Un des esprits les plus fertiles et inventifs à l’aube de l’ère télévisuelle et un des rares pionniers afro-américains de cette technologie, William Bundy Still, partie 2
Bienvenue, ami(e) lectrice ou lecteur, bienvenue dans le monde de la science, de la technologie et de l’innovation. Enfin, de la technologie et de l’innovation en fait. Si je peux me le permettre de citer, en traduction et hors contexte, deux lignes d’une ballade rock de 1977 (!) interprétée par le chanteur / acteur américain Meat Loaf, de son vrai nom Michael Lee Aday, né Marvin Lee Aday, ne soyez pas triste, car deux sur trois, ce n’est pas mal. Désolé, désolé.
Euh, bienvenue dans cette 2ème partie de notre fascinant article sur un individu tout aussi fascinant, un des esprits les plus fertiles et inventifs à l’aube de l’ère télévisuelle et un des rares pionniers afro-américains de cette technologie, William Bundy Still.
Lorsque votre humble serviteur a débranché la 1ère partie de cet article, nous étions en 1941 et une grande partie du monde était en guerre, mais pas les États-Unis. Voyez-vous, beaucoup de gens dans ce pays ne semblent pas trop se soucier du fait que l’Europe descend lentement en enfer.
Peu de temps après que les États-Unis soient impliqués dans la Seconde Guerre mondiale, au début de décembre 1941, Still fait une offre pour des travaux de radio avec les militaires américains. À son grand plaisir, il obtient le travail et ouvre une usine à New York, New York. À un moment donné en 1942, Still a environ 75 personnes sur sa liste de paie.
Still obtient quelques contrats pour divers produits, parmi lesquels un appareil de mesure de la vitesse des projectiles, du matériel de laboratoire électronique, etc.
Still contribue également au développement d’un radiotéléphone navire-terre, en d’autres termes un émetteur-récepteur portatif, pour la United States Navy. Il termine le projet en 6 mois environ. Étant donné la taille de l’usine de Still, la United States Navy transfère le contrat de production de l’émetteur-récepteur portatif à une entité beaucoup plus grande, également située à New York et bien connue pour ses systèmes d’interphonie, Dictograph Products Corporation.
Remarquez, des employés de Still produisent également des composants d’interphonie pour Dictograph Products.
Le hic avec cette information, c’est que votre humble serviteur n’a pas encore trouvé d’information liant Dictograph Products, ou Still d’ailleurs, au seul radiotéléphone de la United States Navy que j’ai rencontré, à savoir le MAB, un appareil de 1942 produit par une autre firme américaine, Communications Company Incorporated.
Quoi qu’il en soit, peu de temps après avoir rempli ses obligations contractuelles, en 1942, je pense, Still rejoint l’équipe de Dictograph Products. En tant que chef du département de recherche électronique de cette firme, il peut avoir développé un système qui permet de brancher un téléphone spécialement conçu sur n’importe quelle prise murale pour l’utiliser dans le réseau d’interphonie d’un bâtiment.
Still aime son nouveau travail. Malgré cela, il continue d’être fasciné par la télévision. Still démissionne à regret de chez Dictograph Products après seulement 3 mois environ.
En février 1943, soit avant, soit après avoir quitté Dictograph Products, Still contacte la Federal Communications Commission (FCC), une agence indépendante du gouvernement américain, pour obtenir une licence de station de télévision.
À un moment donné en 1944, je pense, Still incorpore Jamaica Radio Television Company, une petite firme qui n’est peut-être pas située au même endroit que son Jamaica Radio & Television Service, et ce même si elle est également à Jamaica, un quartier / village situé à Queens, un arrondissement de New York.

Une des foules attirées par les démonstrations télévisées orchestrées par William Bundy Still dans son magasin de radio et télévision à New York, New York, soit Jamaica Radio Television Company. Anon., « Television Today for Tomorrow’s Customers. » Radio & Television Retailing, 12 juin au 8 juillet 1944, 31.
Le magasin de Jamaica Radio Television ne tarde pas à attirer l’attention. Voyez-vous, 3 soirs par semaine, Still allume une caméra de télévision, peut-être de sa propre conception, qui est placée dans la vitrine. Cette caméra de télévision est reliée à des téléviseurs situés dans cette même vitrine. En peu de temps, la nouvelle se répand dans tout le quartier qu’il est possible pour les gens de se voir à la télévision. En conséquence, le magasin de Jamaica Radio Television devient rapidement l’endroit à visiter si on est le moins du monde intéressé(e) par l’acquisition d’un téléviseur.

