Peut-on avoir le mal de mer en roulotte?
Bonjour, ami(e) lectrice ou lecteur, et bienvenue au premier numéro de 2019 de notre blogue / bulletin / machin sur le monde merveilleux de l’aviation et de l’espace, et… Qu’y a-t-il? Vous ne pensez pas qu’une roulotte à coussin d’air cadre avec le mandat du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada d’Ottawa, Ontario? Je diverge respectueusement d’opinion. Cet hybride improbable a effectivement décollé, n’est-ce pas? En outre, vous ne pouvez pas me dire que vous n’êtes pas au moins un peu intrigué(e) par l’image que votre humble serviteur a tiré du numéro de janvier 1969 du mensuel britannique Air-Cushion Vehicles? Et oui, nous avons parlé des aéroglisseurs dans les numéros de mars et mai 2018 de notre blogue / bulletin / machin. Que puis-je dire, j’aime les aéroglisseurs. Voilà.
Je suis heureux de vous confirmer que le véhicule sur notre photo est bien une roulotte à coussin d’air et… Non, non, je ne plaisante pas. Ce véhicule, dis-je, est fabriqué par Caravans International Limited. Cette société britannique, également connue sous le nom de CI Group, a été un acteur majeur du secteur de la roulotte britannique, et…
Vous pensez encore que je tente de me payer de votre tête, n’est-ce pas? Fort bien, je n’ai par conséquent d’autre choix que d’inclure dans cet article la légende de la photo de Air-Cushion Vehicles :
Construite pour être utilisée dans la série télévisée « Chapeau melon et bottes de cuirs, » cette « Hoversprite » est l’invention de Dan Reece et Henry Overman qui en ont fait la démonstration à Londres le mois dernier. La roulotte Sprite Musketeer a une jupe tout autour, un moteur de sustentation monté à l'intérieur et une unité de propulsion au-dessus.
Maintenant, vous pouvez vous demander pourquoi une entreprise réputée comme Caravans International s’impliquerait dans la fabrication d’un véhicule aussi peu pratique qu’une roulotte à coussin d’air. L’information à cet égard est un tantinet incertaine, si je peux m’exprimer de la sorte. Alors que certains affirment que ce véhicule est construit à des fins publicitaires, d’autres affirment que la Hover-Sprite est un véhicule de recherche utilisé pour déterminer le potentiel de véhicules de ce type. Cela étant dit (tapé ?), comme nous le savons tous les deux, il est également suggéré que notre roulotte planante est construite pour être utilisée dans au moins un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir – en anglais The Avengers. Quoiqu’il en soit, la Hover-Sprite ne connaît pas de succès commercial.
Et non, les personnages de la susmentionnée Chapeau melon et bottes de cuir n’ont rien à voir avec l’univers de bande dessinée créé par les artistes talentueux de Marvel Comics Incorporated / Marvel Worldwide Incorporated. Chapeau melon et bottes de cuir est une série télévisée d’espionnage britannique diffusée entre 1961 et 1969. Elle peut être assez humoristique et… Mais qu’avez-vous donc aujourd’hui, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous avez déjà une seconde question? Un des personnages emblématiques de Chapeau melon et bottes de cuir, la formidable Emma Peel, est-il interprété par la même actrice qui donne ses traits à Olenna Tyrell dans la saga télévisée Le trône de fer? Et bien, oui, il l’est, bien sûr. Alors, où en étions-nous? Oh oui. Le moment est venu de pontifier sur les origines de la Hover-Sprite.
Dans quel épisode de Chapeau melon et bottes de cuir la Hover-Sprite est-elle apparue, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur légèrement ennuyeuse/ ennuyeux? Et bien, je dois répondre que je ne pense pas qu’elle apparaît réellement dans la série, ce qui est dommage. Sérieusement, le moment est vraiment venu de pontifier sur les origines de la Hover-Sprite.
Pour faire court, les ingénieurs de Caravans International transforment une roulotte à 4 couchettes Sprite Musketeer parfaitement normale en une seul et unique Hover-Sprite. Ils le font avec l’aide de 2 passionnés de l’aéroglisseur, Dan Reece et Henry Overman. De fait, il semble que Reece soit aux commandes de la Hover-Sprite lors d’une démonstration à Londres en décembre 1968. À l’époque, ce gentilhomme est peut-être intéressé professionnellement par les petits aéroglisseurs depuis plus longtemps que quiconque sur cette Terre.
Saviez-vous qu’une Sprite Musketeer remorquée par une voiture de sport britannique établit un record mondial de vitesse (non reconnu?) de 164 kilomètres / heure (102 milles / heure) in 1964? Yii ahh!
