Le télescope rapproche l’astronomie occidentale et autochtone
Deux courants de pensée et de pratique astronomique sont représentés dans une exposition remarquable au Musée des sciences et de la technologie du Canada, mais les visiteurs devront agir rapidement pour la voir.
Un télescope fabriqué par Eustachio Divini, un précieux artefact extrêmement fragile qui remonte à 1665, est un prêt international de six mois qui a voyagé du musée Galileo de Florence, en Italie, jusqu’à Ottawa. La toile de fond inattendue de cet artefact ouvré, qui est royalement présenté dans une boîte de verre dans laquelle l’humidité est contrôlée, est un mur de connaissances autochtone des étoiles.
« À partir de ce moment, dans les années 1600, ce télescope représente les connaissances astronomiques occidentales qui se sont rendues au Canada, en Nouvelle-France », explique David Pantalony, conservateur des sciences physiques et de la médecine du Musée. M. Pantalony ajoute que le télescope a été fabriqué environ 50 ans après que Galilée eut utilisé un télescope pour la première fois.
Toutefois, M. Pantalony insiste sur l’importance de reconnaître que les peuples autochtones du Canada avaient déjà approfondi leurs connaissances des étoiles, lesquelles remontent encore plus loin dans l’histoire. Annette S. Lee et Wilfred Buck ont fait partie intégrante de l'équipe de conservation de la section astronomie indigène trouvée dans l'exposition Les mondes cachés du musée.
« Nous avons cette section de connaissances autochtones des étoiles qui représente des milliers d’années d’observation du ciel nocturne, une tradition des Premières nations d’Amérique du Nord. C’est à la fois très vieux et contemporain, car cette pratique connaît une recrudescence dans ces communautés aujourd’hui, dit-il. Nous plaçons le télescope dans un nouveau contexte; nous tentons de lancer une discussion entre ces deux mondes. »
« Le télescope marque le début de l’astronomie occidentale (américaine et européenne) au Canada, tout en coexistant avec des milliers d’années d’astronomie autochtone. »
Fait de verre, de bois, de carton et de cuir, le télescope de Divini fait jusqu’à 8,8 m lorsqu’il est complètement déployé. Cependant, dans sa boîte au Musée, il ne s’étend qu’à environ 3 m.
« Pensez-y… en 1665, rêvasse M. Pantalony, à quel point ce devait être incroyable à cette époque! »
Il ajoute que le télescope était toutefois difficile à utiliser. Certains historiens prétendent même qu’il s’agissait davantage d’un modèle de présentation, pour illustrer la véritable puissance des télescopes. Il était cependant semblable au type de télescope qui a été utilisé pour confirmer la découverte des anneaux de Saturne.
M. Pantalony affirme être ravi que le Musée rénové (qui a rouvert ses portes le 17 novembre après une fermeture de trois ans) ait maintenant des installations plus vastes permettant d’emprunter des artefacts de collections internationales.
« Ces prêts revêtent une importance qui dépasse le simple récit d’histoires dans des expositions, ils nous aident à bâtir des communautés, dit-il. L’attaché scientifique de l’ambassade italienne est très heureux que ce télescope soit ici. »
« Il nous permet de discuter de la science et la technologie italiennes (passées, présentes et futures). Nous tentons plus que jamais de nous ouvrir sur le monde, tout en nous observant nous-mêmes davantage de la perspective des peuples autochtones. »