Nebo zovyot et Battle Beyond the Sun; ou, Pourquoi, oh pourquoi des Américains ont-ils bousillé un très bon film de science-fiction soviétique? Partie 2
Salutations, ami(e) lectrice ou lecteur, et bienvenue à… Qu’y a-t-il? L’image est un tantinet petite? Et bien, excusez… En fait, maintenant que vous en parlez, elle est un tantinet petite. Celle-ci serait-elle meilleure?
L’atterrissage du vaisseau spatial Rodina après son déchirant voyage dans l’espace.
Sommes-nous heureuse / heureux maintenant? Bien. Bonjour, ami(e) lectrice ou lecteur, et bienvenue à la seconde partie de notre article sur Nebo Zovyot.
Maintenant que votre humble serviteur vous a fourni l’intrigue de ce film de science-fiction soviétique, il serait peut-être intéressant d’aller derrière la dite intrigue. Et non, il n’y aura pas de maïs soufflé.
Commençons par souligner que, même s’il n’est pas un documentaire, Nebo Zovyot décrit l’avenir de l’humanité dans l’espace de manière sérieuse et réaliste, oserais-je dire quasi documentaire. Comme Kornev lui-même le déclare lors de la visite du jeune écrivain mentionné dans la première partie de cet article, il n’y a pas d’intrigue romantique, seulement du travail persistant et beaucoup de mathématiques. Même s’il lui manque la jeunesse et le physique soignés du cosmonaute archétypique de cinéma ou de la vraie vie, l’acteur qui joue Kornev apporte un sérieux et une vraisemblance manifestes au film.
Son appel à la jeune génération, à la toute fin du film, est digne de mention. Si la plupart des films spatiaux des années 1950 et 1960 ont pour objectif d’inspirer la dite génération, Nebo Zovyot est apparemment le seul à le dire ouvertement.
De la propagande, dites-vous? Bien sûr que c’en est. La Guerre froide a moins de 15 ans et il lui en reste encore plus de 30. Cependant, Nebo Zovyot est un film de propagande très différent des films de propagande produits par l’industrie cinématographique américaine.
Il convient également de noter que, bien que l’industrie cinématographique américaine produit pas mal de films de science-fiction dans les années 1950 et 1960, trop souvent des productions de qualité médiocre oubliées depuis longtemps, la science-fiction n’est pas un genre avec lequel l’industrie cinématographique soviétique joue beaucoup.
Compte tenu de la possibilité que l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) a finalement trouvé un terrain sur lequel elle peut dépasser les États-Unis et ses alliés, le gouvernement soviétique utilise tous les outils à sa disposition pour promouvoir ses succès dans l’espace. L’industrie cinématographique du pays est un de ces outils. À dire vrai, le message transmis aux spectatrices et spectateurs par le scénario de Nebo Zovyot est jugé si important que le comité central du Parti communiste de l’Union soviétique peut avoir surveillé de près son évolution.
Je viens tout juste de me rendre compte que j’avais négligé d’utiliser le nom russe de cette organisation, Kommunisticheskaya Partiya Sovetskogo Soyouza, dans des précédents numéros de notre blogue / bulletin / machin. Toutes mes excuses.
On pourrait soutenir que ce qui distingue Nebo Zovyot des autres films de science-fiction soviétiques de son époque est le symbolisme qui y est incorporé. S’il existe des moyens visibles et invisibles d’identifier les idées dominantes sur l’avenir du communisme en URSS, on ne peut s’empêcher de remarquer que ce matériel idéologique est très bien intégré dans les grandes lignes de l’intrigue du film. Remarquez, ce n’est pas forcément très subtil. Il suffit de penser aux scènes montrant les mauvais hombres de l’histoire (Bonjour, EG!), Robert Klark et Herman Verst, mentionnés dans la première partie de cet article, ou la métropole non identifiée.
Parlant (tapant?) de symbolisme, ne pensez-vous pas que le titre même de notre film de la semaine a un double sens? Si le ciel appelle effectivement vers l’aventure dans l’espace, on pourrait également affirmer que le gouvernement de l’URSS appelle sa population par le biais des médias qu’il contrôle.
