« Un aliment, pas une mode: » La vie et l’époque de Edwin Delevan Tillson de Tillsonburg, Ontario
Votre humble serviteur aimerait commencer ce numéro de notre blogue / bulletin / machin par des excuses. Contrairement à l’accord de gentilles personnes convenu il y a bien des lunes, je n’ai pas inclus de sujet agricole parmi ceux publiés en avril 2022 dans le dit blogue / bulletin / machin. Je remédie par la présente à cette défaillance de ma part avec ce qui suit. Soyez assuré(e) que le ce qui suit en question est en fait assez intéressant. Vraiment.
Edwin Delevan Tillson naît en mars 1825 à Normandale, Haut-Canada, l’actuelle province de l’Ontario. Quasiment municipalité fantôme en 2022, Normandale est une communauté en plein essor il y a 2 siècles. En effet, on pourrait dire que c’est la première ville sidérurgique de l’Ontario.
Tillson ne grandit cependant pas à Normandale. Nenni. Il le fait à Dereham Forge, Haut-Canada, où son père, George Tillson, possède, et bien, une forge qui emploie quelques résidents de l’endroit. Et oui, vous avez tout à fait raison, ami(e) lectrice ou lecteur, Dereham Forge devient Tillsonburg en 1836, ou 1834. Et oui, le nom s’épelle aussi Tilsonburg, et ce dès 1854, sinon avant.
Une petite digression si je peux me permettre. On me dit que la rue principale de Tillsonburg, large d’environ 30 mètres (environ 100 pieds), est la plus large de l’Ontario et, peut-être, du Canada. Broadway, comme on l’appelait / appelle, est assez large pour permettre aux conducteurs de gros wagons forestiers de tourner sans se mettre en danger, ainsi que leur cargaison – et les rares piétons.
Tillson, le fils, et non le père, a une enfance et une jeunesse assez conventionnelles. Pendant quelques mois en 1845, il séjourne à Norwalk, Ohio, où il fréquente le Norwalk Seminary, un collège protestant d’arts libéraux qui semble devenir le Norwalk Institute au début de 1846. Cette même année, Tillson travaille pendant quelques mois, comme enseignant, dans le Haut-Canada, à la dénommée colonie Dobbie dans le canton de Bayham, près de Tillsonburg.
Oserai-je dire (taper?) que, tout comme l’histoire et la philosophie, l’enseignement mène à tout à condition qu’on en sorte? (Hello EP!) Je ne devrais pas? Fort bien. Je n’oserai donc pas.
La somme d’argent que le jeune homme gagne est utilisée à bon escient. Tillson l’utilise, ainsi qu’une somme comparable tirée de la vente de bois coupé sur un terrain qu’il possède, pour former un partenariat avec un gentilhomme qui vit non loin de Tillsonburg.
Le duo dynamique achète du père de Tillson les droits d’eau pour un ruisseau. Et oui, le ruisseau en question coule près de Tillsonburg. Tillson et son partenaire construisent une scierie assez primitive sur le ruisseau. Alors que les fonds commencent à manquer, un troisième gentilhomme rejoint l’équipe. À première vue, les affaires commencent à reprendre. De fait, Tillson utilise sa part des bénéfices pour acheter sa propre scierie, avec l’aide de son père, en 1851. À première vue, les affaires continuent d’être bonnes. De fait, en 1858, Tillson fils achète les différents moulins appartenant à Tillson père. Il achète également les droits d’eau de son père.
Les affaires continuent à être bonnes. En 1861, Tillson est l’heureux propriétaire d’un magasin général, d’un moulin à farine, d’un moulin à raboter, d’une scierie et d’une usine de châssis et portes. À la mort de son père, en mars 1864, il s’enrichit encore grâce à l’héritage d’une bonne partie des biens restants de Tillson père.
