Quand slam rime avec science
Ce n’est pas tous les jours qu’on peut se détendre en savourant une bière et en se laissant divertir — et instruire — par un scientifique professionnel. Mais c’est précisément ce que propose un slam scientifique.
Le concept, qui s’inspire du slam poétique, met au défi les scientifiques de parler de science pendant cinq minutes pour instruire le public… tout en le distrayant d’une façon très amusante.
« J’adore informer les gens sur mon travail et voir leurs yeux s’illuminer quand je leur parle de poissons et de faune sauvage », déclare Sarah Walton, biologiste de la faune aquatique dont les activités de recherche, de surveillance et de formation portent essentiellement sur les espèces aquatiques en péril.
En février dernier, elle a participé au premier événement organisé par le groupe Science Slam Ottawa. La slameuse a gagné la compétition grâce à sa présentation sur la surveillance des poissons et de la faune sauvage à l’aide de systèmes de télémesure.
« Durant mon slam, j’ai utilisé l’équipement dont je me sers réellement dans la vie, ce qui m’a permis d’enrichir considérablement ma prestation », explique la biologiste, qui étudie actuellement à la maîtrise au laboratoire Fish Ecology and Conservation Physiology de l’Université Carleton. « Le public a pu venir avec moi “sur le terrain”, mais sans se faire piquer par les insectes! », ajoute-t-elle.
Selon Sarah Walton, sa participation au slam scientifique lui a procuré un grand sentiment d’accomplissement et lui a donné envie d’inciter les gens à sortir profiter du plein air et de nos ressources naturelles. Elle croit également que Science Slam Ottawa pousse les scientifiques comme elles à interagir le plus possible avec le public.
« L’événement s’est avéré une occasion fantastique. J’ai pu améliorer mes aptitudes en communication scientifique, c’est-à-dire en diffusion d’information sur des sujets scientifiques à un public profane », affirme-t-elle.
Jesse Rogerson, l’un des bénévoles derrière la création du groupe Science Slam Ottawa, abonde dans le même sens que Sarah Walton.
« Les scientifiques ont tendance à s’absorber dans l’étude de leur champ et à être captivés par les moindres détails de leurs recherches, mais ce n’est pas vraiment ce qui intéresse le grand public », souligne celui qui est astronome et conseiller scientifique du Musée des sciences et de la technologie du Canada. « Le slam scientifique amène le scientifique à s’adresser avec empathie au public, poursuit-il, plutôt que de focaliser seulement sur le sujet dont il veut parler. »
Jesse Rogerson et son groupe Science Slam Ottawa tiendront leur prochain slam scientifique le 13 avril au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. Le slam s’inscrit dans le cadre de l’événement La nuit de Youri, qui commémore le jour où Youri Gagarine est devenu le premier humain à s’aventurer dans l’espace… en avril 1961. Au programme de la soirée : des hors-d’œuvre, un bar payant et la musique du groupe de rockeurs intellos Double Experience.
Durant ce slam scientifique, de cinq à dix slameurs prendront la parole pour aborder différents sujets, explique Jesse Rogerson. Un jury évaluera chaque scientifique selon sa capacité à divertir et à informer le public et à interagir avec celui-ci durant sa prestation.
Pour le public, le slam scientifique représente une façon amusante et inédite de s’instruire.
« On peut parfois trouver les présentations scientifiques vraiment ennuyeuses — ça peut nous faire penser à un exposé long et fastidieux avec un diaporama, admet Jesse Rogerson. Le slam, lui, met l’accent sur le divertissement, plutôt que sur l’aspect éducatif. »
Il conclut en disant que « c’est un excellent moyen de mettre en contact des groupes de personnes qui ne se fréquentent pas normalement. »