Incidemment, même si Nebo Zovyot n’est pas un film haut en couleur, la mise en scène et le jeu d’action n’étant que fonctionnels, voire terre à terre, il est néanmoins tourné en couleur, selon un procédé appelé Sovcolor dont les couleurs sont loin d’être magnifiques. Soit dit en passant, Sovcolor est dérivé / copié d’un procédé allemand du milieu des années 1930 connu sous le nom de Agfarcolor Neu. Désolé, je digresse.
En ce qui concerne le jeu fonctionnel / terre à terre des personnages principaux, les individus qui ont la chance de vivre dans le très brillant avenir décrit par Nebo Zovyot seraient des exemples de Homo sapiens pratiquement parfaits à tous points de vue, des équivalents soviétiques de l’ère spatiale de Mary Poppins pour ainsi dire. Parlant (tapant?) de Poppins, suis-je le seul à la trouver un tantinet sinistre? Désolé. Vous vous souvenez bien qu’elle est mentionnée dans un numéro de juin 2018 de notre blogue / bulletin / machin, maintenant, n’est-ce pas? Soupir. Continuons.
En ce qui concerne encore le jeu fonctionnel / terre à terre des personnages principaux, on pourrait dire qu’il reflète l’art de l’époque. Il y a des pommettes volontaires, des ombres expressives et des sourcils sévères à gogo. Chaque mot prononcé porte un poids tel qu’on se sent fatigué après chaque phrase. Pourtant, Nebo Zovyot semble parfois presque surréel.
Les effets spéciaux, modèles et décors de Nebo Zovyot sont par ailleurs vraiment impressionnants. Ils ont l’air, disons, réels. Peu de films de science-fiction soviétiques projetés auparavant ont des effets spéciaux, modèles et décors aussi bons. De fait, les effets spéciaux, modèles et décors de Nebo Zovyot sont sans doute aussi bons que ceux des meilleurs films de science-fiction américains des années 1950. Incidemment, il a été suggéré que l’équipe à l’origine de 2001 : Une odyssée de l’espace, un film admirable mentionné dans la première partie de cet article, utilise un certain nombre de dessins et illustrations de Nebo Zovyot lorsqu’il lui faut concevoir l’intérieur de sa station spatiale.
À cet égard, votre humble serviteur voudrait offrir une pensée. Il existe des similitudes intéressantes entre Nebo Zovyot et un film américain, The Conquest of Space / La conquête de l’espace, dont la première a lieu en avril 1955, de la mission vers Mars qui tourne mal à l’utilisation de modèles détaillés de vaisseaux spatiaux. Cela peut bien être une coïncidence bien sûr. Même si ce n’est pas le cas, il n’y rien de mal à emprunter une idée vue dans un autre film.
Mieux encore, on pourrait se demander si l’esprit de coopération promu par Nebo Zovyot n’inspire pas un ou quelques épisodes de Men into Space qui sont diffusés vers 1960, et… Qu’y a-t-il, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous voulez en savoir plus sur cette célèbre série télévisée de science-fiction américaine? Vermouilleux! Malheureusement, votre humble serviteur doit refuser cette demande. Cependant, je réfléchirai sérieusement à la possibilité de rédiger dans l’avenir un article sur cette série fascinante – si vous vous comportez bien.
Je vous dirai, cependant, qu’un des épisodes de Men into Space voit un vaisseau spatial partir avant que toutes les précautions ne soient prises. Maintenant, je vous le demande, le dit vaisseau est-il américain ou soviétique, comme si on ne le savait pas?
De manière générale, Nebo Zovyot ne contient pas trop de gaffes et / ou d’erreurs logiques. Le fait que personne sur la station spatiale ne paraisse en apesanteur est rapidement expliqué, par exemple. Un individu flottant dans une pièce se fait dire par des collègues rieurs de mettre ses chaussures magnétiques. Dans les sections tournantes de la station spatiale, de telles chaussures ne sont probablement pas nécessaires, cette rotation créant une gravité artificielle permettant aux cosmonautes de rester sur le « plancher » de la roue tournante. Ce détail précis expliquerait comment, lors du dîner organisé en l’honneur des astronautes étrangers qui se sont amarrés à la station spatiale, chacun peut boire du champagne, ou un équivalent, en utilisant le type de verrerie approprié.
