Le fabuleux destin de la sonde lunaire soviétique Lunik II
Un grand bonjour interplanétaire, ami(e) lectrice ou lecteur. Votre humble serviteur souhaite amorcer ce texte avec une promesse irrévocable : je serai bref. Un grand merci pour vos applaudissements. Je pense.
Je dois avouer être un peu à cours de temps ces jours-ci et c’est pourquoi je me suis penché sur la photographie ci-dessus, publiée dans le numéro du 20 au 27 septembre 1959 de l’hebdomadaire Le Petit Journal de Montréal, Québec. J’ose espérer que ce sujet spatial, lié de près aux champs d’activité du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario, mon lieu d’emploi depuis 1987, saura vous plaire. Dans le cas contraire, veuillez noter que j’ai une politique de non remboursement.
Cela étant dit (tapé), le moment est venu de nous lancer dans la grande aventure qui nous attend cette semaine. L’année est 1955. Nous sommes en Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), dans les bureaux occupés par l’équipe de Sergeï Pavlovitch Korolev, le concepteur en chef anonyme du premier missile balistique intercontinental de l’URSS, le R-7 Semyorka. Et oui, Korolev est mentionné dans des numéros de février et septembre 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Soit dit en passant, votre humble serviteur va tenter de minimiser ces rappels au passé concernant le dit blogue / bulletin / machin mais notre monde étant ce qu’il est, soit un fouillis d’interconnections, je ne peux pas vous faire de promesse à cet effet.
Nous sommes en 1955, dis-je. Dès cette époque, alors qu’il travaille sur le Semyorka, Korolev envisage la possibilité d’utiliser une version plus puissante de ce messager de mort (thermo)nucléaire pour expédier une sonde ders la Lune. Le succès planétaire de Spoutnik I, le premier satellite artificiel, lancé en octobre 1957, lui offre la possibilité de créer 3 équipes de travail au sein de son bureau d’études expérimental, sur les satellites de télécommunication, les vaisseaux spatiaux pilotés et les sondes lunaires. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur, vous avez parfaitement raison. Spoutnik I est mentionné à quelques reprises dans notre blogue / bulletin / machine, et ce depuis juillet 2018, mais revenons à notre sujet.
Fin 1957 ou début 1958, une équipe de chercheurs soviétiques élabore un programme d’exploration lunaire qui comporte 6 types de sondes de plus en plus sophistiquées :
- le type Ye-1 qui va s’écraser sur la Lune,
- le type Ye-2 qui va photographier la face cachée de la Lune,
- le type Ye-3 qui va photographier la Lune,
- le type Ye-4 qui va transporter une charge explosive détonnée sur la Lune,
- le type Ye-5 qui va prendre des photographies détaillées de la Lune, et
- le type Ye-6 qui va se poser sur la Lune afin de capturer un panorama de notre satellite.
Examiné tant par la Akademiya Nauk Sovestskogo Soyuza que par Nikita Sergeyevitch Khrouchtchev, ce programme ambitieux est officiellement approuvé en mars 1958. Vous souviendrez qu’il est question ici de l’académie des sciences de l’URSS et du premier secrétaire du comité central du Kommunisticheskaya Partiya Sovetskogo Soyuza, un personnage mais pas un gentilhomme mentionné dans des numéros de février et mars 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Soit dit en passant, la version du Semyorka destinée à expédier des sondes vers la Lune sert aussi à placer en orbite Youri Alekseïevitch Gagarine, le premier être humain à être allé dans l’espace, en avril 1961. Ce gentilhomme est mentionné dans quelques numéros de notre… Zut, toutes mes excuses pour cette référence. Gagarine est mentionné depuis juillet 2018.
Alors que la mise au point des sondes de type Ye-1 et de la version plus puissante du Semyorka se poursuivent, la United States Air Force (USAF) et la United States Army annoncent leur intention d’envoyer des sonde vers la Lune au cours de l’été de 1958. Si la USAF espère placer ses sondes Pioneer en orbite autour de la Lune, la seconde espère tout au plus que ses sondes Pioneer vont survoler la surface de notre satellite. Les fusées dont disposent ces 2 services étant fort différentes, les sondes de la United States Army sont beaucoup plus légères, petites et rudimentaires que celles de la USAF.
