Une semaine au Coliseum : L’exposition d’automobiles et de bateaux de Montréal de 1910 et les premiers aéroplanes en exposition au Québec / Canada
Ami(e) lectrice ou lecteur, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue au monde merveilleux de la science, de la technologie et de l’innovation. J’aimerais titiller vos petites cellules grises avec un court, si, si, court examen d’un salon de l’automobile et du bateau, ou Motor Show, qui se tient dans la métropole du Canada, Montréal, Québec, du 26 mars au 3 avril 1910, au Coliseum, la plus imposante patinoire de la dite métropole, et…
Qu’y a-t-il, ami(e) lectrice ou lecteur? Un voile de perplexité vous recouvre. Vous souhaitez en savoir plus long sur le contenu du dessin ci-haut, publié dans l’édition du 28 mars 1910 du quotidien La Presse de Montréal? Vos désirs sont désordres, désolé, des ordres. Voici les explications demandées :
1 - le maire de Montréal, John James Edmund Guerin, déclarant l’exposition d’automobiles et de bateaux ouverte;
2 - un des canots en exposition;
3 - des Montréalaises et Montréalais en tenue de soirée en train d’examiner des automobiles de même qu’un aéroplane Blériot Type XI; et
4 - le bonhomme Michelin / Bibendum, la mascotte du fabricant de pneus français Michelin et Compagnie.
Vous vous souviendrez que le dit bonhomme Michelin est mentionné dans un numéro de décembre 2019 de notre blogue / bulletin / machin, mais revenons à notre histoire.
Votre humble serviteur doit avouer ne pas avoir trouvé beaucoup d’informations concernant la préparation de la susmentionnée exposition d’automobiles et de bateaux. Le peu que j’ai trouvé concerne la présence d’aéroplanes lors de cet événement. Vous comprendrez, amie(e) lectrice ou lecteur, que je ne m’en plains pas.
Maxime Daoust, un agent d’immeubles montréalais bien connu et président fondateur de Daoust Realty Limited, arrive à Paris, non, pas au Texas, en France, vers la fin janvier ou le début de février 1910 pour négocier la venue d’au moins 1 aéroplane à Montréal afin qu’il ou ils soient placé(s) en montre dans l’exposition d’automobiles et de bateaux. Ce fana d’aviation parvient à convaincre 2 constructeurs et / ou aviateurs de prêter leurs machines volantes. Daoust envoie un télégramme à cet effet au gérant de l’exposition d’automobiles et de bateaux de Montréal un peu avant la fin de février, sans préciser de quels types d’aéroplanes il est question. Cela étant dit (tapé?), ce dernier indique aux représentants de la presse qu’il croit que les dits aéroplanes sont un Blériot Type XI et un Santos Dumont No 20 Demoiselle.
Si je peux me permettre de digresser pendant quelques instants, ces types de machines volantes sont mentionnées dans des numéros d’octobre et novembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin dans le premier cas, et dans un numéro de novembre 2018 dans le second. Croiriez-vous que la renversante collection du Musée de l’aviation et de l’espace d’Ottawa, Ontario, comprend un Type XI? Est-ce que je vous mentirais?
Le Type XI du musée est construit, à partir de plans ou composants, par California Aero Manufacturing and Supply Company, en 1911, pour un certain John W. Hamilton. C’est un des premiers aéroplanes pilotés dans le grand état de la Californie. Suite à une série d’incidents / accidents, l’aéroplane est entreposé avant la fin de l’année. Deux Californiens, James M. « Jim » Nissen et James Mathiesen, l’achètent en 1953. Entre 1953 et 1971, le Type XI est partiellement restauré et exposé lors de quelques spectacles aériens à travers le sud de la Californie. Le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada en fait l’acquisition en 1971.
Si je peux me permettre une pensée profondément personnelle et potentiellement controversée, je trouve un peu triste que cet aéroplane se trouve si loin de chez lui.