La présence, sur la station spatiale, d’une plate-forme de de départ semblable au pont d’envol d’un porte-avions semble un tantinet étrange. Néanmoins, les cosmonautes qui y marchent, vraisemblablement avec des bottes magnétiques, le font de manière réaliste. Ils se déplacent lentement et avec raideur, par exemple. Cela étant dit (tapé?), le groupe de cosmonautes qui se déplacent sur la dite plate-forme de départ peu après le départ du Tayfun sautillent un peu comme des personnes se déplaçant dans un environnement de faible gravité comme la Lune.
Parlant (tapant?) de faible gravité, votre humble serviteur se demande comment les cosmonautes / astronautes peuvent marcher à la surface de Icare, le petit astéroïde (environ 1.4 kilomètre (environ 0.9 mille) de diamètre) sur lequel ils sont coincés, sans rebondir comme un enfant sur un trampoline.
Incidemment, les combinaisons spatiales de Nebo Zovyot ont un look impressionnant et authentique. Les complets portés à l’intérieur des vaisseaux spatiaux et de la station spatiale semblent toutefois un tantinet bizarres.
Étant un peu subductisupercilicarpteur, en d’autres mots un pinailleur de première classe, je dois admettre que le changement radical de trajectoire du Tayfun est un peu difficile à expliquer. Comme nous le savons tous les 2, un vaisseau spatial se dirigeant vers Mars suit un cap déterminé, et vérifié, bien avant sa date de lancement. S’il est vrai que le Tayfun quitte la station spatiale un peu avant le moment le plus favorable possible, sa nouvelle trajectoire n’est pas si terrible que ça. Les sondes lancées vers Mars ne plongent pas vers le Soleil.
Au total, Nebo Zovyot est un film remarquable. On pourrait même dire qu’il est prophétique, dans un aspect. L’atterrissage vertical du vaisseau spatial Rodina est pratiquement identique à celui effectué en avril 2016 au large des côtes de la Floride, sur le navire plate-forme non piloté Of Course I Still Love You (Je ne plaisante pas, c’est le nom du navire.), par une fusée non pilotée Falcon 9 conçue et construite par Space Exploration Technologies Corporation, une société américaine mieux connue sous le nom de SpaceX.
Croiriez-vous que Of Course I Still Love You et Just Read the Instructions, l’autre navire de SpaceX, sont 2 noms connus des lectrices et lecteurs de la version originale anglaise d’une série de livres de science-fiction rédigés entre 1987 et 2012 par l’auteur écossais Iain M. Bain?
De même, croiriez-vous que le mot Rodina est mentionné dans un numéro de mars 2019 de notre blogue / bulletin / machin?
Vous avez probablement doute remarqué que les personnages principaux de Nebo Zovyot sont tous des Homo sapiens mâles. Pas de femme pour l’exploration spatiale, non monsieur, et ce même s’il y a des femmes à bord de la station spatiale. Long live patriarchy – and French fries! Oups, mauvaise langue, désolé. Vive la patriarchie – et les pommes de terre frites!
Et maintenant pour quelque chose de complètement différent.
Roger William Corman, acteur, réalisateur et producteur de cinéma américain parfois / souvent connu sous le nom de pape du cinéma pop (Pope of Pop Cinema), ou encore roi du cinéma de broche à foin (King of Movie Schlock), votre choix, voit Nebo Zovyot à la toute fin des années 1950 ou au tout début des années 1960 et est vraiment impressionné. Comme nous le savons tous les 2, ce vétéran de la Seconde Guerre mondiale et ingénieur industriel (Leland Stanford Junior University, 1947) a toutes les raisons d’être impressionné. À dire vrai, Corman achète les droits de distribution nord-américains du film soviétique. Remarquez, il achète également les droits de plusieurs autres films d’Europe (de l’Est?) à la toute fin des années 1950 ou au tout début des années 1960.
