Rêver un impossible rêve, Partie 3
Bien le bonjour, ami(e) lectrice ou lecteur. Sommes-nous prêts? Allons-y. Malgré les échecs successifs des projets de production de son LZ-5 aux États-Unis et au Canada, Doman Helicopters, Incorporated n’abandonne pas l’espoir de commercialiser cet hélicoptère – ou une machine plus moderne. Il suffit de songer au Doman D-12, un petit hélicoptère biplace proposé en 1958. Il est bon de noter que le LZ-5 fabriqué au Canada peut avoir effectué au moins un vol de démonstration à l’aéroport du Bourget, à Paris, dans le cadre d’un Salon international de l’aéronautique. Il porte alors une immatriculation civile américaine.
Au début des années 1960, Doman Helicopters forme un partenariat avec un avionneur américain d’importance secondaire, Kaiser Fleetwings Corporation, afin de mettre au point un hélicoptère léger d’observation pour la United States Army – un programme mentionné dans un numéro d’octobre de ce bulletin / blogue / machin. Ce KD-161 demeure à l’état de projet.
Début 1960, Doman Helicopters signe un accord avec Aeronautica Sicula Società Anomima, une compagnie associée à Società Aeronautica Italiana Ambrosini, un avionneur italien d’importance secondaire. Ce projet de production impliquant le D-10, un dérivé du LZ-5 dessiné vers 1958, ne mène nulle part. Doman Helicopters renoue par la suite ses liens avec son partenaire italien, rebaptisé entretemps Società Aeronautica Italiana (SAI), afin qu’il fabrique des fuselages qui seraient complétés aux États-Unis par une autre compagnie. SAI est évincée du projet vers 1965. Celui-ci ne tarde toutefois pas à s’évanouir en fumée. Doman Helicopters éprouve en effet de sérieuses difficultés depuis le début des années 1960.
Le petit avionneur met fin à ses activités vers 1961. Elle transfère alors ses actifs à une nouvelle compagnie, Caribe Doman Helicopters, Incorporated, basée à Porto Rico, une île des Antilles et territoire non incorporé des États-Unis. Là encore, les espoirs de Doman et de ses collègues sont déçus. Ils ne reçoivent aucune commande. En 1967, Doman Helicopters devient Berlin Doman Helicopters, Incorporated. Ce changement n’améliore nullement la situation. L’hélicoptère triturbine à 10 places BD-68 et son dérivé moins coûteux, le BD-19 biturbine à 9 places, ne dépassent pas l’étape de la maquette en vraie grandeur. Berlin Doman Helicopters ferme ses portes vers 1969. Cet échec illustre fort bien les sérieuses difficultés rencontrées par les petits avionneurs qui tentent de se tailler une place dans un marché dominé par quelques grosses compagnies américaines, britannique et française.
Doman se joint au personnel de la division Vertol de Boeing Company vers 1970. Il y travaille sur quelques projets d’hélicoptères. Vers 1974-75, le géant aérospatial américain fait de lui le responsable de ses travaux de recherche en matière d’éoliennes. Le choc pétrolier de 1973-74 a en effet cogné dur et plusieurs compagnies américaines s’intéressent aux énergies renouvelables. Boeing ayant décidé de ne pas se lancer plus avant dans ce domaine, Doman déménage chez Hamilton Standard Propeller Corporation, une division de United Aircraft Corporation, un autre géant aérospatial américain. Il supervise la mise au point de deux types d’éoliennes gigantesques qui ne semblent pas être produites en série.
Doman collabore par la suite avec des ingénieurs italiens. L’éolienne de conception avancée qu’ils mettent au point, connue sous le nom de Gamma, ne dépasse pas le stage du prototype. Installé vers 1992, celui-ci est victime d’un accident. Ce concept change de mains à quelques reprises au fil des ans. Vers 2003, Doman et un ingénieur italien fonde Gamma Ventures, Incorporated pour en commercialiser les droits de production, sans grand succès il faut l’avouer. Doman meurt en juin 2016, à l’âge de 95 ans. Une société basée aux Pays-Bas, Seawind Ocean Technologies Besloten Vennootschap, tente alors de relancer son éolienne Gamma.
Un dernier détail avant de vous quitter, si vous me le permettez. Doman-Fleet Helicopters Limited, la petite société fondée par Doman Helicopters et son allié canadien, Fleet Manufacturing Limited, devient Dumont Aluminium Products Limited en juin 1961. Cette société basée à Hamilton, Ontario, fabrique des auvents, des contre-fenêtres et des parements en aluminium pour le marché domiciliaire canadien, alors en pleine expansion. Souhaitant éliminer son déficit pour l’année 1963, Fleet Manufacturing vend la compagnie à un compétiteur, Shully’s Industries Limited de Malton, Ontario, vers septembre de la même année.