Du café, des chats et des métadonnées : Quand les archivistes travaillent à domicile
La première semaine d’avril, l’Ontario (Canada) célèbre la Semaine de sensibilisation aux archives. La bibliothèque et les archives d’Ingenium sont situées à deux endroits à Ottawa : au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada et au Centre Ingenium (à côté du Musée des sciences et de la technologie du Canada).
L’année dernière n’avait rien d’ordinaire. Les restrictions qu’impose la COVID-19 ont forcé le personnel de la bibliothèque et des archives d’Ingenium à travailler surtout à domicile. Il s’est donc concentré sur le numérique et le virtuel, plutôt que sur des aspects physiques du travail. Pour souligner la Semaine de sensibilisation aux archives, le Réseau Ingenium a rencontré Adele Torrance, Marcia Mordfield, et Sian Jones pour réfléchir aux difficultés rencontrées au cours de la dernière année et à ce qu’elle a eu de positif.
Comment votre travail a-t-il changé depuis de début de la pandémie?
« Nous avons dû adapter nos plans et nous tourner vers des projets que nous pouvions réaliser sans consulter les collections physiques. Nous avons beaucoup travaillé avec des métadonnées et informé de nombreux chercheurs que nous répondrions à leurs questions à une date ultérieure. » ~ Adele Torrance, archiviste
« Le travail s’est complètement informatisé. Avant, c’était plutôt un mélange de travail à l’ordinateur et de recherches dans les archives physiques. » ~ Marcia Mordfield, archiviste adjointe
À quoi travaillez-vous en ce moment?
« Je réponds encore aux demandes de références, mais mon travail porte surtout depuis un moment sur les métadonnées concernant la collection “Le Canada vu par le CN”. J’ajoute des mots-clés qui faciliteront la recherche d’images dans notre système de gestion des contenus numériques et dans nos Archives numériques. » ~ Marcia Mordfield, archiviste adjointe
« Mon travail porte sur une collection numérique d’images d’époques et de sources diverses sur l’aviation. Comme j’ai dû me concentrer sur ce projet uniquement, j’ai pu en terminer une grande partie plus tôt que prévu; j’espère le compléter avant notre retour au bureau, plus tard dans l’année! » ~ Sian Jones, commis, archives
Quel travail est-il impossible de faire en ce moment?
« Avant la pandémie de COVID, je dressais un inventaire préliminaire d’un important fonds archivistique. J’avais fait la moitié du travail quand j’ai dû tout cesser pour travailler de chez moi. Au retour, ça me prendra sans doute un peu de temps avant de m’y retrouver. » ~ Sian Jones, commis, archives
« Il m’est impossible de répondre aux demandes de copies de dessins techniques, puisque ces documents doivent être numérisés ou imprimés à l’extérieur. » ~ Marcia Mordfield, archiviste adjointe
« Un certain nombre de projets de numérisation et de traitement prévus pour cette année ont été reportés. Nos admirables bénévoles, qui nous aidaient sur place, nous manquent aussi. » ~ Adele Torrance, archiviste
La situation a-t-elle eu du bon?
Marcia dans son bureau, à domicile, avec Simon le chat, son assistant.
« Je crois que professionnellement, l’avantage est que l’on a un contrôle absolu sur la gestion du temps. Il n’y a aucune interruption. Personnellement, j’ai beaucoup aimé être chez moi, avec mon mari et mon chat… et puis si près de la machine à café! » ~ Marcia Mordfield, archiviste adjointe
« Beaucoup de cours en lignes et de webinaires de perfectionnement professionnel ont été offerts pendant la pandémie, gratuitement ou à peu de frais. Quand on travaille à domicile, il est plus facile de consacrer du temps au perfectionnement de compétences sur Zoom, par exemple. Récemment, plusieurs formations ont porté sur le travail archivistique visant à combattre l’oppression. L’été dernier, j’ai pu suivre le cours Indigenous Canada de l’Université de l’Aberta, sur les questions autochtones au Canada. » ~ Adele Torrance, archiviste
L’automobile enneigée de Sian, pendant la pandémie.
« Malgré les restrictions en matière de déplacements et d’interactions sociales, travailler à domicile a certainement eu du bon… pas besoin de composer avec des automobilistes enragés matin et soir, surtout pendant l’hiver! Il y a moins de distractions qu’au bureau. Je suis donc plus productive, puisqu’aucune demande extérieure ne vient interrompre ma concentration. En plus, la cuisine est juste à côté. Donc le café est à portée de main, aussi souvent que j’en veux. » ~ Sian Jones, commis, archives
La pandémie a-t-elle contribué à la dépendance au café de nos archivistes? C’est possible. Mais quand nous pourrons retourner aux locaux de la bibliothèque et des archives d’Ingenium, je parie que nous ne carburerons plus autant à la caféine : côtoyer nos collègues et bénévoles et servir les clients en personne, en plus de travailler physiquement avec les collections nous fournira en énergie.