblait-il, avait vu juste.
Remarquez, quelques personnes mais pas moi, bien sûr, font valoir que le Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, les États-Unis conviennent à toutes fins utiles de laisser l’URSS agir à sa guise en Bulgarie, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie, sans oublier la partie orientale de l’Allemagne, en 1944-45, une décision qui conduit à une période d’environ 45 ans d’oppression sous contrôle soviétique dans ces pays, mais revenons à notre histoire.
Le mot totalitarisme est lui aussi fort connu en 1954. Ce terme qui identifie un type de système politique dictatorial est très fortement associé au communisme dans la presse américaine, beaucoup plus qu’au Canada ou au Québec semble-t-il.
La publicité « La vie de nos enfants…, » publiée par Canadair Limited de Montréal, Québec, dans le cadre de sa campagne publicitaire Défendons ce bien précieux / Digne de défense de 1954. Anon, « Canadair Limited. » La Presse, 9 février 1954, 21.
Les publicités publiées par Canadair en février 1954 s’éloignent quelque peu du quatuor de libertés énoncé par Roosevelt en janvier 1941. Oui, celles mentionnées dans la 1ère partie de cet article. Intitulées « La vie de nos enfants… / Le bien-être de nos enfants, » en anglais « The lives of our children…, » elles montrent une longue colonne d’enfants heureux, filles et garçons, toutes et tous blanches et blancs comme neige, sortant d’une école primaire.
Avant que je ne l’oublie, permettez-moi de souligner que la population canadienne est plutôt blanche comme neige en 1954. Ne l’oublions pas, les Premières nations et Inuits ne représentent qu’environ 1.2 % de la population du pays en 1951. Les autres Canadiennes et Canadiens appartenant à une minorité visible connue sont alors 2 fois moins nombreuses / nombreux.
Et oui, la population dite européenne du Canada compte pour environ 98 % de la population totale du pays en 1951. Wah! Ce pourcentage est aussi élevé, voire plus élevé, en Europe.
En guise de comparaison, les minorités visibles ainsi que les Premières nations et les Inuits représentent plus de 31.5 % de la population canadienne en 2021. N’est-ce pas génial?
Et non, le soi-disant grand remplacement n’est pas une chose. Il est totalement absurde de dire que les populations blanches d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord sont en cours de remplacement sur les plans démographique et culturel par des personnes non blanches agissant en liaison avec des élites remplacistes maléfiques. Mais revenons à nos publicités.
Le texte de la sous-version de langue française québécoise de la publicité de Canadair parue en février 1954 se lit comme suit :
… vos enfants … nos enfants … les enfants des nations qui ont le même idéal que nous … les enfants insouciants et heureux qui comptent sur nous pour leur avenir.
De quoi cet avenir sera-t-il fait? Et ces enfants, que deviendront-ils? De jeunes gens heureux, des citoyens utiles dans un monde serein et paisible – ou de pauvres hères vivotant dans un monde dominé par la guerre, la corruption et la tyrannie?
Leurs espoirs ne pourront se réaliser que si nous sommes prêts à les défendre; il nous faut avoir la ténacité et la force nécessaires pour faire échec à ceux qui pourraient nuire à nos enfants; il nous faut aussi avoir la conviction qu’un héritage de liberté et de paix pour nos enfants est un bien précieux qu’il nous faut défendre.
Les textes des deux sous-versions de langue française de cette publicité disent à toutes fins utiles la même chose. La sous-version européenne remplace par exemple les mots du texte québécois par « instruments pitoyables de la guerre, de la corruption et des dictateurs. »
Les textes des deux sous-versions de langue anglaise, quant à eux, sont identiques. Ils collent par ailleurs d’assez près au contenu de leurs contreparties de langue française. Il suffit de mentionner ici, en traduction, les « pitoyables pions de la guerre, de la corruption et de la tyrannie. »
Votre humble serviteur s’en voudrait de ne pas souligner l’existence du tristement fameux système des pensionnats autochtones du Canada, un réseau obligatoire d’internats financés par le gouvernement fédéral mais gérés par diverses églises chrétiennes, y compris en particulier l’église catholique apostolique et romaine. Environ 150 000 enfants des Premières nations, métis et inuits fréquentent les pensionnats autochtones, contre leur gré, au cours des 19ème et 20ème siècles.
Croiriez-vous que le dernier pensionnat autochtone financé par le gouvernement fédéral ferme ses portes en... 1996?