Bien que né au Royaume-Uni, Reece attrape le virus du coussin d’air en Australie au début des années 1960. Cet ancien pilote de ligne participe en fait à la première course d’aéroglisseurs au monde. Reece est l’un des 10 pilotes sur la ligne de départ, à Canberra, Australian Capital Territory, en mars 1964. Contrairement à ce que certaines sources disent, il ne semble pas gagner. Reece compte cependant parmi les 5 pilotes qui complètent le circuit, sous les acclamations de 10 à 20 000 personnes.
Reece déménage ensuite au Royaume-Uni, où il participe au premier rassemblement d’aéroglisseurs amateurs organisé en Europe, si ce n’est dans le monde entier, en juin 1966. Ce rassemblement est organisé par un passionné de l’aéroglisseur, Lord Brassey, également connu sous le nom de baron Brassey d’Apethorpe, né Bernard Thomas Brassey. Reece rejoint le personnel de Hover-Air Limited, une entreprise de fabrication d’aéroglisseurs fondée par Brassey en mars ou août 1966, afin de concevoir et de produire des aéroglisseurs à usages privé et agricole. Il est l’un des trois directeurs de la société et son concepteur principal.
Afin de concevoir et de fabriquer des aéroglisseurs, Hover-Air doit signer un accord de licence avec British Hovercraft Corporation (BHC) et Hovercraft Development Limited (HDL), une filiale de National Research Development Corporation (NRDC) créée pour gérer tous les accords de licence utilisant des idées développées par le père de l’aéroglisseur, un ingénieur britannique du nom Christopher Sydney Cockerell. Malgré tout, Hover-Air ne peut fabriquer que des aéroglisseurs à 1 ou 2 places de puissance limitée. Et oui, BHC est mentionnée dans des numéros de mars et mai 2018 de notre blogue / bulletin / machin. Incidemment, NRDC est créée en 1948 par le gouvernement britannique pour encourager le financement des inventions britanniques. Croiriez-vous que The Inventors’ Club, une série télévisée très populaire mise en ondes pour encourager la production d’inventions britanniques mentionnée dans un numéro d’octobre 2018 de notre blogue / bulletin / machin, est diffusée pour la première fois en 1948?
Hover-Air crée une filiale, Hover Hire Limited, à la fin de 1966, afin de fournir ses petits aéroglisseurs aux groupes et particuliers qui en veulent pour des essais, de la formation et des démonstrations.
Reece conçoit bientôt un aéroglisseur léger / de petite taille pour Hover-Air. Il effectue peut-être lui-même le premier essai du monoplace (HA-1?) Hoverbat, en octobre 1966. L’entreprise envisage de produire des kits et des exemplaires complets de cet aéroglisseur au Royaume-Uni et au Canada. Fondée à la fin de l’hiver 1966-67, Canadian Hover-Air Limited de Fredericton, Nouveau-Brunswick, est la propriété de Hover-Air et d’investisseurs originaires du Canada et des États-Unis. Reece est au Canada pour finaliser la transaction.
Selon certain(e)s, Canadian Hover-Air est pour ainsi dire une filiale de Chestnut Canoe Company de Fredericton, un des plus importants fabricants canadiens de canoës en bois et tissu depuis plusieurs années. À première vue, elle ne demeure pas active très longtemps. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur amant(e) de la nature, la collection du Musée des sciences et de la technologie du Canada, à Ottawa, une institution sœur / frère (Frère diabolique ? Désolé.) du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, a dans sa collection un canot fabriqué par Chestnut Canoe.
Vous serez peut-être heureuse / heureux d’entendre (lire?), ou peut-être pas, que le Hoverbat est le premier aéroglisseur léger / de petite taille disponible en kit au Royaume-Uni, si ce n’est dans le monde entier. Croiriez-vous qu’une petite équipe assemble un kit en janvier 1967 lors du International Boat Show tenu à Londres? Ce Hoverbat quitte le site par ses propres moyens. Remarquez, les amateurs avec un peu plus d’argent peuvent acheter un Hoverbat complet avec une jolie palette de couleurs. Fin de 1966 ou début de 1967, des pilotes d’aéroglisseur stagiaires affectés à l’escadron d’essais d’aéroglisseur du Royal Corps of Transport de la British Army, une unité fondée en 1966 et mentionnée dans un numéro de mai 2018 de notre blogue / bulletin / machin, passent quelque temps aux commandes d’un Hoverbat prêté à leur unité pour une période de 2 semaines.
