Un McCoy bien réel, le médecin spatial William Richard Carpentier
Bon sang, ami(e) lectrice ou lecteur, je suis conservateur de musée, pas docteur. Désolé. C’était déplacé – et plutôt bizarre comme phrase d’ouverture. Pourtant, je n’ai pas pu résister à cette petite blague de Patrouille du cosmos, et… Vous l’avez bien comprise, n’est-ce pas? Bon sang, Jim, je suis docteur, pas un n’importe quoi qui est la saveur de la semaine? Soupir… Qu’est-ce que les gens apprennent à l’école ces jours-ci? Il n’y a pas de respect pour les classiques. Pour citer Marvin, l’androïde paranoïaque dans Le Guide du voyageur galactique, magnifiquement interprété par Alan Sidney Patrick Rickman dans le film Le guide galactique / H2G2 : le guide du voyageur galactique de 2005, je suis si déprimé. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur, la célèbre comédie radiophonique de British Broadcasting Corporation qui inspire ce long métrage est mentionnée dans un numéro de mars 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Nous sommes donc réuni(e)s ici aujourd’hui pour pontifier et, dans votre cas, absorber beaucoup de connaissances sur un géant apparemment mal connu de la médecine spatiale. Soit dit en passant, saviez-vous que j’étais tenté d’utiliser les mots « La médecine spatiale est ce dont j’ai besoin » comme titre pour cet article? Bonjour, EP, EG et SB! Médecine spatiale, mauvaise médecine / « bad medicine? » Bon Jovi? Vous l’avez comprise, celle-là? Bien, mais revenons à notre histoire, et quelle histoire c’est!
Tout commence à Edmonton, Alberta, en mars 1936, avec la naissance de William Richard « Bill / WFP » Carpentier, et… Qu’est-ce que j’entends? Qu’est-ce que WPF veut dire, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur perplexe? Pour citer un philosophe inconnu, tout vient à point à qui sait attendre.
Carpentier déménage en Colombie-Britannique avec sa famille en 1945. Ce jeune homme brillant et aventureux veut d’abord devenir ingénieur. Deux années de cours de physique à la University of Victoria le convainquent du contraire. Pour ma part, je peux sympathiser. Une visite d’un hôpital offerte par sa sœur, une infirmière, lui ouvre les yeux. Carpentier pense que son avenir est dans la psychiatrie. Deux années de cours à l’université le convainquent du contraire. Malgré tout, Carpentier est diplômé de la University of British Columbia en 1961. À cette date, il a acquis une licence de pilote privé et un intérêt pour la médecine aéronautique. Avant même la fin de cette même année, Carpentier s’installe aux États-Unis avec son épouse pour commencer une résidence de 2 ans en médecine aéronautique.
Comme d’innombrables personnes dans le monde, Carpentier est fasciné par les reportages sur Youri Alekseïevitch Gagarine, le premier être humain à être allé dans l’espace, en avril 1961. Comme nous le savons tous les 2, ce pilote de chasse soviétique est mentionné dans quelques numéros de notre blogue / bulletin / machin depuis juillet 2018.
Le retour prévu de Carpentier au Canada pour y obtenir un doctorat, à McGill University, à Montréal, Québec, et effectuer des recherches, s’envole par la fenêtre à la suite d’un appel téléphonique. La National Aeronautics and Space Agency / Administration (NASA) recherche des personnes prêtes à effectuer une résidence de 3 ans en médecine spatiale. Serait-il intéressé à postuler? Le serait-il? Vous plaisantez? Carpentier souhaite vivement faire une demande mais doit indiquer qu’il est aux États-Unis avec un visa de visiteur. Il n’a pas la carte verte nécessaire pour travailler dans ce pays. Le gentilhomme à l’autre bout de la ligne dit, et je cite / traduis, « on peut régler ça. »
Six mois plus tard, Carpentier a une carte verte, une autorisation de sécurité et un travail à la NASA. Il arrive au Manned Spacecraft Center, l’actuel Johnson Space Center, en janvier 1965. Sélectionné comme médecin de vol stagiaire, il devient médecin de vol à part entière en juillet. Carpentier devient ainsi un des premiers investigateurs cliniques aéromédicaux de la NASA responsables de la santé et du bien-être des astronautes.
