Dans les coulisses : Voici l’équipe des expositions itinérantes d’Ingenium
Les expositions constituent l’épine dorsale de la plupart des musées, mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’elles ne demeurent pas toujours à l’intérieur de leurs murs. Les expositions itinérantes permettent aux musées de partager des histoires colorées et un contenu éducatif captivant auprès de publics du monde entier, plutôt que de se limiter à des publics locaux.
L’équipe des expositions itinérantes d’Ingenium – Musées des sciences et de l’innovation du Canada, constituée de Maren Hackett, d’Alison Ward et de Julie Leclair, déploie beaucoup d’énergie pour rendre toute une gamme d’expositions accessible à des collectivités du Canada et d’ailleurs. Le Réseau Ingenium s’est entretenu avec l’équipe pour en savoir plus sur ce que comporte son travail, de même que sur une nouvelle initiative d’expédition carboneutre.
Réseau Ingenium (RI) : Quelle est la différence entre une exposition itinérante et une exposition permanente ou temporaire?
Maren Hackett : Une exposition permanente est une exposition aménagée à long terme dans une galerie principale du musée, présentant généralement des objets de la collection du musée. Une exposition temporaire peut être une exposition spéciale à court terme où l’on retrouve des objets de la collection du musée ou une exposition empruntée. Une exposition itinérante est une exposition produite par un musée, un centre des sciences, une galerie d’art ou une entreprise de production d’expositions, qui est présentée à plus d’un endroit. Les expositions itinérantes sont accessibles à plus de visiteurs dans différentes régions et peuvent attirer de nouveaux publics en ajoutant de l’intérêt aux musées hôtes dont les expositions changent parfois assez peu fréquemment.
Chiffrer | Déchiffrer est une exposition itinérante qui explore le passé et le présent de la cryptologie des communications.
RI : J’aimerais en savoir plus sur le travail en coulisse de l’équipe des expositions itinérantes d’Ingenium.
Julie Leclair : L’équipe des expositions itinérantes commence à travailler sur une exposition dès le début de sa conception. Nous commençons par une étude de marché, pour évaluer la réaction des sites potentiels au sujet abordé. Ensuite, nous travaillons avec l’équipe de conception pour faire en sorte que l’exposition soit facile à installer (et à démonter) et attrayante pour les visiteurs.
Une fois l’exposition construite et prête à être expédiée, nous travaillons avec les lieux d’accueil pour signer les contrats, coordonner l’expédition, résoudre tout problème d’installation (ou de démontage), nous collaborons au marketing et à la promotion, et offrons du soutien pour toute la durée de la réservation. Ensuite, nous recommençons pour le prochain site! collaborons aussi avec nos collègues du monde entier pour partager nos pratiques exemplaires et apprendre auprès des autres.
Prête à partir : aperçu des préparatifs de l’envoi de l’exposition itinérante Chiffrer | Déchiffrer vers sa prochaine destination.
RI : Où vont les expositions d’Ingenium? Qui les loue?
Alison Ward : Les expositions d’Ingenium voyagent pratiquement partout au Canada. Elles ont été présentées de Mount Pearl (Terre-Neuve) à Port Alberni (Colombie-Britannique), en passant par Iqaluit (Nunavut). Habituellement, elles sont louées par des musées de petite ou moyenne taille, mais il peut aussi s’agir de bibliothèques, d’universités, de grands musées et parfois même de conférences, de festivals, d’entreprises et d’ambassades.
Plusieurs expositions, comme Maîtres du jeu, ont connu une certaine popularité auprès de musées américains. Deux de nos expositions, Sur la piste des monarques et Les changements climatiques sont là…, ont aussi été présentées au Mexique.
Je crois que certains hôtes potentiels supposent que nos expositions sont trop grosses pour leurs locaux, simplement parce qu’elles proviennent d’une institution nationale. Elles sont, au contraire, conçues pour voyager n’importe où et pour être installées dans n’importe quel type d’institution.
Aperçu de Regard sur le ciel, une exposition itinérante qui examine l’évolution de la gestion de la circulation aérienne et les systèmes, les personnes et les technologies qui assurent la sécurité de notre espace aérien achalandé.
RI : À quelle fréquence les expositions se déplacent-elles? Combien de temps les expositions restent-elles en tournée?
Maren Hackett : Une location dure généralement 12 semaines, de sorte qu’une exposition se déplace habituellement trois fois par année. Une tournée peut ne durer qu’un an. Par exemple, le Musée de l’agriculture et de l’alimentation du Canada a conçu une exposition itinérante pour l’Année internationale des légumineuses en 2016. Par contre, certaines tournées peuvent durer une dizaine d’années ou plus si le sujet est intemporel, mais habituellement, pour des raisons d’usure normale et de contenu à actualiser, la durée d’une tournée se limite normalement entre cinq et 10 ans.