Un autre titre de gloire du Hoverbat réside dans le fait que le prototype est acquis en 1966 par un grand journal de droite londonien. Il est rapidement modifié en profondeur par une équipe d’écoliers londoniens agissant sous la direction de John Vass, le rédacteur en chef adjoint de ce journal. Considérant que l’aéroglisseur est une invention britannique, la direction du The Daily Express entame la promotion du développement d’un sport amateur populaire, le « hoverplaning, » destiné à être exécuté par des « hovernauts » enthousiastes. Croiriez-vous que, au début de 1967, le journal va jusqu'à céder des Hoverbats complets aux 6 gagnants d’un concours qu’il a organisé?
L’aéroglisseur biplace Express Air Rider, comme on appelle le Hoverbat modifié, doit servir de banc d’essai pour les idées envoyées par des centaines, voire des milliers de passionnés et / ou de constructeurs amateurs d’aéroglisseurs. Il est exposé au susmentionné International Boat Show. Le Air Rider remporte même un concours national en juillet 1967.
Une liasse complète de plans pour le Air Rider est bientôt prête. Le premier aéroglisseur assemblé grâce à elle est mis à l’essai en avril 1968. Au début des années 1970, le Air Rider compte parmi les aéroglisseurs légers / de petite taille les plus populaires et réussis au monde. Une centaine sont en construction dans des écoles britanniques. Mieux encore, plus de 5 000 établissements d’enseignement et constructeurs amateurs du monde entier contactent The Daily Express pour obtenir des liasses de plans. Personne ne saura jamais combien de Air Rider sont réellement terminés et utilisés.
Saviez-vous que le premier club d’aéroglisseur au Canada est apparemment situé à Fredericton? Apparemment affilié au Hover Club of Great Britain, le Hover Club of Canada voit le jour en janvier 1967. Son secrétaire honoraire est une personne profondément intéressée à aider les constructeurs amateurs d’aéroglisseurs canadiens à avoir accès aux kits d’un ou quelques bons véhicules. Peter Rubie est un vétéran britannique de la Seconde Guerre mondiale qui a servi dans la British Army. Incidemment, il est également directeur général de Canadian Hover-Air. Il semble que Rubie a tout un esprit d’entreprise. Malheureusement, il ne connaît jamais beaucoup de succès.
Reece conçoit une version à 2 places du Hoverbat appelée HA-2 Hovertwin, sans oublier un dérivé de pulvérisation de culture appelé HA-3. À la fin de 1966, il conçoit également un aéroglisseur à 5 places doté d’un système de jupe original non couvert par l’accord de licence conclu avec BHC et HDL. Le nouvel aéroglisseur, testé au début de 1967, est créé pour répondre à une demande soumise par un célèbre océanographe / inventeur / environnementaliste / cinéaste / auteur français. Jacques-Yves Cousteau pense qu’un aéroglisseur peut être utile lors du tournage de sa célèbre série télévisée américaine, L’Odyssée sous-marine de Jacques Cousteau, diffusée entre septembre 1966 et mai 1976. Votre humble serviteur se souvient d’avoir regardé cette remarquable série, en français, il y a bien longtemps dans une galaxie très, très lointaine.
Je n’ai pas encore trouvé d’information concernant l’utilisation de l’aéroglisseur à 5 places par l’équipe Cousteau. Pour faire court, je ne suis pas sûr que cette machine soit livrée, voire même terminée. Et non, votre humble serviteur ne peut pas dire si l’aéroglisseur de Cousteau est connu sous le nom de HA-4.
Le principal titre de gloire de Reece, cependant, est sans doute la conception du premier aéroglisseur léger / de petite taille produit commercialement, un dérivé du Hoverbat et du Hovertwin comme on peut s’y attendre, le biplace HA-5 Hoverhawk. Un des aéroglisseurs légers / de petite taille les plus réussis au monde à la fin des années 60 et au début des années 70, le Hoverhawk est présent dans au moins 15 pays d’Afrique (Afrique du Sud, Kenya, Malawi et Zambie), d’Amérique (Canada, États-Unis et Mexique), d’Asie (Malaisie et Singapour), d’Europe (Allemagne de l’Est, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni et Suède) et d’Océanie (Australie). Ces aéroglisseurs sont évalués pour des rôles aussi variés que la pulvérisation d’herbicides dans des marécages tropicaux et le transport de courrier au-dessus de la glace et de la neige.