À l’époque, les États-Unis sont en proie à une guerre civile meurtrière. La demande de produits agricoles augmente, principalement pour nourrir les soldats de la United States Army, qui est juste à côté, ce qui est une bonne raison d’être gentil et coopératif étant donné la, oserai-je le dire (taper?), révoltante sympathie de certaines élites britanniques pour les Confederate States of America. En conséquence, d’importantes parcelles de terre dans la région de Tillsonburg sont défrichées pour la culture. À son tour, cela conduit à une réorientation de l’économie régionale, de la foresterie vers l’agriculture.
En 1865, par exemple, Tillson finance la construction d’un moulin à pois et d’un moulin à avoine. Au fil du temps, il finance la modernisation de ces installations. Votre humble serviteur n’aimerait rien de plus que de vous fournir le nom de la firme de Tillson, mais ce nom m’a jusqu’à présent échappé. Maudite sois-tu, World Wide Web! Désolé.
Croiriez-vous qu’en 1864, Tillson creuse dans ses propres poches pour payer le nivellement de la Broadway de Tillsonburg? Et bien vous devriez. L’année précédente, il a fait de même pour investir dans une petite firme impliquée dans l’exploration pétrolière. Si, si, pétrolière. Ne savez-vous pas que le premier puits de pétrole commercial en Amérique du Nord se trouve apparemment au Canada-Ouest, l’actuelle Ontario, dans la province du Canada, à Black Creek, un village plus tard connu sous le nom de Oil Springs? Ce premier puits est foré en (septembre?) 1858, mais je digresse.
Croiriez-vous que Tillson est le principal promoteur de l’incorporation de Tillsonburg, en 1872? De fait, il est le premier maire de la petite ville. Remarquez, Tillson est également maître de poste de Tillsonburg pendant plus de 30 ans. Il obtient le poste vers 1869. Et oui, Tillson gère la construction du système d’aqueduc de la ville et de sa première école secondaire. Achevée vers 1872, la Rolph Street Public School est construite sur un terrain dont il fait don en échange d’une somme symbolique. Et oui, à un moment donné, Tillson possède les deux tiers des magasins situés sur la principale artère commerciale de Tillsonburg.
Aussi intéressantes et rentables que peuvent être les diverses firmes présentées dans les paragraphes précédents, elles ne sont pas la principale raison pour laquelle Tillson entre dans les livres d’histoire. Nenni. Ce gentilhomme est surtout connu pour, entre autres, le développement et la commercialisation d’un produit alimentaire breveté, à savoir les Tillson Pan-Dried Oats, ou avoine séchée à la poêle Tillson.
Selon la tradition familiale, Tillson tombe malade à un moment donné à la fin des années 1860 ou au début des années 1870. Même s’il se remet de la dite maladie, qui se trouve être la fièvre typhoïde, ce qui n’est pas de la blague, Tillson souffre apparemment de problèmes intestinaux. Son médecin réfléchit un instant à cette question et lui suggère de consommer quotidiennement du gruau pour augmenter son apport en fibres. Il n’y a cependant pas de moulin à farine d’avoine à Tillsonburg ou à proximité. Que peut faire Tillson? Construire son propre moulin, bien sûr, qui fournirait cet aliment de base écossais à toute la région. Le moulin à farine d’avoine de Tillson est construit en 1873. Gravement endommagé sinon détruit par un incendie en 1878, le dit moulin est remplacé par un bâtiment plus grand qui produit un tout nouveau type de flocons d’avoine.
Voyez-vous, Tillson n’aime pas trop les flocons d’avoine roulée séchés à la vapeur produits dans le moulin achevé en 1873. Vous voyez, encore, les vapeurs et fumée dégagées dans le cadre du processus gâchent le goût de cet aliment. Aussi collet monté qu’il soit, Tillson a des papilles gustatives. Il doit y avoir un moyen d’améliorer le goût du produit, pense-t-il. Et c’est ainsi que Tillson propose l’approche dite du four à sec pour la préparation des flocons d’avoine. Bien sûr, cette approche est plus chère que le séchage à la vapeur, mais le produit final a un goût de noisette beaucoup plus agréable au goût. La nouvelle approche améliore même le traitement du produit, qui est de la musique aux, euh, papilles de Tillson.
