« Tout un orchestre dans un chapeau » – Victor Theodore Hoeflich, American Merri-Lei Corporation de New York, New York, et le chapeau radio Man from Mars, partie 2
Bonne journée à vous, ami(e) lectrice ou lecteur plein(e)s d’entrain. Je suis heureux de voir que vous avez hâte de poursuivre notre fouille archéologique dans l’histoire du chapeau radio Man from Mars produit par American Merri-Lei Corporation de New York, New York, de Victor Theodore Hoeflich.
Soit dit en passant, le texte qui accompagne la photographie d’un jeune couple au début de la partie précédente de cet article n’est pas une dénonciation de l’oisiveté des classes capitalistes qui exploitent sans vergogne les prolétaires du monde, une dénonciation rédigée par les bonnes gens du magazine d’information français Regards. Nenni. C’est une réflexion amusante sur la façon dont le dit couple peut gérer l’utilisation commune de ses chapeaux radio sans heurter un quelconque récif de discorde, avant de recommander au couple d’y aller tête nue, pour éviter un mal de crâne plus ou moins inévitable.
Et non, il n’y a pas de commentaires sarcastiques sur les deux bouteilles de boissons gazeuses facilement identifiables devant notre jeune couple. L’auteur ne sait probablement pas que Coca-Cola est extrêmement populaire dans l’Allemagne nationale-socialiste au début de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, mais je digresse. Revenons à notre histoire.
Hoeflich pense (espère?) que les amateurs de sport emporteraient leurs chapeaux radio pour assister à un match (baseball, football, hockey, marelle, etc.) et écouteraient les commentaires en direct de leur commentateur préféré. Les golfeurs nerveux pourraient aussi amener le leur sur leur terrain de golf préféré, pour apaiser leur amour-propre, si Dame Chance leur lance des colles tout au long de leur partie.
Remarquez, notre passionné(e) de sport peut aussi choisir d’écouter le commentaire en direct de son commentateur préféré pendant qu’elle ou il tond la pelouse, et ce, alors que son époux ou épouse accroche des vêtements sur la corde à linge pendant qu’il ou elle écoute son radioroman préféré. Pendant ce temps, leur progéniture adolescente peut engloutir des hot-dogs et boissons gazeuses en dansant sur leur musique préférée sur une plage voisine.
Et oui, en supposant que cette progéniture soit au nombre de deux, notre famille aurait déboursé 31.80 $, plus taxes, une somme qui correspond à environ 580 $ en devises de 2024, pour acquérir ses chapeaux radio. Encore une somme dérisoire, à condition d’en avoir les moyens.
Fin mai 1949, American Merri-Lei produit environ 5 000 chapeaux radio Man from Mars par jour. La firme espère pouvoir tripler sa capacité de production avant trop, trop longtemps. À temps, en fait, pour rendre ce couvre-chef accessible à toutes celles et ceux qui se rendent à la plage pendant l’été 1949.
Hoeflich affirme que le City of New York Police Department envisage la possibilité de commander un certain nombre de chapeaux radio. Mieux encore, la direction du New York International Airport, Anderson Field, à New York, aurait acheté un nombre de chapeaux pour rester en contact avec des membres de son personnel.
Et vous avez une question, ami(e) lectrice ou lecteur à l’aise avec les médias? Est-ce que beaucoup de journaux publient des articles plus ou moins détaillés sur le chapeau radio, demandez-vous? Et comment. De fait, notre chapeau reçoit également une large couverture dans des magazines populaires d’actualité / d’intérêt général comme Life, The New Yorker, Newsweek et Time, ainsi que dans des magazines populaires de bricolage / science et technologie comme Mechanix Illustrated, Popular Mechanics, Popular Science et Radio-Electronics.
Le journaliste américain Samuel Petok capturé par un photographe du The Detroit Free Press de Détroit, Michigan, alors qu’il se promène dans cette ville. Sam Petok, « There’s Something New Under the Sun Helmet! » The Detroit Free Press, 23 juillet 1949, 11.
Remarquez, certains articles de journaux traitent du chapeau radio de manière humoristique. Il suffit de penser au texte écrit par le journaliste Samuel « Sam » Petok pour The Detroit Free Press de… Détroit, Michigan, et publié en juillet 1949.
