L’économie canadienne et la Deuxième Guerre mondiale
La Deuxième Guerre mondiale a eu sur l’économie canadienne une influence considérable. Les années 1930 avaient été dominées par la Crise, qui avait jeté des milliers de Canadiens au chômage et complètement dévasté l’économie. L’entrée en guerre des pays européens a donné à l’économie canadienne alors stagnante un essor inégalé dans toute son histoire. Entre 1939 et 1945, le produit national brut (PNB) a plus que doublé.
Document de guerre — Un ouvrier canadien inspecte une bombe qui doit être utilisée par les Britanniques; 1942.
Le blé des Prairies, le bois de Colombie-Britannique, du Nord de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick et les minéraux de diverses parties du Canada ont commencé à être acheminés jusqu’aux ports de la côte Est, où ils étaient embarqués pour l’Angleterre.
Comme l’Angleterre avait aussi désespérément besoin de produits manufacturés, le Canada a rapidement augmenté sa production et le nombre de ses installations dans ce secteur. De nombreuses usines existantes ont été rééquipées pour produire de l’équipement militaire et des munitions, tandis que d’autres ont été construites de toutes pièces, à toute vitesse. Pour contribuer à l’effort de guerre, le Canada a fondé au total 28 sociétés de la Couronne spécialisées dans la fabrication d’armes, de munitions et de produits chimiques.
Le gouvernement canadien, soutenu par les entreprises et les industries du secteur privé, a joué un rôle de premier plan dans la coordination et la mobilisation des ressources et des industries pendant la guerre. En 1940, lorsque la toute nouvelle Commission des approvisionnements de guerre a été absorbée par un ministère encore plus nouveau, le ministère des Munitions et des Approvisionnements (sous la direction de Clarence D. Howe), les profits et la productivité de l’économie canadienne ont augmenté de manière spectaculaire.
Document de guerre — Expédition d’un aéronef; 1942.
L’aviation
Pendant la guerre, 116 000 travailleurs canadiens, dont au moins 30 000 femmes, ont produit plus de 16 400 aéronefs. Les avionneurs canadiens construisaient principalement de petits avions d’entraînement et de combat, mais ils ont aussi fabriqué quelques gros avions plus complexes, comme l’hydravion à coque Catalina. La Victory Aircraft, une société de la Couronne de Malton, en Ontario, a produit 450 bombardiers Lancaster, l’aéronef le plus gros et le plus complexe construit au Canada pendant la guerre. La plupart des aéronefs fabriqués au Canada pendant cette période étaient de conception étrangère.
Document de guerre — Un navire militaire subit une ultime inspection dans la cale sèche de Prince Rupert (Colombie-Britannique) avant sa sortie d’essai; 1942.
La construction navale
L’industrie canadienne de la construction navale a produit 410 navires marchands et 206 corvettes (principal navire anti-sous-marin et d’escorte de convoi de la Marine), ainsi que des frégates, des dragueurs de mines, des engins de débarquement, des bateaux patrouilleurs et des bateaux patrouilleurs motorisés. Quatre destroyers de classe Tribal (faisant près de 120 m de longueur), lourdement armés et capables d’atteindre une vitesse de 36 nœuds, ont été construits à Halifax, mais leur construction n’a été terminée qu’après la guerre. Malgré cela, la production des destroyers de classe Tribal illustre tout le chemin qu’avait parcouru l’industrie canadienne de la construction navale depuis 1939.
Des mineurs déversent le contenu d’un wagon de sel gemme dans une benne, qui le transportera jusqu’à la surface où il sera broyé; mine de sel de Malagash (Nouvelle-Écosse), 1944.
La production de ressources naturelles
En plus du secteur manufacturier, la croissance de la demande et de la production de ressources naturelles a été exponentielle. Pendant la guerre, le secteur minier a fourni aux Alliés 40 % de l’aluminium (crucial pour la production d’aéronefs), 75 % du nickel, 75 % de l’amiante, 20 % du zinc, 15 % du plomb et 12 % du cuivre. Parmi les Alliés, le Canada était le seul à posséder de l’uranium, composante clé de la production des bombes atomiques. Pendant la durée de la guerre, le Canada a produit au total pour 5,8 milliards de dollars de matériel à partir de ses ressources naturelles.
Assemblage des volets de capot dans les ateliers de Lignes aériennes Trans-Canada, à Winnipeg. De nombreuses femmes ont travaillé pour cette société pendant la Seconde Guerre mondiale à Winnipeg (Manitoba) au Canada; 1943.
Pour les travailleurs canadiens, la guerre a mis fin à la période de vaches maigres des années 1930 et ouvert la voie à la prospérité d’après-guerre. Le chômage a pratiquement disparu (le taux de chômage au Canada tombant de 11,4 % en 1939 à 1,4 % en 1944), des hausses de salaire ont été consenties aux travailleurs et, dans de nombreuses familles, plusieurs personnes travaillaient et contribuaient au revenu familial. La guerre a aussi permis l’entrée en grand nombre des femmes sur le marché du travail dans des emplois jusqu’alors inaccessibles et à un salaire pratiquement équivalent à celui des ouvriers masculins (chose rarissime auparavant).
Pendant la guerre, l’industrie canadienne a produit pour plus de 9,5 milliards de dollars de matériel (l’équivalent d’environ 100 milliards de dollars d’aujourd’hui). Bien que cet effort représente moins de 10 % de la production de guerre des Alliés, il s’agissait d’une contribution substantielle pour un pays de 11,5 millions d’habitants.
Ce texte a été adapté à partir du site Web Histoires en images, développé par le Musée des sciences et de la technologie du Canada en 2006.