Il y a autre chose dans la vie que les avions, Partie 4
Salutations, ami(e) lectrice ou lecteur. Sommes-nous prêts à souffler de l’air, chaud ou froid ou peu importe? Pas de réaction? Souffler de l’air, une baleine, des aéroglisseurs? Toujours pas de réaction. Soupir. Vous n’êtes pas très rigolo(te). Quoi qu’il en soit, commençons. Comme il a été mentionné dans la Partie 1 de cet article, le petit avionneur britannique Britten-Norman Limited connaît de graves problèmes financiers en 1971. Comme nous le savons tous les deux, il est mis sous séquestre vers le mois d’octobre. En conséquence, l’entreprise devient Britten-Norman (Bembridge) Limited en novembre.
Des rapports non-confirmé parus en août 1972 affirment que l’avionneur Canadair Limited de Cartierville, Québec, une filiale du géant de la défense américain General Dynamics Corporation, s’allie aux gouvernements fédéral et québécois pour acheter Britten-Norman (Bembridge). Il est alors question de déménager au Canada la chaîne de montage du petit avion-navette BN-2 Islander et de sa version modifiée trimoteur, le Trislander, deux aéronefs ayant pris l’air en juin 1965 et septembre 1970. Ce projet échoue rapidement. Fairey Group Limited remporte finalement la palme en août 1972. Ce groupe britannique mentionné dans un numéro de mars 2018 de notre blog / bulletin / machin fonde Fairey Britten-Norman Limited et déménage la chaîne de montage dans les ateliers de sa filiale belge, Avions Fairey Société anonyme.
Avec votre permission, votre humble serviteur va maintenant pontifier sur l’Islander. La conception de cet avion commence à la fin de 1963. Deux avionneurs britanniques, F.G. Miles Engineering Limited et Westland Aircraft Limited, une compagnie mentionnée dans un numéro d’août 2017 de notre blog / bulletin / machin, fournissent un peu d’aide lorsque vient le moment de construire un prototype. Robuste, fiable, économique et bon marché, la « Land Rover du ciel, » comme l’Islander est parfois appelé, s’avère si populaire que Britten-Norman se voit forcé de trouver des partenaires pour produire tous les avions commandés. En 1968, il signe un accord avec une entreprise publique en Roumanie, un pays derrière le rideau de fer. Întreprinderea de Reparaţii Material Aeronautic assemble au moins quelques Islander en utilisant des composants expédiés du Royaume-Uni. Întreprinderea de Avioane Bucureşti, comme elle devient avant de se transformer en Romaero Societate pe Acţiuni, au début des années 1990, lorsqu’elle est privatisée, produisit bientôt des avions complets. British Hovercraft Corporation signe également un accord avec Britten-Norman pour faire des Islander.
National Aero Manufacturing Corporation, une filiale de Philippine Aerospace Development Corporation, produit quelques Islander sous licence dans les années 1970. Le gouvernement des Philippines a fondé Philippine Aerospace Development afin de développer une industrie aérospatiale nationale.
Alors que débute la seconde moitié des années 1970, Fairey Group est en difficulté. En conséquence, Fairey Britten-Norman est mis sous séquestre en août 1977. En 1978 ou 1979, un fabricant d’armes suisse bien connu, Werkzeugmaschinenfabrik Oerlikon, Bührle & Company, achète les droits de production de l’Islander de même que des ateliers au Royaume-Uni, pour poursuivre la production. Une de ses filiales, Pilatus Flugzeugwerke Aktiengesellschaft, devient la maison mère de Pilatus Britten-Norman Limited. Acquise d’Oerlikon-Bührle Holdings Limited en 1998 par une société privée d’investissements britannique, Litchfield Continental Limited, l’avionneur devient la propriété d’une société américaine qui œuvre dans le domaine de l’environnement, en 1999. Ayant fait l’acquisition de Biofarm Societate pe Acţiuni, un fabricant roumain de produits alimentaires et homéopathiques, Global Spill Management Incorporated change de nom pour devenir Biofarm Incorporated.
Britten-Norman Limited, un nouveau nom adopté avec le changement de propriétaire, est mis sous séquestre au printemps 2000. Un homme d’affaires omanais achète la société et lui donne un nouveau nom, B-N Group Limited. Cet avionneur britannique est encore actif au printemps 2018.
Au plus tard en août 2016, près de 1 180 Islander, civils et militaires, ont été fabriqués au Royaume-Uni, en Roumanie, aux Philippines et en Belgique. À un moment ou un autre, ces aéronefs volent avec plus de 500 opérateurs civils et militaires dans 120 pays. Et oui, un certain nombre d’Islander ont volé et continuent de voler au Canada aussi tard qu’en 2018. En production plus ou moins continue depuis plus de 50 ans, l’Islander est l’un des avions-navettes les plus réussis de l’histoire. Le Trislander s’avère moins populaire que son frère, avec un peu plus de 80 exemplaires achevés.
Cela étant dit (tapé?), un trio de Trislander compte parmi les aéronefs les plus étranges en apparence au Canada pendant un certain temps. Utilisées pour effectuer des levés géologiques, ces machines appartiennent à Questor Surveys Limited de Brantford ou Toronto, Ontario. Elles arrivent au Canada en 1975, environ deux ans avant l’acquisition de leur propriétaire par une société australienne, Aerodata Holdings Limited. Un des Trislander est détruit en mars 1980, alors que les 2 autres quittent le pays vers mars et juillet 1990. Ces derniers perdent tous deux leur équipement de levé sophistiqué et leur étrange apparence à un moment donné après cette date. Le dernier utilisateur d’un des Trislander est apparemment une petite société aérienne basée en Nouvelle-Zélande, Great Barrier Airlines Flight Operations Limited. L’autre avion demeure en état de vol au moins jusqu’en 2012. Son propriétaire à cette époque est un petit transporteur aérien des Philippines, PinoyAir.
Croiriez-vous que près de 20 Islander (en état de vol?) peuvent être trouvés dans le registre des aéronefs civils canadiens au début de 2018? L’un d’entre eux est le 7e avion produit, en 1967. C’est l’un des plus anciens Islander en service dans le monde. En tant que tel, il pourrait être utile de le collectionner un de ces jours, avant qu’il ne soit trop tard. Je vous dis ça comme ça.
Comme vous le savez sans doute, cinéphile dévoué(e) que vous êtes, ami(e) lectrice ou lecteur, un Islander subit un sort terrible aux mains de James Bond, l’agent secret internationalement connu, un oxymore s’il en est un, dans la quelque peu décevante superproduction Spectre de 2015. Toutes mes excuses pour ce dévoilement de secret, et c’est tout pour l’instant. Enfin, presque. Avant de vous libérer, je souhaite remercier toutes les personnes qui ont fourni des informations. Toute erreur contenue dans cet article est ma faute, pas la leur. À plus tard.