Le Plan d’entraînement aérien du Commonwealth britannique : la plus importante contribution du Canada au front intérieur
À l’occasion du 75e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada se penche sur le PEACB et le rôle important du Canada dans la formation des équipages aériens alliés pour la victoire.
En mai 2020, de nombreux Canadiens célébreront le 75e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe. Le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie se rend aux forces alliées, mettant fin à la Deuxième Guerre mondiale sur le théâtre d’opération européen. En plus de se souvenir des sacrifices des militaires et des civils, le Jour de la Victoire en Europe présente également l’occasion de réfléchir aux nombreuses façons dont le Canada a été façonné par son implication en temps de guerre.
Le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada est en train de rafraîchir la section de la Deuxième Guerre mondiale de sa salle d’exposition principale. Plus tôt cette année, les panneaux d’interprétation de chaque avion de combat ont été mis à jour avec de nouveaux textes, images et structures. Des panneaux thématiques seront ajoutés dans les mois à venir, ainsi qu’une exposition spéciale consacrée au Plan d’entraînement aérien du Commonwealth britannique (ou PEACB). Le PEACB est peut-être la plus importante contribution du Canada au front intérieur à la victoire des Alliés, et pourtant le sujet est souvent inconnu au-delà des cercles de l’histoire militaire et de l’aviation. Cet article partage certaines des idées qui seront présentées dans l’exposition renouvelée du PEACB du musée.
Mobiliser le front intérieur
Pour gagner une guerre, la puissance militaire ne suffit pas. Les pays doivent aussi mobiliser leurs ressources internes en préparant leurs industries et leur population à soutenir pleinement l’effort de guerre. La population canadienne appuie la guerre de nombreuses façons. En plus du service militaire et du travail dans les industries de guerre, les Canadiennes et Canadiens se portent volontaires, recyclent leurs déchets ménagers et achètent des obligations d’épargne. Ils ont également travaillé dans des industries liées à la guerre en nombre sans précédent. Avant la Deuxième Guerre mondiale, l’agriculture, la foresterie et l’exploitation minière figurent parmi les plus importantes industries du Canada. Pendant la guerre, les industries manufacturières et la fonction publique prennent peu à peu le dessus. On construit des usines, aménage des routes et forme des gens pour de nouveaux types d’emplois. Bon nombre de ces développements soutiennent le PEACB ainsi que l’industrie canadienne en plein essor. Par la fin de la guerre, le Canada est devenu une grande puissance industrielle.
Cette affiche de l’Office national du film encourage la population canadienne à travailler dans tous les secteurs qui contribuent à l’effort de guerre, des forces armées jusqu’au secteur manufacturier et à l’agriculture.
Des enfants du quartier Rosemont, à Montréal, récupèrent le caoutchouc de vieux pneus et de vieilles chaussures pour aider les forces armées canadiennes. Avril 1942
Se préparer à une guerre aérienne
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, plus que jamais auparavant, la victoire des Alliés repose sur leur succès en aviation. L’aviation militaire arrive à maturité, et le développement rapide de chasseurs et de bombardiers de plus en plus puissants rend la formation des équipages d’autant plus vitale. La mobilisation militaire a commencé avant le début officiel de la guerre. Alors que le Royaume-Uni se prépare pour un conflit imminent, la Royal Air Force prend conscience qu’elle ne pourra pas former suffisamment d’équipages en sol britannique. Le Royaume-Uni, petit territoire pluvieux, se prête mal à un programme de formation au pilotage de grande envergure. De plus, les écoles au R-U risquent fort de devenir des cibles pour l’ennemi.
À la recherche de solutions, le gouvernement britannique propose de construire des écoles contrôlées par la RAF au Canada, où l’espace aérien est vaste et sécuritaire. D’abord réticent, le Canada finit par accepter le projet, en même temps que l’Australie et la Nouvelle-Zélande, lorsque la guerre est déclarée en 1939.
Des pilotes de la Royal New Zealand Air Force inspectent le poste de pilotage d’un Spitfire sur le site d’une école de bombardement et de tir au Canada, vers 1941.
Mettre le Plan en mouvement
Le PEACB est alors le plus grand projet de construction jamais vu au Canada. Peu après la signature du Plan en décembre 1939, on commence à construire des écoles du PEACB dans chacune des neuf provinces, souvent en régions rurales et isolées. On met donc en place un nouveau réseau routier, qui ouvre l’accès au territoire comme jamais auparavant. Dans la foulée de la Grande Dépression, ces vastes projets de construction stimulent l’économie en créant des emplois plus que bienvenus partout au Canada.
Préparation des plans et des bleus pour les écoles du PEACB de partout au Canada, Mai 1940
Répondre à la demande
Avant 1939, il n’y a qu’une poignée d’écoles militaires d’instruction aérienne au Canada. Au cours des cinq années suivantes, leur nombre passe à quelque 120. Au départ, le PEACB se concentre sur le recrutement, l’instruction au sol et l’entraînement aérien de base. Les aéroclubs du Canada sont mis à contribution et convertis en écoles de formation au pilotage de base. Le Plan prend rapidement de l’ampleur pour inclure la formation au pilotage avancée, de même que des écoles spécialisées pour les autres membres d’équipage, comme les navigateurs et les mitrailleurs. Entre 1939 et 1945, dans le cadre du PEACB, environ 40 % des membres d’équipage du Commonwealth font leur entraînement au Canada, loin des lignes de front. Le succès de la campagne aérienne des Alliés est dû en grande partie à la formation dispensée dans les écoles du PEACB à travers le Canada. Cela, à son tour, contribue à ouvrir la voie à la victoire des Alliés en Europe.
Des étudiants de l’École d’avionnerie de Cartierville à Cartierville, au Québec, inspectent la structure interne d’une aile d’avion.