En 1882, Tillson cède le contrôle de ses firmes à ses trois fils. Tillson Company Limited voit apparemment le jour à cette époque.
Une digression un peu étrange si je peux me le permettre, ami(e) lectrice ou lecteur. Vous souvenez-vous par hasard d’une comédie de situation américaine intitulée My Three Sons, diffusée entre septembre 1960 et avril 1972? Je me souviens d’avoir regardé quelques épisodes de la version française faite au Québec de cette émission de télévision, Mes trois fils, diffusée entre octobre 1962 et août (?) 1972. Fin de digression.
Au fil du temps, la liste des clients qui frappent à la porte de Tillson, Tillson la firme, pas l’homme bien sûr, s’allonge. Selon certains, l’avoine séchée à la poêle Tillson devient progressivement la céréale de petit-déjeuner la plus populaire au Canada. Cela vaut même à Tillsonburg le surnom de Pan-Dried Town, ou petite ville séchée à la poêle.
Au début du 20e siècle, sinon plus tôt, les céréales pour petit-déjeuner de Tillson se trouvent partout au Canada et au-delà, dans des pays européens comme le Royaume-Uni, l’Empire allemand et la Norvège par exemple, sans parler de l’Amérique du Sud. Elles sont apparemment aussi assez populaires en Afrique du Sud. On dit même qu’elles sont populaires en… Écosse. Les raisons de ce succès face à la concurrence croissante des céréales froides ou prêtes à cuire dernier cri? En termes simples, Tillson Pan-Dried Oats est un bon produit bien commercialisé.
Le cerveau derrière cette bonne commercialisation est le fondateur de J.J. Gibbons Limited de Toronto, Ontario, un génie de la publicité canado-américain d’environ 22 ans du nom de John Joseph Gibbons. Si, si, environ 22 ans. Gibbons semble être né en 1880. Il entre dans le métier en 1898. À l’époque, Gibbons vend des espaces de colonnes dans des journaux canadiens à des agences de publicité basées à New York, New York. Il se rend vite compte que ces agences savent, je veux dire savent vraiment, comment faire la publicité de produits. Rien de comparable n’existe au Canada à l’époque.
Gibbons fait rapidement ses valises et crée la première véritable agence de publicité au Canada, J.J. Gibbons. L’entrepreneur en herbe embauche, débauche dans quelques cas, des artistes et écrivains talentueux. Convaincre des firmes canadiennes bien établies que leur publicité est, et bien, nulle, sans utiliser ce mot bien sûr, n’est pas toujours facile. Le jeune âge de Gibbons n’aide pas. Pourtant, certains hommes d’affaires lui donnent une chance. Ils ne sont pas déçus. Les publicités créées par J.J. Gibbons sont bien pensées. Elles combinent magistralement textes et illustrations pour capter l’attention d’acheteuses et acheteurs potentielles. Elles vendent les produits. L’ascension de J.J. Gibbons vers la grandeur commence.
Savez-vous quelle firme joue un rôle crucial dans l’ascension de J.J. Gibbons vers la grandeur? Et oui, c’est bien une question rhétorique.
Voyez-vous, les choses ne sont pas très roses dans le bureau principal de Tillson en 1902. La direction de la firme assiste avec inquiétude à l’inauguration d’un grand moulin à Peterborough, Ontario, par une firme américaine bien connue, Quaker Oats Company. L’année suivante, une nouvelle firme canadienne, Frontenac Cereal Company Limited, s’installe dans des installations existantes situées à Kingston, Ontario. Un des gros bonnets de cette firme a apparemment travaillé pendant quelques années pour une autre firme américaine bien connue, Kellogg’s Limited.