On sait qu’au moins 4 100 enfants ont péri sous les « soins » des dites églises. Étant donné le nombre de tombes anonymes potentielles trouvées près d’une fraction assez petite des quelque 145 pensionnats autochtones, ce chiffre tragique est sans doute une terrible sous-estimation du nombre total de victimes de l’acte de génocide culturel, une expression utilisée par la Commission de vérité et réconciliation du Canada de 2008-15, qu’est système des pensionnats autochtones du Canada. Fiat iustitia ruat cælum.
Et nous ne devrions pas non plus négliger les orphelins de Duplessis. Abandonnés à la naissance, devenus orphelins ou nés hors mariage au Québec entre 1930 et 1964, jusqu’à 20 000 enfants, filles et garçons, sont placés dans des crèches, orphelinats et, plus encore, hôpitaux psychiatriques, trois types d’établissements gérés par l’église catholique, apostolique et romaine, où nombre d’entre elles et eux sont maltraité(e)s et / ou agressé(e)s sexuellement. Oh, et apparemment elles et ils ne reçoivent pour ainsi dire aucune éducation.
Pourquoi diable des enfants qui n’ont pas besoin du moindre traitement sont-elles et ils placé(e)s dans des hôpitaux psychiatriques pendant des années et des années, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur horrifié(e)? Voyez-vous, le financement fédéral que le gouvernement du Québec reçoit pour chaque personne placée dans un hôpital psychiatrique est beaucoup plus important que celui qu’il reçoit de cette même source pour placer une autre personne dans un orphelinat ou crèche.
Votre humble serviteur peut-il vous suggérer que nous laissions les publicités de février de la campagne publicitaire de 1954 de Canadair avant que ma tête, et la vôtre, n’explosent? Merci.
La publicité « L’autonomie, » publiée par Canadair Limited de Montréal, Québec, dans le cadre de sa campagne publicitaire Défendons ce bien précieux / Digne de défense de 1954. Anon, « Canadair Limited. » La Presse, 9 mars 1954, 35.
Le troisième sujet abordé, en mars 1954, par la campagne de presse de Canadair est « L’autonomie / Le gouvernement du peuple, » traduit dans sa version de langue anglaise sous le vocable de « Self-government, » en français autogouvernement / autonomie gouvernementale / gouvernement autonome, ce qui n’est pas nécessairement la même chose.
En 1954, par exemple, l’Afrique du Sud est un dominion autonome du Commonwealth britannique dont le gouvernement n’est certes pas un gouvernement du peuple. En effet, les populations blanches qui se sont approprié le gouvernement de ce vaste territoire, après l’avoir envahi / colonisé avec violence, ne comptent que pour environ 20 % de la population totale.
Et pourtant, c’est au gouvernement de pas bons du Nasionale Party / National Party que le gouvernement fédéral canadien accepte de vendre environ 35 avions de chasse Canadair Sabre en juillet 1955. Remarquez, le principal fournisseur de matériel de guerre du régime d’apartheid à l’époque est le Royaume-Uni, la France et Israël finissant par prendre le relais, ce dernier semblant fournir une assistance technique aux personnes impliquées dans le programme réussi de développement d’armes nucléaires de l’Afrique du Sud, mais revenons aux sous-versions de langue française de notre publicité.
Parlant (tapant?) de « Gouvernement du peuple, » croiriez-vous que certains éléments fort influents du gouvernement américain songent à encourager et appuyer un coup d’état militaire si le Fronte Democratico Popolare per la libertà, la pace, il lavoro, une coalition de gauche réunissant le Partito Comunista Italiano et le Partito Socialista Italiano, remporte les élections parlementaires italiennes d’avril 1948?
Et oui, de nombreux, sinon la plupart des officiers supérieurs de l’Esercito Italiano impliqués dans ce complot avaient fidèlement servi le régime brutal du Partito Nazionale Fascista jusqu’à sa chute en juillet 1943.
Les discussions sur la possibilité d’un coup d’État militaire prennent fin suite à la victoire d’un parti de centre-droit/droite, la Democrazia Cristiana, suite à une campagne au cours de laquelle le gouvernement américain intervient au mépris le plus total de la démocratie, et ce, par exemple, par le biais d’un soutien financier clandestin et illégal à la Democrazia Cristiana et de déclarations publiques liant une aide économique américaine bien nécessaire à la défaite électorale du Fronte Democratico Popolare per la libertà, la pace, il lavoro.
Et n’oublions pas le rôle joué par la Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis dans le renversement violent du premier ministre iranien, Mohammad Mosaddegh, en août 1953, en partie à la demande du gouvernement britannique, dirigé par le susmentionné Churchill, fortement marris par la nationalisation en 1951 d’une firme pétrolière contrôlée par le dit gouvernement, Sharkat Naft Iran ve Englis / Anglo-Iranian Oil Company, une firme connue aujourd’hui sous le nom de British Petroleum Public Limited Company.
