Une autre brique dans le mur, Partie 2
Bienvenue, ami(e) lectrice ou lecteur. Lançons-nous sans plus attendre dans le vif du sujet. Les ultralégers Moto-Plane et Raz-Mut, aussi intéressants qu’ils soient, ne constituent qu’un aspect des activités aéronautiques de Jean Saint-Germain.
Fasciné par les performances de l’autogire monoplace Bensen B-8M Gyrocopter, un aéronef américain qui vole pour la première fois en décembre 1955, l’inventeur et pilote québécois achète une licence de production et lance une campagne de promotion. Vous avez l’air perplexe, ami(e) lectrice ou lecteur. Ah, je vois. Arrêtons-nous un bref instant pour voir de quoi il est question. L’autogire est un cousin moins complexe et moins coûteux de l’hélicoptère mis au point au cours des années 1920 par l’Espagnol Juan de la Cierva y Codorníu. Son rotor n’est pas actionné par un moteur et tourne librement.
Igor B. Bensen, fondateur de Bensen Aircraft Corporation, conçoit plusieurs autogires légers au cours des années 1950 et 1960. Disponibles sous forme de plans ou de kits utilisés par des constructeurs amateurs, ces autogires Bensen comptent parmi les aéronefs de ce type les plus réussis et connus du 20e siècle. Environ 2 000 Gyrocopter volent de par le monde en 1977. Quarante ans plus tard, près de 80 Gyrocopter (en état de vol?) se trouvent dans le registre des aéronefs civils canadiens.
En 1962, Bensen lance la Popular Rotorcraft Association, une organisation qui joue un rôle crucial dans l’histoire de la construction amateur en ce qui a trait aux autogires et hélicoptères légers / privés. Elle existe encore en 2017, mais revenons à notre histoire.
Ayant rapidement trouvé des clients potentiels pour ses autogires, Saint-Germain fonde Quebec Copter Aircraft Incorporated à Saint-Germain-de-Grantham, près de Drummondville, Québec. Le travail sur le premier Gyrocopter commence vers octobre 1965. Au fil des mois, Saint-Germain crée un centre social et sportif qui comprend une école de parachutisme et un aérodrome privé avec piste pavée et tour de contrôle. Il offre par ailleurs un cours de pilotage d’autogire apparemment complété par au moins 150 personnes. Plusieurs d’entre elles découvrent les projets de Saint-Germain par l’entremise de capsules publicitaires diffusées par une station de télévision privée de Montréal, Québec, appartenant à Télé Métropole Incorporée.
Quebec Copter Aircraft reçoit un nombre indéterminé de commandes de pilotes privés à partir de 1965. Certaines d’entre elles ne sont peut-être pas complétées. En effet, le ministère des Transports refuse d’immatriculer ces autogires car leur fabrication (ou assemblage?) en atelier les exclut de la catégorie dite ultralégère qui comprend les Gyrocopter de construction amateur. Saint-Germain déclare faillite en novembre 1967. Cela dit, Quebec Copter Aircraft peut avoir poursuivi ses activités jusqu’en 1970. En fin de compte, au moins 25 Gyrocopter complétés par cette petite société se retrouvent dans le registre des aéronefs civils canadiens. Il est à noter que la collection du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada comprend un Gyrocopter complété en Ontario.
Le récit des fascinantes aventures aéronautiques de Saint-Germain se poursuit dans la troisième et dernière partie de cet article. Ne la manquez pas. Vous le regretteriez.