Hommage aux braves : Alan Arnett McLeod, le plus jeune Canadien décoré de la Croix de Victoria
Alan Arnett McLeod est le plus jeune récipiendaire de la Croix de Victoria au Canada, mais ce n’est là qu’un des faits qui font de lui un personnage historique des plus intéressants.
Si l’histoire de M. McLeod est moins connue que celle d’autres aviateurs canadiens qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale, comme William Avery « Billy » Bishop, elle n’en est pas moins inspirante.
On se souvient de M. McLeod, né dans la petite ville manitobaine de Stonewall le 20 avril 1899, comme d’un jeune homme typique de sa génération. Au déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, alors que de jeunes hommes se portaient volontaires en grand nombre pour aller combattre, M. McLeod se vit interdire de participer au conflit, bien que prêt à le faire, en raison de son âge.
En dépit de l’obstacle que lui posait son âge, il persévéra dans sa volonté de s’engager dans l’armée et tenta de se faire recruter par le Royal Flying Corps (RFC). L’estimant encore trop jeune, l’unité refusa d’enrôler M. McLeod et l’invita plutôt à revenir quand il aurait 18 ans, soit en 1917. Ce qu’il fit, bien entendu : ainsi, le jour de son dix-huitième anniversaire, le 20 avril 1917, M. McLeod prit un train à Winnipeg à destination de Toronto, où il commença à s’entraîner en vue de grossir les rangs du RFC en Europe.
Survol de la vie de M. McLeod
À peu près au même moment, M. McLeod se mit à écrire de longues lettres à ses parents. Le célèbre auteur canadien Carl Christie, qui a publié un article dans le Canadian Aviation and Historical Society Journal, fait remarquer que ces lettres reflètent bien la vie intérieure d’un adolescent de la génération de M. McLeod. C’est grâce aux lettres qu’il a adressées à ses parents qu’on a pu reconstituer en grande partie l’histoire de McLeod.
Durant l’entraînement militaire qu’il suivit à cette époque, M. McLeod se familiarisa avec les aéronefs et apprit à les piloter. Dans une de ses lettres, il raconte que sa connaissance des moteurs d’automobiles ne lui est pas d’un grand secours pour ce qui est des moteurs d’avion.
L’entraînement de M. McLeod dura quatre mois, durant lesquels il effectua environ 50 heures de vol en solo. Une fois sa formation terminée, soit peu après son dix-huitième anniversaire, M. McLeod partit au Royaume-Uni, où il demeura brièvement avant d’être transféré sur le continent européen.
Il eut d’abord l’occasion de montrer tout ce qu’il avait appris à l’entraînement lors de son affectation à Hesdigneul-lès-Béthune, en France. Tandis qu’il était en poste à cet endroit, M. McLeod, qui faisait partie du 2e Escadron, pilotait un Armstrong Whitworth FK8.
Dans une autre lettre à ses parents, il mentionne qu’il se trouve très près du front et qu’il peut entendre les tirs. Le 19 décembre 1917, M. McLeod prit part à son premier combat aérien en s’engageant dans un combat rapproché avec huit avions de chasse allemands.
Photo d’Alan Arnett McLeod parue dans le journal Canadian Daily Record, publié par le Bureau canadien des archives de guerre afin d’informer les soldats canadiens à l’étranger de ce qui se passait au pays.
Acte de bravoure
Quelques mois après cet événement, M. McLeod, qui était alors sous-lieutenant, montra vraiment de quoi il était fait. Lors d’un vol effectué durant l’offensive du Printemps en compagnie de son observateur, le lieutenant Arthur Hammond, M. McLeod remarqua la présence d’un Fokker Dr. I, juste au moment où ils allaient larguer leurs bombes. Alors que le lt Hammond tirait sur le Fokker et lui infligeait de graves dommages, sept autres avions allemands apparurent. MM. McLeod et Hammond se trouvèrent vite impliqués dans un combat aérien rapproché à armes franchement inégales.
Si le lt Hammond parvint à décocher suffisamment de tirs pour endommager trois autres triplans, leur FK8 fut rapidement criblé de balles par les six ennemis restants. Une partie du fuselage prit feu lorsque le réservoir de carburant, situé juste devant le poste de pilotage, fut percé par les tirs ennemis.
Comme aucun équipage des Alliés ne possédait de parachutes pendant la Première Guerre mondiale, MM. McLeod et Hammond durent manœuvrer l’avion pour le poser au sol depuis une altitude se situant environ entre 610 et 1830 mètres (2000 et 6000 pieds). Durant l’attaque, M. McLeod fut atteint cinq fois au cou et au talon. Dans un autre extrait du récit relaté par Carl Christie, M. Hammond décrit l’incident; l’extrait provient d’une lettre écrite par M. Hammond à la mère de M. McLeod en 1920 :
« […] Pendant ce temps, nous effectuions une glissade; Alan se tenait debout, un pied sur le palonnier et l’autre à l’extérieur sur l’aile, et moi, je me tenais sur les câbles de haubanage sur le côté du fuselage puisque le plancher de ma cabine était tombé; tandis que nous approchions du sol, je me suis hissé sur l’aile supérieure, alors quand l’avion s’est écrasé, j’ai été projeté au sol vers l’avant. J’ai vu Alan sauter en dehors de l’appareil et me chercher, mais il a évidemment pensé que j’étais tombé. »
Cet acte héroïque valut la Croix de Victoria à M. McLeod, qui est ainsi passé à l’histoire en devenant le plus jeune Canadien à recevoir cet honneur. Après qu’il eut été décoré de la Croix de Victoria, sa vie prit une tournure tragique.
Une fois remis de ses blessures subies au combat, M. McLeod, âgé de 19 ans, contracta la grippe. Il rendit l’âme le 6 novembre 1918. Si sa carrière d’aviateur fut courte, M. McLeod fit preuve d’une bravoure extraordinaire, pour laquelle il méritera toujours une place dans l’histoire parmi les plus grands aviateurs canadiens.
Photo d’Alan Arnett McLeod à la mine plutôt chétive. Photo prise lors de la cérémonie de remise de la Croix de Victoria, vers la fin de 1918.