Carpentier attire peut-être l’attention de ses supérieurs lorsqu’il accepte volontiers de devenir un médecin de récupération pour le programme Gemini, un travail pour lequel il peut avoir à sauter d’un hélicoptère, dans une mer agitée, pour soigner un astronaute blessé. Croyant qu’il peut être obligé de sauter à une vitesse d’environ 75 kilomètres / heure (46 milles / heure) à environ 12 mètres (40 pieds) au-dessus de l’eau, cet excellent nageur exige que le pilote d’hélicoptère de la United States Coast Guard avec lequel il vole aille aussi vite et aussi haut. Le pilote est consterné mais accepte de le laisser tomber de plus en plus haut. La formation est douloureuse, mais Carpentier finit par sauter d’un hélicoptère volant à près de 75 kilomètres / heure (46 milles / heure) à environ 12 mètres (40 pieds) au-dessus de l’eau.
Lorsque Carpentier rencontre l’officier en charge de l’équipe de plongeurs autonomes de la United States Navy avec laquelle il va travailler, il souligne la hauteur et la vitesse des sauts qu’il a effectués. L’officier le regarde comme s’il était fou. Vous voyez, les hélicoptères de sauvetage restent généralement en vol stationnaire, à environ 6 mètres (20 pieds) au-dessus de l’eau, lorsque les plongeurs sautent. Peu, sinon aucun des plongeurs militaires n’a tenté ce que le médecin canadien a fait. Alors que la formation en sauvetage de Carpentier commence sérieusement, les plongeurs comprennent qu’il est ne plaisante pas.
Qu’y a-t-il, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous voulez savoir ce qu’un médecin de vol fait? Euh, ne vous ais-je pas dit (écrit?) cela il y a environ 90 secondes? Vous voulez en savoir plus? Super, ou est-ce brillant? C’est difficile pour un vieil homme comme moi de suivre le jargon des jeunes gens d’aujourd’hui. Et bien, un médecin de vol est un médecin ayant une formation spécialisée et des antécédents en médecine aérospatiale qui est affecté à chaque équipage lorsque ces personnes, à leur tour, sont affectées à une mission. Si je peux me permettre de traduite et paraphraser une page Web de la NASA, un médecin de vol supervise les soins de santé et la formation médicale de son équipage, alors que celui-ci se prépare pour sa mission. Elle / il prend également en charge tout problème médical survenu avant, pendant et après la dite mission. Vous savez quoi, il y a une faible possibilité que vous avez peut-être eu raison de demander des informations supplémentaires sur ce qu’un médecin de vol fait. Peut-être.
Incidemment, le médecin de vol affecté à l’astronaute canadien Davis Saint-Jacques est Raffi Kuyumjian. Votre humble serviteur a le plaisir de rencontrer ces 2 agréables gentilshommes, sans parler d’autres agréables individu(e)s, lors du travail sur une exposition semi-permanente, La santé dans l’espace : l’audace d’explorer, présentée au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario. Bonjour EP, EG et SB! Une version itinérante de cette exposition pourrait apparaître dans un lieu près de vous au cours des prochaines années. Au risque de ressembler à quelqu’un qui claironne son propre succès, allez la voir. Elle est plutôt cool, mais revenons à notre histoire.
Carpentier participe à quelques missions du programme Gemini. De fait, il est le médecin sur place à bord des hélicoptères qui récupèrent les astronautes de Gemini 5, 6 et 7 après l’amerrissage. Carpentier se joint ensuite au programme Apollo. Il joue un rôle essentiel dans la collecte des données médicales des astronautes avant et après chaque mission. Vous voyez, certaines personnes veulent réduire le nombre de tests. Carpentier tient toutefois son bout. Le commandant de la mission Apollo 7, Walter Marty « Wally » Schirra, un gentilhomme mentionné dans un numéro de juillet 2018 de notre blogue / bulletin / machin, en vient à croire qu’il a raison. Cette mission d’octobre 1968 fixe à toute fin utile les normes des tests médicaux pour le reste du programme Apollo.