L’aviateur suisse Oskar Bider aux commandes d’un Blériot Type XI typique, Berne, Suisse, avril 1913. Anon., « Bider à Berne – Mars-avril 1913. » La Suisse sportive, 3 mai 1913, 3033.
Comme nous le savons toutes / tous les 2, le Type XI compte parmi les plus fameux et importants aéroplanes des débuts du 20ème siècle. Ne l’oublions pas, Louis Charles Joseph Blériot traverse la Manche en juillet 1909 aux commandes d’un aéroplane de ce type – une première mondiale. La nouvelle a l’effet d’une bombe, soulevant l’enthousiasme de très nombreux fanas d’aviation de par le monde, y compris au Québec / Canada. Certains / plusieurs d’entre eux entament la fabrication d’un nombre inconnu de Type XI et d’aéroplanes qui lui ressemblent beaucoup. Je ne verrais aucune objection à digresser à ce sujet mais l’expression sur votre visage, et la torche que vous tenez, laissent entendre que vos priorités sont ailleurs.
Cela étant dit (tapé ?), avant la Première Guerre mondiale, un groupe d’employé(e)s de National Automatic Fire Alarm Company de Nouvelle-Orléans, Louisiane, construit un Type XI, en utilisant des plans qu’il trouve dans un livre ou magazine. Alors quoi, demandez-vous? Et bien, continuez à lire. Le groupe, dis-je, tire au sort pour voir qui va tester l’aéroplane. Le « heureux » gagnant tente sa chance, mais affirme que la queue du Type XI ne se soulève pas. Un autre membre du groupe a des doutes. Il monte à bord de l’aéroplane, décolle mais redescend rapidement. Le pilote désigné, blanc comme un drap, fait une seconde tentative. Il parcourt peut-être plus de 100 mètres (350 pieds) avant de perdre le contrôle. Le Type XI s’écrase, perdant une aile dans l’accident. Le pilote s’en tire plus ou moins sans blessure.
Fait intéressant, la personne qui effectue le premier et seul vol réussi de ce Type XI a 76 ans lorsque son histoire est racontée (écrite?) dans un numéro de novembre 1962 du Dixie Roto Magazine, le supplément du dimanche du principal journal de Nouvelle-Orléans, The Times-Picayune. Son nom est… Amilcar Ernest Fortier et non, nous ne sommes pas parents.
Croiriez-vous qu’un des plus fameux pionniers de l’aviation, Thomas Octave Murdoch Sopwith, attrape un solide cas de fièvre aérienne en septembre 1910, près de Douvres, Angleterre, quand il voit un Type XI piloté par John Bevins Moisant, un fils américain bien connu d’une des nombreuses familles québécoises qui sont allées au sud à la recherche d’un avenir meilleur? Soit dit en passant, la mère de Moisant est née Joséphine Fortier et non, je ne sais pas si nous sommes parents.
Soit dit en passant, Sopwith vient d’une grosse famille heureuse. Il n’est pas un enfant unique mais il est garçon unique. En fait, notre jeune ami a 7 sœurs aînées, ce qui explique pourquoi il est nommé Octave. Les sœurs en question ne sont en aucune manière apparentées aux 7 sœurs beaucoup plus connues, soit les 7 plus grandes compagnies pétrolières du monde telles qu’elles existent il y a quelques décennies, mais je digresse.
Le gérant de l’exposition d’automobiles et de bateaux de Montréal mentionné plus haut est nul autre que E.M. Wilcox, secrétaire-trésorier du Toronto Automobile Club de Toronto, Ontario, et éditeur du magazine mensuel canadien Motoring. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur, il est également directeur général de la Grande semaine d’aviation de Montréal, le premier spectacle aérien tenu en sol québécois / canadien, du 25 juin au 5 juillet 1910, à Lakeside, également connue sous le nom de Pointe-Claire, à environ 25 kilomètres (15 milles) du centre-ville de Montréal, près des rives du lac Saint-Louis.
La dite exposition d’automobiles et de bateaux est organisée sous les auspices du Aero and Automobile Club of Canada Incorporated, un organisme fondé au printemps 1904 et incorporé en juillet de cette même année sous le nom de Automobile Club of Canada Incorporated.