À l’insu des producteur, réalisateur et distributeur soviétiques de Nebo Zovyot, cependant, Corman ordonne à son producteur associé, un étudiant récemment diplômé d’une école de cinéma du nom de Francis Ford Coppola, et oui, ce Coppola, de créer une version en langue anglaise, oserais-je dire (taper ?) une version abêtie, de Nebo Zovyot qui serait plus acceptable pour un public américain de l’époque de la Guerre froide – une action qui, paradoxalement, prouve à toute fin utile l’affirmation du film soviétique selon laquelle les Américains sont des capitalistes et des profiteurs sans scrupules et cupides.
Malgré cela, il faut admettre que Corman est admiré par beaucoup de monde, des 2 côtés de l’Atlantique. Il n’est peut-être pas un grand acteur, réalisateur ou producteur de cinéma, mais il sait reconnaître le talent. Au fil des ans, Corman encadre de nombreux jeunes réalisateurs américains tels que Martin Charles « Charlie » Scorsese, Ronald William « Ron » Howard et le susmentionné Coppola, sans parler d’un jeune Canadien du nom de James Francis Cameron. Remarquez, Corman contribue également au lancement de la carrière d’acteurs de cinéma dont vous avez peut-être entendu parler, à savoir Peter Henry Fonda, John Joseph « Jack » Nicholson et Sylvester Enzio « Sly » Stallone, né Michael Sylvester Gardenzio Stallone, sans oublier un jeune Canadien du nom de William « Bill » Shatner.
Votre humble serviteur pourrait vous énumérer les numéros de notre blogue / bulletin / machin dans lesquels ces gentilshommes sont mentionnés, mais où serait le plaisir de le faire? C’est donc votre devoir pour cette semaine. Il y aura un test. La semaine prochaine. Mais revenons à notre histoire.
Qu’est-ce que Coppola fait au pauvre et sans défense Nebo Zovyot, vous demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur inquiète / inquiet? Et bien, on pourrait soutenir qu’il déforme brutalement et dépèce complètement cette très belle production. Le montage est, si j’ose dire, très mauvais. Le dialogue anglais maladroitement doublé est également, vous l’aurez deviné, très mauvais.
Coppola supprime toutes les déclarations anti-américaines et toutes les références à la rivalité américano-soviétique, ou à l’URSS d’ailleurs. Il cache chaque mot en lettres cyrilliques sous un ou quelques motifs neutres. Et bien, presque tous. Le nom Rodina et l’acronyme CCCP (URSS en lettres cyrilliques) sont peut-être encore visibles sur une paire de plans. Et non, Coppola n’efface les révélatrices étoiles rouges sur les ailettes du Rodina.
Coppola remplace les plans montrant des peintures ou modèles de vaisseaux spatiaux soviétiques par des plans montrant des vaisseaux spatiaux américains. Il change naturellement le nom de tous les personnages. Croiriez-vous que Coppola insère quelques images d’une édition du début des années 1960 de la Rose Parade tenue chaque année à Pasadena dans les scènes montrant des foules de gens applaudissant les astronautes après leur atterrissage sur Terre à la fin du film?
Pis encore, Coppola ajoute une paire de monstres, apparemment parce que, comme nous le savons tous les 2, l’espace est plein à craquer d’horribles créatures dont le seul but dans la vie est de déchirer des êtres humains en petits morceaux. Ou c’est ce qu’on pourrait penser après avoir regardé d’innombrables films de science-fiction américains des années 1950. C’est ça, ou il est harcelé par des spécialistes du marketing de Corman désireux de planter un monstre sur des affiches.
Seriez-vous contrarié(e) si je suggérais que la course à l’espace de la fin des années 1950 et des années 1960, y compris et jusqu’à la course vers la Lune, est la campagne de relations publiques / propagande la plus coûteuse du 20ème siècle, un moyen de masquer les échecs de la société américaine, particulièrement pendant les années 1960 alors que le prestige des États-Unis est sérieusement endommagé par des événements aussi variés que l’invasion ratée de Cuba, l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy, la guerre du Vietnam, l’assassinat de Martin Luther King, Junior, ou des émeutes raciales vraiment effrayantes? C’est ce que je pensais. Désolé. Revenons donc de ce pas à nos monstres.