Comme vous pouvez le voir sur la photographie ci-dessus, oui, celle de gauche, un photographe du quotidien capture Petok alors que ce dernier traverse un carrefour très fréquenté sans trop y porter attention, provoquant prétendument la colère d’un conducteur de taxi qui doit prétendument se tenir debout sur les freins de son véhicule pour éviter une collision. Petok n’aurait pas non plus remarqué la charmante jeune femme visible sur la photographie de droite qui essaye prétendument d’attirer son attention.
Parlant (tapant?) d’humour, croiriez-vous qu’un épisode du début de juin 1949 de la bande dessinée quotidienne américaine There Should Be a Law!, un épisode du dimanche pour être plus précis, du bédéiste américain Albert « Al » Fagaly et de l’éditeur de livres / éditeur / écrivain américain Harry Shorten traite d’un chapeau radio? Je ne plaisante pas.
Mieux encore, cet épisode existe apparemment en deux versions, une bande dessinée (en noir et blanc ou en couleur) de 10 illustrations qui occupe un tiers de page dans un journal standard et une bande dessinée (en noir et blanc ou en couleur) de 13 illustrations qui occupe une page entière dans un tabloïd.
Cette dernière peut être retrouvée dans le supplément d’un numéro de fin juillet de Le Petit Journal. Dans cet hebdomadaire de Montréal, Québec, la bande dessinée créée par Fagaly et Shorten est connue sous le titre de C’est toujours comme ça.
Incidemment, There Oughta Be a Law! apparaît plus tard mais brièvement dans Le Soleil et L’Évangéline, deux journaux quotidiens publiés respectivement à Québec, Québec, et Moncton, Nouveau-Brunswick, comme Ainsi va la vie et C’est toujours comme ça, mais revenons à notre histoire.
Le chapeau radio de notre bande dessinée est le fruit de l’imagination d’un adolescent intelligent nommé Migraine, je ne plaisante pas, qui le donne à son père, en cadeau. Ce dernier l’amène au bureau, où il impressionne beaucoup ses collègues. Malheureusement, le patron du père de Migraine empoigne accidentellement le chapeau radio alors qu’il sort du bureau en courant. Choqué d’entendre la voix d’un voleur d’émission radiophonique surgissant de nulle part, apparemment de derrière lui, le dit patron jette son argent par-dessus son épaule, comme l’avait ordonné le criminel invisible, avant de baisser son pantalon, comme on lui avait ordonné. Un policier choqué, témoin de ces événements étranges, arrête l’homme d’affaires, avec une certaine violence.
La dernière illustration de la bande dessinée montre le père de Migraine, roué de coups, vraisemblablement par son patron, demandant à voir son fils pour qu’il le roue de coups à l’aide d’une brosse à cheveux radio.
Et non, le fils en question ne s’appelle pas Migraine dans la version française de la bande dessinée. En fait, son nom n’est pas fourni du tout, et…
Je sais, je sais. Un tel niveau de violence est assez choquant, mais la vérité est que la fin des années 1940 et le début des années 1950 sont une époque où des bandes dessinées policières américaines beaucoup plus horriblement violentes comme All-True Crime, Crime And Punishment, Crime Does Not Pay, Crime Must Pay The Penalty!, Crime SuspenStories, Crimes by Women, Exposed, Famous Crimes from Police Files, Justice Traps the Guilty, Thrilling Crime Cases, True Crime, Wanted, War Against Crime!, etc., peuvent être trouvées partout aux États-Unis – et vraisemblablement au Canada.
Et ce n’est pas tout. Il y a aussi un grand nombre de bandes dessinées d’horreur américaines complètement horribles en vente partout aux États-Unis, et probablement au Canada. Des bandes dessinées comme Adventures Into Terror, The Crypt of Terror / Tales from the Crypt, The Haunt of Fear, Haunted Horror, Horrific, Horror Comics, Journey Into Fear, Screams From The Past, Tomb of Terror, The Vault of Horror, Weird Ghastly Horror, Weird Horrors, Weird Terror, etc.
Et oui, au moins une maison d’édition canadienne, Superior Publishers Limited de Toronto, Ontario, publie des réimpressions et histoires originales de crime et d’horreur dans des publications comme Crime and Punishment, Famous Crimes, Ghost Rider, Ghost Stories, Haunt of Fear, Journey into Fear, The Monster, Mysteries Weird and Strange, Red Seal Comics, Strange Mysteries, Tales from the Crypt, Tales of Horror et War Against Crime. Enfin, elle le fait jusqu’à son effondrement, vers 1956.