En mars 1910, Wilcox visite quelques villes américaines, dont New York, New York, et Boston, Massachusetts, afin de mousser le contenu de l’exposition d’automobiles et de bateaux. Il se rend par ailleurs à Hammondsport, New York, afin de rencontrer Glenn Hammond Curtiss, un membre de la défunte Aerial Experiment Association, un groupe américain et canadien de pionniers de l’aviation mentionné dans plusieurs numéros de notre blogue / bulletin / machin depuis octobre 2018. Wilcox peut avoir visité les États-Unis car il réalise qu’aucun aeroplane de France ne viendrait à Montréal.
De retour à Montréal quelques jours à peine avant l’ouverture de l’exposition d’automobiles et de bateaux, Wilcox y confirme la présence d’un Type XI appartenant à l’Américain Stanley Yale Beach, le fils de l’éditeur du fameux mensuel Scientific American et l’expert maison en aviation du dit magazine. Cet aéroplane vient tout juste d’être exposé à la First National Exhibition of Aerial Craft, la première exposition d’aéroplanes et autres machines volantes des Amériques, qui se tient du 16 au 23 février à Boston. Wilcox tient ainsi sa promesse de présenter un véritable aéroplane aux Montréalaises et Montréalais. Il reconnaît toutefois que cette promesse vient de lui coûter plus de 1 000 $ - une bonne somme en 1910. Ne l’oublions pas, un travailleur industriel canadien typique gagne alors environ 417 $ par année.
La présence d’un second aéroplane français, un Antoinette VII appartenant lui aussi à Beach, est confirmée 1 ou 2 jours après le retour de Wilcox. Le dit aéroplane a lui aussi été exposé à la First National Exhibition of Aerial Craft. Cet Antoinette VII est le seul aéroplane produit par la Société Antoinette présent sur le continent américain.
Et non, votre humble serviteur ne prévoit pas présenter un historique de ce type d’aéroplane pour le moins fascinant, et… Demeurez calme, ami(e) lectrice ou lecteur, qu’est que les voisin(e)s vont dire – ou penser? D’accord, d’accord. On se calme. Saviez-vous que c’est à bord d’un autre Antoinette que le Français Hubert Latham tente de traverser la Manche, à 2 reprises, en juillet 1909, sans succès il faut le dire, avant et après le susmentionné vol historique de Blériot?
Je ne dirai rien d’autre mais veuillez trouver ci bas une photographie qui pourrait réduire un tant soit peu votre pression sanguine.
Un Antoinette VII (?) typique piloté en février 1910 par Jules Hauvette Michelin lors de la Grande semaine d’aviation d’Égypte, Héliopolis. La Revue de l’aviation, 1er mars 1910, 60.
Croiriez-vous que tant le Type XI que l’Antoinette VII ne sont à Montréal qu’en fin de journée le 23 ou, pis encore, le 24 mars. Wilcox, de plus en plus nerveux, contacte la société de chemin de fer qui doit les transporter et apprend que le coût du dit transport est passé de 100 $ à 350 $. Il accepte aussitôt de payer, sans grande joie on peut le penser.
Les 2 aéroplanes ne sont installés que le 25 mars, qui se trouve à être le Vendredi saint – une situation qui complique un tant soit la tâche du personnel. Ils ne sont certes pas présentés de la même façon. Le Type XI est suspendu à une extrémité de l’espace normalement occupé par la patinoire. L’Antoinette VII, quant à lui, semble être exposé partiellement démonté à l’autre extrémité de l’édifice, près de l’entrée. Un dessin paru dans l’édition du 28 mars 1910 du quotidien montréalais La Patrie montre en effet un objet placé sur le plancher du Coliseum, près du fuselage de l’aéroplane, qui ressemble beaucoup à une aile. L’Antoinette VII est placé en exposition bien tard et l’éclairage un tant soit peu insuffisant du Coliseum ne permet pas au photographe de La Presse envoyé sur les lieux de le prendre en photo.