Les militaires américains, qui ignorent tout du programme soviétique, amorcent ainsi, sans le savoir, une course de prestige vers la Lune. Oserais-je dire que la USAF et la United States Army participent à leur propre course de prestige vers la Lune? Si la United States Navy ne songe pas à s’y rendre, le fait est qu’elle a son propre programme spatial. Croiriez-vous que la National Aeronautics and Space Agency, l’actuelle National Aeronautics and Space Administration (NASA), une organisation mentionnée dans plusieurs numéros de notre blogue / bulletin / machin depuis mars 2018, voit le jour en juillet 1958 afin de mettre un terme à cette rivalité, et à ce gaspillage éhonté de ressources? Elle a aussi pour objectif de placer sous contrôle civil le programme d’exploration spatiale américain.
Quoiqu’il en soit, les annonces de la USAF et de la United States Army sont typiques de l’approche du gouvernement américain qui annonce à l’avance le lancement d’une sonde ou satellite, de même que sa fonction. La dite approche est tout à l’honneur de ce pays. Elle a toutefois le désavantage de montrer au grand jour les lancements ratés, malheureusement assez fréquents au début de la course vers l’espace.
Le gouvernement soviétique, quant à lui, ne fait l’annonce d’un lancement de satellite ou sonde que si celui-ci est réussi. Les lancements ratés ne sont pas rendus publics. Du coup, l’opinion publique internationale se fait une fausse opinion du programme spatial soviétique, jugé bien supérieur à celui des États-Unis.
Dans certains cas, le gouvernement américain fait entorse à son approche pour préserver certains secrets, dites-vous? C’est bien exact. Il suffit de songer aux 15 satellites de la série Discoverer, lancés à partir de février 1959 mais pour ainsi dire tous victimes de problèmes techniques. La NASA décrit ces satellites espions / de reconnaissance photographique comme étant destinés à la préparation de vols pilotés à venir, mais revenons à notre sujet.
La première sonde du programme américain Pioneer, curieusement baptisée Pioneer 0, s’envole en août 1958. La fusée explose toutefois avant de quitter l’atmosphère terrestre. La première sonde soviétique de type Ye-1 s’envole en septembre 1958. La fusée explose toutefois avant de quitter l’atmosphère terrestre.
Le tableau suivant donne une idée des déboires rencontrés par les ingénieurs soviétiques et américains.
Août 1958, Pioneer 0 - échec – défaillance de la fusée
Septembre 1958, Ye-1 numéro 1 - échec – défaillance de la fusée
Octobre 1958, Pioneer 1 - échec – défaillance de la fusée
Octobre 1958, Ye-1 numéro 2 - échec – défaillance de la fusée
Novembre 1958, Pioneer 2 - échec – défaillance de la fusée
Décembre 1958, Ye-1 numéro 3 - échec – défaillance de la fusée
Décembre 1958, Pioneer 3 - échec – défaillance de la fusée
Janvier 1959, Ye-1 numéro 4 - échec – passage de la sonde loin de la Lune
Mars 1959, Pioneer 4 - échec – passage de la sonde trop loin de la Lune
Juin 1959, Ye-1A - échec – défaillance de la fusée
Si les 5 échecs consécutifs des sondes lunaires Pioneer sont connus de toutes et tous, seuls quelques rares initié(e)s connaissaient ceux des 5 sondes de type Ye-1.
Vous vous souviendrez qu’un autre numéro de septembre 2019 de notre blogue / bulletin / machin a pour sujet l’astrophysicienne soviétique Alla Genrikhovna Masevitch. Si tel est le cas, vous vous souviendrez peut-être qu’elle participe à une conférence de presse en février 1960, à Londres. Elle affirme alors ne pas avoir entendu parler de lancements de fusées soviétiques ayant mal tourné. Votre humble serviteur se demande si cette affirmation peut être un mensonge, mais revenons à notre histoire.
