Initiative Femmes en STIM : entretien avec Jasmine Shaw
Selon l’astronaute et neurologue canadienne Roberta Bondar, l’exploration n’est pas une activité dont on peut prendre sa retraite, mais un principe qui guide la vie d’une personne. Nous devons absolument nourrir le sentiment de continuité, c’est-à-dire nous efforcer d’innover, alors que nous célébrons, pendant le Mois de l’histoire des femmes, les réalisations des femmes qui nous ont précédées.
Dans le cadre de son initiative Femmes en STIM, Ingenium raconte l’histoire de celles qui ont osé penser différemment afin d’engager une conversation sur l’égalité des sexes et d’inciter les femmes à faire carrière en science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). De même, le Programme de développement de carrière Dre Roberta Bondar permet aux femmes qui travaillent dans les STIM de réseauter avec des pairs et des leaders de leur domaine d’activité, et de bénéficier d’une perspective privilégiée sur les secteurs canadiens des sciences et de la technologie.
Ce mois-ci, Réseau Ingenium trace le portrait de plusieurs Canadiennes talentueuses qui participent au Programme de développement de carrière Dre Roberta Bondar. Aujourd’hui, nous vous présentons l’ingénieure Jasmine Shaw, qui développe la technologie informatique de l’hélicoptère CH-148 Cyclone pour le compte de l’Aviation royale canadienne (ARC).
Réseau Ingenium (RC) : Racontez-moi comment vous mettez à profit votre expertise dans vos fonctions actuelles.
Jasmine Shaw (JS) : Je travaille à General Dynamics Mission Systems — Canada (GDMS-C) sur le Projet d’hélicoptère maritime. Ce projet prévoit la livraison de 28 hélicoptères CH-148 Cyclone à l’ARC. GDMS-C est chargée du système intégré de mission, qui consiste en une série de capteurs embarqués et d’un ordinateur de mission central. Comme ingénieure responsable des livraisons (« release train engineer »), je dirige plusieurs activités d’ingénierie, de l’automatisation de tests à la conception de processus en passant par la configuration d’outils de développement. Mon champ de compétences se trouve à la croisée d’habiletés indispensables : la conception, la planification et la facilitation. Chaque jour, je fais appel à ces compétences pour aborder des problèmes techniques et organisationnels complexes. J’ai récemment obtenu une maîtrise en sciences appliquées en gestion des innovations techniques à l’Université Carleton, ce qui m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences et connaissances dans les domaines de la recherche en gestion, des écosystèmes d’affaires et de l’entrepreneuriat.
RI : Une personne en particulier vous a-t-elle inspiré votre parcours scolaire et votre carrière, incitée à faire ces choix?
JS : Je ne me souviens pas du moment précis où j’ai décidé de faire carrière en ingénierie, mais plutôt d’une série d’événements survenus au fil du temps, de la journée « Emmenez votre enfant au travail » aux visites de campus universitaires en passant par le processus d’admission. Avec le recul, je dirais que mes parents sont l’une des constantes de ces événements. Ma mère et mon père travaillent tous deux en génie logiciel, et ils m’ont sans cesse encouragée à faire carrière dans les STIM.
RI : Parmi les femmes présentées par la série d’affiches Femmes en STIM, y en a-t-il une qui vous inspire?
JS : Toutes! Pour n’en nommer qu’une seule, disons que je me sens vraiment inspirée par Charity Wanjiku, qui s’est donné pour mission de réduire la pauvreté énergétique. Elle m’inspire parce qu’elle s’est attelée à une tâche colossale, et le monde a besoin de personnes comme elle qui sont prêtes à relever d’immenses défis. Je me réjouis aussi qu’elle donne en retour à la génération suivante en servant de modèle aux jeunes filles.
RI : Racontez-nous une des difficultés ou un des préjugés que vous avez dû surmonter durant votre parcours professionnel.
Une chose que je cherche encore à comprendre et à surmonter est le syndrome de l’imposteur. C’est-à-dire le fait d’avoir l’impression tenace qu’on n’est pas vraiment bon dans ce qu’on fait et qu’on risque à tout moment d’être « démasqué ». Cela provoque un sentiment d’anxiété, vague mais omniprésent, quant à sa capacité de faire son travail. Un aspect important de mon cheminement par rapport au syndrome de l’imposteur a consisté à prendre conscience de ses manifestations et à les nommer.
~ Jasmine Shaw
Chez moi, il se traduit par un manque de confiance en moi, par une remise en question ou même par la nécessité de vérifier deux, trois ou quatre fois un courriel avant de l’envoyer. L’étape suivante est plus difficile : il ne faut pas céder à ce sentiment. Personnellement, je dois me rappeler gentiment que je suis une experte dans mon domaine et que je sais de quoi je parle. C’est un phénomène que connaissent beaucoup de mes consœurs en STIM. J’espère que le fait d’en discuter plus ouvertement sera bénéfique aux personnes qui essaient de surmonter le syndrome de l’imposteur ou simplement de composer avec lui.
RI : Quels sont vos plans pour la suite de votre carrière?
JS : Je souhaite continuer à m’épanouir dans mes fonctions (relativement nouvelles) d’ingénieure responsable des livraisons afin de contribuer à l’ingénierie de l’infrastructure de mon programme et d’épauler mes pairs. À GDMS-C, je suis aussi à la tête de quelques initiatives du comité Diversité, inclusion et appartenance, et je compte étendre leur portée à toute l’organisation. Par ailleurs, j’aimerais allier mon expertise en conception d’écosystèmes d’affaires et mon désir de promouvoir la présence des femmes en STIM afin de produire un effet significatif sur la main-d’œuvre du secteur technologique. J’en suis encore à la phase de la planification, alors je ne veux pas en dire trop sur ce projet pour l’instant, mais j’ai plusieurs grandes idées.
RI : Quels conseils donneriez-vous à une jeune fille qui voudrait marcher sur vos traces?
JS : Tes idées sont importantes. Pose des questions — ne t’en laisse pas dissuader. Demande toujours pourquoi, jusqu’à ce que la réponse te satisfasse ou que tu trouves ce qui doit être corrigé.
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