Pouvez-vous attendre un moment, ami(e) lectrice ou lecteur, pendant que je regarde dans mes placards et sous mon lit?
Pourquoi des gens se gavent d’images comme celles qui se trouvent dans de telles bandes dessinées me dépasse.
Et oui, vous avez tout à fait raison, ami(e) lectrice ou lecteur consterné(e), de telles images n’auraient jamais au grand jamais été vues dans des longs métrages américains de l’époque.
Vers 1948 au plus tard, un psychiatre germano-américain respecté, Fredric Wertham, né Friedrich Ignatz Wertheimer, en vient à croire que les bandes dessinées policières et d’horreur conduisent des jeunes Américaines et Américains, principalement des jeunes hommes, vers la délinquance, le racisme, la violence, etc.
Wertham sait vraisemblablement que, en juillet 1949, l’Assemblée nationale française vote une mesure législative qui donne au gouvernement le pouvoir d’empêcher la vente de livres et magazines jugés préjudiciables aux mineur(e)s. Le Deutscher Bundestag ouest-allemand et la Honourable the Commons of the Kingdom of England in Parliament assembled britannique adoptent des mesures quelques peu similaires en juin 1953 et avril 1954.
Le livre que Wertham publie au début de 1954, Seduction of the Innocent, devient un petit best-seller dont de nombreuses Américaines et Américains, parfois véritablement horrifié(e)s et parfois bien-pensant(e)s, ou politiquement ambitieux, s’emparent pour censurer l’industrie de la bande dessinée.
Et oui, vous avez bien raison, ami(e) lectrice ou lecteur avisé(e), il y a plusieurs personnes au Canada qui sont d’accord avec Wertham. Des personnes comme celles qui brûlent publiquement environ 8 000 bandes dessinées d’horreur à Vancouver, Colombie-Britannique, en novembre 1954, un acte dénoncé par tant de personnes qu’il n’est pas répété dans cette province, ni ailleurs au Canada.
Remarquez, de nombreux responsables gouvernementaux américains s’inquiètent des dommages que les messages racistes des bandes dessinées peuvent faire aux niveaux national et international. Le racisme grotesque de nombreuses bandes dessinées peut ne pas être trop bien perçu à l’étranger, par exemple. D’autre part, ce même racisme peut mettre en rage de nombreuses Américaines et Américains et miner leur soutien pour des activités anticommunistes américaines plus ou moins légales en Asie, Amérique latine et Afrique.
Remarquez, encore une fois, de nombreux responsables gouvernementaux américains s’inquiètent également de la façon dont certains éditeurs de bandes dessinées dénigrent systématiquement la United States Army et dépeignent systématiquement les armes atomiques comme trop destructrices pour être contrôlées par des humains, ces humains étant décrits comme bellicistes, cupides, incompétents et / ou stupides de toute façon.
De fait, que serait-il arrivé si ces éditeurs avaient réussi à déchirer le voile de calembredaines grandiloquentes, nenni, le voile de m*rd*, sous lequel les militaires et le gouvernement avaient pudiquement caché les conséquences horribles de l’utilisation au combat de ces armes de destruction massive? Désolé, désolé.
Craignant pour son avenir, et ses comptes bancaires, l’industrie américaine de la bande dessinée crée Comics Magazine Association of America Incorporated en septembre 1954. À son tour, cette dernière crée une Comics Code Authority (CCA) en octobre, comme alternative d’autorégulation volontaire à une réglementation gouvernementale.
Le fait que le gouvernement américain décide de ne pas réglementer l’industrie américaine de la bande dessinée ne plaît pas à Wertham. Il estime que le logo de la CCA amène de nombreuses lectrices ou lecteurs à conclure que, entre autres choses, les représentations racistes de personnages non blancs dans de nombreuses bandes dessinées américaines sont parfaitement acceptables, ce qu’il désapprouve profondément.
La CCA ne meurt de la belle mort du dodo qu’en janvier… 2011, soit dit en passa nt, lorsque le dernier éditeur qui y adhérait abandonne finalement le tout, mais je digresse.
Incidemment, Wertham compromet, déforme, exagère, fabrique ou manipule une bonne partie des données qu’il avance dans Seduction of the Innocent. Les personnes et groupes qui font la promotion de ses idées ne savent rien de ce contenu contrefait – ou s’en fichent.