William Bundy Still en train de tripoter une caméra de télévision de sa propre conception dans le studio adjacent à son magasin, Jamaica Radio Television Company, New York, New York. L’homme assis à droite est William E. Moulic, rédacteur technique du magazine mensuel américain Radio & Television Retailing. Anon., « Television Today for Tomorrow’s Customers. » Radio & Television Retailing, 12 juin au 8 juillet 1944, 31.
Conscient comme l’est votre humble serviteur que vous voulez beaucoup avoir une idée de ce à quoi ressemble Still, je prends la liberté d’insérer une photo de lui à ce stade de notre histoire.

William Bundy Still posant pour un photographe afin de montrer les entrailles d’une de ses caméras de télévision, New York, New York. Laurence Schwab, Junior, « Television and the Amateur. » Radio Craft and Popular Electronics, juin 1945, 554.
La FCC donne son feu vert à la demande de Still de février 1943 au début d’août 1944, lui permettant ainsi d’exploiter une station de télévision expérimentale, la 4ème de New York, W2XJT.
Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur avisé(e), les lettres XJT peuvent très bien signifier Experimental Jamaica Television. Très bien. Prenez-vous une étoile dorée et… Une, pas deux. Soupir…
Albert W. « Al » Bernsohn, un individu très versé dans la diffusion, déclare dans le numéro d’automne 1944 du magazine trimestriel américain Televiser que Still est, et je cite, des mots traduits ici, « un des esprits les plus fertiles et inventifs de la télévision. »
En plus de sa caméra de télévision, Still développe un téléviseur simplifié qui coûte supposément de 20 à 33 % de moins que les téléviseurs produits par des fabricants plus ou moins établis. Il invente également un scanneur électronique de films qui « télévise » les films à une vitesse de 24 images par seconde, qui est la vitesse à laquelle fonctionnent les caméras de cinéma, plutôt qu’à une vitesse de 30 images par seconde, la vitesse à laquelle fonctionnent les caméras de télévision classiques.
La station de télévision expérimentale de Still, si, W2XJT, commence à fonctionner début juillet 1945, plus de 2 ans environ après que Still ait lancé le projet et 3 mois après la date mentionnée dans la paperasse de la FCC. Remarquez, au moins une source contemporaine affirme que la station de Still commence à fonctionner à la mi-octobre. J’ai le sentiment que cette source se trompe.
La mise en place de W2XJY avait coûté environ 21 000 $ ÉU, une somme qui correspond à plus de 530 000 $ en devises de 2025. Les coûts de main-d’œuvre ne sont toutefois pas inclus dans cette somme.
Détail intéressant, environ 90 % de l’équipement contenu dans la station (caméras, émetteur, équipement de sonorisation, système d’intercommunication, tableau de commande principal, etc.) avait été conçu par Still lui-même. De fait, une grande partie de l’équipement contenu dans la station avait été construit par Still, à partir de composants récupérés dans son atelier.
Bien qu’il fasse une grande partie de du travail tout seul, Still reçoit une aide périodique de quelques amis en génie et de quelques étudiants du secondaire, mais je digresse.
Maintenant, si vous pensiez que les susmentionnés 21 000 $ ÉU représentent un énorme tas de foin, ami(e) lectrice ou lecteur grippe-sous, sachez que des fabricants d’équipements de télévision semblent assez surpris par cette somme. Voyez-vous, leurs impressions sur ce que coûterait une installation similaire, mais plus puissante, varient entre 115 000 $ ÉU et 160 000 $ ÉU environ, des sommes qui correspondent à environ 2 900 000 $ à 4 000 000 $ en devises de 2025. Wah!
Bien qu’il peut avoir conçu quelques parties de l’antenne de sa station de télévision, Still ne conçoit ni ne construit la tour d’environ 65 mètres (213 pieds) de haut qui la supporte. La dite antenne permet apparemment à W2XJT de diffuser ses signaux dans un rayon d’environ 55 kilomètres (environ 35 milles).
Incidemment, quelqu’un, très probablement quelqu’un de Brooklyn-Manhattan Transit Corporation, une société de portefeuille de transport urbain basée à New York, ayant fait remarquer que cette tour pourrait un jour s’effondrer sur une des lignes surélevées de la firme, Still doit souscrire une police d’assurance de 100 000 $ ÉU. Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur qui a l’esprit mathématique, cette somme correspond à près de 2 500 000 $ en devises de 2025.
