Vroum vroum, vroum vroum, par son auto la femme, vroum vroum, vroum vroum, de l’homme trouble l’âme
Bonjour et… Qu’y a-t-il, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous semblez contrarié(e) de façon anormale aujourd’hui. Vous n’aimez pas le fait que votre humble serviteur choisisse une automobile comme sujet pour le numéro de cette semaine de notre blogue / bulletin / machin? Eh bien, tant pis, c’est bien triste, comme le disait parfois une ancienne collègue du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, Ontario, en pareille circonstance. Même si je ne m’intéresse pas vraiment aux automobiles, le titre de l’article du 9 février 1969 qui croise ma route alors que je me penche sur le journal La Patrie, aujourd’hui disparu, hebdomadaire à l’époque, n’ a pu être ignoré. Donc, pour citer le Commandant, un des personnages principaux du populaire film Les pingouins de Madagascar, de 2014, qui est avec moi? Cet article sera bref, promis juré.
Il était une fois un gentilhomme possédant une concession de General Motors Corporation (GM) / General Motors of Canada Limited (GMC) fondée en décembre 1967, Grant Hamilton Pontiac Buick Limited, à Montréal, Québec, pour être plus précis. Grant Hamilton aime les voitures de sport. Il aime les rallyes. Il aime les courses en circuit. Hamilton aime également ce qu’un célèbre designer automobile, Carroll Hall Shelby, fait à un certain nombre de Ford Mustang depuis 1965. Vous voyez, ami(e) lectrice ou lecteur, Shelby American Limited est bien occupé à convertir des exemplaires de ce « pony car » en véhicules GT, et…
Qu’est-ce qu’une « pony car, » vous demandez-vous, ou un véhicule GT d’ailleurs? Et bien, un véhicule GT, ou Gran Turismo, est une automobile haute performance de luxe, relativement parlant, qui peut être conduite confortablement sur de longues distances. Une « pony car, » en revanche, est une automobile élégante, compacte et abordable, dotée de performances sportives – un véhicule GT pour les budgets de taille moyenne si je peux me permettre ce commentaire. La Mustang est la première « pony car » à arriver sur le marché, d’où le nom donné à ce type de voiture, mais revenons à notre histoire.
Le susmentionné Hamilton, dis-je, a l’idée de transformer un « pony car » qu’il aime en véhicule GT. Cette automobile est la Pontiac Firebird.
Lancée en 1967 par la division Pontiac Motor du géant américain de l’automobile GM, la Firebird est conçue pour rivaliser avec la Mustang dans le cœur et l’esprit des consommatrices et consommateurs nord-américains. Il est intéressant de noter que la direction de Pontiac Motor veut initialement produire une voiture de sport à 2 places basée sur une voiture concept appelée Banshee. La direction de GM oppose son veto à cette idée, craignant que les ventes de la Corvette, un véhicule très populaire produit par la division Chevrolet Motor de GM, en souffrent. On peut soutenir que l’autorisation de procéder avec la Firebird est un prix de consolation, oserais-je dire un os, offert à Pontiac Motor par sa maison mère. Et oui, ma fidèle ami(e) lectrice ou lecteur, GM, et sa division canadienne, GMC, sont mentionnées dans des numéros de mars 2018, novembre 2018 et janvier 2019 de notre blogue / bulletin / machin.
Modifiée et améliorée à maintes reprises, la Firebird reste en production, aux États-Unis, jusqu’en 2003 environ.
Même s’il aime la Firebird, Hamilton pense qu’elle peut être améliorée. Ses mécaniciens et lui s’assoient et proposent des modifications et améliorations qui peuvent être ajoutées à des véhicules 1968 qui comportent déjà certaines options. Les véhicules commandés en 1969 comprennent encore plus de fanfreluches. Au total, la liste des options est assez longue: ceintures de sécurité personnalisées de luxe, commande électrique d’ouverture du coffre, filtre à air robuste, jauges de style rallye, moteur suralimenté, protège-bordures de porte, radiateur robuste, radio AM FM, rétroviseur télécommandé du côté conducteur, servodirection à assistance variable, servofreins à disque, sièges luxueux, et volant inclinable.