N’oublions pas non plus le rôle joué par la CIA dans le renversement violent du président démocratiquement élu du Guatémala, le colonel Juan Jacobo Árbenz Guzmán, en juin 1954, en partie à la demande d’un géant américain de la culture fruitière, United Fruit Company, fortement marri par l’expropriation de certains de ses immenses avoirs fonciers en faveur des paysans sans terre guatémaltèques.
Une cerise sur le gâteau sanglant de la CIA pourrait être le Project Bluebird / Artichoke, un programme secret de 1951-53 dont l’objectif est de déterminer si diverses méthodes de contrôle mental peuvent transformer des individus réticents en assassins obéissants, une intrigue étrangement similaire à celle d’un roman à suspense politique de 1959 et d’un film de suspense psychologique néo-noir de 1962 intitulés Un crime dans la tête / The Manchurian Candidate.
Oui, le film dans lequel la célèbre actrice anglaise, si, si, anglaise américaine Angela Brigid Lansbury joue son personnage le plus sombre, Eleanor Shaw Iselin, l’épouse d’un démagogique candidat à la vice-présidence qui est aussi la contrôleuse maléfique d’un assassin obéissant qui n’est autre que son propre fils, Reymond Shaw, et une agente soviétique dont l’intention est de faire assassiner par ce tueur obéissant le candidat à la présidence de son parti afin que son époux, le sénateur John Yerkes « Johnny » Iselin, obtienne le poste et transforme les États-Unis en une quasi-dictature. Obéissant, enfin, jusqu’à ce que ce fils maintenant déprogrammé lui mette une balle dans la tête, et ce quelques secondes après qu’il en ait mis une dans la tête du peu ragoutant sénateur.
Désolé, désolé, j’aurais dû vous prévenir à ce sujet.
Un crime dans la tête / The Manchurian Candidate vaut vraiment la peine d’être vu, soit dit en passant.
Aux risque de dépasser les limites du bon goût, permettez-moi de souligner par ailleurs que les gouvernements démocratiques des peuples libres de la France et du Royaume-Uni ne manifestent pas beaucoup d’enthousiasme à l’idée d’accorder « L’autonomie / Le gouvernement du peuple » aux populations de leurs territoires coloniaux.
Si le gouvernement du Royaume-Uni accorde l’indépendance à certains territoires d’Asie en 1947-48 (Inde, Birmanie / Myanmar, Ceylan / Sri Lanka et Pakistan), mais avait-il le choix compte tenu de sa situation économique, ce même gouvernement refuse de le faire en Malaisie.
De fait, ce gouvernement déclare l’état d’urgence dans cette colonie autonome en juin 1948 dans l’espoir de mâter toute velléité d’indépendance. Le conflit qui s’ensuit donne lieu à de nombreux crimes de guerre / atrocités commis(es) par la British Army et ses mercenaires indigènes ainsi que par la Mǎlái yà mínzú jiěfàngjū / Tentera Pembebasan Nasional Malaya, ou armée de libération nationale malaisienne.
Ce conflit peut, je répète peut, avoir été officiellement appelé Malayan Emergency, ou état d’urgence malais, parce que les compagnies d’assurance britanniques indiquent qu’elles ne sont pas responsables des destructions qui ont lieu pendant une guerre civile. Je ne plaisante pas.
Vous voudrez peut-être noter que ce qui suit est horrible.
Les quelque 1 000 mercenaires engagés par le gouvernement britannique sont toujours attaché à leurs traditions de chasse aux têtes. Ils sont apparemment autorisés à garder les scalps des individus qu’ils ont décapités. Certains membres de la British Army peuvent, je répète, encore, peuvent avoir obtenu un ou quelques-uns de ces scalps des mercenaires avec lesquels ils sont en contact.
Le gouvernement ordonne que ces pratiques soient arrêtées au début de mai 1952, plus de 3 ans et demi après qu’elles aient commencé mais seulement environ 10 jours après la publication d’une photographie horrible et profondément embarrassante, sur la première page du Daily Worker, le porte-parole du Communist Party of Great Britain.
Lorsque le gouvernement de la Melayu / Malaisie, pays indépendant depuis août 1957, met fin à l’état d’urgence, en juillet 1960, pas moins de 10 000 Malaisiennes et Malaisiens avaient perdu la vie. Plus de 30 000 personnes avaient été déportées. Plus de 575 000 Malaisiennes et Malaisiens avaient été déplacés de force dans environ 500 « new villages, » en français nouveaux villages, surveillés de près. Jusqu’à 500 000 travailleurs des plantations d’hévéas et des mines d’étain avaient été regroupés dans de nouvelles installations, elles aussi surveillées de près.