Soucieux de maximiser les exportations, le Ministry of Technology britannique, ou Mintech, comme on l’appelle communément, parraine divers événements et tournées. Un Hoverhawk remonte le Nil, en Égypte, en 1969, par exemple. En juin de la même année, un autre Hoverhawk effectue des démonstrations au Royal Saint Lawrence Yacht Club, à Dorval, Québec, avec 4 autres aéroglisseurs, soit 2 britanniques et 2 canadiens. La chaleur est épouvantable mais le seul problème est une pompe à essence cassée sur le Hoverhawk, qui est rapidement remplacée. Les démonstrations constituent la principale activité en plein air du Third Canadian Symposium on Air-Cushion Technology, organisé par l’Institut aéronautique et spatial canadien et une organisation internationale basée aux États-Unis, la Society of Naval Architects and Marine Engineers. Apparemment tenu à l’Aéroport international de Montréal-Dorval, ce symposium de 3 jours fait partie d’une série mentionnée dans un numéro de mars 2018 de notre blog / bulletin / machin. À vrai dire, Mintech, le symposium et les démonstrations sont toutes mentionnées dans un numéro de mai 2018 de notre blogue / bulletin / machin.
Le Hoverhawk mentionné dans le paragraphe précédent participe à une tournée des États-Unis et du Canada organisée par Mintech. Cette tournée mène au plus grand projet auquel Hover-Air a jamais participé : un contrat de 5 ans signé fin 1969 avec H.C. Paul Limited de Winnipeg, Manitoba, une division de Acklands Limited de Winnipeg. Cette entreprise, qui vend des motocyclettes, motoneiges et bateaux à moteur à travers le Canada, est convaincue que l’aéroglisseur léger / de petite taille a un avenir prometteur dans un pays aussi vaste que le Canada. Son espoir et sa foi sont vraiment grands. Vous voyez, ami(e) lectrice ou lecteur, le susmentionné contrat implique la livraison de pas moins de 4 500 Hoverhawk, Hoverhornet et Hoverlark, ces derniers étant des aéroglisseurs monoplaces dévoilés en janvier 1970 et en 1971.
H.C. Paul s’efforcerait de vendre cette multitude planante au Canada et en Alaska, sinon aux États-Unis dans leur ensemble. Le Hoverhawk pourrait intéresser les chasseurs et pêcheurs. Les Hoverhornet et Hoverlark, d’autre part, pourraient intéresser les personnes intéressées à s’amuser. Croiriez-vous que le Hoverhornet est si petit et léger qu’il peut être transporté sur le toit d’une automobile familiale? Votre humble serviteur ne peut pas dire si le Hovernaut, un aéroglisseur monoplace gonflable super compact lancé en 1971, doit être distribué au Canada. Je dois également avouer ne pas savoir combien d’aéroglisseurs de Hover-Air parviennent réellement au Canada. Ce nombre est probablement assez petit. Comment puis-je dire cela, vous demandez-vous? Et bien, ami(e) lectrice ou lecteur, c’est parce que Hover-Air fait faillite en 1971. Une vente de liquidation a lieu en octobre de cette année.
À ce moment-là, Reece est parti depuis longtemps. En effet, il quitte l’entreprise en mars 1967, peu après son retour du Canada. Au début de 1968, il est directeur des ventes d’une autre entreprise britannique de fabrication d’aéroglisseurs récemment créée, Barwren Hover Limited, une filiale d’une entreprise de construction du nom de Barton Construction Company. Il ne reste pas longtemps. À vrai dire, Reece fonde Hoverquipment Limited au printemps 1968. Son partenaire dans cette entreprise est le susmentionné Overman. Si je peux digresser 1 instant ou 4, pendant le printemps et l’été de 1968, Hoverquipment offre des balades à un petit aéroport, avec une paire d’aéroglisseurs biplaces Barwren Crested Wren loués de Bristol-Myers Corporation, et… Je sais, Je sais. Que diable peut faire une compagnie de cosmétiques avec 2 aéroglisseurs légers? Hoverquipment demeure active jusqu’en 1969-70, voire un peu plus tard. À un moment donné, Reece déménage en Afrique du Sud, possiblement après un incident assez violent impliquant un ancien employé.
Fondée en novembre 1967, Barwren Hover peut avoir fait faillite vers 1970-71. Votre humble serviteur a le sentiment que Hoverquipment ne reste pas active très longtemps non plus. En vérité, de nombreux passionnés de l’aéroglisseur fondent de petites entreprises à la fin des années 1960 et au début des années 1970 au Royaume-Uni et dans d’autres pays du monde. La plupart d’entre elles ne durent pas longtemps. La crise pétrolière de 1973 peut fort bien avoir joué un rôle dans la disparition de plusieurs de ces entreprises pionnières.
C’est à peu près tout pour aujourd’hui, j’ai bien peur, ami(e) lectrice ou lecteur. Alors que vous vous apprêtez à quitter le monde merveilleux de l’aviation et de l’espace pour retourner dans le monde réel et ennuyeux, puis-je vous offrir un petit quelque chose, une vidéo en fait, en anglais seulement je m'en excuse, provenant d’un site Web que j’aime beaucoup? La dite vidéo se trouve à
Ciao.