Les modifications et améliorations apportées par l’équipe de Hamilton, dont certaines en 1968 et d’autres en 1969, sont également très nombreuses: amortisseurs réglables, feux de circulation pour haute vitesse, filtre à air neuf, insignes Comanche, intérieur en cuir personnalisé, schéma de peinture spécial, suspension neuve, transmission neuve, et vitres électriques. D’autres modifications sont facultatives: emblèmes chromés Comanche moulés sous pression, goupilles de capot, inserts de capot chromés aérodynamiques, moteur spécial, phares antibrouillard, phares de conduite spéciaux pour haute vitesse, pneus de course, rayures des ailes avant, et schéma de peinture spécial à l’arrière. Le résultat final de tout ce travail est une voiture de rêve, un véritable véhicule GT, que Hamilton baptise Firebird Comanche.
Un journaliste de l’automobile réputé et respecté basé à Montréal conduit une Firebird Comanche à la fin de 1968 ou au début de 1969. Jacques Duval, un gentilhomme mentionné dans un numéro d’août 2018 de notre blogue / bulletin / machin, est très impressionné.
La Firebird Comanche fait sensation dans la petite communauté des passionné(e)s de voitures de sport du Canada. En obtenir une n’est toutefois pas très facile. La Firebird Comanche n’est disponible qu’à 3 endroits de notre planète : son lieu de naissance, Grant Hamilton Pontiac Buick, ainsi que City Buick Pontiac-GMC Limited, à North York / Toronto, Ontario, et Surgenor Motors Limited, à Ottawa, Ontario. Pis encore, la petite équipe de Hamilton est la seule impliquée dans les travaux de conversion. Il lui faut une semaine entière pour s’occuper de chacun des véhicules commandés spécialement. Fait intéressant, Hamilton réussit apparemment à convaincre GMC de ne pas fournir de Firebird à d’autres concessionnaires souhaitant effectuer une conversion similaire.
Croiriez-vous que Surgenor Motors est situé entre le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada et une institution sœur / frère, le Musée des sciences et de la technologie du Canada, sur un des principaux axes routiers d’Ottawa? Le monde est petit, n’est-ce pas? Et oui, City Buick Pontiac-GMC est elle aussi toujours en affaires au début de 2019.
Malheureusement, Hamilton décède assez jeune, en juin 1991. Grant Hamilton Pontiac Buick cesse officiellement d’exister en décembre 1980.
Le nombre exact de Firebird Comanche converties est malheureusement inconnu. Treize sortent en 1968, et une trentaine d’autres en 1969. Des problèmes d’outillage et d’ingénierie qui retardent l’introduction d’une toute nouvelle édition 1970 de la Firebird jusqu’en février 1970, soit 5 mois plus tard que prévu, jouent peut-être un rôle déterminant dans la limitation du nombre de Firebird Comanche livrés par l’équipe de Hamilton.
Un individu ayant mené des recherches sérieuses sur l’histoire de ce véhicule n’a pu localiser que 9 survivants. Compte tenu de cela, vous ne serez pas surpris(e) d’entendre (lire?) que la Firebird Comanche est un objet de collection. Si je peux me permettre de faire une suggestion à mes collègues du Musée des sciences et de la technologie du Canada, l’ajout d’une Firebird Comanche à la collection nationale d’automobiles n’est peut-être pas une mauvaise idée. Je vous dis ça comme ça, moi.
Vous serez peut-être heureuse / heureux d’entendre (lire?), ou pas, que l’équipe de Hamilton convertit 2 voitures compactes Pontiac Tempest en véhicules quasi GT, appelés Tempest Avenger, vers 1970. L’introduction d’un véhicule similaire, la GT-37, par Pontiac Motor, en 1971, lui fait réaliser qu’il est inutile de poursuivre ce projet.
Au cas où vous vous demanderiez où votre humble serviteur a trouvé le titre de cet article, je suis heureux de vous annoncer qu’il s’inspire d’un extrait d’une chanson française de 1897, Frou-Frou, dont les paroles sont écrites par Henri Marie Gabriel Blondeau et Joseph Marie Ylpize Rieunier. Ce dernier est mieux connu sous le nom de… Hector Monréal. J’ignorais ce détail quand j’ai choisi le titre de cet article. Le monde est petit, n’est-ce pas?
Portez-vous bien, ami(e) lectrice ou lecteur, et conduisez prudemment.