Cela étant dit (tapé?), la mission Apollo 11 de juillet 1969, à l’origine du premier atterrissage humain sur un corps extraterrestre, est sans aucun doute la préférée de Carpentier. Et oui, un Canadien est le médecin de vol de l’équipage d’Apollo 11 (Edwin Eugene « Buzz » Aldrin, Junior, Neil Alden Armstrong et Michael Collins). Il est là pour leur souhaiter bonne chance quand ils montent à bord de leur vaisseau spatial. Carpentier est également à bord de l’hélicoptère Sikorsky SH-3 Sea King de la United States Navy qui hisse les 3 astronautes au milieu de l’océan. Il vérifie les signes vitaux de chaque homme au fur et à mesure qu’ils montent à bord. Et oui, Apollo 11 est mentionnée dans un numéro de mai 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Et oui de nouveau, ami(e) lectrice ou lecteur qui oublie, la collection à couper le souffle du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada d’Ottawa, Ontario, comprend un CH-124 Sea King livré en 2019. Et oui, ce type d’hélicoptère est mentionné dans un numéro de février 2019 de notre blogue / bulletin / machine.
Carpentier et les astronautes quittent le Sea King ensemble, ces derniers vêtus de leur vêtement d’isolement biologique, et entrent dans la Mobile Quarantine Facility (MQF) où ils restent 2 semaines afin de s’assurer qu’aucun agent pathogène lunaire n’est ramené sur Terre. La crainte de contagion est particulièrement forte étant donné que le président Richard Milhouse « Tricky Dick » Nixon est à bord du porte-avions de la United States Navy où les astronautes se trouvent lors du voyage de retour aux États-Unis. Et oui, Nixon est mentionné dans un numéro de mai 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
A vrai dire, Carpentier a déjà passé une semaine au MQF avec John Hirasaki, un ingénieur en mécanique de la NASA chargé de l’entretien des équipements de la remorque et de la préparation des échantillons lunaires pour expédition. Sur une note moins officielle, Carpentier et Hirasaki jouent également le rôle de serveur et cuisinier lors du voyage de retour aux États-Unis.
La MQF est une remorque convertie hermétique fabriquée par Airstream Company, un fabricant emblématique s’il en est un. Introduite en 1936, la Airstream Clipper est la première d’une longue série de remorques à angles arrondis sur le dessus et recouvertes d’aluminium poli. Elle s’inspire de concepts créés par un célèbre concepteur d’avions / planeurs, William Hawley Bowlus, un gentilhomme qui supervise la construction d’un avion très important, le Ryan NYP Spirit de Saint-Louis piloté à travers l’Atlantique en mai 1927 par Charles Augustus Lindbergh, un gentilhomme mentionné dans des numéros de septembre 2017, septembre 2018 et novembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin.
En 2019, Airstream est une division de Thor Industries Incorporated, une société à ne pas confondre avec Thor Industries Limited, une firme mentionnée dans un numéro de novembre 2018 de ce même blogue / bulletin / machin. Vous vous souvenez du lave-vaisselle et machine à laver combinés Thor Automagic, n’est-ce pas? Soupir… Passons à autre chose.
Saviez-vous que la NASA a exploité une petite flotte de maisons motorisées Airstream pour transporter les astronautes vers leurs aires de lancement? Un de ces véhicules s’appelait, vous l’aurez deviné, l’Astrovan.
Une fois de retour à terre, la susmentionnée MQF est transportée par avion vers un grand centre de quarantaine avec salon, salle à manger, dortoir, cuisine, ainsi que plusieurs laboratoires, appelé Lunar Receiving Laboratory. Les astronautes, Carpentier et Hirasaki rejoignent un groupe de personnes de soutien qui y sont scellées une semaine auparavant. Tous ces gens passent 2 autres semaines en quarantaine.
Si Aldrin, Armstrong et Collins sont désormais les êtres humains les plus célèbres sur cette Terre, Carpentier est sans aucun doute le médecin le plus célèbre des États-Unis, et au-delà. Malheureusement, Hirasaki est à peu près oublié.
Entre fin septembre et début novembre 1969, Aldrin, Armstrong, Collins et leurs épouses, sans parler de Carpentier, mais pas de son épouse, participent à une tournée éclair du globe baptisée Giantstep-Apollo 11 Presidential Goodwill Tour. Ils ne visitent pas moins de 22 pays en 38 jours – mais pas le Canada.