Et vous avez une question, n’est-ce pas, ami(e) lectrice ou lecteur? Où au nom de tout ce qui est impie Still a-t-il bien pu trouver les 21 000 $ ÉU dont il a eu besoin pour créer sa station de télévision expérimentale? J’aimerais bien le savoir.
Quoiqu’il en soit, si la firme de Still s’avérait fructueuse, elle pourrait ouvrir la voie à la création d’autres petites stations de télévision dans des petites villes et villes de tous les États-Unis. Les responsables de tels projets de chaînes de télévision pourraient bien se ruer sur Still, une perspective qui ne remplit pas de joie et bonheur les directions de firmes comme Zenith Radio Company, Westinghouse Electric and Manufacturing Company, Radio Corporation of America, Philco Radio & Television Company ou General Electric Company.
Parlant (tapant?) de succès, pour citer, en traduction, un journaliste qui écrit en avril 1945 pour l’hebdomadaire américain The Billboard : « Henry Ford l’a fait dans un garage. Peut-être que Still peut le faire dans l’arrière-boutique d’un magasin de radio à Jamaica, [New York] ».
Ais-je besoin de vous rappeler qui est Henry Ford? Vermouilleux.
On sait peu de choses sur ce que Still diffuse sur la canal 13, le numéro attribué à W2XJT par la FCC.
Fin octobre 1945, toutefois, un acteur / chanteur américain de 14 ou 15 ans bien connu localement participe à une émission de télévision commanditée par Jamaica Radio Television. Bernard « Bernie » Feld interprète un adolescent qui suit une formation manuelle.
Début novembre, un des premiers programmes de formation aux programmes de télévision lancés à New York doit démarrer. Vingt-cinq personnes devraient recevoir une formation théorique et pratique sous la supervision de Lenore Berse, directrice des programmes de W2XJT et ancienne assistante au département télévision du magasin phare d’une célèbre chaîne de grands magasins américains, R. H. Macy & Company Incorporated.
Les étudiants spécialement sélectionnés devraient se rencontrer 24 fois sur une période de 13 semaines. Tous les cours devraient avoir lieu le soir. Oh, et les frais de scolarité s’élèveraient à un joli 100 $ ÉU, une somme qui correspond à environ 2 500 $ en devises de 2025.
Un célèbre concepteur / metteur en scène (théâtre et cinéma) / producteur américain, Ralph Alswang, devrait faire office de directeur. Il serait assisté par la directrice de production de W2XJT, Miriam Tulin.
Pour répondre à la question qui se coalesce lentement dans votre petite caboche, Tulin est une talentueuse actrice / directrice de théâtre / mentor / professeure qui participe au développement précoce de la télévision. Remarquez, Tulin est également la directrice d’une petite agence de production télévisuelle basée à New York, Video Production Associates (Incorporated?), et…
Vous avez une autre question, n’est-ce pas, ami(e) lectrice ou lecteur avisé(e)? Pourquoi votre humble serviteur a-t-il utilisé des verbes comme devraient? Une bonne question. Voyez-vous, je ne suis pas tout à fait sûr que ce programme ait réellement lieu.
Ceci étant dit (tapé?), ce programme semble avoir une certaine ressemblance avec un autre programme de formation. Laissez-moi vous expliquer.
En juin ou juillet 1946, Still et une organisation à but non lucratif basée à New York et dédiée au soutien de l’excellence et de l’éducation dans le théâtre, à savoir American Theatre Wing War Service Incorporated, signent une sorte d’accord.
Selon cet accord, W2XJT diffuserait une émission écrite et réalisée par les membres d’un cours de télévision de 10 semaines, un cours destiné à des vétérans de la Seconde Guerre mondiale. Un système de rotation serait utilisé pour s’assurer que chaque étudiant se familiariserait avec tous les aspects (réalisation, production, écriture, conception, etc.) du fonctionnement d’un studio de télévision.
Ces vétérans, soit dit en passant, sont des acteurs et autres interprètes qui auraient pu devenir un peu rouillés en servant dans les forces armées américaines pendant la Seconde Guerre mondiale.
La personne responsable de cette série de cours télévisés est Harvey Marlowe, un producteur employé précédemment par une des plus importantes sociétés de radiodiffusion des États-Unis, American Broadcasting Company.
