Pourquoi est-ce que personne ne m’a dit qu’il avait un de ces… trucs? Partie 2
Bon jour à vous, ami(e) lectrice ou lecteur. Vous souvenez-vous du sujet du numéro de cette semaine de notre blogue / bulletin / machin? Un ou quelques aéroglisseurs? Très bien. Commençons.
Il était une fois, vers 1968-69 pour être plus précis, la Missionary Aviation Fellowship (MAF), une organisation chrétienne dont les principaux centres opérationnels se trouvent au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Australie, alors active dans la région du lac Tchad, en Afrique. Les niveaux d’eau fluctuants de cette masse d’eau autrefois immense signifient que les pilotes des hydravions à flotteurs utilisés pour atteindre les populations locales se heurtent à des difficultés croissantes. Un ingénieur de maintenance britannique et pilote (commercial?) qui se rend au lac Tchad vers 1966 pour aider MAF, Timothy J. R. «Tim» Longley, réfléchit longuement à cette question. Un aéroglisseur simple et fiable avec un système de commande précis semble être le meilleur moyen de négocier le terrain difficile à proximité immédiate du lac Tchad. Le travail commence vers 1970.
Un prototype du très innovant aéroglisseur de MAF, connu sous le nom de Missionnaire, est complété en 1973 par des étudiants d’une école secondaire anglaise. Il vole pour la première fois en août. À un moment donné, Pindair Limited reçoit une commande de 2 exemples légèrement modifiés de cet aéroglisseur à 5 places. Il semble toutefois qu’elle ne complète pas sa commande. Vous vous souvenez de Pindair, n’est-ce pas?
Des discussions à la fin des années 1970 avec une société britannique, Ingles Hovercraft Associates Limited, pour les droits de fabrication du Missionnaire s’avèrent réussies. Cela étant dit (tapé?), les aéroglisseurs sont apparemment fabriqués sous licence par Dodnor Marine Limited avant la fermeture de cette société britannique vers 1983-84. Ces aéroglisseurs sont peut-être commercialisés en tant que, vous l’aurez deviné, Skima 6 par une compagnie du nom de Skima Hovercraft Limited, qui succède à Pindair lorsque cette dernière ferme ses portes, vers septembre 1983. À cette époque, les aéroglisseurs fabriqués par cette compagnie se retrouvent dans plus de 65 pays, dont le Canada.
Votre humble serviteur a pensé que vous, ami(e) lectrice ou lecteur, seriez si attristé(e) par l’idée de perdre le reste de l’histoire que j’ai choisi de la garder. Vous pourrez me remercier plus tard.
J’ai par conséquent le plaisir de vous annoncer que MAF appelle ses aéroglisseurs à cabine à 6 places River Rover. Et oui, ce nom tire son origine d’un des véhicules tous terrains à roues les plus réussis du 20ème siècle, et un véhicule britannique en fait, du moins à cette époque, la Land Rover. Et non, il n’y aura pas de pontification sur cette machine incroyable. Malheureusement, il semble qu’aucun River Rover ne se rend au lac Tchad.
L’expédition médicale menée conjointement par la British Army et la Royal Air Force mentionné dans la première partie de cet article met à l’essai un ou quelques River Rover au Népal en 1978-79, en utilisant le réseau fluvial du pays pour atteindre des communautés isolées. Un ou quelques aéroglisseurs vont au Pérou et en Chine en 1982 et 1990.
En novembre 1991, HoverAid Trust, une organisation caritative centrée sur l’utilisation d’aéroglisseurs pour aider les personnes dans le besoin, est créée au Royaume-Uni, apparemment pour soutenir un projet à long terme d’aide en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Deux River Rover s’y rendent. Un autre se rend au Nicaragua, où HoverAid participe à un programme de développement au cours des années 1990. Un autre River Rover va en Zambie. Face aux difficultés de financement et au manque d’infrastructures dans les pays en développement qu’elle souhaite aider, HoverAid jette l’éponge en 1999.
En mars 2000, le Mozambique est frappé par des cyclones dévastateurs. Il y a des inondations généralisées. Très consciente que son River Rover, parfaitement utilisable, est toujours en Zambie, la direction de HoverAid lance un appel à ses partisan(te)s. L’aéroglisseur et une petite équipe sont rapidement transportés au Mozambique où, en coopération avec World Vision International, une organisation chrétienne évangélique de campagne, d’aide humanitaire et de développement, ils fournissent une assistance à plus de 10 000 personnes. Le River Rover et son équipe se rendent au Malawi voisin en 2001, lorsque ce pays fait face à des inondations causées par des cyclones.
HoverAid existe encore en 2019. Elle est constituée de 4 agences situées au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, à Madagascar et en France. Plus d’un River Rover sont encore opérationnels. Mais revenons à nos Skima.
Le Pindair Skima 12 est, vous l’aurez deviné, un aéroglisseur à 13 places. Oui 13, 1 pilote et 12 passagères / passagers. Cette machine utilitaire semi-gonflable est proposée pour diverses utilisations mais n’est peut-être pas fabriquée en grand nombre. Pourtant, des Skima 12 peuvent (encore??) être trouvés à l’aéroport de Auckland, Nouvelle-Zélande, en tant que véhicule de sauvetage en cas d’accident, et en Amérique du Sud et aux Maldives, un archipel indépendant situé au large des côtes de l’Inde, avec des compagnies de traversier, et en Afrique, avec la Nigeria Police Force. Incidemment, le Skima 12 est une version fabriquée sous licence du Griffon, une machine développée par une autre société britannique, Griffon Hovercraft Limited.