Si votre humble serviteur peut se permettre un commentaire, les travaux de dernière minute (seconde?) avant l’ouverture de l’exposition d’automobiles et de bateaux me remet en mémoire certaines ouvertures d’expositions dans un musée dont je tairai le nom. (Bonjour, SB, EG et EP!) Enfin, passons.
La presse montréalaise rapporte que des visiteuses et visiteurs de villes québécoises (Québec, Sherbrooke, etc.) et ontariennes (Ottawa, etc.), prévoient visiter l’exposition d’automobiles et de bateaux. Elle mentionne par ailleurs les types de véhicules exposés qui vont retenir le plus l’attention des foules. Les aéroplanes, par exemple, sont à n’en pas douter le clou du spectacle. Et non, ce n’est pas moi qui le prétends, c’est La Presse.
Cela étant dit (tapé?), il y a de nombreux canots automobiles et près de 75 automobiles fabriquées par pas moins de 35 firmes canadiennes, américaines et françaises à voir et admirer. Il y a évidemment de nombreux accessoires pour bateaux et automobiles en exposition. En tout et pour tout, il a ya une soixantaine d’exposants.
En ce qui concerne les automobiles, la Peerless de l’homme d’affaires millionnaire canadien Douglas Lorne McGibbon, président de Canadian Consolidated Rubber Company Limited et vice-président / directeur général de Canadian Rubber Company, mérite d’être mentionnée. Cette automobile extrêmement luxueuse coûte plus de 11 000 $ – plus de 26 fois (!) le salaire annuel du travailleur industriel typique mentionné un peu plus haut. D’autres automobiles de luxe offertes par divers fabricants, dont Russell Motor Car Company de Toronto, une filiale de Canada Cycle and Motor Company de Toronto, affichent des prix de ventes qui oscillent entre 2 500 et 7 000 $. D’autres firmes, telles Metzger Motor Car Company, Ford Motor Company et Hudson Motor Car Company, exposent des automobiles qui se vendent entre 1 100 et 1 750 $.
Si votre humble serviteur peut se permettre une digression un tant soit peu subversive, je remercie les centrales syndicales pour leur travail au cours des 110 dernières années car ça n’aurait pas été drôle de vivre en 1910 pour un fils d’ouvrière et ouvrier comme moi. La Belle Époque n’était belle que pour bien peu de gens.
Si je peux me permettre une digression, beaucoup moins subversive celle-là, la société montréalaise Comet Motor Company représente les intérêts de la firme américaine Peerless Manufacturing Company et d’au moins une firme canadienne d’importance, McLaughlin Motor Car Company Limited de Oshawa, Ontario, un ancêtre de General Motors of Canada Limited (GMC), une filiale d’un géant américain de l’automobile, General Motors Corporation (GM).
Et oui, tant GM que GMC sont mentionnées à quelques reprises dans notre vous savez quoi, et ce depuis mars et novembre 2018 respectivement. McLaughlin Motor Car, quant à elle, est mentionné dans le susmentionné numéro de novembre 2018.
L’exposition d’automobiles et de bateaux, la plus important du genre tenue à date à Montréal, ouvre ses portes au cours de l’après-midi du 26 mars. L’ouverture officielle se tient toutefois en soirée. Le vice-président de Automobile and Aero Club of Canada Incorporated et premier propriétaire / conducteur d’automobile montréalais, Ucal Henri Dandurand, souhaite la bienvenue au maire Guerin de même qu’à son épouse et sa fille. Guerin prononce quelques mots. Il se dit fort intéressé par l’automobilisme et par la popularité grandissante de ce sport depuis la fin du 19ème siècle. Il dit par ailleurs s’intéresser beaucoup à l’aviation, un nouveau sport qu’il espère voir grandir tout autant.
Le propriétaire du Type XI et de l’Antoinette VII exposés au Coliseum, le susmentionné Beach, se trouve à Montréal et des rumeurs circulent à l’effet qu’il pourrait effectuer quelques vols au-dessus de la métropole avant que ses aéroplanes ne soient démontés une fois l’exposition d’automobiles et de bateaux terminée.