Le projet peut avoir échoué ou non. Voyez-vous, encore, au début d’octobre 1946, 20 vétérans travaillant sous les auspices d’American Theatre Wing War Service présentent la première d’une série de 4 émissions de télévision sur WABD, une station de télévision de New York appartenant à un fabricant d’équipements de télévision / firme de diffusion américaine, Allen B. DuMont Laboratories Incorporated, d’où le nom de la station, et ce par l’intermédiaire de sa filiale DuMont Television Network Incorporated.
Quoi qu’il en soit, remontons maintenant un peu dans le temps pour renouer avec Still et les activités confirmées de W2XJT.
Début 1946, Still et sa petite équipe de bénévoles de W2XJT espèrent produire 1 heure d’émissions en direct et 3 heures de diffusion de films chaque semaine. Ils espèrent également diffuser 8 à 10 heures de musique par jour sur le canal audio de la station.
Incidemment, la susmentionnée Tulin supervise la formation du personnel bénévole de la station en collaboration avec la susmentionnée Berse.

Une publicité pour la démonstration de télévision intra-magasin d’une semaine organisée dans le grand magasin phare de B. Gertz Incorporated, New York, New York. Anonyme, « B. Gertz Incorporated. » Sunday News, 27 janvier 1946, Q1.
En janvier 1946, Jamaica Radio Television installe à la hâte du matériel de télévision de sa propre fabrication dans le magasin phare de Jamaica de B. Gertz Incorporated, une division d’une plus grande chaîne de grands magasins américains, Allied Stores Corporation. Cet équipement est utilisé pendant une semaine pour une démonstration intra-magasin, entre le 31 janvier et le 6 février, je pense.
Et voici le magasin phare en question...

Le magasin phare de B. Gertz Incorporated, à New York, New York, tel qu’il est le jour de son ouverture officielle, début d’octobre 1928. Anon., « B. Gertz Incorporated. » Brooklyn Daily Eagle, 4 octobre 1928, L.I. 3.
Des discussions à ce sujet avaient commencé au début de l’automne 1945. Pour une raison ou une autre, elles sont interrompues pendant quelques semaines, jusqu’en décembre, date à laquelle un accord est signé.
Pourquoi un tel accord, demandez-vous? Une bonne question.
Voyez-vous, la direction de B. Gertz sait très bien que le magasin phare d’une célèbre société américaine de grands magasins, Gimbels Brothers Incorporated, à Philadelphie, Pennsylvanie, avait créé une somptueuse démonstration de télévision intra-magasin en coopération avec la division RCA-Victor de Radio Corporation of America.
Cette démonstration, la première du genre au monde, je pense, comprend une station de télévision temporaire et pas moins de 20 téléviseurs dispersés dans 20 mini-théâtres sur 7 étages du bâtiment. Des présentations de 10 minutes ont lieu toutes les demi-heures, et ce sur une période de 22 jours en octobre et novembre 1945. Les visiteurs peuvent voir des ustensiles de cuisine et appareils électroménagers. Il y a aussi des défilés de mode qui proposent des articles célèbres, frappants, luxueux et magnifiques comme des chapeaux, chaussures, foulards et manteaux de fourrure.
Et oui, maintenant que la Seconde Guerre mondiale est terminée, peu d’articles sont encore soumis au rationnement. Alors, lâchez donc les cordons de votre bourse, ami(e) lectrice ou lecteur, c’est le temps d’une frénésie d’achats! Désolé, désolé.
Le geek scientifique en moi se sent obligé de souligner qu’un microscope électronique développé par la division RCA-Victor de Radio Corporation of America est exposé dans le hall de l’auditorium situé dans le magasin de Gimbels Brothers, mais je digresse.
La direction de B. Gertz est parfaitement consciente que la démonstration de Gimbels Brothers a attiré beaucoup d’attention – et des centaines de milliers de visiteuses et visiteurs, selon les dires de certains, et ce malgré les faiblesses de sa programmation.
La direction de B. Gertz sait aussi qu’elle ne dispose pas des ressources financières nécessaires pour organiser une démonstration télévisée d’une telle ampleur. Le vice-président de B. Gertz, Max Gertz, demande donc à Still de faire les choses simplement.

Trois des personnes impliquées dans la démonstration intra-magasin qui se tient fin janvier et début février 1946 dans le grand magasin phare de B. Gertz Incorporated, New York, New York. De gauche à droite, Max Gertz, vice-président de B. Gertz; Miriam Tulin, directrice de l’agence de production télévisuelle Video Production Associates (Incorporated?); et Harold B. Merahan, responsable de la promotion des ventes de B. Gertz. Anon., « Long Island Store Video Test Ends Well, Despite Bad Start. » Broadcasting Telecasting, 11 février 1946, 69.