Croiriez-vous que Aldrin, Armstrong and Collins sont à Ottawa début décembre 1969? Le premier ministre du Canada, Joseph Philippe Pierre Yves Elliott Trudeau, est présent pour les accueillir sur la colline parlementaire. Et si vous ne me croyez pas, vous pouvez aller au, non, pas où vous pensez, vilain(e) ami(e) lectrice ou lecteur. Vous pouvez aller à
Les 3 astronautes, accompagnés par Carpentier, participent à une conférence de presse à Montréal plus tard en semaine.
Carpentier et son équipe médicale sont présents à tout moment lors du voyage de retour d’Apollo 13, en avril 1970. Son rôle dans cette quasi-catastrophe est tel que Nixon lui décerne la Presidential Medal of Freedom, une des plus hautes distinctions civiles des États-Unis.
Le médecin canadien est également le médecin de vol de l’équipage d’Apollo 14 (Edgar Dean « Ed » Mitchell, Stuart Allen « Stu » Roosa et Alan Bartlett Shepard, junior) en février 1971.
Étant donné ses contacts étroits avec des astronautes qui ont marché sur la Lune, Carpentier est parfois surnommé le médecin des piétons lunaires, ou « moonwalkers. » Qu’en est-il de l’acronyme WFP, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur patient(e)? Et bien, Carpentier gagne ce surnom, qui signifie « World Famous Physician, » ou médecin connu mondialement, quand quelqu’un le décrit apparemment comme tel sur une liste de passagères et passagers de Air Force One, un Boeing VC-137 Stratoliner, autrement dit un avion de ligne Modèle 707 spécialement équipé utilisé par le président des États-Unis, Nixon dans ce cas.
Carpentier quitte la NASA en 1973. Après avoir complété une bourse de recherche en médecine nucléaire à la Baylor University, au Texas, il devient chercheur au Scott & White Memorial Hospital, l’actuel Baylor Scott & White Health, au Texas. Carpentier continue apparemment à travailler pour la NASA en tant que consultant à temps partiel. Il prend sa retraite en 2003. Remarquablement, Carpentier retourne apparemment à la NASA en tant que consultant impliqué dans des sujets aussi divers que le système cardiovasculaire des astronautes et l’exposition aux radiations lors d’une future mission vers Mars.
Pour une raison ou une autre, Carpentier renonce à sa citoyenneté canadienne en 1993.
Une petite question si je peux me le permettre. Vrai ou Faux, Carpentier est-il le premier médecin de l’espace du Canada? La réponse à cette question est… Faux. Dwight Owen Coons, un médecin de l’air respecté de l’Aviation royale du Canada, rejoint la NASA en 1963 en tant que directeur médical adjoint du susmentionné Manned Spacecraft Center, ce qui est fichtrement impressionnant si j’ose le dire. Il travaille au programme Gemini et contribue à la conception de la combinaison spatiale utilisée pour la première sortie dans l’espace américaine, réalisée en juin 1965 par Edward Higgins « Ed » White II. Coons aide par la suite à préparer le susmentionné Lunar Receiving Laboratory. Il participe également à la sélection des premiers astronautes scientifiques, en 1967. Plutôt populaire à la NASA, même parmi la plupart des astronautes, qui peuvent être un peu irritables à certains moments, Coons entre en pratique privée en 1969. Ce pionnier meurt en 1997 à l’âge de 72 ans.
Incidemment, la toute première sortie dans l’espace a lieu en mars 1965. Elle est réalisée par le cosmonaute soviétique Alexeï Arkhipovitch Leonov, un gentilhomme mentionné dans un numéro de décembre 2018 de notre blogue / bulletin / machin.
Est-ce tout pour aujourd’hui, demandez-vous? Et bien, pour citer Gru dans le film à succès Détestable moi / Moi, moche et méchant de 2010, dans un contexte totalement différent, oui, ça l’est.
Je souhaite remercier toutes les personnes qui ont fourni des informations. Toute erreur contenue dans cet article est de ma faute, pas de la leur.