Avant que je ne l’oublie, croiriez-vous que, selon le code criminel du Canada, c’est-à-dire la Loi concernant le droit criminel, les distribution, impression, publication et vente de bandes dessinées policières au Canada sont illégales entre décembre 1949 et une date indéterminée en 2018? Je ne plaisante pas, mais revenons à notre histoire.
Et oui, ce vote de décembre 1949 à la Chambre des communes du Canada, une action décrite éditorialement par le journal quotidien Saskatoon Star Phoenix de… Saskatoon, Saskatchewan, des mots traduits ici, comme étant « une des croisades les plus outrageusement ridicules jamais entreprises par une démocratie, » est effectivement unanime.
Et oui, encore, en ce moment même, il y a probablement des mesures législatives dans le code criminel du Canada qui sont tout aussi outrageantes ou ridicules, ou les deux.
Un jeune gentilhomme qui ne semble pas très content du chapeau radio Man from Mars est Olin Mumford, l’adolescent mentionné dans la première partie de cet article. De fait, en juin 1949, il demande à Pierre DuVinage Howard, l’avocat / homme politique géorgien qui avait manœuvré sa demande de brevet, de vérifier si ce couvre-chef porte atteinte à son brevet.
Votre humble serviteur ne sait pas malheureusement comment se déroule cette histoire dans notre histoire. Ceci étant dit (tapé?), j’ai l’impression que les différences entre les deux concepts sont telles qu’aucune atteinte ne peut être prouvée.
Incidemment, des annonces dans des journaux faisant l’éloge du chapeau radio Man from Mars peuvent être trouvées jusqu’à la période de Noël 1949.
Comme on peut s’y attendre au pays du capitalisme de libre marché, certains commerçants profitent de l’engouement autour de ce couvre-chef pour faire grimper les prix, à 8.95 $ ÉU sinon 9.95 $ ÉU, taxes comprises peut-être, des sommes qui correspondent à 165 $ et 180 $ ÉU. Remarquez, certains commerçants vendent ces mêmes chapeaux radio pour aussi peu que 4.95 $ ÉU, une somme qui correspond à environ 90 $ en devises de 2024.
En janvier 1950, en d’autres mots après la ruée de Noël, certains chapeaux radio se vendent pour seulement 3.99 $ ÉU. Un endroit en vend à 2 $ ÉU en octobre 1950. Ces sommes correspondent incidemment à moins de 75 $ et un peu plus de 36 $ en devises de 2024.
Et oui, par devises de 2024 votre humble serviteur veut dire devises canadiennes de 2024, comme il sied à un blogue / bulletin / machin canadien comme le nôtre.
Les chapeaux radio Man from Mars vendus dans des magasins partout aux États-Unis peuvent aussi être commandés par la poste, ce qui est une bonne chose. Voyez-vous, autant que votre humble serviteur puisse le comprendre, ce couvre-chef ne peut pas être acheté au Canada. De fait, il peut être impossible de trouver ce produit en vente à l’extérieur des États-Unis.
Un des premiers, sinon le tout premier chapeau radio Man from Mars trouvé au Québec, soit celui importé par l’acteur de théâtre et radio / professeur d’élocution et d’art dramatique québécois Alfred Brunet. Arthur Prévost, « Alfred – ‘Ceux qu’on aime’ – Brunet est le premier des artistes de la radio à se couvrir du chapeau-radio. » Radiomonde, 3 septembre 1949, 8.
Compte tenu de cet inconvénient mineur, Alfred Brunet, un acteur de théâtre et radio / professeur d’élocution et d’art dramatique québécois populaire mais oublié depuis longtemps, et très à l’écoute des évolutions techniques, doit commander le chapeau radio qu’il souhaite acquérir d’un vendeur américain, fort possiblement Américain Merri-Lei. Il doit en fait récupérer ce couvre-chef, soigneusement emballé dans une boîte en carton, à l’Édifice des Douanes de Montréal, à… Montréal.
Le personnel du ministère du Revenu national, responsable des douanes et de l’accise, est toutefois perplexe. Leur barème des douanes et accises ne contient aucune information sur un chapeau radio. Est-ce qu’il a affaire à un chapeau ou à un poste de radio?