Gertz, si, Max Gertz, a des idées assez claires sur la manière dont la démonstration doit se dérouler. De fait, il préconise l’utilisation d’un mélange de démonstrations de produits et vignettes dramatiques. L’accent mis par Gertz sur la programmation est basé sur les susmentionnées faiblesses dans la programmation de la démonstration intra-magasin de Gimbels Brothers.
La directrice de l’agence de production télévisée qu’il contacte, la susmentionnée Video Production Associates, respecte ses souhaits. La tout aussi susmentionnée Tulin travaille avec sa petite équipe pour élaborer un programme ambitieux comprenant 10 présentations par jour, diffusées toutes les demi-heures. La programmation changeant tous les deux jours, Tulin et son équipe ne conçoivent pas moins de 32 présentations différentes, et ce en coopération avec quelques départements du magasin.

Une répétition tenue avant la démonstration télévisée intra-magasin tenue au magasin phare de B. Gertz Incorporated, New York, New York. Anon., « Advertising and Merchandising – Retail Know-How Results from Gertz’s Tele Showing. » Televiser, mars-avril 1946, 31.
Il y aurait des mannequins présentant les dernières coiffures et les derniers accessoires, chaussures et vêtements. Il y aurait des démonstrations des plus récentes marmites à pression, machines à laver et fers à vapeur. Il y aurait de la musique et des vignettes dramatiques.
Fran Lee, née Frances Lederman, une actrice / défenseuse des consommatrices / mannequin américaine mieux connue sous le nom de Mme Fix-It / Fixit, visiterait le studio temporaire vitré situé au 4ème étage du magasin de B. Gertz à un moment donné pendant la semaine, et ce pour montrer de nouvelles utilisations d’articles ménagers surannés.
Les vedettes américaines d’une populaire émission de radio américaine, Breakfast with the Fitzgeralds, Pegeen Fitzgerald, née Margaret Worrall, la « Première dame des bavardages radiophoniques, » une expression traduite ici, et son époux, Edward « Ed » Fitzgerald, passeraient également par là.
D’autres personnalités artistiques bien connues dont on attend une visite au magasin sont le professeur de danse / danseur / chorégraphe américain Raymond « Ray » Harrison, la danseuse / chorégraphe / actrice américaine Bambi Linn, née Bambina Aennchen Linnemeier, et Pearl Primus, une danseuse / chorégraphe trinidadienne américaine dont le rêve de devenir chercheuse médicale avait été contrarié par sa couleur de peau.

Un des programmes d’American Red Cross Incorporated diffusés lors de la démonstration intra-magasin qui se tient fin janvier et début février 1946 au grand magasin phare de B. Gertz Incorporated, New York, New York. La présidente de la section Central Queens de l’American Junior Red Cross et épouse du directeur de l’information d’un journal de New York, Daily News, Patricia Casselman, née Wolf, est vue ici en train de parler des vêtements confectionnés pour les enfants d’Europe victimes de la guerre. Thelma Birenbaum, membre de l’American Junior Red Cross en uniforme complet, se tient à côté d’elle. Anon., « Red Cross Television Program. » Daily News, 7 février 1946, K8.
Avant que je ne l’oublie, les présentations proposées aux clientes et clients de B. Gertz comprennent également des programmes de service public préparés sous la supervision de l’association locale de parents et enseignant(e)s, un jeu questionnaire pour les parents par exemple, ainsi que des programmes offerts par American Red Cross Incorporated et Boy Scouts of America Incorporated.
L’équipement de transmission télévisuelle installé à la hâte ne fonctionne malheureusement pas comme prévu. De fait, aucune image ne peut être vue les premiers jours sur les téléviseurs placés dans une vitrine, au sous-sol et sur 4 étages du magasin de B. Gertz.
Incidemment, ces téléviseurs peuvent avoir été fournis par Radio Corporation of America et General Electric Company.
Ce qu’on peut voir au cours des derniers jours de la démonstration n’est pas clair, car les sources contemporaines se contredisant. Il est possible que l’équipement fonctionne lorsque le journaliste A est sur place, mais qu’il soit tombé en panne lorsque le journaliste B vient faire un tour. À ce qu’il semble, le jour de la démonstration officielle proposée aux médias, l’équipement ne produit que des images floues.
Les observateurs et promoteurs de l’industrie télévisuelle se demandent comment les gens qui se sont rués dans le magasin de B. Gertz réagiraient à ces problèmes techniques. Ils craignent que beaucoup d’entre elles et eux concluraient qu’il est encore trop tôt pour acheter un téléviseur.