Les dits monstres ressemblent à des marionnettes à main à tentacules couvertes de matière visqueuse. Si votre humble serviteur peut se permettre un commentaire quelque peu risqué, Coppola souhaite que ses monstres ressemblent aux parties vilaines d’êtres humains féminins (et masculins?). Il semble avoir obtenu ce qu’il voulait. Il doit cependant jouer avec le fait que la séquence soviétique qu’il est en train de massacrer ne contient rien lui permettrait de renforcer sa scène de monstres.
On doit se demander si Coppola, très conscient du fait qu’il ne travaille pas sur le plus grand film du 20ème siècle, conçoit ses monstres ridicules comme une blague. Je veux dire, comment une forme de vie pourrait-elle survivre, et encore moins évoluer (Oui, évoluer. L’évolution est réelle. Ce n’est pas une opinion. Les êtres humains sont des mammifères, tout comme les chauves-souris, les kangourous et les ornithorynques. Il se trouve que nous sommes plus laids que la plupart de nos cousin(e)s, c’est tout.), sur un petit rocher avec très peu de gravité, aucune atmosphère et aucune protection que ce soit contre le rayonnement?
Passons en revue le scénario plutôt ennuyeux et illogique de la version coppolane de Nebo Zovyot, qui est commercialisée sous le nom de Battle Beyond the Sun, un titre un peu plus accrocheur il faut l’admettre. La première de ce film répréhensible et souvent décrié, et c’en est un assez affreux, a lieu en 1962. Savez-vous en quel mois, ami(e) lectrice ou lecteur, parce que je ne le sais pas?
Compte tenu de la nécessité de désoviétiser et américaniser le début de cette œuvre alimentaire, Coppola mélange certains clips du début du film avec du matériel original, et très américain. Il coupe tous les dialogues mais ajoute une narration en voix off, qui comprend quelques notions de vol spatial. Même si ledit narrateur déclare que Battle Beyond the Sun était une fantaisie futuriste, son intrigue principale n’est pas un rêve de lendemains radieux. Le film se déroule vers 1997, après une guerre (thermo)nucléaire globale. Deux grandes nations se font maintenant face : North Hemis, la terre natale des méchants de cette histoire, et South Hemis, la terre natale des héros de cette histoire. Dois-je préciser laquelle des 2 est les États-Unis?
Qu’y a-t-il, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous semblez perplexe. Oui, l’URSS et les États-Unis font partie de l’hémisphère nord de notre bonne vieille planète Terre. Cela ne place pas ces 2 pays à l’intérieur des frontières de l’arrogante et trompeuse North Hemis, vous demandez-vous? Bien sûr que non. C’est carrément subversif et antipatriotique, et… Euh, et bien, passons à autre chose.
Les base de Battle Beyond the Sun étant fermement établies, l’action se déplace dans un autre lieu, la station spatiale – une station américaine, pardon, de South Hemis, bien sûr. Le scientifique / ingénieur Albert Gordon prépare un voyage vers Mars avec l’ingénieur / astronaute Paul Clinton à bord du vaisseau spatial Mercury. Un vaisseau spatial de North Hemis, le Typhoon, arrive de manière inattendue à la station spatiale et est autorisé à s’amarrer pour des réparations urgentes. Son équipage, 2 personnes nommées Torrance et Martin, 2 noms qui ne sonnent pas très soviétiques, sont invitées à dîner.
Entendant parler du projet de South Hemis d’aller sur Mars, Torrance interrompt le dîner et se précipite dans sa cabine pour parler à ses supérieurs. Ces derniers semblent quelque peu réticents à lancer un vol à destination de Mars avec un vaisseau spatial dont les réparations peuvent ne pas tenir. Refusant d’accepter la possibilité de ne pas atteindre Mars le premier, Torrance convainc Martin de prendre possession du Typhoon. Clinton est blessé quand ce vaisseau spatial quitte la station spatiale. Un autre ingénieur / astronaute, Craig Matthews, se porte immédiatement volontaire. Gordon et Matthews commencent leur voyage vers Mars peu après.
Vous avez probablement doute remarqué que les personnages principaux du film de Coppola sont tous des Homo sapiens mâles. Pas de femme pour l’exploration spatiale, non monsieur. Vive la patriarchie!