Après mûre réflexion et introspection, le personnel indique à Brunet qu’il lui faudrait débourser 3.33 $ pour quitter l’Édifice des Douanes de Montréal avec son chapeau radio Man from Mars. Brunet n’est probablement pas ravi de payer autant de pognon, les 3.33 $ correspondant à environ 44 $ en devises de 2024, mais il le fait quand même. Il veut vraiment ce chapeau, et ce même s’il admet volontiers que ce couvre-chef n’est guère plus qu’un jouet.
Ahhh, les gars et leurs jouets… Jeux vidéos. Armes atomiques. Désolé, désolé.
Et oui, le chapeau radio de Brunet peut bien être le premier à faire son apparition au Québec, voire au Canada.
Incidemment, Brunet ne peut écouter aux émissions de 2 seulement stations et il doit vraiment y porter attention car le volume sonore est très faible.
Incidemment, l’expression « Ceux qu’on aime » qu’on retrouve dans la légende de la photographie ci-dessus est le titre d’un radioroman hebdomadaire dans lequel Brunet joue un rôle important. Ce radioroman qui reste en ondes pendant près de 20 ans, entre octobre 1938 et mai 1958, s’inspire au moins en partie d’un radioroman américain, Those We Love, diffusé entre janvier 1938 et avril 1945.
Soit dit en passant, Brunet fait apparemment partie de la distribution de Ceux qu’on aime entre octobre 1938 et septembre 1953 au plus tôt.
Le journaliste montréalais Arthur Prévost conclut son article enjoué sur le chapeau radio de Brunet, publié dans un numéro de septembre 1949 de l’hebdomadaire Radiomonde, de Montréal, par une phrase encore plus enjouée : « À quand le grille-pain-chapeau, le ‘cocktail-shaker’-chapeau ou encore la ‘boîte-à-lunch’-chapeau? »
Et oui, Prévost est bel et bien mentionné dans des numéros de mai et octobre 2019 de notre brillant et enjoué blogue / bulletin / machin.
Incidemment, encore, saviez-vous que, jusqu’au 31 mars 1953, les Canadiennes et Canadiens qui veulent écouter légalement les émissions diffusées sur les ondes par des stations de radio doivent obtenir une Licence Spéciale de Poste Radiorécepteur Privé délivrée par la division de la Radio du ministère des Transports. Cette licence doit être renouvelée chaque année. En 1949, cette licence coûte 2.50 $, une somme qui correspond à environ 33 $ en devises de 2024, mais je digresse.
Le premier chapeau radio Man from Mars exposé au public au Québec (si ce n’est au Canada??) peut être dévisagé à Montréal, lors du Festival du Commerce du Plateau Mont-Royal tenu entre des 6 au 8 octobre 1949. Il est exposé au kiosque exploité par Claude Girard, propriétaire d’un magasin de disques situé dans le secteur du… Plateau Mont-Royal à Montréal, un magasin avec une clientèle de vente par correspondance partout au Québec.
Et non, ce chapeau radio en particulier n’est pas à vendre.
Avant que je ne l’oublie, à la mi-novembre 1949, le chapeau radio Man from Mars est un des sujets abordés dans un des épisodes quotidiens (du lundi au samedi) d’une émission de radio consacrée aux derniers développements scientifiques et technologiques. Diffusée entre 1946 et 1957, je pense, par CKAC, une station de radio montréalaise appartenant aux importants quotidiens La Presse de Montréal, Quoi de Nouveau? est animée par un animateur chevronné de la radio québécoise du nom d’Alain Gravel. Les mots qu’il prononce sont l’œuvre d’une talentueuse scénariste québécoise, Berthe Robitaille.
Curieusement, du moins pour moi, notre chapeau radio avait également été mentionné lors d’un épisode de Quoi de Nouveau? diffusé un peu après la mi-juin.
Et non, votre humble serviteur n’avait jamais entendu parler de Quoi de Nouveau?
Plaçant de côté tout soupçon de frivolité, votre humble serviteur tient à préciser qu’un certain nombre de chapeaux radio Man from Mars arrivent en France à temps pour la période de Noël 1949.
Vous voudrez peut-être noter que ce qui suit est horrible.