Pourquoi secouez-vous la tête, ami(e) lectrice ou lecteur? Comment peut-on manquer un objet de la taille de la Lune? Le fait est que c’est plutôt facile. Une variation de 0.01 % de la vitesse d’une fusée ou de 10 secondes dans l’heure de son lancement fait passer une sonde lunaire à 200 kilomètres (125 milles) de la surface de notre satellite.
Atteindre la Lune à partir de la Terre n’est donc pas chose facile. Aux dires de Heinz Kaminski, un ingénieur chimiste ouest-allemand alors bien connu pour son intérêt envers tout ce qui touche à l’exploration spatiale, cela équivaut à placer une balle de fusil dans l’œil d’une mouche distante de près de 10 kilomètres (6 milles) – une analogie d’une grande violence si je peux me le permettre.
Vu le nombre d’échecs rencontrés par les sondes Pioneer, vous imaginerez fort bien la réaction de Madame et Monsieur Tout-le-monde lorsque le gouvernement soviétique annonce qu’une de ses sondes, Lunik II, a heurté la Lune, comme prévu, en septembre 1959. Des dizaines de millions de Soviétiques exultent. Des dizaines de millions d’Américain(e)s n’exultent pas.
Outrés par le scepticisme de certains médias américains qui affirment à toutes fins utiles que les informations reçues de Lunik I lors de son passage près de la Lune sont fausses, des chercheurs soviétiques fournissent des informations sur la trajectoire, l’heure de l’impact et la fréquence du signal radio de la sonde Lunik II, et ce bien avant que celle-ci n’arrive sur la Lune. Le premier directeur du Jodrell Bank Observatory, au Royaume-Uni, Alfred Charles Bernard Lovell, confirme la véracité de l’annonce du gouvernement soviétique. Ce dernier fait même jouer un enregistrement du signal radio de Lunik II au cours d’une conversation téléphonique avec des journalistes de New York, New York.
Comme vous le savez fort bien, le Jodrell Bank Observatory et Lovell sont mentionnés dans un autre numéro de septembre 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Le gouvernement soviétique ne rend évidemment pas public le fait que le lancement de Lunik II est apparemment reporté 3 fois. Un lancement doit être avorté 3 jours avant le début de son vol historique, par exemple, lorsque les moteurs principaux de la fusée refusent de donner leur pleine puissance.
Vous serez heureuse / heureux d’entendre (lire?), ou pas, que Lunik II est le premier vaisseau spatial fait de mains humaines ayant atteint la surface d’un autre corps céleste. Il s’agit aussi de la première sonde ayant
- prouvé la présence du vent solaire dans l’espace interplanétaire,
- confirmé l’absence de champ magnétique autour de la Lune, et
- révélé l’absence de ceinture de radiations autour de la Lune.
Le vent solaire, soit dit en passant, est un flux d’atomes ionisés et d’électrons éjectés par le Soleil.
Il est à noter que l’équipe soviétique met apparemment tout en œuvre pour prévenir la présence d’organismes vivants sur ses sondes avant leur lancement vers la Lune.
Vous avez une question, ami(e) lectrice ou lecteur? S’il y a un Lunik II, n’y a-t-il pas un Lunik I, dites-vous? Votre logique est sans faille. Oui, Virginie, il y a un Père Noël, pardon, un Lunik I. Cette désignation est donnée à la susmentionnée sonde de type Ye-1 qui passe à environ 6 000 kilomètres (3 700 milles) de la Lune en janvier 1959. Connue initialement sous le nom de Mechta, ce vaisseau spatial est apparemment redésigné Luna 1 par ses concepteurs vers 1960. Et oui, Lunik II est probablement redésignée Luna 2 vers la même époque.