L’exposition itinérante Regards sur le ciel est emballée et chargée dans un camion pour l’expédition.
RI : Je crois comprendre que les expositions itinérantes d’Ingenium comportent désormais une expédition carboneutre. Comment cela fonctionne-t-il et pourquoi est-ce important?
Julie Leclair : Nous sommes ravis d’annoncer que l’expédition de toutes nos expositions itinérantes est carboneutre. Au cours de la dernière année, l’équipe s’est penchée sur des façons de rendre notre programme plus écologique. Sachant que le transport est responsable d’un peu plus de 3 % des émissions de carbone dans le monde, nous nous sommes dit que la réduction de l’empreinte carbone liée au transport de nos expositions constituerait un bon point de départ.
Les compensations sont conçues pour aider à atténuer les émissions associées à une activité par une autre activité qui évite ou réduit la quantité équivalente d'émissions. Par exemple, les émissions causées par l'expédition de 13 expositions en Amérique du Nord peuvent être neutralisées en empêchant le rejet d'une quantité équivalente d'émissions par la mise en œuvre d'un projet d'énergie renouvelable.
Nous avons travaillé avec l’entreprise canadienne de compensation des émissions de carbone Less Emissions pour déterminer nos émissions de carbone et nous sommes heureux d’annoncer qu’Ingenium a acquis et retiré un peu plus de 36 tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (CO2e) pour compenser les émissions causées par l’expédition de nos expositions itinérantes en Amérique du Nord. Nous savons que ce n’est que le début de notre parcours écologique, mais nous sommes fiers de compter parmi les premières entités du secteur des expositions itinérantes à afficher la carboneutralité pour tous nos envois. Nous espérons encourager d’autres producteurs d’expositions itinérantes à faire de même.
RI : Y a-t-il d’autres initiatives de durabilité que vous souhaiteriez intégrer à l’avenir?
Alison Ward : Absolument. La prochaine étape la plus évidente est de continuer à compenser d’autres aspects de notre travail en ce qui a trait aux expositions itinérantes. Par exemple, si l’une de nous se déplace à la rencontre d’une exposition itinérante ou en prévision d’une conférence, nous pourrions compenser ce déplacement. Mais l’étape la plus importante sera de passer de la compensation de l’empreinte de nos expositions à la réduction de ces empreintes. C’est comme s’il fallait passer du recyclage à la réduction.
Le secteur des expositions itinérantes doit migrer vers la production d’expositions constituées de matériaux à faibles émissions et se concentrer sur la réduction des émissions. Cela représente un défi, mais c’est loin d’être impossible. Par exemple, les panneaux d’exposition pourraient être faits d’un produit de sorgho biodégradable non comestible, plutôt que de plastique ou de métal. Nous pourrions utiliser de l’aluminium recyclé pour fabriquer les cadres de boîtiers et il est désormais possible d’utiliser du bois récupéré pour les caisses d’expédition. De nos jours, il existe une multitude de nouveaux produits faits de plastique recyclé. Il y a de nombreuses options à explorer. Comme la durabilité occupe de plus en plus d’importance dans le processus décisionnel de toutes les industries et de tous les secteurs, il deviendra plus naturel pour nous tous de choisir des options durables.
Une autre façon de réduire l’impact environnemental des expositions itinérantes d’Ingenium consiste à explorer les options numériques. Nous avons déjà deux expositions en mode téléchargeable, ce qui permet à nos lieux d’accueil d’afficher les panneaux numériquement. Ainsi, nous évitons les émissions générées par la fabrication ou l’expédition. Grâce à la croissance incessante de la connectivité en ligne, nous croyons qu’il y a beaucoup de place pour l’expansion dans l’univers des expositions numériques!
Tout cela pour dire que la carboneutralité pour l’expédition de nos expositions itinérantes n’est qu’un début.
Les expositions itinérantes d’Ingenium en quelques chiffres
5 996 264 : Nombre de visiteurs ayant exploré les expositions itinérantes d’Ingenium au cours des cinq dernières années.
46 823 : Nombre de kilomètres parcourus par l’exposition Académie des as (qui roule toujours!).
5 758 : Nombre de kilomètres parcourus par l’exposition La santé dans l’espace lors de son plus long déplacement entre deux lieux d’accueil, de Fort Smith (Terre-Neuve) à Saint John (Nouveau-Brunswick).
40 : Nombre total d’expéditions d’expositions itinérantes d’Ingenium en 2019.
1,69 : Nombre de voyages autour du monde effectués par les expositions itinérantes d’Ingenium en 2019.
36,230 : Nombre de tonnes de CO2e acquises et retirées par Ingenium pour compenser les émissions causées par l’expédition de ses expositions itinérantes en Amérique du Nord.
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