Il y a autre chose dans la vie que les avions, Partie 2
Vous êtes de retour, ami(e) lectrice ou lecteur. Est-ce qu’une semaine a passé depuis notre dernière interaction? Incroyable. Le temps passe vraiment vite. Vous souvenez-vous du sujet qui nous concerne? Bien. Continuons.
À tort ou à raison, la direction de Cushioncraft Limited choisit de tester le CC7 en profondeur avant de lancer un effort de vente à grande échelle. Les acheteurs étrangers constituent la cible principale. Cette approche repose au moins en partie sur les commentaires de Hovertravel Limited, la première entreprise de transport par aéroglisseur au monde et une dans laquelle la maison mère de Cushioncraft, Britten-Norman Limited, détient plusieurs actions. Désireux d’aider, le Ministry of Technology, ou Mintech, achète le prototype du CC7 peu de temps après les premiers essais. Cet aéroglisseur passe quelque temps avec la Hovercraft Unit du National Physical Laboratory en 1968, où il subit d’autres tests. Une vidéo en anglais montrant le prototype au Royaume-Uni peut être consulté à
Votre humble serviteur est légèrement agité, mais non remué, par l’utilisation de l’expression Double C Seven, ou double C sept, par le narrateur. Cette tournure de phrase est-elle courante à l’époque ou paraphrase-t-elle le nom de code du plus célèbre agent secret de tous les temps, James Bond, créé par Ian Lancaster Fleming?
Fait intéressant, le prototype du CC7 est soumis à des tests au Canada en 1969, ce que nous verrons plus tard. En 1971, le Department of Trade and Industry (DTI) britannique envoie un CC7 à Manaus, le Paris des Tropiques, au cœur du Brésil. Des essais de 15 jours sont très réussis. Ce même aéroglisseur voyage ensuite de Manaus jusqu’à Georgetown, Guyane, couvrant ainsi une distance d’environ 1 600 kilomètres (environ 1 000 milles). Il entreprend cette odyssée pour trouver les images nécessaires à la réalisation d’un documentaire, nommé plus tard The Forbidden Route, qui est diffusé en novembre 1971 dans la série télévisée The World About Us de la British Broadcasting Corporation. Le DTI collabore à cette expédition dans l’espoir que la publicité qui l’entoure puisse stimuler les ventes de CC7. Elle ne fait rien de la sorte.
Un mot d’avertissement si vous me le permettez. La partie suivante de notre histoire est une tragédie. L’expédition peut avoir suivi au moins en partie le chemin d’une grande route allant de Manaus à la frontière avec le Venezuela. Désirant développer la partie nord du Brésil, le gouvernement du pays, une dictature militaire brutale à l’époque, lance un plan à cet effet vers 1967. Il s’effondre pour un certain nombre de raisons. En conséquence, la BR-174, le nom donné à cette grande route du nord, n’est achevée qu’en 1998. The Forbidden Route mentionne la mort violente d’un groupe de membres d’une première nation, vraisemblablement des Kinjas, un groupe mieux connu sous le nom de Waimiri Atroari. Le fait est que le gouvernement militaire du Brésil traite très durement toute personne qui se trouve sur la route des équipes de construction. La plupart des Kinjas périssent en l’espace de quelques années. Les descendants des survivants vivent toujours dans la région.
Bien que Cushioncraft ait eu plusieurs ventes potentielles à la fin de 1968, elle ne produit que 5 CC7. Deux d’entre eux sont commandés vers 1971 et utilisés comme véhicules de patrouille et de communication par l’escadron d’essais d’aéroglisseur du Royal Corps of Transport de la British Army. À ce moment là, le prototype est également avec cette unité. Un autre CC7 arrive au Congo en 1970 où il est utilisé pendant un certain temps par une entreprise d’extraction de diamants. La Société minière de Bakwanga Société congolaise par actions à responsabilité limitée utilise l’aéroglisseur pour le transport de personnel et de fret et des travaux d’arpentage, en complément de ses petits avions et hélicoptères. Finalement, un CC7 se rend apparemment en Suède en 1971-72. Svävarlinjen Aktiebolaget, une entreprise de transport par aéroglisseurs nouvellement fondée, souhaite l’utiliser pour transporter des passagers et des marchandises à Stockholm. Il est à noter qu’Air Gabon Société anonyme, le transporteur aérien national du Gabon, un petit pays d’Afrique équatoriale, commande ces 2 derniers CC7 en 1969, mais abandonne toutefois cette commande pour une raison ou pour une autre.
Croiriez-vous que les 3 CC7 utilisés par la British Army reçoivent des immatriculations d’aéronefs militaires? Compte tenu de cela, votre humble serviteur se demande si les aéroglisseurs ne relèvent pas du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada d’Ottawa, Ontario. Ne serait-il pas cool d’élargir davantage le mandat du musée, ami(e) lectrice ou lecteur? De fait, pourquoi s’arrêter là? Vers l’astronomie et au delà! Je plaisante, mais est-ce vraiment le cas?
La construction d’un CC7 allongé peut avoir commencé en 1973, mais ce véhicule ne semble pas être achevé. Il peut être ou pas la version allongée du CC7 proposée après la prise en charge de Cushioncraft par British Hovercraft Corporation mais envisagée dès 1968. Ce dernier aéroglisseur peut être conçu pour recevoir 2 petites turbines à gaz britanniques, nettement moins chères que le ST6 de United Aircraft of Canada Limited, développées avec le soutien de Mintech. Le moteur en question est le Budworth Blowfly - un nom intéressant s’il en est un. Le mot blowfly se traduit en effet par... mouche à viande.
L’individu derrière son concepteur, David Budworth Limited, est un brillant ingénieur mécanique du nom de, vous l’avez deviné, David Dutton Budworth. Chose intéressante, sa première turbine à gaz est un petit modèle d’enseignement, le Budworth Brill peut-être, vendu à un certain nombre d’écoles techniques et universités du Royaume-Uni et de l’étranger. Ne serait-ce pas cool si une de ces turbines à gaz pouvait être trouvée au Canada? Un tel moteur mériterait d’être inclus dans la collection d’un musée.
Vous pourriez également être intéressé à lire, ou non, que Budworth et sa compagnie sont peut-être impliqués dans le développement et / ou la construction du modèle grandeur nature de cachalot utilisé dans le très populaire film américain de 1954 intitulé Moby Dick. De fait, ce modèle disparaît brièvement au milieu de l’océan Atlantique, dans un banc de brouillard, lorsque sa ligne de remorquage se brise. Et oui, la star du film est alors sur le dos du modèle. Le grand Gregory Peck, né Eldred Gregory Peck, n’est pas particulièrement content, mais revenons à notre histoire. Euh, en fait c’est tout pour aujourd’hui. Désolé pour ça. De nouveau, à la revoyure.
Qu’y a-t-il? Vous voulez plus de contenu canadien? Vous en aurez, mon ami(e) lectrice ou lecteur patriote et légèrement insistant(e), mais pas aujourd’hui. À la semaine prochaine.