Le Skima 5 est un aéroglisseur à 5 places testé au début des années 1980. Il n’est peut-être pas mis en production.
Avant la fin des années 1970, Pindair travaille sur quelques concepts pour quelques clients à la recherche de remorques repliables / gonflables ou rigides de type aéroglisseur. On peut se demander si ces projets dépassent le stade de la conception.
Êtes-vous un(e) fan de Doctor Who, ami(e) lectrice ou lecteur? Votre humble serviteur doit reconnaître que je n’ai jamais développé une affinité pour cette série télévisée de science-fiction diffusée par British Broadcasting Corporation (BBC) entre 1963 et 1989, et depuis 2005. Doctor Who est sans doute une des séries télévisées de science-fiction les plus réussies et populaires de tous les temps. Elle dépeint les aventures d’une très vieille créature extraterrestre, connue seulement sous le nom de Doctor, dont le vaisseau spatial lui permet de voyager dans l’espace et le temps. Et oui, il y a une raison derrière cette brève pontification.
Vous voyez, et vous verrez bien si vous regardez l’épisode, en mai 1974, la BBC diffuse un épisode de Doctor Who intitulé Planet of the Spiders, Part 2, qui contient une scène de poursuite de 12 minutes mettant en scène un méchant au volant de la Whomobile, je ne plaisante pas, poursuivi par une voiture de police, un autogire, un bateau et un aéroglisseur Pindair. Cet aéroglisseur est conduit par le susmentionné Pinder. Cela étant dit (tapé?), l’acteur / artiste britannique qui joue le rôle du Doctor entre 1970 et 1974, Jon Pertwee, né John Devon Roland Pertwee, un gentilhomme qui aime se déplacer à grande vitesse dans des véhicules de divers types, est à ce point enchanté par l’aéroglisseur qu’il en achète un pour l’utiliser près de sa maison de vacances située sur l’île Eivissa / Ibiza, dans les Iles Baléares, un archipel espagnol de la mer Méditerranée.
Croiriez-vous qu’un Skima 4 se rend jusqu’en Antarctique, par avion, dans la dépendance de Ross, un territoire revendiqué par la Nouvelle-Zélande, pour être plus précis, au début de 1977? L’organisation qui emprunte / loue cet aéroglisseur, sans doute la division antarctique du Department of Scientific and Industrial Research, s’intéresse à l’utilisation d’aéroglisseur sur le continent glacé au-dessous du monde depuis 1965. Des essais avec un aéroglisseur néo-zélandais, prévus pour 1970-71, doivent être abandonnés lorsque le fabricant se retire du projet.
Quoi qu’il en soit, si les performances du Skima 4 sont plutôt bonnes, il n’est pas bien adapté aux conditions éprouvantes rencontrées lors des essais, à McMurdo Station, un centre de recherche américain situé dans la dépendance de Ross. Compte tenu de cela, l’aéroglisseur retourne rapidement dans des climats plus chauds, probablement par voie aérienne. Vous vous souvenez que le gouvernement américain ne reconnaît pas les revendications de divers pays sur des morceaux de l’Antarctique, n’est-ce pas? Soupir. Puis-je souligner que ce factoïde géographique / géopolitique est mentionné dans un numéro de mai 2019 de blogue / bulletin / machin?
Vous serez peut-être heureuse / heureux d’entendre (lire?), ami(e) lectrice ou lecteur, que le Centre for Overseas Pest Research, en Angleterre, transforme un autre Skima 4 en un aéroglisseur de pulvérisation des cultures capable d’appliquer des pesticides sur des champs trop détrempés pour des véhicules à roues. Les essais menés en 1978 s’avèrent assez efficaces, mais cette nouvelle approche n’est apparemment pas mise à profit à l’étranger, ni au Royaume-Uni d’ailleurs.
Vers 2015, Asrai Marine Limited et Norfolk Hovercraft Company au Royaume-Uni et Rebel Hovercraft Limited Liability Company aux États-Unis s’affairent à reconcevoir et relancer la famille des aéroglisseurs Skima. Des projets sont en cours pour les fusionner toutes les 3 dans une organisation britannique, Asrai Group. À première vue, ces plans ne vont nulle part.
Avant de quitter l’antenne, votre humble serviteur doit s’excuser pour avoir passé autant de temps loin de Peter Mayer, le gentilhomme dont les activités nous ont attiré vers cette histoire, comme il a été dit dans la première partie de cet article, et de ses aéroglisseurs. Malheureusement, il est impliqué dans un très sérieux accident d’automobile à la toute fin des années 1970 ou au tout début des années 1980. Il prend plus ou moins sa retraite à ce moment. il est à noter que Mayer et son fils Guy Mayer sont encore parmi nous fin 2019.
Une dernière chose, si je puis me permettre, pour citer le lieutenant de police Columbo, joué à la télévision par l’irremplaçable Peter Michael Falk. Saviez-vous qu’un Skima 4 aéroglisse toujours au Canada, plus précisément en Ontario, au moins jusqu’en 2016? Votre humble serviteur se demande si une telle machine peut constituer un ajout intéressant à la collection du Musée des sciences et de la technologie du Canada, à Ottawa, Ontario – une institution sœur / frère du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa.
Je vous dis ça comme ça.
Portez-vous bien, ami(e) lectrice ou lecteur.
L’auteur de ces lignes souhaite remercier toutes les personnes qui ont fourni des informations. Toute erreur contenue dans cet article est de ma faute, pas de la leur.