Un énorme monte-charge hisse une collection canadienne de voitures anciennes jusqu’à leur nouveau domicile
La collection d’artefacts scientifiques et technologiques du Canada atteint littéralement de nouveaux sommets grâce à un monte-charge gigantesque du Centre Ingenium.
« Ce qui rend si spécial cet appareil élévateur, c’est la charge maximum qu’il peut transporter », indique Simon Aubin, directeur exécutif, installations et capitalisation d’Ingenium. « Il peut transporter plus de 13 000 kg, soit presque autant qu’un camion de cinq tonnes. »
Ce puissant monte-charge, qui mesure 3,8 m de large, 9 m de long et 3,6 m de haut, est essentiel pour déménager les artefacts de grande taille de la collection depuis les entrepôts où ils sont conservés jusque dans le nouveau Centre Ingenium ultramoderne, construit tout près du Musée des sciences et de la technologie du Canada, à Ottawa. Cet automne, le personnel s’est affairé à déménager la collection de voitures.
« Le troisième étage devant accueillir la collection de voitures, nous devions nous assurer que le monte-charge pouvait transporter toutes les voitures, explique M. Aubin. Le bâtiment dans son ensemble a été conçu en fonction des artefacts, et il en a été de même pour le monte-charge; nous avons déterminé sa charge utile à partir du poids des voitures de la collection. »
Le monte-charge du nouveau Centre Ingenium peut transporter une charge maximale de 13 605 kg.
Une conception unique
À l’étape de l’élaboration des plans du Centre Ingenium, M. Aubin et son équipe ont visité d’autres musées canadiens pourvus de monte-charge comparables.
« Le seul autre monte-charge semblable au nôtre est celui du Centre Shaw, qui est situé au centre-ville d’Ottawa, souligne M. Aubin. Bien qu’il soit plus grand que le nôtre, il ne présente pas la même charge utile que notre appareil élévateur. »
En raison des exigences particulières d’Ingenium, on ne pouvait pas installer un monte-charge commercial standard. Plusieurs entreprises ont participé à la conception et à la construction du monte-charge, dont la version définitive a été fournie par KONE Corporation.
« Cela a rendu le projet intéressant, remarque M. Aubin, car 95 % du monte-charge a été conçu et fabriqué au Canada ».
Un défi technique
Le piston de 21 m a posé un défi particulier à l’équipe d’ingénieurs quand est venu le temps de calculer le taux de compression.
« Le piston de 21 m est plein d’huile, précise M. Aubin. En raison de la taille du piston et de la quantité de liquide dans celui-ci et dans le système hydraulique, l’ingénieur a dû déterminer quel serait le taux de compression du système de lubrification secondaire si on plaçait un objet de plus de 13 000 kg dans l’appareil élévateur. »
M. Aubin ajoute que, si le poids d’un objet placé dans le monte-charge s’approchait de la charge utile de ce dernier, la pression exercée sur l’huile à un endroit particulier du piston serait trop forte. Le plancher descendrait de 5 cm à cause de cela.
« Nous avons donc dû trouver un moyen d’empêcher le monte-charge de s’abaisser; c’est un problème qui survient dans d’autres musées, affirme M. Aubin. Nous avons pu atténuer celui-ci grâce à un système hydraulique de deuxième étage, qui sert à compenser le taux de compression de l’huile. »
Le piston étant surdimensionné, il fallait également renforcer la cage du monte-charge afin d’éviter l’induction d’un mouvement pendulaire.
« Le plancher de la cabine a également dû être repensé afin d’empêcher qu’il ploie sous le poids d’un artefact lourd, mentionne M. Aubin. Si le piston s’éloignait de son axe vertical, cela poserait un problème. »
La cage du monte-charge du Centre Ingenium, vue de l’intérieur.
Une nappe phréatique haute
Au moment d’ancrer le monte-charge profondément dans le sol sous le Centre Ingenium, les ingénieurs ont dû relever un autre défi.
« La nappe phréatique est haute à Ottawa, signale M. Aubin. La quantité d’eau dans le caisson du piston était telle qu’elle exerçait une poussée. »
Il a fallu forer le sol plus à plus de 22 m de profondeur dans le schiste (qui peut s’avérer très fragile), ce qui a compliqué davantage la situation.
« Quand on creuse dans cette roche, l’eau cherche à s’infiltrer dans le trou et, ce faisant, elle entraîne avec elle des sédiments qui se déposent au fond, note M. Aubin. Le piston ne pouvait donc descendre jusqu’en bas; nous avons dû faire appel à une entreprise qui construit des ponts pour trouver un moyen de retirer ces sédiments. »
Pour résoudre le problème, l’équipe a inséré dans la boue un tuyau d’air sous haute pression. L’injection d’air a fait bouillonner l’eau, ce qui a transformé les sédiments en argile. Le lendemain, l’équipe a été en mesure de positionner le piston correctement et de le maintenir en place à l’aide d’ancres pour la roche.
Depuis qu’il a été installé, l’ascenseur offre au personnel et aux déménageurs d’Ingenium une certaine marge de manœuvre pour le transport des éléments du système de rayonnage des artefacts. M. Aubin ajoute que certains des supports font plus de 5 m de long et qu’ils peuvent être placés en diagonale dans l’ascenseur. Le déménagement de tous les véhicules de la collection nationale dans le Centre Ingenium devrait être terminé d’ici la fin de novembre 2019.
« Certaines de ces voitures auront l’air plutôt petites dans cet ascenseur », constate M. Aubin.