Les foules qui parcourent le Coliseum se disent enchantées par le spectacle offert par Wilcox et son équipe, et ce même si certains exposants ne sont peut-être pas entièrement prêts à les accueillir. Certaines personnes mentionnent que l’éclairage laisse un peu à désirer, ce que Wilcox reconnaît volontiers. Plusieurs lampes électriques additionnelles ne tardent pas à être installés au cours de la journée de lundi, le jour après la dimanche de Pâques. Ahh, l’éclairage. Le personnel de nombreux musées en aurait long à dire sur cette question, vue la fragilité de bon nombre d’objets placés en exposition pour de longues périodes de temps (Re-bonjour, SB, EG et EP!), mais je digresse.
Les visiteuses et visiteurs de tous les âges qui se rendent au Coliseum à partir du 26 mars apprécient beaucoup les pitreries de plus en plus loufoques du bonhomme Michelin / Bibendum, la mascotte du fabricant de pneus français Michelin et Compagnie présent au kiosque de son représentant canadien, Franco-American Automobile Company de Montréal. Votre humble serviteur présume que quelqu’un se trouve à l’intérieur du dit Bibendum dont le corps semble recouvert de chambres à air en caoutchouc. Si tel est le cas, la personne en question doit suer en pas pour rire. Les modèles réduits d’aéroplanes distribués par le personnel présent au kiosque de Franco-American Automobile ne font qu’ajouter à sa popularité.
Une brève digression si je peux me le permettre. Franco-American Automobile a fait savoir, en mars 1909, qu’elle est prête à livrer des aéroplanes français Voisin ou des planeurs américains de type Chanute à quiconque le souhaite – et en a les moyens financiers. La firme ne trouve aucun preneur à Montréal, au Québec ou ailleurs.
La satisfaction du public venu au Coliseum tient en partie au fait que Wilcox et son équipe ont tout fait, ou presque, pour rendre leur visite agréable. Il y une salle pour les fumeurs et une autre où on sert des rafraîchissements, sans parler de bureaux avec des télégraphes et téléphones. Des policiers et pompiers sont sur place en cas d’urgence. Notons par ailleurs le programme musical spécial offert en après-midi et en soirée.
Dans les faits, de nombreuses personnes se rendent au Coliseum afin d’examiner les automobiles et les bateaux motorisés. Les messieurs posent bien des questions. Plusieurs d’entre eux souhaitent en effet faire l’acquisition d’une automobile et / ou d’un bateau motorisé. Une de ces personnes est nul autre que Joseph Tremblay, chef du Service d’incendie de Montréal. Il choisit une Oldsmobile décapotable valant la modique somme de 3 200 $ – près de 8 fois le salaire annuel du travailleur industriel typique mentionné plus haut. Si je peux me permettre un commentaire, oh combien subversif, il est plutôt culoté le chef. Le Bureau des commissaires de la ville approuve toutefois sa décision, de même que le Conseil municipal. Tremblay obtient même un chauffeur.
Dans un tout autre ordre d’idée, au cours de la journée du 30 mars, Wilcox accorde volontiers la permission à une dame, une certaine Mme Normand, et à des infirmières de l’Hôpital Sainte-Justine de vendre dans le Coliseum des billets de tombola au profit de cette hôpital pédiatrique fondé en 1907. Le prix de la dite tombola est une magnifique automobile. Normand soumet cette requête car les ventes de billets ne sont certes pas spectaculaires. La gentillesse de Wilcox s’avère on ne peut plus utile. Les gens qui visitent l’exposition d’automobiles et de bateaux achètent en effet de nombreux billets. Du coup, Normand peut à la fois acheter l’automobile et remettre une jolie somme aux jeunes orphelines et orphelins de l’hôpital. Le tirage se tient au Coliseum le 3 avril. Votre humble serviteur ne sait pas qui a gagné.