Et non, le gouvernement britannique n’est certainement pas très enthousiaste quand il s’agit des demandes répétées des élites dans ses colonies africaines pour obtenir leur indépendance. La première de ces colonies, la Gold Coast / Côte-de-l’Or n’acquiert cette indépendance qu’en mars 1957, par exemple, devenant alors le Ghana. Un processus de décolonisation relativement pacifique va aller en s’accélérant à partir de 1960.
Au Kenya, toutefois, un territoire où vivent environ 55 000 colons britanniques (environ 1 % de la population), le gouvernement britannique déclare l’état d’urgence, oui, un autre, en octobre 1952 dans l’espoir de mâter toute velléité d’indépendance. L’état d’urgence kenyan donne lieu à de nombreux crimes de guerre / atrocités commis(es) par la British Army et la Mbũtũ ya Kũrũĩra Ithaka na Wĩyathi, ou armée de la terre et de la liberté.
Le Kenya n’acquiert son indépendance qu’en décembre 1963. Plus et fort possiblement bien plus de 12 000 Kenyanes et Kenyans avaient perdu la vie. Plus et fort possiblement bien plus de 80 000 personnes avaient été brutalisé(e)s dans une cinquantaine de camps de détention / concentration. Plus d’un million de Kenyanes et Kenyans avaient été déplacé(e)s de force vers environ 800 villages « protégés » surveillés de près.
Le processus de décolonisation dont la France et ses territoires coloniaux font l’expérience est bien plus douloureux et sanglant.
La guerre que mène ce pays entre décembre 1946 et juillet 1954 dans la Fédération indochinoise, un vaste territoire où le nombre de colons français est infinitésimal (environ 30 000, ou environ 0.1 % de la population?), une guerre d’indépendance qui donne lieu à de nombreux crimes de guerre / atrocités commis(es) par l’Armée de Terre et la Quân đội Nhân dân Việt Nam, ou armée populaire vietnamienne, se termine par l’indépendance du Cambodge, du Laos et du Vietnam, alors divisé en deux. Aux environs de 550 000 personnes, des Vietnamiennes et Vietnamiens en très grande majorité, avaient perdu la vie.
Confronté à de sérieuses révolte dans les protectorat de Tunisie et du Maroc à partir de 1952-53, le gouvernement français reconnaît l’indépendance de ces territoires en mars 1956. Avant que je ne l’oublie, les colons français représentent alors environ 6.3 et 3.3 % des populations tunisienne et marocaine, soit environ 580 000 personnes en tout.
Une autre révolte, lancée en novembre 1954 en Algérie, un territoire où vivent environ 800 000 colons français (environ 6.5 % de la population), se transforme en guerre d’indépendance qui donne lieu à de nombreux crimes de guerre / atrocités commis(es) par l’Armée de Terre et le Jabhat Altahrir Alwatanii, ou front de libération nationale. Ce conflit ne prend fin qu’en juillet 1962, avec l’indépendance de l’Aljazayir / Algérie.
La décolonisation des territoires français d’Afrique du Nord peut avoir enlevé la vie à environ 400 000 personnes vivant là-bas, en très grande majorité algériennes et algériens. Jusqu’à 3 500 000 Algériennes et Algériens avaient été déplacés de force vers environ 2 000 « camps de regroupement » surveillés de près.
Un premier territoire d’Afrique subsaharienne français accède à l’indépendance en octobre 1958. Le refus du gouvernement de la Gine / Guinée de se joindre à la Communauté française, le regroupement politique entre la France et de ses territoires coloniaux, un regroupement sous contrôle français, déplaît toutefois souverainement au gouvernement français.
En réaction, une réaction qui vise évidemment ses autres colonies africaines, le dit gouvernement aurait ordonné à ses représentants d’emporter pour ainsi tout ce qui n’est pas boulonné au plancher avant de quitter la Guinée. Ceux-ci auraient, dit-on, emporté les plans du système d’eaux usées de la capitale, dévissé des ampoules électriques, brûlé des médicaments, etc. Je ne plaisante pas, mais je digresse.
Oh, et le gouvernement français lance aussi une opération clandestine visant à déstabiliser le gouvernement guinéen. Cette Opération Persil échoue.
De fait, un processus de décolonisation relativement pacifique va aller en s’accélérant à partir de 1960.
Avant que je ne l’oublie, l’utilisation du terme autonomie en tant que titre de la sous-version de langue française québécoise de cette publicité de mars 1954 n’est pas tout à fait innocente.