Si la dite Lunik II est pulvérisée lors de son impact avec la Lune, détruisant ainsi toute information concernant son origine, le fait est que Korolev et son équipe ont songé à un moyen de préserver pour toujours la preuve du succès de leur sonde. Lunik II et le dernier étage de sa fusée porteuse transportent chacune 1 petite sphère qui comporte 72 éléments pentagonaux (en acier inoxydable?), dont 12 portant le blason de l’URSS et l’acronyme CCCP (URSS en lettres cyrilliques) et 60 portant ce même acronyme de même que la date du vol, soit septembre 1959. L’explosion contrôlée d’une de ces sphères peu avant l’impact de Lunik II disperse ses éléments sur la surface de la Lune. La seconde n’ayant pas explosé, elle est peut-être, je répète peut-être, relativement intacte. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur fana de sports, les sphères de Lunik II ressemblent un peu à des ballons de soccer de 150 millimètres (environ 6 pouces) de diamètre.
Et oui, vous avez bien raison, ami(e) lectrice ou lecteur, la Leningradskiy monetnyy dvor doit fabriquer de nouvelles sphères après chaque lancement raté d’une sonde lunaire.
Deux jours après l’impact de Lunik II avec la Lune, le susmentionné Khrouchtchev, en visite officielle aux États-Unis, offre une réplique d’une des sphères de Lunik II au président américain. Si le premier arbore probablement un large sourire, Dwight David « Ike » Eisenhower apprécie probablement beaucoup moins cette preuve de la supériorité soviétique en matière de technologie spatiale. Incidemment, Eisenhower est mentionné dans des numéros de mars 2018 et février 2019 issues de notre blogue / bulletin / machin.
Le gouvernement soviétique fait appel à Lunik II et à ses autres succès du domaine spatial pour promouvoir son système politique. Ne l’oublions pas, de nombreuses colonies de pays européens acquièrent leur indépendance à partir des années 1950.
Mentionnons par exemple que le dit gouvernement soviétique présente un modèle de l’étage de fusée qui envoie ses sondes Lunik / Luna vers la Lune dans quelques / plusieurs expositions itinérantes technique, scientifiques et / ou culturelles tenue en Europe, en Asie et en Amérique. Une de ces expositions ouvre ses portes à Ciudad México, México, en novembre 1959.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, des agents de la Central Intelligence Agency parviennent à gagner accès au dit modèle au début de 1960, et ce afin de définir les caractéristiques et performances de la fusée soviétique qui, rappelons-le, est une version plus puissante du susmentionné missile balistique intercontinental Semyorka. À leur grande surprise, ils réalisent que ce modèle est pour ainsi dire un véritable étage de fusée dépourvu de son moteur et de certaines composantes électriques et électroniques.
Convaincus de l’importance de mieux examiner le dit étage de fusée, les agents parviennent à intercepter le camion qui le transporte vers une gare afin que le contenu de l’exposition se rende à une autre destination (Cuba ou Norvège?). Ils ont ainsi tout le loisir de sortir l’étage de fusée de sa caisse afin de l’examiner jusqu’au matin suivant. Le camion et son conducteur étonnamment coopératif se rendent alors à la gare. Le responsable soviétique arrive un peu plus tard et, constatant / croyant que tout est en ordre, fait placer la caisse sur un wagon plat.
Au risque de paraître cruel, et / ou anti-américain, permettez-moi de mentionner que la NASA lance 3 sondes lunaires Pioneer X / Pioneer P entre novembre 1959 et décembre 1960. Aucun de ces vaisseaux spatiaux destinés à entrer en orbite autour de la Lune ne parvient à quitter l’atmosphère terrestre. Soit dit en passant, c’est en juillet 1964 que la première sonde lunaire américaine remplit sa mission. Ranger 7 heurte alors la Lune après avoir transmis une série de photographies.
Qu’en est-il des 6 séries de sondes soviétiques mentionnées vers le début de cet article, dites-vous? Humm, vous avez bien des questions aujourd’hui, ami(e) lectrice ou lecteur. Et moi qui voulais partir tôt aujourd’hui… Soupir.