Il est à noter que John C.B. Storrs, un membre de la Aeronautical Society of New York qui prend soin du Type XI de Beach, donne une conférence fort appréciée sur l’histoire de l’aviation, en anglais, des premiers ballons miniatures chinois au Type XI, dans une des salles du Coliseum pendant la soirée du 31 mars. Les personnes présentes apprécient tout particulièrement les nombreuses images projetées sur un écran que Storrs commente avec brio.
Des rumeurs circulent par ailleurs au Coliseum et ailleurs, et ce dès le 29 mars, selon lesquelles un directeur du Automobile and Aero Club of Canada s’est porté acquéreur ou va se porter acquéreur du Type XI exposé sur le site. Certaines personnes, moins discrètes, mentionnent le nom de la personne en question. Intrigué, un journaliste du quotidien Le Canada interroge Wilcox et des membres du club. Ceux-ci se font tirer l’oreille mais finissent par avouer qu’un directeur du Automobile and Aero Club of Canada a pour ainsi conclu un accord d’achat pour un Type XI, apparemment celui qui est exposé au Coliseum. Le nom de l’acheteur ne tarde pas à être mentionné dans la presse. Il s’agit de William Carruthers, un exploitant céréalier, enthousiaste de course de chevaux et mécène de l’automobile bien connu demeurant à Montréal. Il remet à Beach la modique somme de 3 750 $.
L’exposition d’automobiles et de bateaux ferme ses portes le 3 avril. Elle a accueilli des milliers et des milliers de visiteuses et visiteurs de la région montréalaise, de même que des gens de la haute société venus du Québec (Québec et Sherbrooke) et d’ailleurs : Nouveau-Brunswick (Moncton et St. John), Nouvelle-Écosse (Halifax), Ontario (London, Ottawa et Toronto), etc.
Et non, Beach n’effectue pas de vol au-dessus de Montréal. Vous croyez sérieusement que votre humble serviteur n’aurait pas saisi à 2 mains une pareille occasion de pontifier sur un sujet de nature aéronautique? Voyons. Mais revenons à notre histoire.
Les divers exposants présents au Coliseum se déclarent enchantés. Des fabricants de bateaux motorisés ont signé des contrats avec des gens, des gens riches évidemment, de Québec, Sherbrooke, Toronto et ailleurs, par exemple. Mieux encore, toutes les automobiles exposées sauf une ont trouvé preneur et certaines firmes ont vendu des véhicules supplémentaires. Mieux encore, il y de bonnes chances que des ventes supplémentaires suivent au cours du mois d’avril. De nombreux médecins et hommes d’affaires comptent parmi les clients des fabricants d’automobiles présents au Coliseum. Ce type de véhicules leur permet en effet de vaquer confortablement à leurs occupations au sein du territoire de plus en plus vaste de la métropole du Canada.
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, votre humble serviteur va par la présente clore ce numéro de notre blogue / bulletin / machin. Bonne semaine et protégez-vous bien contre les intempéries, ami(e)…
Euh, qu’entends-je? Vous, ami(e) lectrice ou lecteur, souhaitez avoir un peu d’information sur le Type XI de Carruthers? Vermouilleux!
Sachez que le dit Type XI rentre apparemment aux États-Unis une fois l’exposition d’automobiles et de bateaux terminée afin d’être examiné. Il ne retourne pas à Montréal par la suite, toutefois. De fait, Carruthers finit par acheter un autre Type XI mais ceci est une autre histoire. Et oui, votre humble serviteur présume que celui-ci est remboursé par le susmentionné Beach, à supposer que l’argent de la vente ait en fait changé de mains.
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, votre humble serviteur va clore de ce pas ce numéro de notre blogue / bulletin / machin. Bonne semaine et protégez-vous bien contre les intempéries, ami(e)… Qu’est-ce qu’il y a encore? Ahh, je vois, patronne. Le devoir m’appelle, ami(e) lectrice ou lecteur. Le travail d’un conservateur du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada n’est jamais fini. Ciao. Nous avons des tribules dans la bibliothèque.