En août 1944, alors que les forces allemandes qui avaient occupé la France sont contraintes de battre en retraite, des membres de la Résistance française sabotent une importante ligne ferroviaire près du village de Maillé, dans le centre de la France, et ce à 3 reprises. Le même mois, des habitants du village aident un aviateur du Corps d’aviation royal canadien à échapper aux soldats allemands qui le recherchent. Toujours en août, d’autres soldats allemands interceptent un largage d’armes près de Maillé.
Peu après, à la fin août, des membres de la Résistance attaquent deux véhicules militaires allemands près de Maillé, encore, blessant et tuant peut-être des soldats allemands.
Le lendemain de cette attaque, des membres de la tristement célèbre Waffen-SS, la branche militaire de la tout aussi tristement célèbre Schutzstaffel (SS), une organisation paramilitaire du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, attaquent Maillé, tuant 124 de ses quelque 500 habitants, dont 48 enfants de moins de 14 ans de même que 41 femmes
Un peintre américain aisé, Girard Van Barkaloo Hale, et son épouse anglo-américaine, la philanthrope Kathleen Van Barkaloo Hale, née Burke, tous deux fervents francophiles, entendent parler du massacre de Maillé en 1946. Elle et il sont horrifié(e)s et décident d’aider.
De 1946 jusqu’à leur décès, en octobre et novembre 1958, le couple supervise l’expédition d’énormes quantités de marchandises destinées à vêtir, réconforter, nourrir, éduquer et aider les habitants du village qu’ils ont adopté. Il y a des livres pour la bibliothèque scolaire, un tracteur pour les agriculteurs locaux, des appareils électroménagers modernes pour chaque foyer, etc.
Des cadeaux de Noël sont également distribués chaque année, entre 1946 et 1957 ou 1958, aux enfants du village. Plusieurs d’entre elles et eux reçoivent par exemple un chapeau radio Man from Mars en 1949.
Aussi populaire que soit le chapeau radio Man from Mars auprès des membres du 4ème pouvoir, c’est-à-dire auprès des journalistes, la triste vérité est que ce couvre-chef ne se vend pas autant que Hoeflich l’avait espéré.
Les adultes américains typiques, euh, les mâles Homo sapiens adultes américains en fait, l’ego masculin étant facilement meurtri, n’auraient peut-être pas voulu être la cible des regards amusés d’étrangères et étrangers ou des cris forts de garçons curieux, alors qu’ils vaquent à leurs occupations.
D’accord, d’accord. Les principales raisons de l’échec du chapeau radio Man from Mars sont liées à ses limitations techniques et mauvaises performances.
Il n’a par exemple que 2 tubes à vide, alors que les postes de radio domestiques, sans conteste beaucoup plus volumineux, en ont 5 ou 6.
De plus, le volume des signaux radio captés par notre couvre-chef diminue fréquemment ou tombe à zéro lorsque celle ou celui qui le porte tourne la tête. Parfois, lorsqu’elle ou il syntonise une station de radio, tout ce que cette personne entend est un bruit de grincement.
Malgré cela, le chapeau radio Man from Mars a de nombreux fans. En 1956, Hoeflich affirme que sa firme reçoit encore parfois une commande pour cet article. La réponse inévitable est que la production du chapeau radio avait été abandonnée des années auparavant, dès 1950 en fait.
Et non, American Merri-Lei ne produit probablement pas environ 5 millions de chapeaux radio. Ceux qui ont survécu jusqu’à nos jours sont probablement des objets de collection.
On espère que ce jeune homme a mis un chapeau radio Man from Mars à l’envers par exprès, pour se moquer gentiment de ce couvre-chef insolite. Anon., « Radio Hat. » Life, 6 juin 1949, 155.
Bien que votre humble serviteur ne sache pas si cette dame plus âgée a acheté un chapeau radio Man from Mars, elle semble certainement apprécier la musique qu’elle entend. Pour citer, en traduction, 2 lignes de la populaire chanson de 1972 (!) Listen to the music des Doobie Brothers, un groupe de rock américain, « Ouah, écoutez la musique, tout le temps. » Anon., « Radio Hat. » Life, 6 juin 1949, 155.
Le fait qu’une icône de la culture populaire américaine comme le magazine Life qualifie le chapeau radio Man from Mars, dans un numéro de juin 1949, de stupide et ridicule, même s’il fonctionne bien, n’aide peut-être pas. Et oui, le jeune homme sur la photographie ci-dessus porte son chapeau à l’envers, vraisemblablement par exprès.