Voyez-vous, l’autonomie provinciale est en effet le principal cri de ralliement du très conservateur premier ministre du Québec. Maurice Le Noblet Duplessis refuse de participer à certains programmes utiles et valables lancés par le gouvernement fédéral, du financement pour les universités sous-financées du Québec par exemple, des programmes qu’il dénonce comme étant des tentatives d’empiéter sur des champs de compétence provinciaux.
Cette défense acharnée de l’autonomie du Québec n’empêche pas « le chef / le cheuf, » comme on appelle Duplessis, d’accorder des concessions peu coûteuses et des taux d’imposition peu élevés à des firmes minières et forestières étrangères. Il leur facilite par ailleurs la tâche en limitant les droits et salaires des travailleuses et travailleurs québécois, mais revenons à notre publicité.
Soit dit en passant, l’artiste qui la dessine inclut dans son illustration un dessin de la tour de la Paix de l’Édifice du Centre du Parlement du Canada, à Ottawa, Ontario, du Palace of Westminster, à Londres, Angleterre, et du United States Capitol, à Washington, District de Columbia. Pour une raison ou une autre, ce même artiste ne juge pas bon d’inclure un seul être humain dans son dessin.
Le texte de la sous-version de langue française québécoise de la dite publicité se lit comme suit :
‘… que le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ne disparaisse pas de la surface de la terre.’
La raison d’être d’une démocratie, c’est le bonheur et la liberté des citoyens … et non la gloire des dirigeants ou des races.
La responsabilité du gouvernement envers le peuple est la pierre angulaire de la démocratie et elle constitue de nos jours le plus grand obstacle à la dissémination du communisme et du fascisme; c’est pourquoi l’autonomie mérite bien qu’on la défende.
En mettant de côté pour l’instant l’utilisation dans leurs titres du mot autonomie plutôt que l’expression gouvernement du peuple, la vérité est que les textes des deux sous-versions de langue française sont assez similaires. Le texte de la sous-version parue en Europe affirme toutefois que la raison d’être d’une démocratie n’est pas la gloire des gouvernants, races ou systèmes.
Pour leurs parts, ceux des sous-versions de langue anglaise de cette publicité affirment quant à eux que le but de la démocratie n’est pas la glorification des dirigeants, races ou croyances.
La sous-version européenne de langue française et les 2 sous-versions de langue anglaise diffèrent un tant soit peu en ce qui concerne la responsabilité d’un gouvernement envers son peuple. Pour ce qui est du texte nord-américain, cette responsabilité est le plus grand obstacle sur la voie du fascisme et du communisme. Pour ce qui est de sa contrepartie européenne, la dite responsabilité est le plus grand obstacle sur la voie du totalitarisme.
L’association du fascisme au communisme présenté par les auteurs des deux textes nord-américains est à noter, et ce même si ces personnes ne sont pas sans savoir que le fascisme n’est plus vraiment une menace au niveau mondial. Pour une raison ou une autre, les auteurs des textes européens semblent préférer ne pas utiliser le terme communisme.
À cet effet, permettez-moi de noter que le Parti communiste français (PCF) obtient environ 16 et 25 % des sièges lors des élections législatives de juin 1951 et janvier 1956. Le susmentionné Partito Comunista Italiano, quant à lui, obtient environ 24 et 23 % des sièges lors des élections législatives de juin 1953 et mai 1958. En novembre 1946 et avril 1948, le PCF et le Fronte Democratico Popolare per la libertà, la pace, il lavoro avait obtenu environ 29 et 32 % des sièges.
Les auteurs des textes européens peuvent avoir pensé qu’il était sage de ne pas piquer inutilement les oursons de l’ourse soviétique.
Savez-vous par hasard qui a prononcé les paroles, des paroles traduites ici, avec lesquelles commence le texte de la publicité de Canadair que nous examinons en ce moment? Oui, « … que le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ne disparaisse pas de la surface de la terre. » L’avocat américain et président des États-Unis Abraham Lincoln, affirmez-vous? Excellente réponse. Le discours de Gettysburg, prononcé à la mi-novembre 1863 sur le site de la terrible bataille qui s’était déroulée début juillet, près de cette petite ville de Pennsylvanie, alors que la guerre civile américaine fait rage, compte parmi les importants jamais prononcés en sol américain.
C’est avec un espoir sincère « que le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ne disparaisse pas de la surface de la terre » que nous arrivons à la fin de la 2ème partie de cet article. Soyez prudent(e) là-dehors. La survie de la démocratie est en aucun cas une évidence. Un(e) démagogue avec suffisamment d’adeptes pourrait mettre la vôtre à genoux.