Une autre brève digression si vous me le permettez. Saviez-vous qu’un des gentilshommes derrière Frontenac Cereal n’est autre que George Armstrong Richardson, un homme d’affaires influent et père de James Armstrong Richardson, le père de l’aviation commerciale canadienne selon certains / plusieurs, un autre homme d’affaires influent et fondateur de Canadian Airways Limited de Montréal, Québec, la plus grande compagnie privée de transport aérien au Canada entre les deux guerres mondiales?
Et oui, le magnifique Junkers W 34 exposé dans le fantabulastique Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario, porte les couleurs de Canadian Airways, mais revenons à Tillson et ses double, double peines et troubles.
De fait, de nombreuses Canadiennes et Canadiens semblent de plus en plus préférer les céréales pour petit-déjeuner offertes par Kellogg’s et d’autres firmes à l’avoine séchée à la poêle Tillson. Préparer un bol de gruau prend du temps, beaucoup plus de temps que de préparer un bol de flocons de maïs. La firme de Tillsonburg a besoin d’aide pour restaurer sa fortune. Elle se tourne vers J.J. Gibbons. La jeune agence ne déçoit pas son nouveau client.
Une publicité typique de Tillson Company Limited. Anon. « Tillson Company Limited. » The Toronto World, 25 novembre 1902, 4.
De fait, la campagne de marketing lancée à la fin de 1902 est pas mal quelque chose. Centrée sur un Écossais actif d’un certain âge, un bel homme avec un appétit copieux qu’on peut voir faire de la raquette, de la pêche, du patinage, de la luge, du labour, du curling, de la coupe de bois, ou de la chasse, la dite campagne indique très clairement que Tillson Pan-Dried Oats est « A food, not a fad, » en traduction « Un aliment, pas une mode. » Il n’est pas vitrifié, vitalisé, prédigéré, précuit, peptonisé, ossifié, médicamenté, maltifié, glutenisé, floconné ou truqué – et servi froid. Nenni.
Nos estomacs ne sont pas dyspeptiques et nos nerfs ne sont pas en miettes, crient des Canadiens et Canadiennes angoissé(e)s. Nous ne voulons pas de modes froides, nous voulons quelque chose d’ancien, de bien fait, de bon, de nutritif, de pur et de sain pour le petit-déjeuner. Ouais. Disparaissez, balivernettes yankees! Nous voulons de l’avoine séchée à la poêle Tillson!
Votre humble serviteur paraphrase bien sûr le contenu des nombreuses publicités diffusées par Tillson, via J.J. Gibbons.
Soit dit en passant, l’expression « A food, not a fad » n’est pas inventée par J.J. Gibbons. Nenni. La même expression, sans la virgule toutefois, est utilisée pour vendre le macaroni de la firme américaine Marvelli Company au plus tard en 1901.
Il va sans dire que les annonces de Tillson dans les quotidiens sont suivies d’annonces bigarrées sur des murs et tramways canadiens.
La campagne de commercialisation fonctionne-t-elle, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur concerné(e)? Tu parles. Même J.J. Gibbons est surprise. Croiriez-vous que le bel Écossais de Tillson devient une figure nationale au Canada anglais? L’expression Canada anglais est ici tout à fait appropriée étant donné que le dit écossais ne semble pas paraître dans les journaux francophones du Québec. Cela étant dit (tapé?), le bel Écossais est bien visible sur les murs et tramways de Montréal, Québec – la métropole du Canada.
Quoiqu’il en soit, le travail de J.J. Gibbons fait pour Tillson est un point tournant, sinon le point tournant, dans la fortune de la jeune agence. Jugé aussi bon que celui des meilleures agences de publicité américaines, ce travail attire l’attention de la communauté d’affaires canadienne à tel point que Gibbons et son équipe n’ont plus à craindre de ne pas pouvoir payer les factures, mais revenons à Tillson, l’homme et non la firme.
Aussi importante que soit l’année 1882 dans la vie de Tillson, elle ne signifie pas la fin de toute activité. Nenni. En 1890, par exemple, il fonde une firme pour construire une courte voie ferrée entre le site de la firme familiale et la ligne principale de Great Western Railway Company, qui va de Windsor, Ontario, à Niagara Falls, Ontario.