Sachez donc qu’une sonde de type Ye-2, Lunik III / Luna 3 plus exactement, photographie la face cachée de la Lune en octobre 1959 – une autre première mondiale pour le programme spatial soviétique. Les deux sondes de type Ye-3 lancées en avril 1960 ne parvienne pas à quitter l’atmosphère terrestre. Une sonde de type Ye-6, Luna 9, se pose en douceur sur la Lune en février 1966 – encore une autre première mondiale pour le programme spatial soviétique. Cette sonde est la 13ème de cette série qui, jusqu’alors, subit échec après échec. Huit de ces lancements ratés sont gardés secrets.
Qu’en est-il des sondes de type Ye-4 et Ye-5, dites-vous? Peu enthousiastes à l’idée de faire exploser une ogive nucléaire, oui, nucléaire, sur la Lune, le susmentionné Korolev et son équipe parviennent à obtenir l’abandon du projet. L’explosion d’une charge explosive conventionnelle n’étant pas une meilleure confirmation d’un impact avec la Lune que la fin d’un signal radio, les sondes de type Ye-4 sont tout bonnement abandonnées. Les sondes de type Ye-5 subissent le même sort.
Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, une bonne semaine, un bon… Euh, qu’avez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur. Je n’ai pas dit (tapé?) un traître mot sur le Serge Lapointe du Département de Physique de l’Université de Montréal qui se trouve sur la photographie au tout début de cet article, dites-vous? C’est bien vrai, mais je vous avais indiqué vouloir être bref, et… Vous voulez savoir de qui il est question? Soupir. Fort bien.
Né à Montréal en 1928, Lapointe étudie à l’Université de Montréal (Baccalauréat et Maîtrise, 1950 et 1952) et à Cornell University, aux États-Unis (Doctorat, 1960). Il est chargé de cours à Cornell University de 1951 à 1956. Ce physicien théoricien qui se spécialise en géophysique et en physique des plasmas fait son entrée au sein du corps professoral du Département de Physique de l’Université de Montréal en 1956 – en tant que professeur adjoint / assistant. Lapointe devient professeur agrégé en 1960.
La géophysique et l’astrophysique étant des disciplines parentes, Lapointe effectue certains travaux dans ce dernier domaine en 1960-61 dans les laboratoires du Conseil national de recherches du Canada, un organisme mondialement connu mentionné dans quelques numéros de notre blogue / bulletin / machin depuis mai 2018. Il poursuit par ailleurs des travaux en astrophysique en 1963-64 à l’Observatoire de Paris, un organisme tout aussi mondialement connu mentionné dans un numéro de mars 2019 de notre blogue / bulletin / machin. Dans l’un et l’autre cas, Lapointe s’intéresse tout particulièrement au soleil et à ses éruptions.
Cela étant dit (tapé?), Lapointe doit délaisser un tant soit peu ses travaux en astrophysique, en géophysique et en physique des plasmas lorsqu’il devient
- directeur du Département de Physique de l’Université de Montréal, en 1966,
- président de l’Association des professeurs de l’Université de Montréal, en 1967, et
- doyen de la Faculté des sciences de l’Université de Montréal, en 1968.
Lapointe peut avoir quitté l’Université de Montréal pour travailler à l’Organisation de coopération et de développement économiques. Votre humble serviteur n’est pas en mesure de dire si ce gentilhomme est encore parmi nous sur cette Terre. Il aurait probablement 91 ans, tout comme mon père.
Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, une bonne semaine, un bon… Soupir. Laissez-moi deviner. Vous souhaitez maintenant en savoir plus long sur le tableau noir qui se trouve dans la photographie au tout début de cet article. Fort bien. Sachez donc, ami(e) lectrice ou lecteur, que Lapointe y montre l’évolution de la fuséonautique / fuséologie depuis la Seconde Guerre mondiale.