Ces mêmes observateurs et promoteurs se demandent aussi comment réagiraient les firmes qui fabriquent les articles de consommation présentés lors de la démonstration intra-magasin. De fait, de nombreux représentants de ces firmes quittent le magasin de B. Getz avec la ferme intention d’avertir leurs supérieurs de ne pas participer à d’autres démonstrations similaires.
Même ainsi, le nombre de présentations improvisées organisées dans le studio temporaire est suffisant pour satisfaire la curiosité de nombreuses clientes et clients. Il y a des démonstrations d’articles ménagers comme des fers à vapeur et marmites à pression, par exemple, tandis que des actrices et acteurs montrent comment utiliser correctement un foulard ou nouer une cravate.
Pendant les présentations improvisées, les caméramans reçoivent l’ordre de la direction de B. Gertz de faire comme si l’équipement de télévision fonctionnait réellement. La susmentionnée Tulin proteste, arguant que cette mise en scène constitue une perte de temps pour le personnel technique qualifié de W2XJT et une insulte à la multitude de clientes et clients et aux quelque 125 journalistes basé(e)s au cœur de New York qui font le long voyage jusqu’au magasin à un moment ou à un autre. Elle est ignorée par la direction de B. Gertz, qui déclare que le magasin s’était engagé à organiser un spectacle.
Une digression personnelle si je peux me le permettre. Le susmentionné fait de nouer une cravate me rappelle un appel téléphonique que votre humble serviteur a passé à ses parents il y a trèèès longtemps. Voyez-vous, je devais assister à un événement qui exigeait que je porte un veston et une cravate. N’ayant jamais noué de cravate auparavant, j’avais besoin d’aide. Expliquer comment nouer une cravate au téléphone s’avère finalement impossible. Malgré tout, cela produit beaucoup d’hilarité aux deux bouts de la ligne.
Lorsque j’ai rendu visite à mes parents et à mon jeune frère quelque temps plus tard, à Sherbrooke, Québec, j’ai demandé à ma défunte mère si elle pouvait nouer quelques cravates que j’ai ramené dans mon humble demeure, à Ottawa, Ontario.
Et oui, quelqu’un a noué ma cravate pour que je puisse participer au susmentionné événement, qui peut, je répète peut, être l’ouverture officielle, en juin 1988, du nouveau bâtiment principal de ce qui est alors le Musée national de l’aviation, dans le village de Rockcliffe, Ontario, l’actuel Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, à Ottawa, mais revenons à notre histoire.
Gertz, oui, Max Gertz, affirme que la curiosité des clientes et clients est telle que la fréquentation du grand magasin phare de Jamaica avait augmenté d’environ 25 % au cours de la semaine où la démonstration intra-magasin a lieu.
Lors d’une entrevue avec un représentant du magazine bimestriel américain Televiser, Gertz fait contre mauvaise fortune bon cœur en déclarant, des mots traduits ici, que « la télévision intra-magasin est un puissant moyen de vente. » Il poursuit en déclarant que: « Nous aimons ce que nous avons vu et nous aimerions essayer à nouveau – la prochaine fois en prévoyant suffisamment de temps pour une installation et des tests approprié(e)s afin que l’équipement soit en parfait état de fonctionnement. »
Oh, avant que je ne l’oublie, la démonstration intra-magasin avait coûté environ 15 000 $ ÉU, divisés en 3 parts relativement égales (publicité, présentations et équipement), une somme qui correspond à environ 355 000 $ en devises de 2025. Wah!
Une question un peu délicate si je peux me le permettre. Avez-vous vu Still, ou un(e) autre Afro-Américain(e) d’ailleurs, sur une des photos liées à la démonstration intra-magasin que nous avons examinée? Non? Still n’aurait peut-être pas voulu être impliqué dans cette tentative plutôt infructueuse, pensez-vous? Peut-être. Le fait qu’il soit Afro-Américain joue peut-être également un petit rôle dans son absence sur les photos liées à notre démonstration télévisée intra-magasin. Je vous dis ça comme ça, moi.
Et si nous en restions là toutes et tous les deux pour aujourd’hui, ami(e) lectrice ou lecteur? Vous avez sans doute des choses importantes à faire sur votre liste de choses à faire dont vous devez vous occuper. Votre humble serviteur sera encore là la semaine prochaine, si le Monstre en spaghetti volant le veut.
À plus.