Au cours des années 1880, Tillson supervise la construction d’une nouvelle maison, près de Tillsonburg, située sur ce qui devint la ferme modèle de Annandale, une ferme apparemment nommée d’après son épouse bien-aimée, Mary Ann Tillson, née Mary Ann Van Norman.
Incidemment, le père de Tillson et le père de Van Norman sont partenaires commerciaux entre 1823 et 1825 environ. Joseph Van Norman est le principal copropriétaire d’une petite forge quelque peu primitive située dans le susmentionné hameau de Normandale, mais je digresse.
La nouvelle maison de Tillson n’est pas un taudis primitif, non monsieur. Les commodités les plus modernes se trouvent dans ses murs, des commodités comme le chauffage à la vapeur et l’éclairage au gaz, des commodités qui ne sont pas exactement courantes dans une petite ville ontarienne de l’époque. Pour une raison ou une autre, la nouvelle maison de Tillson prend environ 7 ans à compléter. Le coût de construction de 30 000 $ de cette résidence équivaudrait à environ 1 100 000 $ en devise de 2022.
Une grande partie de l’argent dépensé pour la maison est investie dans des manteaux de cheminée, plafonds peints à la main, sols incrustés, vitraux, etc. magnifiques et légèrement extravagants. Pas le genre de choses à laquelle on pourrait s’attendre dans la maison d’une personne collet monté et sensée comme Tillson.
Voyez-vous, son épouse, qui n’est pas aussi collet monté malgré, on suppose, son corset, désolé, désolé, est présente, et très impressionnée, en mai 1882, dans un endroit incertain en Ontario (Woodstock? Stratford?) lorsqu’un dramaturge, écrivain, poète et romancier d’une certaine importance, vous avez peut-être entendu parler de lui, vous savez, Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde, prononce une conférence sur l’application pratique des principes de la théorie esthétique à la décoration intérieure et extérieure des maisons.
L’esthétisme est un mouvement artistique anglais radical, très populaire dans les années 1870 et 1880, au sein de certains milieux, qui privilégie la valeur esthétique de l’art, de la littérature et de la musique à leurs fonctions socio-politiques. Les gens qui promeuvent et soutiennent l’esthétisme, des gens comme Wilde, détestent, oserait-on dire méprisent, fortement ce qu’elles et ils considèrent comme le matérialisme grossier qui prévaut au Royaume-Uni de l’époque.
Et non, Wilde ne traverse pas l’océan Atlantique pour prononcer une seule conférence dans une ville ontarienne. Nenni. Il quitte en fait l’Angleterre en décembre 1881 pour faire une tournée aux États-Unis, un autre bastion du matérialisme grossier si je puis le dire (taper?), et rentre chez lui presque un an plus tard. Wilde passe la majeure partie de cet intervalle de temps au sud de la frontière canado-américaine, mais il prend la parole à quelques endroits au Québec et en Ontario en 1882. Il suffit de mentionner Montréal et Québec, Québec. Et oui, on pourrait soutenir que le Canada est encore un autre bastion du matérialisme grossier.
Seriez-vous surpris(e) d’apprendre que tous les gens bien-pensants, ou est-ce que les gens mal-pensants, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada détestent, oserait-on dire méprisent, fortement l’esthétisme et ce qu’il représente?
A quoi servent les forêts si on ne peut pas les abattre pour faire des cure-dents et du papier à cigarettes, ou cultiver du tabac, ou creuser sous celles-ci pour extraire de l’or, des diamants, du charbon et de l’amiante? A quoi servent les mers si on ne peut y tirer des filets pour attraper toutes sortes de créatures, dont beaucoup y sont rejetées, à moitié mortes ou pire, parce que personne ne les mangera? Et les baleines? Nous utilisons leur huile pour éclairer nos maisons cossues et les fanons dans leur bouche pour faire les baleines des corsets portés par nos maîtr…, euh, épouses.