Dans un premier temps (dessin 1), les équipes conçoivent et lancent des fusées qui retombent sur Terre après avoir atteint une haute altitude. Lapointe choisit comme exemples le tristement célèbre missile A-4 / V-2 allemand de la Seconde Guerre mondiale ainsi que 3 fusées sondes américaines de l’après-guerre, la Martin Viking, la Aerojet General Aerobee (et non pas Aeorobee) et la Douglas WAC / WAC Corporal. Le V-2 est mentionné dans un numéro de février 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Si je peux me permettre une brève digression, l’acronyme WAC signifie sans aucun contrôle, en anglais Without Any Control, ou, beaucoup moins officiellement, Women’s Army Corps. Qu’est que la division féminine de la United States Army, placée en service actif en juillet 1943, vient faire dans notre récit, vous demandez-vous? Je partage votre perplexité, croyez-le bien. Sachez donc que des concepteurs de la WAC notent qu’elle ressemble au missile à courte portée à ogive nucléaire Firestone M2 Corporal, mais en plus mince / svelte. Et oui, Firestone Tire & Rubber Company fabrique des armes de destruction massive au cours des années 1950, mais revenons à notre histoire.
Dans un second temps (dessin 2), les susmentionnées équipes conçoivent et lancent des fusées qui parviennent à placer des satellites en orbite autour de la Terre. Lapointe choisit comme exemples le satellite soviétique Spoutnik I et les satellites américains Vanguard et Explorer. Ces derniers sont mentionnées dans un numéro de février 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Dans un troisième temps (dessin 3), les équipes conçoivent et lancent des fusées qui parviennent à diriger des sondes vers la Lune, ou pas. Lapointe choisit comme exemples la sonde soviétique Lunik I et les sondes américaines Pioneer.
Dans un quatrième temps (dessin 4), les équipes conçoivent et lancent des fusées qui parviennent à placer une sonde sur la Lune. Lapointe choisit comme exemple la sonde soviétique Lunik II.
Il est à noter que Lapointe utilise le terme alunissage dans la description qu’il fournit au journaliste de l’hebdomadaire Le Petit Journal. S’agit-il là de la première utilisation de ce terme dans un journal québécois? Nenni, ami(e) lectrice ou lecteur. Que diriez-vous si je vous disais que le mot alunissage se trouve dans des articles de 2 quotidiens montréalais datant de juin 1914? C’est pourtant vrai. Un astronome du susmentionné Observatoire de Paris et vulgarisateur scientifique bien connu, Charles Nordmann, parle avec beaucoup de sérieux de la possibilité de réaliser un voyage dans la Lune à une date future indéterminée. Il ne parle pas de lui-même bien sûr. Le Canada et Le Devoir reproduisent pour ainsi dans sa totalité un article paru en mai dans un quotidien parisien, La Gazette de France.
Et oui, je partage votre opinion en ce qui concerne l’utilisation du terme alunissage pour décrire l’arrivée sur la Lune de Lunik II. Un vaisseau spatial impliqué dans un alunissage a pour objectif de s’en tirer en bon état, tout comme un aéronef impliqué dans un atterrissage d’ailleurs.
Répondant à une question du journaliste du susmentionné Le Petit Journal concernant la possibilité d’aller sur la Lune, encore une fois pas lui-même, Lapointe y va d’un commentaire fort intéressant, compte tenu du fait qu’il parle en septembre 1959 : « C’est probable d’ici une dizaine d’années, si le progrès scientifique ne subit pas d’entraves et continue au rythme actuel. Vous en dire plus long, ce serait réveiller Jules Verne dans sa tombe! »
Nous savons tou(te)s les 2 quand le premier alunissage a lieu, n’est-ce pas? Non, pas en septembre 1969, en juillet 1969. Et nous connaissons tou(te)s les 2 le nom de la mission responsable de cet exploit, n’est-ce pas? Non? Non!? Soupir.
Avec ça, je vous souhaite une bonne journée, et c’est tout pour ce 100ème sujet qui vous est offert gratuitement gracieuseté de vous savez qui depuis juillet 2017.
L’auteur de ces lignes souhaite remercier toutes les personnes qui ont fourni des informations. Toute erreur contenue dans cet article est de ma faute, pas de la leur.