Pendant ce temps, le Typhoon rencontre une pluie de météores. Sa trajectoire vire vers le Soleil. Gordon et Matthews viennent au secours de Torrance et Martin de façon désintéressée. Manquant maintenant du carburant nécessaire pour atteindre Mars, les 4 hommes sont obligés d’atterrir sur un astéroïde qui gravite autour de la planète rouge. Une forme vague est vue dans les ombres, mais pas par les 4 astronautes, et… Je sens venir un coup de gueule.
J’ai une question pour vous, ami(e) lectrice ou lecteur. Étant donné combien Gordon, Matthews, Torrance et Martin veulent aller sur Mars, pourquoi au nom du monstre spaghetti volant atterrissent-ils sur un astéroïde qui tourne autour et autour, selon une orbite elliptique en fait, de la planète rouge de leurs rêves? Le relief de l’astéroïde est fort possiblement beaucoup plus rocailleux et dangereux pour l’atterrissage que presque toutes les régions de Mars. Fin du coup de gueule.
Gordon et Matthews informent rapidement leurs camarades, pardon, leurs collègues de la station spatiale de leur situation précaire. Ces derniers envoient une fusée sans pilote chargée de carburant vers l’astéroïde. Gordon et Matthews tentent sans succès de poser la fusée, qui s’écrase et explose.
L’équipage de la station spatiale lance une seconde fusée chargée de carburant, avec Clinton à son bord. Ce dernier réussit à atterrir sur l’astéroïde. Alors qu’il marche prudemment vers le Mercury, Clinton tombe sur une paire de monstres qui semblent se battre. S’enfuyant, il n’atteint le Mercury que pour s’effondrer. Clinton meurt peu de temps après. Après avoir ravitaillé en carburant leur vaisseau spatial sur le carreau, sans aucune opposition des monstres tout proches, remarquez, Gordon, Matthews, Torrance et Martin reviennent avec succès sur Terre. Le Mercury atterrit sur une plate-forme flottante. Fin.
Vous serez peut-être mécontent(e), ou pas, d’entendre (lire?) que Battle Beyond the Sun n’est pas le seul mauvais film produit par Corman contenant des images de Nebo Zovyot. Voyage to the Prehistoric Planet / Voyage sur la planète préhistorique sort en août 1965. Il ne vaut pas vraiment la peine d’être vu non plus. Croiriez-vous que la plupart des images de ce film proviennent d’un autre très bon film de science-fiction soviétique? Si vous me le demandez, et vous le faites, parce que vous lisez ce texte, ami(e) lectrice ou lecteur, Planeta Bur’ / La planète des tempêtes serait un bon sujet pour un futur article de notre blogue / bulletin / machin. Qu’en dites-vous?
Un autre film de science-fiction soviétique, Mechte Navstrechu / Au devant du rêve peut également valoir la peine d’être examiné et… Qu’y a-t-il, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous semblez perplexe devant la mention de ce film. Je m’excuse. J’oublie de mentionner que, en 1968, Corman produit une version entièrement revue de Voyage to the Prehistoric Planet. Montré en première en 1968, Voyage to the Planet of Prehistoric Women combine des images de Nebo Zovyot avec des images de, vous l’aurez deviné, Mechte Navstrechu. L’équipe de tournage inclut également des séquences montrant de ravissantes jeunes femmes portant des vêtements sexys. La Academy of Motion Picture Arts and Sciences accorde-t-elle un prix à Voyage to the Planet of Prehistoric Women, demandez-vous, ennemi(e), pardon, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous plaisantez, n’est-ce pas?
Ce voyage dans le monde du vol, pardon, du dialogue culturel, était-il intéressant? Bien. Carpe ce diem en ********, ami(e) lectrice ou lecteur, car l’hiver vient.
P.S. Répondant aux appels d’innombrables vous savez qui, je déclare par la présente et jusqu’ici que le titre du livre de 1928 écrit par Herman Potočnik, utilisant le pseudonyme Hermann Noordung, un gentilhomme mentionné dans la première partie de cet article, est Das Problem der Befahrung des Weltraums - Der Raketen-Motor, ou le problème du voyage dans l’espace – Le moteur-fusée.