En quête du sublime : le parc Algonquin et l’origine du tourisme en milieu sauvage au Canada
Vers la fin des années 1800, la croissance très forte de la population, l'industrialisation et une classe moyenne sans cesse plus nombreuse ont déclenché un processus de transformation majeur dans toutes les villes canadiennes. Toronto n'a pas fait exception et, à cette époque, seule Montréal la devançait en population et en production industrielle.
Les grandes inquiétudes au sujet de la ville ne découlaient pas seulement de la pollution industrielle, mais aussi de la pauvreté et de la maladie sans cesse plus visibles, de l’évolution des systèmes de transport, et, surtout, de l’apparition de l’automobile.
Une autre source d`inquiétudes était le style de vie moderne sédentaire qui, combiné à la saleté et à la congestion, avait des effets néfastes sur la santé physique et mentale des citadins.
Les effets nocifs et les problèmes sociaux associés à la vie dans les villes industrialisées du Canada devenant de plus en plus manifestes, bon nombre de gens ont cherché à y échapper en s'adonnant à diverses formes de loisirs en plein air. Les vacances dans la nature ont commencé à gagner en popularité au sein de la classe moyenne canadienne à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. Au–delà de leur désir de s'évader momentanément du stress et des problèmes de la vie urbaine, les gens avaient développé cet engouement pour la nature sous l'influence d'un cadre culturel largement anglo–américain qui associait la nature au « sublime ».
À de nombreux égards, les chemins de fer ont facilité la création de la ville industrielle moderne, tout en fournissant aux citadins un moyen de transport pour s'en évader. L'autoroute jusqu'au parc Algonquin n'a été construite qu'en 1936, de sorte que le train était le seul moyen de s'y rendre avant cette époque, mis à part le canot. Le Grand Trunk Railway et le CN plus tard ont activement fait la promotion des destinations en milieu sauvage au Canada. Les sociétés de chemins de fer vantaient les mérites du parc Algonquin et de la région des Muskokas comme destinations de pêche et de navigation de plaisance.
Au début du 20e siècle, les sociétés de chemins de fer, qui faisaient toujours la promotion des destinations en milieu sauvage, se sont mises à y construire des hôtels de villégiature. Dans le parc Algonquin, le CN exploitait trois établissements de villégiature : le Highland Inn, le Camp Minnesing et le Nominigan Lodge.
Le voyageur urbain, qu'il soit un jeune campeur ou un vacancier adulte, apprenait à son arrivée au parc Algonquin que cet endroit accueillait pratiquement en permanence un petit groupe de personnes, dont des gardes forestiers et des guides. Tant ces « gens du parc » que les vacanciers qui y séjournaient brièvement trouvaient au territoire quelque chose d'irrésistiblement attirant. Source d'inspiration pour certains, il procurait à d'autres un sentiment d'indépendance, un emploi saisonnier ou un revenu de base, quand ce n'était pas simplement la tranquillité, la paix ou un site exceptionnel pour la pêche. Le parc Algonquin offrait tout cela aux Canadiens sans cesse plus nombreux qui l'ont découvert au cours du 20e siècle.
Adapté d`une exposition en ligne de notre site Web Histoires en images.