Le chalumeau à sève d’érable
Cet article a initialement été rédigé et soumis pour faire partie du recueil de récits d’innovation du projet Canada 150 visant à réunir des témoignages sur l’innovation canadienne en collaboration avec des partenaires de partout au pays. Il a maintenant été intégré au Réseau Ingenium, un portail numérique qui met en vedette du contenu en lien avec les sciences, la technologie et l’innovation.
De nos jours, les acériculteurs canadiens se servent de systèmes automatisés de tubes et de pompe à vide pour optimiser la quantité de sève qu’ils extraient des érables. Jusqu’à la fin des années 1960, toutefois, la grande majorité des acériculteurs s’en tenaient encore à des méthodes vieilles de plusieurs siècles. Bien avant l’arrivée des colons européens, les peuples autochtones qui vivaient dans ce qui est aujourd’hui l’Ontario, le Québec et les provinces maritimes recueillaient et faisaient bouillir l’eau d’érable. Ils pratiquaient une entaille diagonale dans le trou de l’arbre et y inséraient un roseau creux à partir duquel l’eau d’érable s’égoutter jusqu’à un récipient d’écorce. La sève recueillie dans les petits récipients était ensuite versée dans un plus grand récipient, et des pierres chauffées y étaient ajoutées. Une fois réduite à la suite de l’ébullition, l’eau d’érable se transformait en un sirop sombre et sucré. Pour l’essentiel, les Européens reprirent les mêmes méthodes en y introduisant toutefois l’utilisation de seaux en métal, de chaudières et de chalumeaux. En 1876, un dénommé Hiram Addison Lawrence, demeurant à East Farnham, dans les Cantons de l’Est (Québec), estime qu’il est temps de changer les pratiques rudimentaires d’extraction de l’eau d’érable. Dans le brevet qu’il dépose, il note que les chalumeaux habituels sont « en maints points défectueux, et de plus nuisibles à l’arbre ». Il explique qu’une grande partie de la sève se perd en se répandant à l’extérieur des chalumeaux et que ceux-ci finissent par être éjectés du tronc sous la pression de la sève gelée. De plus, la force que demande la pose des chalumeaux provoque le relâchement et, à long terme, le pourrissement de l’écorce. Lawrence affirme que son invention élimine ces défauts. Son chalumeau est muni d’un crochet qu’on enfonce dans l’entaille jusqu’à ce que la collerette située à sa base entre en contact avec l’écorce. La pression que le seau exerce sur la rainure du chalumeau fait que le crochet s’enfonce et que la collerette empêche le déversement de sève.
Vers la fin du XIXe siècle, le chalumeau à sève fait l’objet de multiples brevets d’invention, dont de nouvelles améliorations apportées par Lawrence, en 1880. Cette convergence d’inventions montre que les acériculteurs cherchent tous à accroître la quantité et la qualité de leur production.