Du sarcasme? Peut-être. Rien à voir ici, M. « Big Brother, » rien à voir… Et pourquoi la lumière de la caméra de mon ordinateur clignote-t-elle comme une folle, en code Morse, tout d’un coup?
Et non, Wilde ne dit apparemment pas à un douanier de New York, en janvier 1882, qu’il n’a rien à déclarer à part son génie. Pourtant, il ne fait aucun doute que cet homme est brillant. Cela vous dérangerait-il si votre humble serviteur insérait quelques citations de Wilde à ce stade de l’histoire de la galaxie de la Voie lactée? Non? Comment ça, non? Juste pour cela, je vais taper plus de citations traduites que je n’avais initialement prévu.
« Quand nous sommes heureux, nous sommes toujours bons, mais quand nous sommes bons, nous ne sommes pas toujours heureux. »
« Le public a une curiosité insatiable de tout savoir, sauf ce qui vaut la peine d’être connu. »
« Les bons finissent heureux et les mauvais, malheureux. C’est ce que veut dire Fiction. »
« Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d’entre nous regardent les étoiles. »
« Nous vivons à une époque où les choses inutiles sont nos seules nécessités. »
« L’expérience n’est que le nom que les hommes ont donné à leurs erreurs. »
« De nos jours, les gens connaissent le prix de tout et la valeur de rien. »
« L’homme est beaucoup de choses, mais il n’est pas rationnel. »
« La vérité est rarement pure et jamais simple. »
« Il n’y a pas de péché, sauf la stupidité. »
Oui, cet homme est brillant et toujours en plein dans le sujet, ce qui prouve que l’humanité est aussi foutue en 2022 qu’elle ne l’était en 1882, ou il y a 22 500 ans, ou dans 150 ans, à condition que la « civilisation » ne s’effondre pas, mais revenons à notre histoire.
Au fait, saviez-vous que la troisième guerre mondiale de la franchise Star Trek / Patrouille du cosmos devrait commencer en 2026? Osera-t-on dire (taper?) que des progrès sont en cours dans cette direction? Aucune date précise n’est cependant connue pour le grand boom de 2026, ce qui est un tantinet merdique.
La ferme modèle créée par Tillson est à la fois bien construite et bien gérée. Comme c’est le cas pour sa résidence huppée, la dite ferme incorpore les commodités les plus modernes, des commodités de ferme bien sûr. Le personnel est particulièrement fier du programme d’élevage sélectif mis en place pour améliorer ses bovins Holstein. La qualité du travail fait à Annandale ne passe pas inaperçue. Des publications respectées comme The Canadian Grocer & General Storekeeper, publiée à Toronto, et Farmer’s Advocate and Home Magazine, publiée à London, Ontario, le principal magazine agricole au Canada à l’époque, ne tarissent pas d’éloges.
En effet, la ferme modèle s’avère si bien construite et gérée que quelques / plusieurs personnes importantes la comparent au Ontario Agricultural College à Guelph, Ontario, une institution affiliée à la Toronto Normal School de… Toronto.
Au fur et à mesure que les mois deviennent des années, Tillson confie progressivement l’administration de la ferme modèle à des mains plus jeunes. Il quitte ce monde en janvier 1902, à l’âge de 76 ans. À son tour, Mary Ann Tillson quitte ce monde en novembre 1911, à l’âge de 81 ans.
À un certain moment après le décès de Tillson, en 1910 à première vue, Tillson, la firme bien sûr, se joint à une coopérative de meunerie, Canadian Cereal & Milling Company, dont les 7 membres québécois et ontariens sont de plus en plus préoccupés par la puissance croissante des intérêts meuniers de l’Ouest canadien.