Et non, votre humble serviteur ne fera pas honte à ce numéro de notre très sérieux et savant blogue / bulletin / machin en évoquant le jour, en juin 1994, où un certain premier ministre du Canada est photographié alors qu’il porte son casque à l’envers, vraisemblablement pas par exprès, lors d’une visite aux soldats des Forces canadiennes basés à Visoko, Bosne i Hercegovine / Bosnie-Herzégovine. Ces soldats tentent alors de surveiller un cessez-le-feu dans cette région de l’ex-Yougoslavie.
Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur technophile qui veut changer de sujet, quelques sinon plusieurs types de chapeaux Bluetooth avec haut-parleurs intégrés sont actuellement disponibles sur le marché. Ahhh, les gars et leurs jouets…
Incidemment, le premier poste de radio suffisamment petit pour être glissé dans une poche sort en novembre 1954. Bien que produit par Industrial Development Engineering Associates Incorporated (IDEA), une firme américaine, le radio transistor Regency TR-1 est en réalité le fruit de l’imagination d’une firme américaine de fabrication de transistors, Texas Instruments Incorporated.
Et oui, la TR-1 est le premier radio transistor produit en série au monde.
Le TR-1 d’environ 340 grammes (environ 12 onces), batterie incluse, se vend 49.95 $ ÉU, batterie non incluse, une somme qui correspond à environ 815 $ (!!) en devises de 2024. Je ne plaisante pas. Et la chose ne fonctionne même pas très bien.
Malgré cela, IDEA produit environ 150 000 TR-1. À première vue, aucun d’entre eux n’est vendu au Canada.
Le second poste de radio assez petit pour être glissé dans une poche sort en mars 1957, je pense. Le TR-63 de poche, en anglais pocketable, est le fruit de l’imagination d’une firme d’électronique japonaise, Tōkyō Tsūshin Kōgyō Kabushiki Kaisha.
Soit dit en passant, le mot pocketable n’est pas inventé pour ou par cette firme japonaise, mais je digresse, un de mes nombreux défauts.
Cette fois-ci toutefois, le radio transistor en question se vend au Canada, à partir de juin 1957. Il peut, je répète peut, être vendu dans ce pays avant d’être disponible aux États-Unis.
Comme vous l’avez peut-être déjà évoqué, le TR-63 est le premier radio transistor exporté / importé sur notre grosse bille bleue.
Publicité publiée par le bureau de Calgary, Alberta, de General Distributors Limited pour le radio transistor Gendis Sony TR-63. Anon., « General Distributors Limited. » The Calgary Herald, 11 juillet 1957, 10.
Distribué au Canada par General Distributors Limited (Gendis), un distributeur bien connu de divers produits importés basé à Winnipeg, Manitoba, je pense, le TR-63 est connu au Canada sous le nom de Gendis Sony TR-63. Oui, oui, vous avez bien lu. Sony, comme Sony Kabushiki Kaisha, une nouvelle raison sociale officiellement adoptée en janvier 1958.
En guise d’offre spéciale de lancement, Gendis vend le TR-63 avec un étui en cuir, un écouteur avec son étui en cuir et une batterie. Le coût de ce petit bijou, un bijou légèrement plus petit que le TR-1 en fait, est de 69.50 $, une somme qui correspond à environ 750 $ en devises de 2024. Wah!
Sans l’étui en cuir, l’écouteur avec étui en cuir et la batterie, un TR-63 se vend 39.95 $ ÉU aux États-Unis, et ce à partir de juillet 1957. Incidemment, cette somme correspond à environ 625 $ en devises de 2024.
Et oui, brillant(e) ami(e) lectrice ou lecteur, le prix de ce TR-63 vendu aux États-Unis est pratiquement identique à celui d’un TR-63 vendu au Canada sans l’étui en cuir, l’écouteur avec étui en cuir et la batterie.
Euh, c’était une longue digression, n’est-ce pas, ami(e) lectrice ou lecteur? Votre faute. Maintenant, concluons notre histoire.
Malheureusement, votre humble serviteur n’a pas pu découvrir quand American Merri-Lei disparaît.
Le père du chapeau radio Man from Mars, Victor Theodore Hoeflich, quant à lui, quitte la scène en décembre 1977, à New York, à l’âge de 81 ans.
À plus tard, dans le futur. En 2025.