Incidemment, le directeur général et secrétaire d’une des firmes qui donne naissance à Canadian Cereal & Milling, Flavelle Milling Company Limited de Lindsay, Ontario, est un certain John D. Flavelle. Un de ses frères cadets n’est autre que Joseph Wesley Flavelle, directeur général de Willliam Davies Company Limited de Toronto, la plus grande entreprise d’emballage de porc de l’Empire britannique. Et oui, c’est pourquoi Toronto la bonne est aussi connue sous le nom de… Hogtown, en bon français Cochonville.
Y a-t-il un point à cette digression, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur légèrement agacé(e)? Si, il y en a un. Voyez-vous, Flavelle, le frère cadet, est président du Imperial Munitions Board (IMB), un organisme britannique créé en novembre 1915, pendant la Première Guerre mondiale, par le Ministry of Munitions britannique et des hommes d’affaires canadiens pour superviser la production de matériel de guerre au Canada. À ce titre, il joue un rôle dans la création de la première firme canadienne de fabrication d’aéroplanes digne de ce nom, Canadian Aeroplanes Limited de Toronto.
Et oui, le Curtiss JN-4 Canuck exposé dans le fantabulastique Musée de l’aviation et de l’espace du Canada a été fabriqué par Canadian Aeroplanes.
Et oui encore, votre humble serviteur a inséré Flavelle Milling dans notre train de pensée pour dire (taper?) quelques mots sur l’aviation. Que puis-je dire (taper?), je suis un fana d’aviation, mais revenons à notre histoire.
Ah oui, le IMB est mentionné dans des numéros d’avril 2018, juin 2021 et février 2022 de notre blogue / bulletin / machin. Canadian Aeroplanes, quant à elle, y est mentionnée à quelques reprises depuis avril 2018.
Confrontée à la destruction de son grand moulin de Peterborough, en décembre 1916, la susmentionnée Quaker Oats se met à la recherche d’une installation qui pourrait répondre à ses besoins de production au Canada. En février 1917, elle annonce l’acquisition du grand moulin de Canadian Cereal & Milling à London. Quaker Oats annonce également avoir acquis les droits de production de l’avoine séchée à la poêle Tillson.
Quaker Oats peut, je répète peut, avoir graduellement cessé la production de la dite avoine en faveur d’un de ses propres produits.
En ce qui concerne le moulin de Tillsonburg, qui est apparemment inactif en 1917, j’ai le triste devoir de vous indiquer qu’un incendie lui occasionne de très sérieux dommages en octobre 1920. Cette catastrophe est d’autant plus difficile à accepter qu’elle survient peu après la fin d’une coûteuse rénovation liée à une modernisation de l’outillage.
Le moulin est encore inactif lorsqu’un homme d’affaires de Tillsonburg, le propriétaire du Royal Hotel, en fait l’acquisition, en mars 1925, lors d’une vente aux enchères. En janvier 1930, R.B. Moulton vend le moulin, encore inactif semble-t-il, à Joseph F. Fidler, un homme d’affaires américain bien connu dont le nom ne semble curieusement pas être mentionné dans la presse américaine de l’époque. Le moulin ne semble pas rouvrir ses portes, ce qui est bien dommage.
Sauvée de la démolition au début des années 1980 par un groupe de résident(e)s concerné(e)s, Annandale House, comme on l’appelait / appelle, est entièrement restaurée. Elle devient un lieu historique national en 1997. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada reconnaît ce magnifique bâtiment comme le meilleur exemple survivant d’esthétisme au Canada.
Le matérialisme grossier est encore malheureusement très présent en 2022. Oserai-je suggérer que Mère Nature devrait descendre sur Terre pendant quelques années, non pas pour sauver la Terre des humains, mais pour sauver la Terre… des humains – des mots inspirés du décevant film de 2008 Le Jour où la Terre s’arrêta, une adaptation du film de science-fiction classique de 1951 du même titre?
Les dits mots ne sont pas dans le film original, soit dit en passant, mais beaucoup de choses ont changé entre 1951 et 2008.
Et pourquoi la lumière de la caméra de mon ordinateur clignote-t-elle comme une folle, en code Morse, tout d’un coup?
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